lundi 30 janvier 2012
Cendrars m'attend
Ce soir, j'ai décidé de me coucher de bonne heure. Pas de plagiat de Proust dans cet incipit. J'attends simplement que la lessive en route soit terminée. Beaucoup plus prosaïque, donc. Journée lourde en surprises d'un bout à l'autre. J'ai lu les billets des blogs que j'aime, ce que j'ai eu du mal à faire ces jours derniers, laissant quelques commentaires parfois, pas toujours. Je crois que je suis fatigué à l'intérieur. Et demain, il neige. Cendrars m'attend. J'espère que, cette fois, la surprise sera bonne.
Pas de quoi s'affoler
Ce matin, réveillé par un bruit d'objet qui tombe dans la pièce au-dessus de ma chambre. Ah! ces voisins! J'ouvre les yeux, et me sens reposé plus que de coutume! Quel bonheur, d'autant plus que le radio-réveil ne s'est pas encore mis en marche! Pour voir un peu combien de temps il me restait à profiter de la tiédeur des draps, je jette un œil à l'écran lumineux: 7h40 soit un quart d'heure avant le début de mon premier cours! Je n'avais pas monté le son de la radio!
Autrefois, j'aurais été pris d'un grand stress, j'aurais eu du mal à endiguer la montée d'adrénaline. Ce matin, rien de tout cela: j'ai pris le téléphone et prévenu que je serais en retard puis j'ai tranquillement avalé mon petit déjeuner et suis passé sous la douche. Un surveillant prenait en charge mes élèves en leur donnant la version latine qu'ils devaient faire avec moi. Et j'ai rejoins le collège avec une heure de retard sans vraiment en avoir mauvaise conscience (d'autant plus que ça ne m'arrive pratiquement jamais). Ça sert aussi à ça de vieillir.
Autrefois, j'aurais été pris d'un grand stress, j'aurais eu du mal à endiguer la montée d'adrénaline. Ce matin, rien de tout cela: j'ai pris le téléphone et prévenu que je serais en retard puis j'ai tranquillement avalé mon petit déjeuner et suis passé sous la douche. Un surveillant prenait en charge mes élèves en leur donnant la version latine qu'ils devaient faire avec moi. Et j'ai rejoins le collège avec une heure de retard sans vraiment en avoir mauvaise conscience (d'autant plus que ça ne m'arrive pratiquement jamais). Ça sert aussi à ça de vieillir.
dimanche 29 janvier 2012
La "Guille"
J'avais promis de parler de ce quartier de Lyon où je vis et qui me plaît tant.
La Guillotière, la "Guille" comme on la nomme familièrement à Lyon, n'est pas le plus beau quartier de la ville mais il reste sans doute un des plus emblématiques avec un autre, la Croix-Rousse (et, bien sûr, le Vieux Lyon, mais là, tout le monde connaît). Située sur la rive gauche du Rhône et partagée aujourd'hui entre plusieurs arrondissements (3°, 7°, 8°), elle n'a pas toujours fait partie de la commune de Lyon et n'y a été rattachée définitivement que très tardivement, en 1852.
On ne sait pas grand chose sur les origines de son nom. Plusieurs hypothèses cohabitent sans que les historiens sérieux aient encore tranché. Certains le font remonter aux gaulois: Guy-L'Hostière, lieu que les druides auraient choisi pour y déposer le gui sacré cueilli sur les chênes.
Un pont très tôt construit sur le Rhône permit à Lyon d'avoir accès à la grande route vers l'Italie et d'asseoir ainsi sa prospérité. Lorsque je suis arrivé ici, il y a quarante ans, il existait encore dans quelques cours visibles derrière de grandes portes cochères des anneaux fichés dans les murs où l'on attachait autrefois les chevaux des voyageurs. Tout ceci a disparu aujourd'hui, laissant place à des immeubles dont l'architecture est loin d'être inoubliable.
La Guillotière, comme la Croix-Rousse, était un quartier populaire, voire populeux, et, comme à la Croix-Rousse, cet aspect sympathique tend peu à peu à s'effacer devant une population plus "classes moyennes" ou "bobos". Quelques rues gardent pourtant encore un air cosmopolite et bigarré, et il n'est pas rare d'y trouver de toutes petites boutiques où vous êtes sûrs de pouvoir acheter tout ce que vous désirez. La présence des anciennes facultés lui donne aussi un petit côté quartier latin qui n'est pas pour me déplaire.
De grands personnages à la Guille? Mais bien sûr! La Grande Rue de la Guillotière était spécialisée autrefois dans le commerce, l'hôtellerie et la restauration. Ainsi y logèrent Philippe Auguste, Richard Cœur de lion, Saint Louis (1294), Louis XI (1476)... Marie de Médicis coucha à l'Hôtel de la Couronne puis alla entendre la messe et dîner au Château de La Motte (aujourd'hui Lamothe) le 3 décembre 1600 avant de faire son entrée solennelle à Lyon où elle épousa Henry IV. Napoléon s'y arrêta avant de franchir le fleuve et d'entrer dans Lyon: le 10 mars 1815, il logea à l'Hôtel de l'Aigle, au 107 de la rue, lors de sa remontée triomphale des 100 jours.
Mais le plus connu pour beaucoup de lyonnais reste aujourd'hui Djebraïl Bahadourian, négociant arménien qui, après avoir fui le génocide de son peuple, s'installa dans le quartier et y fonda en 1929 une petite épicerie spécialisée dans les produits orientaux. C'est maintenant une adresse incontournable à Lyon et son commerce compte aujourd'hui trois succursales dont une aux halles Paule Bocuse. En hommage à ce Bahadourian, la place face au magasin historique de la Guillotière porte, depuis 2003, le nom de Place Djebraïl Bahadourian.
Il m'aurait fallu plus de temps pour approfondir le sujet. A ceux que cela intéresse, je conseille la lecture des nombreux sites consacrés à ce quartier, sites où j'ai souvent trouvé ou vérifié mes connaissances.
La Guillotière, la "Guille" comme on la nomme familièrement à Lyon, n'est pas le plus beau quartier de la ville mais il reste sans doute un des plus emblématiques avec un autre, la Croix-Rousse (et, bien sûr, le Vieux Lyon, mais là, tout le monde connaît). Située sur la rive gauche du Rhône et partagée aujourd'hui entre plusieurs arrondissements (3°, 7°, 8°), elle n'a pas toujours fait partie de la commune de Lyon et n'y a été rattachée définitivement que très tardivement, en 1852.
On ne sait pas grand chose sur les origines de son nom. Plusieurs hypothèses cohabitent sans que les historiens sérieux aient encore tranché. Certains le font remonter aux gaulois: Guy-L'Hostière, lieu que les druides auraient choisi pour y déposer le gui sacré cueilli sur les chênes.
Un pont très tôt construit sur le Rhône permit à Lyon d'avoir accès à la grande route vers l'Italie et d'asseoir ainsi sa prospérité. Lorsque je suis arrivé ici, il y a quarante ans, il existait encore dans quelques cours visibles derrière de grandes portes cochères des anneaux fichés dans les murs où l'on attachait autrefois les chevaux des voyageurs. Tout ceci a disparu aujourd'hui, laissant place à des immeubles dont l'architecture est loin d'être inoubliable.
La Guillotière, comme la Croix-Rousse, était un quartier populaire, voire populeux, et, comme à la Croix-Rousse, cet aspect sympathique tend peu à peu à s'effacer devant une population plus "classes moyennes" ou "bobos". Quelques rues gardent pourtant encore un air cosmopolite et bigarré, et il n'est pas rare d'y trouver de toutes petites boutiques où vous êtes sûrs de pouvoir acheter tout ce que vous désirez. La présence des anciennes facultés lui donne aussi un petit côté quartier latin qui n'est pas pour me déplaire.
De grands personnages à la Guille? Mais bien sûr! La Grande Rue de la Guillotière était spécialisée autrefois dans le commerce, l'hôtellerie et la restauration. Ainsi y logèrent Philippe Auguste, Richard Cœur de lion, Saint Louis (1294), Louis XI (1476)... Marie de Médicis coucha à l'Hôtel de la Couronne puis alla entendre la messe et dîner au Château de La Motte (aujourd'hui Lamothe) le 3 décembre 1600 avant de faire son entrée solennelle à Lyon où elle épousa Henry IV. Napoléon s'y arrêta avant de franchir le fleuve et d'entrer dans Lyon: le 10 mars 1815, il logea à l'Hôtel de l'Aigle, au 107 de la rue, lors de sa remontée triomphale des 100 jours.
Mais le plus connu pour beaucoup de lyonnais reste aujourd'hui Djebraïl Bahadourian, négociant arménien qui, après avoir fui le génocide de son peuple, s'installa dans le quartier et y fonda en 1929 une petite épicerie spécialisée dans les produits orientaux. C'est maintenant une adresse incontournable à Lyon et son commerce compte aujourd'hui trois succursales dont une aux halles Paule Bocuse. En hommage à ce Bahadourian, la place face au magasin historique de la Guillotière porte, depuis 2003, le nom de Place Djebraïl Bahadourian.
Il m'aurait fallu plus de temps pour approfondir le sujet. A ceux que cela intéresse, je conseille la lecture des nombreux sites consacrés à ce quartier, sites où j'ai souvent trouvé ou vérifié mes connaissances.
Momentini
- Dîner hier soir avec Frédéric, Jean-Claude, Pierre et Gérard. Une bonne choucroute où l'on avait rajouté de la couenne, tendre et si moelleuse que c'en fut un délice pour mes papilles.
- Gérard a encore fait des siennes. Spécialiste de l'à peu près dans l'emploi d'expressions pourtant bien connues, il nous a parlé hier d'une discussion qui avait failli finir en "queue de boudin". Ben oui, l'eau, c'est pour le poisson!
- Certains se posent depuis longtemps la question de savoir qui sont ces garçons dont je parle souvent. Ce soir, j'ai décidé de lever le voile: Jean-Claude est un ami connu il y a très longtemps, perdu de vue pendant de longues années et retrouvé il y a un peu plus de trois ans. C'est lui qui a œuvré à la transformation de mon appartement. Pierre était son ami à l'époque. Leur relation amoureuse a cessé alors que je ne les voyais plus mais ils continuent à se fréquenter régulièrement, ayant sauvegardé leur amitié. Gérard est le dernier ami en date de Pierre. Quant à Frédéric, c'est celui qui, lorsqu'il vient passer la nuit à la maison, partage mon lit et s'endort contre moi sur le deuxième oreiller qui, je vous le prouve, existe bien réellement!
- Gérard a encore fait des siennes. Spécialiste de l'à peu près dans l'emploi d'expressions pourtant bien connues, il nous a parlé hier d'une discussion qui avait failli finir en "queue de boudin". Ben oui, l'eau, c'est pour le poisson!
- Certains se posent depuis longtemps la question de savoir qui sont ces garçons dont je parle souvent. Ce soir, j'ai décidé de lever le voile: Jean-Claude est un ami connu il y a très longtemps, perdu de vue pendant de longues années et retrouvé il y a un peu plus de trois ans. C'est lui qui a œuvré à la transformation de mon appartement. Pierre était son ami à l'époque. Leur relation amoureuse a cessé alors que je ne les voyais plus mais ils continuent à se fréquenter régulièrement, ayant sauvegardé leur amitié. Gérard est le dernier ami en date de Pierre. Quant à Frédéric, c'est celui qui, lorsqu'il vient passer la nuit à la maison, partage mon lit et s'endort contre moi sur le deuxième oreiller qui, je vous le prouve, existe bien réellement!
Fantômes et samouraïs
Une sorte de Sherlock Holmes japonais, c'est assez cocasse. Le livre de Okamoto Kido présente une vingtaine de petites histoires policières censées s'être déroulées à Edo au XIX° siècle et racontées par un vieux détective gouvernemental à un jeune admirateur de ses amis. Histoires de samouraïs, comme le dit le titre, mais où les fantômes ont vite fait de disparaître devant les investigations du fin limier.
Un peu déçu par cette compilation, même si le livre se lit sans déplaisir et comporte de nombreux enseignements sur la capitale et les mœurs des nippons de l'époque. Les intrigues sont trop courtes pour qu'on y adhère vraiment et la résolution de l'énigme relève plus souvent du hasard que du sens de l'observation et de la déduction de l'enquêteur.
Un détail pourtant m'a frappé: le jeune japonais ne pouvait baisser les manches de son kimono que lorsqu'il avait atteint l'âge adulte. Elles devaient restées relevées auparavant. Je dois vraiment être encore un grand enfant, moi qui ne supporte pas plus de cinq minutes des manches de pull-overs sur les avant-bras.
( Okamoto Kido, Fantômes et samouraïs, Ed. Picquier. Trad. de Karine Chesneau)
Un peu déçu par cette compilation, même si le livre se lit sans déplaisir et comporte de nombreux enseignements sur la capitale et les mœurs des nippons de l'époque. Les intrigues sont trop courtes pour qu'on y adhère vraiment et la résolution de l'énigme relève plus souvent du hasard que du sens de l'observation et de la déduction de l'enquêteur.
Un détail pourtant m'a frappé: le jeune japonais ne pouvait baisser les manches de son kimono que lorsqu'il avait atteint l'âge adulte. Elles devaient restées relevées auparavant. Je dois vraiment être encore un grand enfant, moi qui ne supporte pas plus de cinq minutes des manches de pull-overs sur les avant-bras.
( Okamoto Kido, Fantômes et samouraïs, Ed. Picquier. Trad. de Karine Chesneau)
samedi 28 janvier 2012
Repartis pour un tour.
Pas facile de trouver du sur mesure quand on habite un appartement de trois mètres sous plafond. Aujourd'hui, après un repas chez moi en compagnie de Frédéric (j'avais particulièrement bien réussi ma quiche lorraine, sans vanité aucune), j'ai retrouvé mon ancien compagnon d'errance dans les magasins de bricolage, j'ai nommé Jean-Claude. Devant le nombre de voitures qui tentaient d'accéder au parking du premier, nous avons changé d'idée pour un autre, un peu moins encombré. Achat de tringles, pour installer des portières aux deux portes de mon appartement, et de stores vénitiens pour la porte-fenêtre de la cuisine. Bien sûr, mes portes comme mes fenêtres ne sont pas du tout aux dimensions standard, trop larges ou pas assez, et il faut une certaine patience pour trouver ce que l'on veut. C'est chose faite ce soir.
Mais pour les rideaux de mon bureau, tintin! Rien: les tissus soldés ne présentaient pas un grand intérêt, sauf un, à rayures, qui n'avait pas les dimensions requises. Nous avons tout de même retrouvé notre vendeuse préférée qui nous a reconnus et est venue spontanément vers nous: une méridionale au bord de la retraite qui allie un humour sans pudibonderie à une excellente connaissance de son métier. Rare dans le commerce actuel. Jean-Claude m'a fait remarqué en partant qu'elle doit nous prendre pour un couple qui s'installe. Si c'est le cas, ce que je crois aussi, elle ne semble pas avoir de préjugés là-dessus. Peut-être même au contraire.
Tout ça pour dire que, ce soir, j'en ai plein les pattes et que je ne comprends toujours pas comment Jean-Claude fait pour ressortir toujours aussi guilleret de ces endroits-là. Je crois que je préfère corriger trois paquets de copies, c'est dire...
Mais pour les rideaux de mon bureau, tintin! Rien: les tissus soldés ne présentaient pas un grand intérêt, sauf un, à rayures, qui n'avait pas les dimensions requises. Nous avons tout de même retrouvé notre vendeuse préférée qui nous a reconnus et est venue spontanément vers nous: une méridionale au bord de la retraite qui allie un humour sans pudibonderie à une excellente connaissance de son métier. Rare dans le commerce actuel. Jean-Claude m'a fait remarqué en partant qu'elle doit nous prendre pour un couple qui s'installe. Si c'est le cas, ce que je crois aussi, elle ne semble pas avoir de préjugés là-dessus. Peut-être même au contraire.
Tout ça pour dire que, ce soir, j'en ai plein les pattes et que je ne comprends toujours pas comment Jean-Claude fait pour ressortir toujours aussi guilleret de ces endroits-là. Je crois que je préfère corriger trois paquets de copies, c'est dire...
vendredi 27 janvier 2012
Sept à vous (réponses)
Vous êtes trop bons! Alors pourquoi vous faire attendre davantage?
1. La statue chryséléphantine de Zeus à Olympie: les 7 Merveilles du monde (ils ne me connaissaient pas à l'époque!)
2. Joyeux. Les 7 nains de Blanche-Neige.
3. Envie. Les 7 péchés capitaux.
4. Modestie. Les 7 vertus cardinales.
5. Varley. Le Groupe des 7 (artistes canadiens réunis en 1920).
6. Hippomédon. Les 7 contre Thèbes, dans la tragédie d'Eschyle.
7. Caelius. Les 7 collines de Rome.
8. La colline des Pères. Les 7 collines de Saint-Étienne.
9. Architecture. Les 7 arts.
10.Dexter. Les 7 comédiens interprétant les 7 mercenaires du film de John Sturges.
Bon, maintenant, c'est à moi de me creuser les méninges pour trouver avec 8. Ça risque d'être plus long!
1. La statue chryséléphantine de Zeus à Olympie: les 7 Merveilles du monde (ils ne me connaissaient pas à l'époque!)
2. Joyeux. Les 7 nains de Blanche-Neige.
3. Envie. Les 7 péchés capitaux.
4. Modestie. Les 7 vertus cardinales.
5. Varley. Le Groupe des 7 (artistes canadiens réunis en 1920).
6. Hippomédon. Les 7 contre Thèbes, dans la tragédie d'Eschyle.
7. Caelius. Les 7 collines de Rome.
8. La colline des Pères. Les 7 collines de Saint-Étienne.
9. Architecture. Les 7 arts.
10.Dexter. Les 7 comédiens interprétant les 7 mercenaires du film de John Sturges.
Bon, maintenant, c'est à moi de me creuser les méninges pour trouver avec 8. Ça risque d'être plus long!
Peau-rouge
L'accent est mis ces jours-ci par ceux qui nous gouvernent sur la violence à l'école et les brimades à l'encontre de certains élèves. Le sujet n'est certes pas nouveau mais on semble le découvrir maintenant, alors que les enseignants s'en plaignent depuis longtemps déjà.
Bien entendu, la solution est encore une fois demandée à l'enseignement et à l'enseignement seul, comme si cette violence n'était pas le reflet exact de celle de la société dans laquelle nous vivons. Il faudrait que les enseignants prennent à bras le corps ce problème et se chargent de lui trouver une solution. Visiblement, et quoi de surprenant, les cours d'éducation civique ne suffisent plus à enrayer le phénomène.
J'avais, il y a quelques années, une élève charmante en cinquième dont le seul souci était d'avoir sur les bras de larges plaques couleur de vin que l'on nomme ici des "envies". Elle venait chaque matin avec des chemisiers à manches longues qui lui couvraient jusqu'aux avant-bras.
Cette année-là, j'étudiais avec eux le roman de Bruce Lowery, La Cicatrice, qui raconte l'histoire d'un garçon rejeté dans son collège à cause d'une cicatrice à la lèvre, reste d'un bec de lièvre opéré dans sa prime jeunesse. Le calvaire de Jeff émut beaucoup tous les élèves de la classe qui trouvaient scandaleux le traitement que lui faisaient subir les autres.
Quelques temps plus tard, la jeune fille de ma classe vint un matin ou il faisait particulièrement chaud avec un chemisier à manches courtes. Aucune réaction des autres. La leçon avait porté, me semblait-il. Puis elle fut absente un jour, deux jours, une semaine complète puis deux. Au responsable qui s'en inquiétait, la maman finit par confier que sa fille ne voulait plus venir au collège à cause des moqueries des autres qui l'avaient finement surnommée "peau-rouge".
J'étais le professeur principal de cette classe. Je les avais en cours six ou sept heures par semaine et je n'avais rien remarqué, rien n'avait transpiré. Inutile de préciser que ma réaction fut violente à l'égard des amateurs de westerns et que je leur fis bien comprendre ce que je pensais de leur attitude, non par une leçon de morale à laquelle ils auraient adhéré hypocritement mais en leur faisant l'inventaire de chacun de leurs défauts physiques à eux. Le rire changea alors de camp. Attitude risquée puisque je m'exposais à des réactions indignées de parents. Il n'y en eut pas et la pauvre fille put réintégrer la classe sans plus avoir la crainte de se faire insulter.
Bien entendu, la solution est encore une fois demandée à l'enseignement et à l'enseignement seul, comme si cette violence n'était pas le reflet exact de celle de la société dans laquelle nous vivons. Il faudrait que les enseignants prennent à bras le corps ce problème et se chargent de lui trouver une solution. Visiblement, et quoi de surprenant, les cours d'éducation civique ne suffisent plus à enrayer le phénomène.
J'avais, il y a quelques années, une élève charmante en cinquième dont le seul souci était d'avoir sur les bras de larges plaques couleur de vin que l'on nomme ici des "envies". Elle venait chaque matin avec des chemisiers à manches longues qui lui couvraient jusqu'aux avant-bras.
Cette année-là, j'étudiais avec eux le roman de Bruce Lowery, La Cicatrice, qui raconte l'histoire d'un garçon rejeté dans son collège à cause d'une cicatrice à la lèvre, reste d'un bec de lièvre opéré dans sa prime jeunesse. Le calvaire de Jeff émut beaucoup tous les élèves de la classe qui trouvaient scandaleux le traitement que lui faisaient subir les autres.
Quelques temps plus tard, la jeune fille de ma classe vint un matin ou il faisait particulièrement chaud avec un chemisier à manches courtes. Aucune réaction des autres. La leçon avait porté, me semblait-il. Puis elle fut absente un jour, deux jours, une semaine complète puis deux. Au responsable qui s'en inquiétait, la maman finit par confier que sa fille ne voulait plus venir au collège à cause des moqueries des autres qui l'avaient finement surnommée "peau-rouge".
J'étais le professeur principal de cette classe. Je les avais en cours six ou sept heures par semaine et je n'avais rien remarqué, rien n'avait transpiré. Inutile de préciser que ma réaction fut violente à l'égard des amateurs de westerns et que je leur fis bien comprendre ce que je pensais de leur attitude, non par une leçon de morale à laquelle ils auraient adhéré hypocritement mais en leur faisant l'inventaire de chacun de leurs défauts physiques à eux. Le rire changea alors de camp. Attitude risquée puisque je m'exposais à des réactions indignées de parents. Il n'y en eut pas et la pauvre fille put réintégrer la classe sans plus avoir la crainte de se faire insulter.
jeudi 26 janvier 2012
Reflux
Beaucoup de blogueurs en ce moment parlent, dans leurs billets, de la mort. Mort d'un membre de la famille, mort d'un proche, d'un ami, d'une connaissance. Je suis resté très discret, voire avare de commentaires, chez eux ces jours-ci. Non que cela me laisse indifférent mais parce qu'il est très difficile de trouver les mots qui conviennent et parce que cela réveille en moi des souvenirs que je ne veux pas oublier mais que je ne veux pas réveiller non plus.
J'ai été plusieurs fois confronté ces dernières années à la disparition de quelqu'un de cher et je le serai sans doute encore dans un proche avenir. J'ai ressenti à ce moment-là les mêmes douleurs, les mêmes inhibitions que celles dont ils font état et je les comprends donc bien. Il m'a été à moi aussi très difficile d'accepter le "plus jamais", de refaire ma vie autrement, de regarder vers l'avenir plutôt que vers le passé. Pourtant, c'est indispensable si l'on veut se retrouver soi-même.
Lors de la cérémonie religieuse pour la mort de Pierre, j'ai tenu à lire un texte que j'avais écrit pour lui, pour le remercier de tout ce que nous avions vécu ensemble. Je n'ai pu allé jusqu'au bout de ma lecture sans avoir la voix cassée par l'émotion qui me submergeait. Mais il fallait que je le lise. Pour moi, pour lui. Pour tous ceux aussi qui comprendraient.
A la sortie de l'église, je n'ai pas tenu longtemps aligné avec la famille pour les condoléances. Je n'ai pas pu supporter les mots, stéréotypés mais sans doute sincères bien souvent, que j'entendais. J'ai traversé la rue et suis allé de moi-même embrassé de vieux amis que je ne voyais plus souvent.
Pourtant, il faut que je dise tout le réconfort que j'ai trouvé dans ses marques d'amitié, comme auparavant dans les visites que Pierre recevait dans sa chambre d'hôpital, toute la colère qui m'est monté face à un ami qui m'expliquait qu'il ne pouvait aller le voir parce que se rendre dans les hôpitaux le rendait malade. Je ressentais cela moi aussi avant d'être blessé. Je comprends cette réticence mais ne peux plus l'accepter aujourd'hui.
Et quelqu'un, au cimetière, devant la tombe dont les gens s'éloignaient peu à peu, m'a pris dans ses bras et m'a serré fort, sans un mot, me communiquant la chaleur dont j'avais tant besoin. Ça, je ne l'oublierai jamais.
Billet maladroit et contradictoire mais que je ne veux pas relire.
J'ai été plusieurs fois confronté ces dernières années à la disparition de quelqu'un de cher et je le serai sans doute encore dans un proche avenir. J'ai ressenti à ce moment-là les mêmes douleurs, les mêmes inhibitions que celles dont ils font état et je les comprends donc bien. Il m'a été à moi aussi très difficile d'accepter le "plus jamais", de refaire ma vie autrement, de regarder vers l'avenir plutôt que vers le passé. Pourtant, c'est indispensable si l'on veut se retrouver soi-même.
Lors de la cérémonie religieuse pour la mort de Pierre, j'ai tenu à lire un texte que j'avais écrit pour lui, pour le remercier de tout ce que nous avions vécu ensemble. Je n'ai pu allé jusqu'au bout de ma lecture sans avoir la voix cassée par l'émotion qui me submergeait. Mais il fallait que je le lise. Pour moi, pour lui. Pour tous ceux aussi qui comprendraient.
A la sortie de l'église, je n'ai pas tenu longtemps aligné avec la famille pour les condoléances. Je n'ai pas pu supporter les mots, stéréotypés mais sans doute sincères bien souvent, que j'entendais. J'ai traversé la rue et suis allé de moi-même embrassé de vieux amis que je ne voyais plus souvent.
Pourtant, il faut que je dise tout le réconfort que j'ai trouvé dans ses marques d'amitié, comme auparavant dans les visites que Pierre recevait dans sa chambre d'hôpital, toute la colère qui m'est monté face à un ami qui m'expliquait qu'il ne pouvait aller le voir parce que se rendre dans les hôpitaux le rendait malade. Je ressentais cela moi aussi avant d'être blessé. Je comprends cette réticence mais ne peux plus l'accepter aujourd'hui.
Et quelqu'un, au cimetière, devant la tombe dont les gens s'éloignaient peu à peu, m'a pris dans ses bras et m'a serré fort, sans un mot, me communiquant la chaleur dont j'avais tant besoin. Ça, je ne l'oublierai jamais.
Billet maladroit et contradictoire mais que je ne veux pas relire.
Sept à vous
Sans doute plus facile cette fois-ci, le chiffre 7 étant tellement symbolique.
1. Pyramide de Khéops, Jardin suspendu de Babylone, Tombeau de Mausole, Colosse de Rhodes, Phare d'Alexandrie, Temple d'Artémis à Ephèse et ....
2. Prof, Atchoum, Dormeur, Grincheux, Simplet, Timide et ....
3. Avarice, colère, gourmandise, luxure, orgueil, paresse et ....
4. Chasteté, tempérance, charité, prodigalité, courage, humilité et ....
5. Carmichael, Harris, Jackson, Johnston, Lismer, MacDonald et ....
6. Tydée, Etéocle (fils d'Hiphies), Polynice, Amphiaraos, Capanée, Parthénopée et ....
7. Aventin, Palatin, Esquilin, Quirinal, Viminal, Capitole et ....
8. Montaud, Crêt de Roc, Montmartre, Valbenoîte, Jardin des plantes, Montreynaud et ....
9. Peinture, sculpture, danse, musique, littérature, cinéma et ....
10. Brynner, McQueen, Bronson, Coburn, Buchholz, Vaughn et ....
1. Pyramide de Khéops, Jardin suspendu de Babylone, Tombeau de Mausole, Colosse de Rhodes, Phare d'Alexandrie, Temple d'Artémis à Ephèse et ....
2. Prof, Atchoum, Dormeur, Grincheux, Simplet, Timide et ....
3. Avarice, colère, gourmandise, luxure, orgueil, paresse et ....
4. Chasteté, tempérance, charité, prodigalité, courage, humilité et ....
5. Carmichael, Harris, Jackson, Johnston, Lismer, MacDonald et ....
6. Tydée, Etéocle (fils d'Hiphies), Polynice, Amphiaraos, Capanée, Parthénopée et ....
7. Aventin, Palatin, Esquilin, Quirinal, Viminal, Capitole et ....
8. Montaud, Crêt de Roc, Montmartre, Valbenoîte, Jardin des plantes, Montreynaud et ....
9. Peinture, sculpture, danse, musique, littérature, cinéma et ....
10. Brynner, McQueen, Bronson, Coburn, Buchholz, Vaughn et ....
mercredi 25 janvier 2012
Sérénités
Visite de Marie-Claire hier après-midi. Quel plaisir de la voir! Pas de nouvelles d'elle depuis l'été dernier, avec un téléphone m'invitant à aller dans son jardin ramasser des cerises. Je voulais l'appeler pour les vœux. Elle m'a devancé. Elle était dans le quartier. Nous avons bu un café ensemble.
Elle, que j'ai connue si stressée, si avide de pouvoir, a trouvé maintenant une grande sérénité, un calme immense qui m'impressionnent. Comment fait-elle? Une demi-heure de conversation, pas besoin de développer: nous nous comprenons au détour des phrases, à l'inflexion des mots. Nous avons pris rendez-vous pour dîner ensemble un soir de février.
L'autre jour, téléphone à Colette, une ancienne collègue de Pierre, en retraite depuis bien longtemps, la seule avec qui je suis resté en lien. Je n'avais pas répondu à sa lettre de l'an dernier. Nous avons repris comme si nous nous étions quittés hier. Elle aussi reçoit sa sérénité de la terre.
J'aime ces relations profondes qui durent par delà le temps.
Elle, que j'ai connue si stressée, si avide de pouvoir, a trouvé maintenant une grande sérénité, un calme immense qui m'impressionnent. Comment fait-elle? Une demi-heure de conversation, pas besoin de développer: nous nous comprenons au détour des phrases, à l'inflexion des mots. Nous avons pris rendez-vous pour dîner ensemble un soir de février.
L'autre jour, téléphone à Colette, une ancienne collègue de Pierre, en retraite depuis bien longtemps, la seule avec qui je suis resté en lien. Je n'avais pas répondu à sa lettre de l'an dernier. Nous avons repris comme si nous nous étions quittés hier. Elle aussi reçoit sa sérénité de la terre.
J'aime ces relations profondes qui durent par delà le temps.
Pages marquantes (27)
Je n'ai pas de souvenirs d'enfance, jusqu'à ma douzième année à peu près, mon histoire tient en quelques lignes.(...) Cette absence d'histoire m'a longtemps rassuré: sa sécheresse objective, son évidence apparente, son innocence me protégeaient, mais de quoi me protégeaient-elles, sinon précisément de mon histoire, de mon histoire vécue, de mon histoire réelle, de mon histoire à moi qui, on peut le supposer, n'était ni sèche, ni objective, ni apparemment évidente, ni nécessairement innocente?(...)
Une fois de plus, les pièges de l'écriture se mirent en place. Une fois de plus, je fus comme un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sait pas ce qu'il craint ou désire le plus: resté caché, être découvert.
(Georges Pérec, W ou le souvenir d'enfance. Ed. Denoël.
Une fois de plus, les pièges de l'écriture se mirent en place. Une fois de plus, je fus comme un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sait pas ce qu'il craint ou désire le plus: resté caché, être découvert.
(Georges Pérec, W ou le souvenir d'enfance. Ed. Denoël.
mardi 24 janvier 2012
Deux docteurs? Non, docteurs de mes deux!
Il y a sur France-Inter, à 12h20, une nouvelle émission de dix minutes où un homme et une femme, elle "médecin de l'âme" , lui "médecin du corps" sont censés apporter un réconfort à une personne les appelant au téléphone. J'avais jusque là, les rares fois où j'ai écouté cette émission, trouvé leurs réponses un peu légères et stéréotypées (d'ailleurs que faire d'autre en dix minutes!, surtout après une autre émission qui est censée faire mourir de rire la France entière) mais aujourd'hui la limite, pour moi, a été largement dépassée.
Celui qui appelait était handicapé, suite, si j'ai bien compris, à un accident. Il a dit que, bien que condamné à vie au fauteuil roulant, il avait accepté son état et aimait la vie. Ce à quoi il lui fut répondu qu'il ne fallait pas se prendre pour un surhomme et que l'on pouvait être heureux en étant "normal". Après avoir réagi sur ce terme, il a expliqué qu'il voulait simplement faire part de son expérience personnelle et qu'en aucun cas, il ne se croyait supérieur aux autres de par son handicap. Ce qui le mettait en rogne, et la cause de son appel, c'était que la SNCF ne prévoyait par train qu'une seule place accessible aux fauteuils et que cette place ne pouvait être réservée à l'avance, d'où, parfois, l'obligation de rester à quai, ce qui lui était arrivé récemment.
On l'a alors repris par qu'il avait prononcé les "Zandicapés", en faisant la liaison. Puis on lui a demandé s'il avait une compagne. Réponse affirmative (il a aussi une fille). "Vous êtes marié?" a-t-on insisté, comme si cela était vraiment incroyable. "Et votre épouse est handicapée elle aussi?", comme si cela allait de soi. Réponse négative. " Et vous vous êtes rencontrés quand?" "Lorsque j'avais trente ans." "C'est-à-dire...... avant?" "Avant quoi?". "Avant votre ......accident?"
J'ai coupé la radio, écœuré par ce que je venais d'entendre. Et cela passe sur France Inter à une heure de grande écoute? Non, je m'exprime mal: et cela passe, tout simplement?
Celui qui appelait était handicapé, suite, si j'ai bien compris, à un accident. Il a dit que, bien que condamné à vie au fauteuil roulant, il avait accepté son état et aimait la vie. Ce à quoi il lui fut répondu qu'il ne fallait pas se prendre pour un surhomme et que l'on pouvait être heureux en étant "normal". Après avoir réagi sur ce terme, il a expliqué qu'il voulait simplement faire part de son expérience personnelle et qu'en aucun cas, il ne se croyait supérieur aux autres de par son handicap. Ce qui le mettait en rogne, et la cause de son appel, c'était que la SNCF ne prévoyait par train qu'une seule place accessible aux fauteuils et que cette place ne pouvait être réservée à l'avance, d'où, parfois, l'obligation de rester à quai, ce qui lui était arrivé récemment.
On l'a alors repris par qu'il avait prononcé les "Zandicapés", en faisant la liaison. Puis on lui a demandé s'il avait une compagne. Réponse affirmative (il a aussi une fille). "Vous êtes marié?" a-t-on insisté, comme si cela était vraiment incroyable. "Et votre épouse est handicapée elle aussi?", comme si cela allait de soi. Réponse négative. " Et vous vous êtes rencontrés quand?" "Lorsque j'avais trente ans." "C'est-à-dire...... avant?" "Avant quoi?". "Avant votre ......accident?"
J'ai coupé la radio, écœuré par ce que je venais d'entendre. Et cela passe sur France Inter à une heure de grande écoute? Non, je m'exprime mal: et cela passe, tout simplement?
Il n'est que d'être bien assis (réponses)
Oui, oui, ça vient, ça vient...
1. La Guille, dans les Six Compagnons, romans pour enfants de Paul Jacques Bonzon, un lyonnais.
2. Tailleferre, la seule femme du Groupe des six (compositeurs) constitué vers 1916.
3. Allemagne: groupe de six pays impliqués dans les négociations sur le programme nucléaire iranien.
4. Huysmans, les six co-auteurs des Soirées de Médan.
5. Italie: équipes du Tournoi des six nations (rugby à XV)
6. Vivienne: les six enfants d'Angelina Joly.
7. Sikhisme: les six principales religions dans le monde.
8. Orthodoxes: les six grandes religions de France.
9. Sur le suicide: écrits de jeunesse de Napoléon Bonaparte.
10.Cronos: les six Titans selon la Théogonie d'Hésiode
11: Mnémosyne: les six Titanides, selon le même. Cette dernière est la mère des 9 muses.
1. La Guille, dans les Six Compagnons, romans pour enfants de Paul Jacques Bonzon, un lyonnais.
2. Tailleferre, la seule femme du Groupe des six (compositeurs) constitué vers 1916.
3. Allemagne: groupe de six pays impliqués dans les négociations sur le programme nucléaire iranien.
4. Huysmans, les six co-auteurs des Soirées de Médan.
5. Italie: équipes du Tournoi des six nations (rugby à XV)
6. Vivienne: les six enfants d'Angelina Joly.
7. Sikhisme: les six principales religions dans le monde.
8. Orthodoxes: les six grandes religions de France.
9. Sur le suicide: écrits de jeunesse de Napoléon Bonaparte.
10.Cronos: les six Titans selon la Théogonie d'Hésiode
11: Mnémosyne: les six Titanides, selon le même. Cette dernière est la mère des 9 muses.
lundi 23 janvier 2012
Momentini
- Entendu ce matin à la radio une journaliste qui s'offusquait que de nombreux touristes affluent en ce moment sur l'île du Giglio pour voir l'épave du bateau de croisière. La faute à qui, quand on confond information et sensationnel?
- Redécouvrir le plaisir des longs sommeils du matin. Envoyer balader les listes de choses à faire qui encombrent la tête et n'agir qu'à sa guise. Ce fut mon programme du week-end.
- Le fauteuil roulant de ma mère a été "emprunté" sans que l'on nous demande notre avis par une infirmière pour une autre malade. Impossible donc de prendre la voiture pour une promenade hier: l'autre, très lourd en plus, ne se plie pas et n'entre pas dans le coffre. Ballade à pied donc, avec des tonnes à pousser à bout de bras. Je vais remettre bon ordre à tout cela ce soir.
- Fidèle à la série des Tudor sur Arte chaque jeudi soir. Troisième saison sur Henry VIII. Nous en sommes à sa troisième femme. On peut tenir encore longtemps. En plus, l'acteur qui joue le roi anglican ,n'est pas du tout désagréable à regarder...
- Mon "reader", qui me prévient des commentaires ajoutés à mes articles, fait encore des siennes. Rien pendant deux ou trois jours puis avalanche de messages. Pour les billets récents, ce n'est pas gênant, je les vois directement en dessous, mais pour ceux qui concernent des billets plus anciens, je ne suis au courant que quelques jours plus tard. Mes excuses à ceux qui doivent attendre avant que je leur réponde.
- J'avais trouvé une autre vidéo pour la chanson de Bobby Solo, Una Lacrima sul viso, une version mise en scène avec décor, ameublement et mode vestimentaire de l'époque, petit drame très sirupeux. Interdite au partage! Ces "perso" m'insupportent.
- Premiers bourgeons sur certains arbustes et quelques rosiers encore en pleine floraison. " Avec leurs fusées, ils nous détraque notre temps!", comme disait ma grand-mère. Et les bugnes de Carnaval sont déjà chez les pâtissiers.
- Redécouvrir le plaisir des longs sommeils du matin. Envoyer balader les listes de choses à faire qui encombrent la tête et n'agir qu'à sa guise. Ce fut mon programme du week-end.
- Le fauteuil roulant de ma mère a été "emprunté" sans que l'on nous demande notre avis par une infirmière pour une autre malade. Impossible donc de prendre la voiture pour une promenade hier: l'autre, très lourd en plus, ne se plie pas et n'entre pas dans le coffre. Ballade à pied donc, avec des tonnes à pousser à bout de bras. Je vais remettre bon ordre à tout cela ce soir.
- Fidèle à la série des Tudor sur Arte chaque jeudi soir. Troisième saison sur Henry VIII. Nous en sommes à sa troisième femme. On peut tenir encore longtemps. En plus, l'acteur qui joue le roi anglican ,n'est pas du tout désagréable à regarder...
- Mon "reader", qui me prévient des commentaires ajoutés à mes articles, fait encore des siennes. Rien pendant deux ou trois jours puis avalanche de messages. Pour les billets récents, ce n'est pas gênant, je les vois directement en dessous, mais pour ceux qui concernent des billets plus anciens, je ne suis au courant que quelques jours plus tard. Mes excuses à ceux qui doivent attendre avant que je leur réponde.
- J'avais trouvé une autre vidéo pour la chanson de Bobby Solo, Una Lacrima sul viso, une version mise en scène avec décor, ameublement et mode vestimentaire de l'époque, petit drame très sirupeux. Interdite au partage! Ces "perso" m'insupportent.
- Premiers bourgeons sur certains arbustes et quelques rosiers encore en pleine floraison. " Avec leurs fusées, ils nous détraque notre temps!", comme disait ma grand-mère. Et les bugnes de Carnaval sont déjà chez les pâtissiers.
5
commentaires
Libellés :
Echange,
Famille,
jardin,
Moi,
Radio,
télévision
Et un peu de musique, ça vous dirait (71)
Bobby Solo, Una lacrima sul viso (1964)
Toute une époque, aux slows langoureux! Envie de danser?
Toute une époque, aux slows langoureux! Envie de danser?
dimanche 22 janvier 2012
Il n'est que d'être bien à six!
Plume est trop impatiente. Je comptais attendre un peu, mais ce que femme veut...
1. Tidou, Corget, Gnafron, Le Tondu, Bistèque et .... ( Ne serait-ce pas celle-là que tu attendais, Plume?)
2. Auric, Durey, Honegger, Milhaud, Poulenc et ....
3. France, Royaume-Uni, Chine, États-Unis, Russie et ....
4. Zola, Maupassant, Céard, Hennique, Alexis et ....
5. France, Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande et ....
6. Maddox, Pax, Zahara, Shiloh, Knox et ....
7. Christianisme, Islam, Judaïsme, Bouddhisme, Hindouisme et ....
8. Catholiques, Protestants, Musulmans, Juifs, Bouddhu=istes et ....
9. Dialogue sur l'Amour, Le Masque prophète, Le Comte d'Essex, Une Aventure du Palais-Royal, Les Réfugiés de la Gorgona et....
10. Coéos, Crios, Océan, Japet, Hypérion et ....
Et pour la peine, une onzième:
11. Rhéa, Théia, Thémis, Téthys, Phébé et ....
1. Tidou, Corget, Gnafron, Le Tondu, Bistèque et .... ( Ne serait-ce pas celle-là que tu attendais, Plume?)
2. Auric, Durey, Honegger, Milhaud, Poulenc et ....
3. France, Royaume-Uni, Chine, États-Unis, Russie et ....
4. Zola, Maupassant, Céard, Hennique, Alexis et ....
5. France, Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande et ....
6. Maddox, Pax, Zahara, Shiloh, Knox et ....
7. Christianisme, Islam, Judaïsme, Bouddhisme, Hindouisme et ....
8. Catholiques, Protestants, Musulmans, Juifs, Bouddhu=istes et ....
9. Dialogue sur l'Amour, Le Masque prophète, Le Comte d'Essex, Une Aventure du Palais-Royal, Les Réfugiés de la Gorgona et....
10. Coéos, Crios, Océan, Japet, Hypérion et ....
Et pour la peine, une onzième:
11. Rhéa, Théia, Thémis, Téthys, Phébé et ....
Sans moi
Que se passe-t-il quand nous ne sommes pas là? Non, ce n'est pas une question qui relève de la simple curiosité malsaine consistant à vouloir à tout prix savoir ce que les autres pensent et disent de nous dans notre dos. Ça, vraiment, je n'en ai rien à faire. J'aurais dû poser la question autrement: que se passe-t-il chez nous quand nous ne sommes pas là?
Bien que je sois relativement cartésien et que je ne crois guère aux fantômes, j'ai toujours eu du mal à accepter l'idée que les objets que nous laissons le matin dans telle ou telle position n'en bougent pas de la journée et se contentent d'attendre notre retour le soir pour reprendre une vie qui n'est pas la leur mais la nôtre. "Objets inanimés, avez-vous donc une âme?" s'interrogeait Lamartine dans un soupir romantique. Pas de romantisme dans mon questionnement à moi. Je ne parle pas d'âme mais de vie.
J'ai déjà évoqué une autre fois cette sensation passagère qui me prend parfois le soir, lorsque, en ouvrant ma porte, j'ai l'impression de rentrer dans un appartement inconnu, l'espace d'un quart de seconde avant que mon cerveau d'humain logique "remettent les choses en place". La réalité des objets qui m'entourent ne dépend-elle que de moi? Si l'un d'eux disparaît, cela n'entraîne pas ma disparition mais si je disparais, tous disparaissent à leur tour.
Lorsque j'étais enfant, je jouais à être mort. D'abord pour effrayer ma pauvre grand-mère qui ne le fut réellement qu'une seule fois, la première. Ensuite et surtout, je l'ai compris par la suite, pour voir un monde où je serais absent. Inconcevable cruauté faite à nous-mêmes que la pérennité des choses au-delà de notre existence. Ces livres que j'ai aimés, ces musiques que j'ai appréciées, ce soleil que j'ai goûté sur ma peau, ces baisers qui ont enflammé ma bouche, tout cela pourrait donc être vrai pour un autre après moi? Là sans doute réside le vrai mystère de la mort.
C'est en quittant tout à l'heure l'appartement de ma mère, appartement qui restera vide une semaine, en coupant la lumière et en refermant la porte, que j'ai repensé à tout cela.
Bien que je sois relativement cartésien et que je ne crois guère aux fantômes, j'ai toujours eu du mal à accepter l'idée que les objets que nous laissons le matin dans telle ou telle position n'en bougent pas de la journée et se contentent d'attendre notre retour le soir pour reprendre une vie qui n'est pas la leur mais la nôtre. "Objets inanimés, avez-vous donc une âme?" s'interrogeait Lamartine dans un soupir romantique. Pas de romantisme dans mon questionnement à moi. Je ne parle pas d'âme mais de vie.
J'ai déjà évoqué une autre fois cette sensation passagère qui me prend parfois le soir, lorsque, en ouvrant ma porte, j'ai l'impression de rentrer dans un appartement inconnu, l'espace d'un quart de seconde avant que mon cerveau d'humain logique "remettent les choses en place". La réalité des objets qui m'entourent ne dépend-elle que de moi? Si l'un d'eux disparaît, cela n'entraîne pas ma disparition mais si je disparais, tous disparaissent à leur tour.
Lorsque j'étais enfant, je jouais à être mort. D'abord pour effrayer ma pauvre grand-mère qui ne le fut réellement qu'une seule fois, la première. Ensuite et surtout, je l'ai compris par la suite, pour voir un monde où je serais absent. Inconcevable cruauté faite à nous-mêmes que la pérennité des choses au-delà de notre existence. Ces livres que j'ai aimés, ces musiques que j'ai appréciées, ce soleil que j'ai goûté sur ma peau, ces baisers qui ont enflammé ma bouche, tout cela pourrait donc être vrai pour un autre après moi? Là sans doute réside le vrai mystère de la mort.
C'est en quittant tout à l'heure l'appartement de ma mère, appartement qui restera vide une semaine, en coupant la lumière et en refermant la porte, que j'ai repensé à tout cela.
samedi 21 janvier 2012
Au hasard des allées
Cet après-midi, à pied jusqu'à l'ancien cimetière de la Guillotière. J'avais l'intention de débarrasser la tombe de Pierre des dernières plantes que sa famille (sans doute) y avait déposées à la Toussaint. Or les deux pots de cyclamens sont encore de bonne présentation tant le climat a été clément depuis et la lavande que j'y avais plantée se porte on ne peut mieux et ne semble pas vouloir geler cette année.
J'ai profité de la solitude des lieux sous le crachin pour m'enfoncer jusqu'au bout des alignements de tombes, ce que je fais rarement. La partie la plus ancienne de ce cimetière se trouve en effet à l'opposé de l'entrée principale actuelle. On y retrouve un peu l'ambiance du Père Lachaise et les humbles sépultures y côtoient de plus orgueilleux caveaux, dont certains d'illustres familles lyonnaises.
On peut encore y lire quelques inscriptions datant de l'époque où La Guillotière était une commune indépendante de Lyon, à laquelle elle fut seulement rattachée en 1852. Je préparerai de de ces jours prochains un article sur ce quartier à la frange duquel j'habite et qui, comme La Croix-Rousse, est un des plus intéressant de la Capitale des Gaules et sans doute un des plus méconnus à qui n'est pas lyonnais.
Découvert sur une tombe "populaire" cette photographie que je trouve émouvante et qui tranche avec les habituels visages sérieux des morts que l'on regrette et qui semblent tous un peu trop endimanchés.
J'ai profité de la solitude des lieux sous le crachin pour m'enfoncer jusqu'au bout des alignements de tombes, ce que je fais rarement. La partie la plus ancienne de ce cimetière se trouve en effet à l'opposé de l'entrée principale actuelle. On y retrouve un peu l'ambiance du Père Lachaise et les humbles sépultures y côtoient de plus orgueilleux caveaux, dont certains d'illustres familles lyonnaises.
On peut encore y lire quelques inscriptions datant de l'époque où La Guillotière était une commune indépendante de Lyon, à laquelle elle fut seulement rattachée en 1852. Je préparerai de de ces jours prochains un article sur ce quartier à la frange duquel j'habite et qui, comme La Croix-Rousse, est un des plus intéressant de la Capitale des Gaules et sans doute un des plus méconnus à qui n'est pas lyonnais.
Découvert sur une tombe "populaire" cette photographie que je trouve émouvante et qui tranche avec les habituels visages sérieux des morts que l'on regrette et qui semblent tous un peu trop endimanchés.
Humour, quand il en faut
De quoi se réconcilier avec les voyages en avion. Didier M. appréciera sûrement! (A regarder jusqu'au bout.)
vendredi 20 janvier 2012
Emprunts antiques
Le latin et le grec ancien seraient, selon beaucoup, des langues mortes! Tiens donc! Il suffit de regarder autour de soi pour s'apercevoir qu'elles ont encore de beaux jours devant elles, ne serait-ce que dans les marques de produits qui nous entourent. Les publicitaires y ont puisé et y puisent encore sans vergogne leur inspiration quand il s'agit de baptiser une création de l'entreprise qui les embauchent.
Un exemple plus précis? Prenons le domaine des constructeurs automobiles:
- la DS (Citroën), voiture mythique de retour sur nos routes, est une bonne introduction à ce monde divin de la mythologie puisque son sigle évoque, par sa consonance, le monde olympien et met l'accent sur les qualités hors du commun de cette voiture.
- Un modèle luxe de la DS fut nommé Pallas qui n'est autre que l'épithète le plus couramment apposé au nom d'Athéna. ( Choisi peut-être aussi pour le rapprochement immédiat que l'on peut en faire avec le mot palace, qui évoque, lui aussi immanquablement le luxe.)
- L'Ariane (Simca): cette fille de Minos et de Pasiphaé, sœur de Phèdre, tomba amoureuse de Thésée, à qui elle donna le fil qui lui permit de sortir du labyrinthe. Sans doute était-il difficile de se perdre avec ce modèle-là, même à une époque où le GPS n'était pas encore inventé.
- La Clio (Renault): muse de l'Histoire, sœur des huit autres filles de Zeus et de la Titanide Mnémosyne.
- La Fiat Ulysse: inutile de présenter, tout le monde connait. Pour de longs voyages avec retour à la maison.
- Eos (Volkswagen) emprunte son nom à la déesse grecque de l'Aurore.
L'alphabet grec est aussi très bien représenté:
- L'Alfa (écriture italienne de Alpha, première lettre de l'alphabet grec): premier modèle de Lancia (1907). Le constructeur poursuivra ensuite chaque année: Bèta, Gamma, Delta, Eta...
- La Lancia Kappa (10° lettre de l'alphabet grec).
- L'Opel Oméga (dernière lettre de l'alphabet grec).
D'autres emprunteront au lexique antique les noms de leurs modèles ou même de leur marque:
- Volvo: la marque suédoise rappelle le verbe latin "volvere": tourner.
- Audi: les allemands, eux, se serviront du verbe "audire": écouter, à l'impératif ("Écoute").
- La Renault Modus: en latin, la modération, bonne trouvaille pour un petit modèle.
- La Chevrolet Kalos met l'accent sur la beauté: cet adjectif en Grec veut dire "beau".
- Même les japonais s'y sont mis, avec la Micra ("petite" en Grec)
- Quand à la Fiat, même si l'on connait le signification de cet acronyme ( Fabbrica Italiana Automobili Torino), elle ne peut renier son origine latine: "Fiat": que cela soit!.
Et je ne vous parle pas des fromages, des produits de beauté, des vins, des parfums, ou même des médicaments. Une autre fois, peut-être.
Un exemple plus précis? Prenons le domaine des constructeurs automobiles:
- la DS (Citroën), voiture mythique de retour sur nos routes, est une bonne introduction à ce monde divin de la mythologie puisque son sigle évoque, par sa consonance, le monde olympien et met l'accent sur les qualités hors du commun de cette voiture.
- Un modèle luxe de la DS fut nommé Pallas qui n'est autre que l'épithète le plus couramment apposé au nom d'Athéna. ( Choisi peut-être aussi pour le rapprochement immédiat que l'on peut en faire avec le mot palace, qui évoque, lui aussi immanquablement le luxe.)
- L'Ariane (Simca): cette fille de Minos et de Pasiphaé, sœur de Phèdre, tomba amoureuse de Thésée, à qui elle donna le fil qui lui permit de sortir du labyrinthe. Sans doute était-il difficile de se perdre avec ce modèle-là, même à une époque où le GPS n'était pas encore inventé.
- La Clio (Renault): muse de l'Histoire, sœur des huit autres filles de Zeus et de la Titanide Mnémosyne.
- La Fiat Ulysse: inutile de présenter, tout le monde connait. Pour de longs voyages avec retour à la maison.
- Eos (Volkswagen) emprunte son nom à la déesse grecque de l'Aurore.
L'alphabet grec est aussi très bien représenté:
- L'Alfa (écriture italienne de Alpha, première lettre de l'alphabet grec): premier modèle de Lancia (1907). Le constructeur poursuivra ensuite chaque année: Bèta, Gamma, Delta, Eta...
- La Lancia Kappa (10° lettre de l'alphabet grec).
- L'Opel Oméga (dernière lettre de l'alphabet grec).
D'autres emprunteront au lexique antique les noms de leurs modèles ou même de leur marque:
- Volvo: la marque suédoise rappelle le verbe latin "volvere": tourner.
- Audi: les allemands, eux, se serviront du verbe "audire": écouter, à l'impératif ("Écoute").
- La Renault Modus: en latin, la modération, bonne trouvaille pour un petit modèle.
- La Chevrolet Kalos met l'accent sur la beauté: cet adjectif en Grec veut dire "beau".
- Même les japonais s'y sont mis, avec la Micra ("petite" en Grec)
- Quand à la Fiat, même si l'on connait le signification de cet acronyme ( Fabbrica Italiana Automobili Torino), elle ne peut renier son origine latine: "Fiat": que cela soit!.
Et je ne vous parle pas des fromages, des produits de beauté, des vins, des parfums, ou même des médicaments. Une autre fois, peut-être.
jeudi 19 janvier 2012
Comme les doigts de la main (réponses)
Piergil est un killer! Il a tout trouvé! Mais comment fait-il, cet homme? Depuis son Olympe, il nous envoie, à nous, pauvres terriens, des messages incontournables et nous n'avons plus qu'à nous incliner devant sa grandeur, sans lever les yeux de peur que son éclat ne nous aveugle! Louange à toi, Science Divine, et réponses pour les autres qui ont bien combattu.
1. Yvonne. Il s'agit des sœurs Dionne (quintuplées) nées en 1934 dans l'Ontario.
2. L'umami, c'est à dire le savoureux. Il s'agit des 5 goûts de base pour les anglo-saxons. Je vous avais bien dit que c'était tordu!
3. Le Ravi. Les 5 rivières du Penjab.
4. Riomaggiore. Les 5 villes des "Cinque Terre" en Ligurie (Italie).
5. Dagobert, le chien du Club des cinq (Enid Blyton).
6. Yvain. Les héros des 5 romans chevaleresques en octosyllabes de Chrétien de Troyes.
7. Le Hajj (pèlerinage à la Mecque). Les 5 Piliers de l'Islam.
8. Cui. Le groupe de cinq (musiciens romantiques russes).
9. Legros. Étudiants du lycée Buffon (Paris), résistants fusillés en février 1943.
10.Le Phlégéthon. Les 5 fleuves des Enfers, dans l'Antiquité grecque.
Je vais me mettre à préparer les "6", et là, je l'aurai, je l'aurai!
1. Yvonne. Il s'agit des sœurs Dionne (quintuplées) nées en 1934 dans l'Ontario.
2. L'umami, c'est à dire le savoureux. Il s'agit des 5 goûts de base pour les anglo-saxons. Je vous avais bien dit que c'était tordu!
3. Le Ravi. Les 5 rivières du Penjab.
4. Riomaggiore. Les 5 villes des "Cinque Terre" en Ligurie (Italie).
5. Dagobert, le chien du Club des cinq (Enid Blyton).
6. Yvain. Les héros des 5 romans chevaleresques en octosyllabes de Chrétien de Troyes.
7. Le Hajj (pèlerinage à la Mecque). Les 5 Piliers de l'Islam.
8. Cui. Le groupe de cinq (musiciens romantiques russes).
9. Legros. Étudiants du lycée Buffon (Paris), résistants fusillés en février 1943.
10.Le Phlégéthon. Les 5 fleuves des Enfers, dans l'Antiquité grecque.
Je vais me mettre à préparer les "6", et là, je l'aurai, je l'aurai!
Et un peu de musique, ça vous dirait? (70)
Mademoiselle Petit, A dada (Les Raisins verts, J-C Averty, 1964)
Plaisir fugace
Rencontre insolite que celle d'hier après-midi. Pour diverses affaires, j'avais rejoint mon ancien quartier où se trouvent encore ma banque et ma régie et, en rentrant, j'eus le regard attiré par une librairie que je connais comme assez dynamique et qui proposait en vitrine un choix très large de romans chinois et surtout japonais.
De ces derniers, j'avais déjà lu un bon nombre mais quelques titres inconnus me firent passer le seuil de la boutique et fouiner un peu dans les rayons. Pendant que je lisais en diagonale les quatrièmes de couverture, entra un monsieur de quelques années plus âgé que moi, une sorte de gentleman farmer chaudement emmitouflé dans un manteau d'hiver. Tout dans sa mise indiquait l'homme cultivé et serein. Il expliqua au libraire qu'il avait l'intention de compléter ses lectures de Georges Bataille et s'enquit des titres disponibles. La librairie en possédait trois qu'il acquit immédiatement.
Puis il acheta aussi un roman qu'il avait possédé mais perdu: Gilles de Drieu La Rochelle, ouvrage que j'ai lu il y a fort longtemps et que j'avais particulièrement apprécié malgré l'aura négative qui flottait alors et qui flotte encore aujourd'hui autour de son auteur. "Un lecteur peu banal!" me dis-je in petto et, comme nous sortions ensemble, je ne pus m'empêcher de lui adresser la parole. S'ensuivit une conversation enjouée autour de la littérature française et américaine. Nous découvrîmes ainsi que nous avions beaucoup des goûts communs pour certains écrivains de ces deux pays.
J'appris également qu'il n'habitait pas Lyon, qu'il n'y venait que rarement, principalement pour faire le plein de lectures avant de rejoindre une vieille ferme qu'il avait retapée dans le Haut-Forez, pays que, par mes origines, je connais bien, contrée aux paysages splendides mais au climat rude et austère comme ses habitants. Son village ne compte qu'une cinquantaine d'habitants et cela lui convient parfaitement. Nous nous quittâmes en nous serrant la main, certains de ne plus jamais nous revoir mais heureux de cette rencontre inopinée. En rentrant, je me disais que je ferais peut-être bien moi aussi de relire Gilles, dont je n'ai gardé qu'une impression fugace de plaisir intense sans me rappeler un traître mot de l'intrigue.
De ces derniers, j'avais déjà lu un bon nombre mais quelques titres inconnus me firent passer le seuil de la boutique et fouiner un peu dans les rayons. Pendant que je lisais en diagonale les quatrièmes de couverture, entra un monsieur de quelques années plus âgé que moi, une sorte de gentleman farmer chaudement emmitouflé dans un manteau d'hiver. Tout dans sa mise indiquait l'homme cultivé et serein. Il expliqua au libraire qu'il avait l'intention de compléter ses lectures de Georges Bataille et s'enquit des titres disponibles. La librairie en possédait trois qu'il acquit immédiatement.
Puis il acheta aussi un roman qu'il avait possédé mais perdu: Gilles de Drieu La Rochelle, ouvrage que j'ai lu il y a fort longtemps et que j'avais particulièrement apprécié malgré l'aura négative qui flottait alors et qui flotte encore aujourd'hui autour de son auteur. "Un lecteur peu banal!" me dis-je in petto et, comme nous sortions ensemble, je ne pus m'empêcher de lui adresser la parole. S'ensuivit une conversation enjouée autour de la littérature française et américaine. Nous découvrîmes ainsi que nous avions beaucoup des goûts communs pour certains écrivains de ces deux pays.
J'appris également qu'il n'habitait pas Lyon, qu'il n'y venait que rarement, principalement pour faire le plein de lectures avant de rejoindre une vieille ferme qu'il avait retapée dans le Haut-Forez, pays que, par mes origines, je connais bien, contrée aux paysages splendides mais au climat rude et austère comme ses habitants. Son village ne compte qu'une cinquantaine d'habitants et cela lui convient parfaitement. Nous nous quittâmes en nous serrant la main, certains de ne plus jamais nous revoir mais heureux de cette rencontre inopinée. En rentrant, je me disais que je ferais peut-être bien moi aussi de relire Gilles, dont je n'ai gardé qu'une impression fugace de plaisir intense sans me rappeler un traître mot de l'intrigue.
mercredi 18 janvier 2012
Pied-de-poule
Un vieux manteau usé, mouillé par le crachin lyonnais de ces derniers jours. Du pied-de-poule fatigué posé sur le grillage d'un jardin public, bien en vue pour qui en voudrait. Un pauvre a-t-il trouvé mieux avant de s'en débarrasser? A-t-il pensé à un plus pauvre que lui dont il ferait le bonheur?
Les tas de vêtements s'accumulent un peu partout dans la ville. On voit qu'ils ont été fouillés, dispersés dans l'espoir de trouver de quoi s'habiller pour l'hiver. Loques piteuses et sales qui finiront dans la benne des éboueurs du matin. Couleurs passées, chaussure unique, textures démodées, accoutrements hétéroclites de sans-le-sou qui veillent à ce que l'on ne les surprenne pas dans leur quête. Vie d'hier pour survie de demain.
Les tas de vêtements s'accumulent un peu partout dans la ville. On voit qu'ils ont été fouillés, dispersés dans l'espoir de trouver de quoi s'habiller pour l'hiver. Loques piteuses et sales qui finiront dans la benne des éboueurs du matin. Couleurs passées, chaussure unique, textures démodées, accoutrements hétéroclites de sans-le-sou qui veillent à ce que l'on ne les surprenne pas dans leur quête. Vie d'hier pour survie de demain.
Comme les doigts de la main.
Cinq donc, si j'ai bien compté. Mais quel est le dernier de la série et qui se cache cette fois-ci derrière tous ces noms?
1. Annette, Cécile, Émilie, Marie et....
2. Doux, salé, aigre, amer et ....
3. La Beas, la Chenab, la Jhelum, le Setlej et le ....
4. Monterosso al mare, Vernuzza, Corniglia, Manarola et ....
5. Claudine, François, Michel, Annie et ....
6. Erec et Enide, Cligès, Lancelot, Perceval et ....
7. La Chahaba, la Salat, la zakat, le Saoum et le ....
8. Balakirev, Rimski-Korsakov, Borodine, Moussorgski et ....
9. Arthus, Baudry, Benoït, Grelot et ....
10.Styx, Achéron, Cocyte, Léthé et ....
1. Annette, Cécile, Émilie, Marie et....
2. Doux, salé, aigre, amer et ....
3. La Beas, la Chenab, la Jhelum, le Setlej et le ....
4. Monterosso al mare, Vernuzza, Corniglia, Manarola et ....
5. Claudine, François, Michel, Annie et ....
6. Erec et Enide, Cligès, Lancelot, Perceval et ....
7. La Chahaba, la Salat, la zakat, le Saoum et le ....
8. Balakirev, Rimski-Korsakov, Borodine, Moussorgski et ....
9. Arthus, Baudry, Benoït, Grelot et ....
10.Styx, Achéron, Cocyte, Léthé et ....
mardi 17 janvier 2012
Règlement de compte à Ok Collège.
L'atmosphère s'épaissit de jour en jour au travail. La nouvelle direction n'hésite plus parfois à critiquer ouvertement la précédente et à remettre en cause tout ce qui avait été mis en place jusqu'à ce jour. Pourquoi pas pour le deuxième point mais l'ennui, c'est que je ne vois pas clairement ce qu'elle propose à la place. J'ai vraiment de plus en plus l'impression d'un recentrage identitaire commandé de plus haut. Le plus haut avait déjà essayé de faire passer ses conceptions par la force mais, devant le peu d'enthousiasme suscité par ses propositions, avait pour un temps fait machine arrière pour aujourd'hui employer une méthode plus retorse.
D'abord table nette de tous ceux, administratifs, qui le gênent, puis restructuration des attributions horaires en gardant, bien entendu, le couvert pseudo participatif de la concertation. Ainsi reçoit-on le dimanche soir un mail nous demandant pour le mardi des prévisions qu'il est bien entendu impossible de faire aussi vite et à cette période de l'année. En fait, en latin, nous avons tout de même réussi à les fournir hier après-midi ... pour nous entendre dire ce matin, entre deux portes, qu'elles n'étaient pas réalistes. J'avoue que j'ai eu du mal à contenir la colère que je sentais monter en moi. Si les décisions sont déjà prises, à quoi bon cette mascarade?
Et puis, il y a les nouveaux collègues, des remplaçants, qui ne doutent pas un instant de leurs assertions tout aussi péremptoires que stupides. L'un est allé jusqu'à dire que ça ne le gênait pas de considérer un établissement scolaire comme une entreprise comme une autre et les élèves comme des produits de cette entreprise. D'autres sont plus discrets et tentent autrement de se faire une place dans le marigot. C'est bien connu: les crocodiles ont les dents longues.
Pour ma part, je ne reconnais plus ce que j'aimais dans cet établissement et ce qui a fait que j'y ai passé plus de trente ans. Si je n'étais pas tout proche de la retraite, je demanderais, sans hésitation, une mutation pour un autre établissement. Je vais tacher de faire le dos rond pendant le temps qu'il me reste à enseigner. Hélas, me connaissant, je ne suis pas certain d'y parvenir.
D'abord table nette de tous ceux, administratifs, qui le gênent, puis restructuration des attributions horaires en gardant, bien entendu, le couvert pseudo participatif de la concertation. Ainsi reçoit-on le dimanche soir un mail nous demandant pour le mardi des prévisions qu'il est bien entendu impossible de faire aussi vite et à cette période de l'année. En fait, en latin, nous avons tout de même réussi à les fournir hier après-midi ... pour nous entendre dire ce matin, entre deux portes, qu'elles n'étaient pas réalistes. J'avoue que j'ai eu du mal à contenir la colère que je sentais monter en moi. Si les décisions sont déjà prises, à quoi bon cette mascarade?
Et puis, il y a les nouveaux collègues, des remplaçants, qui ne doutent pas un instant de leurs assertions tout aussi péremptoires que stupides. L'un est allé jusqu'à dire que ça ne le gênait pas de considérer un établissement scolaire comme une entreprise comme une autre et les élèves comme des produits de cette entreprise. D'autres sont plus discrets et tentent autrement de se faire une place dans le marigot. C'est bien connu: les crocodiles ont les dents longues.
Pour ma part, je ne reconnais plus ce que j'aimais dans cet établissement et ce qui a fait que j'y ai passé plus de trente ans. Si je n'étais pas tout proche de la retraite, je demanderais, sans hésitation, une mutation pour un autre établissement. Je vais tacher de faire le dos rond pendant le temps qu'il me reste à enseigner. Hélas, me connaissant, je ne suis pas certain d'y parvenir.
Le carton plat
J'ai fait sans cesse le même rêve cette nuit, peut-être quatre ou cinq fois, en me réveillant entre chaque nouvelle rediffusion. Je devais livrer un carton plat, genre pizza, mais dont j'ignorais ce qu'il contenait. La personne (qui?) à qui je devais le donner n'était pas là. Je me retrouvais seul dans un appartement inconnu et je savais que je devais ouvrir cette boîte et manger ce qu'il y avait dedans. Soudain, une angoisse me prenait car je savais que si j'obéissais à cette mystérieuse injonction, je découvrirais que ce que je devais avaler, c'était les restes de l'inconnu absent.
A mes réveils successifs, je n'avais pas le temps de faire appel à la raison, ni même de regarder l'heure à mon réveil. Aussitôt, je sombrais à nouveau et la scène se répétait, identique. Ce matin, je me suis réveillé fourbu, avec, me semblait-il, une légère fièvre. Me lever pour me préparer à partir au travail m'a demandé un effort considérable et j'étais à deux doigts de rester au lit.
Vers dix heures, la sensation de malaise ainsi que l'état fébrile ont disparu et ne m'ont pas repris de la journée. Il m'est déjà arrivé de refaire le même rêve plusieurs fois, mais il y a longtemps, dans ma jeunesse, et jamais pendant la même nuit. Je ne vois pas ce qui a provoqué ce cauchemar inédit, d'autant plus surprenant que le sentiment d'angoisse n'était présent que dans le sommeil, jamais dans l'état de veille. Pas de cœur qui palpite, pas de sueurs froides, pas de draps froissés.
J'ai lu, hier soir, avant de m'endormir, une nouvelle japonaise basée sur l'explication d'un rêve, mais ce rêve n'avait vraiment rien à voir avec le mien. Et il y a bien longtemps que je ne me suis pas fait livrer de pizza. Alors?
A mes réveils successifs, je n'avais pas le temps de faire appel à la raison, ni même de regarder l'heure à mon réveil. Aussitôt, je sombrais à nouveau et la scène se répétait, identique. Ce matin, je me suis réveillé fourbu, avec, me semblait-il, une légère fièvre. Me lever pour me préparer à partir au travail m'a demandé un effort considérable et j'étais à deux doigts de rester au lit.
Vers dix heures, la sensation de malaise ainsi que l'état fébrile ont disparu et ne m'ont pas repris de la journée. Il m'est déjà arrivé de refaire le même rêve plusieurs fois, mais il y a longtemps, dans ma jeunesse, et jamais pendant la même nuit. Je ne vois pas ce qui a provoqué ce cauchemar inédit, d'autant plus surprenant que le sentiment d'angoisse n'était présent que dans le sommeil, jamais dans l'état de veille. Pas de cœur qui palpite, pas de sueurs froides, pas de draps froissés.
J'ai lu, hier soir, avant de m'endormir, une nouvelle japonaise basée sur l'explication d'un rêve, mais ce rêve n'avait vraiment rien à voir avec le mien. Et il y a bien longtemps que je ne me suis pas fait livrer de pizza. Alors?
lundi 16 janvier 2012
Moi, je.
Réunion d'équipe de français, comme bien des lundis. Nous sommes quatre. Une seule parle, n'écoute pas, interrompt, dit que les autres n'ont rien compris, impose (ou essaie d'imposer), a la science infuse, commence toutes ses phrases par "Moi, je...": celle qui réclame que nous travaillions en équipe, c'est à dire, visiblement, comme elle l'entend.
Autrefois, je me serais rebellé, aurais essayé de faire valoir mes idées, ma conception des choses, ce qui, immanquablement, finissait en pugilat verbal. Aujourd'hui, je m'en moque. Les autres aussi, d'ailleurs. Je ne l'écoute qu'à peine, essaie, comme les autres, de réduire le temps de se voir au minimum, et, finalement, fais exactement comme j'avais pensé faire au départ. Elle essaie bien de temps à autre de percer la carapace de ce qui ressemble de plus en plus à du mutisme mais n'y parvient plus. Je ne suis plus loin parfois de ressentir du mépris pour elle. Je la plains.
Et puis, je rentre chez moi et fais une petite sieste avec mon roman du jour. Qui n'a rien compris?
C'était le quart d'heure "Calyste philosophe".
Autrefois, je me serais rebellé, aurais essayé de faire valoir mes idées, ma conception des choses, ce qui, immanquablement, finissait en pugilat verbal. Aujourd'hui, je m'en moque. Les autres aussi, d'ailleurs. Je ne l'écoute qu'à peine, essaie, comme les autres, de réduire le temps de se voir au minimum, et, finalement, fais exactement comme j'avais pensé faire au départ. Elle essaie bien de temps à autre de percer la carapace de ce qui ressemble de plus en plus à du mutisme mais n'y parvient plus. Je ne suis plus loin parfois de ressentir du mépris pour elle. Je la plains.
Et puis, je rentre chez moi et fais une petite sieste avec mon roman du jour. Qui n'a rien compris?
C'était le quart d'heure "Calyste philosophe".
La sirène de Vigàta
Encore un petit bijou avalé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire: Maruzza Musumeci, de Andrea Camilleri. J'ai déjà parlé de cet écrivain sicilien, et de son fameux commissaire Montalbano. Ici, rien à voir avec le roman policier, rien à voir non plus avec ses autres romans, si ce n'est la ville où il se déroule: Vigàta, l'équivalent fictif de Porto Empedocle.
Camilleri s'est essayé au conte, cette fois-ci. Pas de fées ni d'ogres ni de princes, mais des sirènes faisant irruption dans la vie d'un émigré italien qui, pour échapper à la mafia, revient s'acheter un morceau de terre en bordure de mer et le cultiver. Références à l'Odyssée, humour délicat, très belle histoire d'amour, le tout raconté dans le mélange d'idiomes qu'il pratique et magnifiquement rendu en patois de la région lyonnaise par son traducteur Dominique Vittoz.
(Andrea camilleri, Maruzza Musumeci. Ed. Fayard. Trad. de Dominique Vittoz)
Camilleri s'est essayé au conte, cette fois-ci. Pas de fées ni d'ogres ni de princes, mais des sirènes faisant irruption dans la vie d'un émigré italien qui, pour échapper à la mafia, revient s'acheter un morceau de terre en bordure de mer et le cultiver. Références à l'Odyssée, humour délicat, très belle histoire d'amour, le tout raconté dans le mélange d'idiomes qu'il pratique et magnifiquement rendu en patois de la région lyonnaise par son traducteur Dominique Vittoz.
(Andrea camilleri, Maruzza Musumeci. Ed. Fayard. Trad. de Dominique Vittoz)
dimanche 15 janvier 2012
Pages marquantes (26)
Oui, tu feras bien, cher Lucilius : entreprends de te libérer toi-même. Jusqu'ici on t'arrachait ton temps ou on te le dérobait, ou encore tu l'égarais. Réunis ce capital et ne le laisse plus se perdre. Dis-toi bien que c'est vrai à la lettre : il est des instants qu'on nous arrache, il en est qu'on nous escamote, il en est aussi qui nous filent entre les doigts; la perte, à dire vrai, n'est jamais aussi sordide que lorsqu'elle est due à la négligence. Aussi bien, si tu veux bien voir les choses, la plus grande partie de la vie se passe à mal faire, une grande part à ne rien faire et la totalité de la vie, à faire autre chose que ce qu'il faudrait.
Sénèque, Lettres à Lucilius. (Trad. Henri Noblot et Paul Veyne, Laffont Bouquins)
Sénèque, Lettres à Lucilius. (Trad. Henri Noblot et Paul Veyne, Laffont Bouquins)
Aucune question
Un dimanche sans arrière-pensée, sans douleurs, sans pincements, un dimanche d'une banalité affligeante mais j'étais bien là, tout le temps, pas derrière le masque, pas perdu dans les méandres de mon cerveau: là, et j'en avais conscience. Un lever tard, un bon repas avec de vieux amis, pas de longue date, des vieux qui parlent fort pour s'entendre, et tous à la fois, pour ne plus s'entendre. Ils ont joué à la belote, j'ai fait quelques mots croisés avant de m'assoupir sur le canapé. Un baiser sur le front pour me réveiller. Grignotage rapide et retour tôt après avoir raccompagné Frédéric. Nous serons les seuls à travailler demain.
Je ne me suis posé aucune question.
Je ne me suis posé aucune question.
A côté
A côté, c'est là qu'il faut être. Ainsi, au lycée, au lieu de paraphraser lamentablement les vers de Racine, me plaisais-je à interpréter les silences de Pyrrhus face à Andromaque. Cela eut l'heur de plaire à mon professeur, le vieux sage à cheveux blancs dont les cornes en bataille rappelaient vaguement le Moïse de Michel-Ange. Un homme savant à l'humour caustique dont l'autorité n'admettait pas d'être un instant contestée.
Le plaisir de la lecture est-il dans l'analyse? Lagarde et Michard en semblaient convaincus, je reste sceptique. Apprend-on à aimer à l'école? J'ai toujours un peu de vergogne à m'attaquer à des œuvres que j'ai appréciées enfant pour les faire découvrir à mes élèves. Cela me rappelle une amie pianiste qui m'enviait mon inculture musicale puisqu'elle me permettait de percevoir autre chose dans une mélodie qu'une suite de doubles croches et de bémols.
Il en va ainsi de la littérature et de l'écriture. Apprendre, oui, et se débarrasser de tout ce que l'on a appris pour revenir au plaisir, plaisir des mots tracés ou imprimés, sans guide, à la découverte. Les enseignants ne sont que des médecins légistes.
Le plaisir de la lecture est-il dans l'analyse? Lagarde et Michard en semblaient convaincus, je reste sceptique. Apprend-on à aimer à l'école? J'ai toujours un peu de vergogne à m'attaquer à des œuvres que j'ai appréciées enfant pour les faire découvrir à mes élèves. Cela me rappelle une amie pianiste qui m'enviait mon inculture musicale puisqu'elle me permettait de percevoir autre chose dans une mélodie qu'une suite de doubles croches et de bémols.
Il en va ainsi de la littérature et de l'écriture. Apprendre, oui, et se débarrasser de tout ce que l'on a appris pour revenir au plaisir, plaisir des mots tracés ou imprimés, sans guide, à la découverte. Les enseignants ne sont que des médecins légistes.
samedi 14 janvier 2012
Momentini
- Les sapins s'entassent dans le coin des places. La fête est finie. Les Rois sont passés, on peut ranger la Crèche. On va bientôt sortit les œufs.
- Deuxième soirée de rendez-vous avec les parents de cinquième. Même schéma que d'habitude: à la première, je suis sévère, paraît-il, je fais peur aux enfants, l'archétype du professeur croque-mitaines. A la deuxième, je suis, pour eux, sérieux, sympathique, souriant. L'une d'entre elles m'a même trouvé beau (elle l'a dit à son fils, pas à moi!). Serions-nous restés, quoi qu'il en soit, des figures essentielles pour eux?
- Apostrophé deux élèves à la sortie du collège dont l'un traitait l'autre de "grosse pute", et l'autre lui répliquait par "sale pédé".? A mes remarques, ils répondirent: "On plaisante. C'est un jeu!". Décidément, je perds le sens de l'humour...
- Croisé au tabac mon voisin d'en face, le fou. Je crois qu'il a déménagé. Je ne le verrai plus fermer énergiquement ses volets lorsque, par hasard, nos regards se croisaient.
- A la réunion des parents, fait remarquer à une mère que son fils est totalement lymphatique, se laisse doucement vivre. Réponse "Ah bon?" avec une expressivité digne d'un helvète en hibernation. Que faire ?
- La décision a été prise par la direction. Le 1er février, tout le monde parlera anglais (sauf en cours) au collège. Je sens pointer chez moi comme un début d'extinction de voix! Au fait, comment dit-on "grosse pute" et "sale pédé" en anglais?
- Aujourd'hui, je le vois sur mon agenda, Sainte Nina. Qu'en dit Wikipédia?
Sainte Nina, Nino, Ninon, Christiane ou sainte Chrétienne de Géorgie aurait vécu en Géorgie au IVe siècle et y aurait propagé la foi chrétienne. Une légende veut qu'elle soit venue au chevet de la reine de Géorgie, mourante, et qu'elle l'ait guérie. La reine lui propose en récompense de l'or et de nombreux présents, mais Nina refuse, et désire simplement la conversion de la reine. Elle l'obtient, puis le roi fait de même, ainsi que le pays tout entier.
Le nom correspond au latin christiana (= chrétienne). Les formes Nina et Ninon en sont des hypocoristiques.
Fête (dans le catholicisme exclusivement) : le 15 décembre.
Fête dans l'orthodoxie le 14 janvier.
Je dois avoir un agenda orthodoxe!
- Deuxième soirée de rendez-vous avec les parents de cinquième. Même schéma que d'habitude: à la première, je suis sévère, paraît-il, je fais peur aux enfants, l'archétype du professeur croque-mitaines. A la deuxième, je suis, pour eux, sérieux, sympathique, souriant. L'une d'entre elles m'a même trouvé beau (elle l'a dit à son fils, pas à moi!). Serions-nous restés, quoi qu'il en soit, des figures essentielles pour eux?
- Apostrophé deux élèves à la sortie du collège dont l'un traitait l'autre de "grosse pute", et l'autre lui répliquait par "sale pédé".? A mes remarques, ils répondirent: "On plaisante. C'est un jeu!". Décidément, je perds le sens de l'humour...
- Croisé au tabac mon voisin d'en face, le fou. Je crois qu'il a déménagé. Je ne le verrai plus fermer énergiquement ses volets lorsque, par hasard, nos regards se croisaient.
- A la réunion des parents, fait remarquer à une mère que son fils est totalement lymphatique, se laisse doucement vivre. Réponse "Ah bon?" avec une expressivité digne d'un helvète en hibernation. Que faire ?
- La décision a été prise par la direction. Le 1er février, tout le monde parlera anglais (sauf en cours) au collège. Je sens pointer chez moi comme un début d'extinction de voix! Au fait, comment dit-on "grosse pute" et "sale pédé" en anglais?
- Aujourd'hui, je le vois sur mon agenda, Sainte Nina. Qu'en dit Wikipédia?
Sainte Nina, Nino, Ninon, Christiane ou sainte Chrétienne de Géorgie aurait vécu en Géorgie au IVe siècle et y aurait propagé la foi chrétienne. Une légende veut qu'elle soit venue au chevet de la reine de Géorgie, mourante, et qu'elle l'ait guérie. La reine lui propose en récompense de l'or et de nombreux présents, mais Nina refuse, et désire simplement la conversion de la reine. Elle l'obtient, puis le roi fait de même, ainsi que le pays tout entier.
Le nom correspond au latin christiana (= chrétienne). Les formes Nina et Ninon en sont des hypocoristiques.
Fête (dans le catholicisme exclusivement) : le 15 décembre.
Fête dans l'orthodoxie le 14 janvier.
Je dois avoir un agenda orthodoxe!
En Marge des nuits.
D'abord quel beau titre, faisant écho à un précédent livre de Pontalis: En marge des jours. Lu d'une traite et déjà à attendre le suivant, comme un enfant sa friandise.
Suite de petits textes rédigés à partir de notes prises par l'auteur dans ses cahiers privés "où je note de temps à autre tel ou tel événement du jour ou de l'un de ces événements de la nuit qui sont les rêves. Événement: ce qui arrive, ce qui survient, ce qui vous tombe dessus ou vous ravi, l'imprévu".
Comme d'habitude, Pontalis s'éloigne souvent (ou peut-être pas) de son projet initial, laissant libre cours à ses pensées, ses sensations, évoquant un retour à Paris en voiture, une femme aimée, une enfant et son baptême républicain... C'est ce que j'apprécie chez lui: on ne peut jamais anticiper la prochaine mesure de sa musique. S'il eut été compositeur, il se serait trouvé aux antipodes de Mozart.
Entendu aussi dans ces pages un écho à mes questions sur le rêve que j'ai fait il y a quelque temps à propos du porche de Saint-Trophime d'Arles:
Je me soucie moins de la signification de ce rêve que de cette énigme: comment est-il possible que ma perception du tableau de Chardin m'en restitue la présence avec une telle intensité, qu'elle soit infiniment plus précise que celle de l'état vigile quand je vais dans un musée? Réponse: les images du rêve ne sont pas des images, alors que sont-elles? Sont-elles proches de ces hallucinations qui suppriment toute distance d'avec l'objet et nous le donnent à voir, là, dans son évidence, son absolue présence?
(Jean-Bertrand Pontalis, En Marge des nuits, Ed. Gallimard, Folio.)
Suite de petits textes rédigés à partir de notes prises par l'auteur dans ses cahiers privés "où je note de temps à autre tel ou tel événement du jour ou de l'un de ces événements de la nuit qui sont les rêves. Événement: ce qui arrive, ce qui survient, ce qui vous tombe dessus ou vous ravi, l'imprévu".
Comme d'habitude, Pontalis s'éloigne souvent (ou peut-être pas) de son projet initial, laissant libre cours à ses pensées, ses sensations, évoquant un retour à Paris en voiture, une femme aimée, une enfant et son baptême républicain... C'est ce que j'apprécie chez lui: on ne peut jamais anticiper la prochaine mesure de sa musique. S'il eut été compositeur, il se serait trouvé aux antipodes de Mozart.
Entendu aussi dans ces pages un écho à mes questions sur le rêve que j'ai fait il y a quelque temps à propos du porche de Saint-Trophime d'Arles:
Je me soucie moins de la signification de ce rêve que de cette énigme: comment est-il possible que ma perception du tableau de Chardin m'en restitue la présence avec une telle intensité, qu'elle soit infiniment plus précise que celle de l'état vigile quand je vais dans un musée? Réponse: les images du rêve ne sont pas des images, alors que sont-elles? Sont-elles proches de ces hallucinations qui suppriment toute distance d'avec l'objet et nous le donnent à voir, là, dans son évidence, son absolue présence?
(Jean-Bertrand Pontalis, En Marge des nuits, Ed. Gallimard, Folio.)
vendredi 13 janvier 2012
jeudi 12 janvier 2012
Férocement drôle
Ça s'appelle: "Mon Frère est parti ce matin...". C'est de Marcus Malte. Ça vaut deux euros dans une collection de poche (Folio). Ça se lit en une journée et c'est très jouissif. Un petit roman noir sur la société actuelle. Je ne vous résumerai rien. Découvrez-le, c'est un véritable plaisir, et c'est souvent férocement drôle.
( Mon Frère est parti ce matin..., de Marcus Malte, Ed. Gallimard, Folio)
( Mon Frère est parti ce matin..., de Marcus Malte, Ed. Gallimard, Folio)
mercredi 11 janvier 2012
Le carnet noir
C'était la période des vœux. Il ouvrit son carnet noir à onglets, celui qui contenait sa vie, depuis longtemps déjà. La lettre "A" d'abord, il ne voulait oublier personne. Il parcourut la liste des adresses et des téléphones. Il sourit en pensant qu'il avait une écriture de chat.
Certains noms, biffés, lui rappelèrent d'anciennes cicatrices ou des joies d'autrefois. Il ne trouva personne à qui téléphoner. A "B" non plus, d'ailleurs, pas plus qu'à "C" ou "D". Il tourna les pages un long moment, s'arrêtant parfois pour laisser passer la vague des souvenirs.
Elle, je vais l'appeler. Je ne l'ai pas fait l'an dernier. C'était la mère de mon ami-frère, le dernier vestige de mes rêves d'enfant.
Une voix sans précaution lui dit que le numéro n'était plus attribué. Il en composa d'autres, même des plus oubliés, pour se raccrocher à l'appareil qui chauffait dans sa main. Personne ne répondit.
A l'autre bout du carnet, il avait compris que seuls étaient encore joignables les cabinets des différents médecins qui rythmaient désormais ses saisons. Il replaça le carnet dans le tiroir de son bureau, il n'aimait pas les cimetières, et soupira longuement, saisi soudain d'une étrange fatigue. Il avait beaucoup vieilli.
Certains noms, biffés, lui rappelèrent d'anciennes cicatrices ou des joies d'autrefois. Il ne trouva personne à qui téléphoner. A "B" non plus, d'ailleurs, pas plus qu'à "C" ou "D". Il tourna les pages un long moment, s'arrêtant parfois pour laisser passer la vague des souvenirs.
Elle, je vais l'appeler. Je ne l'ai pas fait l'an dernier. C'était la mère de mon ami-frère, le dernier vestige de mes rêves d'enfant.
Une voix sans précaution lui dit que le numéro n'était plus attribué. Il en composa d'autres, même des plus oubliés, pour se raccrocher à l'appareil qui chauffait dans sa main. Personne ne répondit.
A l'autre bout du carnet, il avait compris que seuls étaient encore joignables les cabinets des différents médecins qui rythmaient désormais ses saisons. Il replaça le carnet dans le tiroir de son bureau, il n'aimait pas les cimetières, et soupira longuement, saisi soudain d'une étrange fatigue. Il avait beaucoup vieilli.
Le Docteur Jivago
Terminé Le Docteur Jivago de Boris Pasternak. Lorsque j'ai acheté ce roman, j'avais en tête le célèbre film de David Lean avec Omar Sharif, Julie Christie, Géraldine Chaplin, Rod Steiger et Alec Guinness, entre autres. J'en gardais le souvenir d'un film d'amour bercé par la non moins célèbre musique de Maurice Jarre, un "grand" film, comme l'on dit aujourd'hui où l'on confond génial et ambitieux.
Le roman est long, près de 700 pages, et inégal. Cette tranche de l'histoire de Russie est parfois lourde tant certains moments y sont développés. L'histoire d'amour entre Iouri et Larissa (Lara) y est présente, bien sûr, mais moins que dans le film, en tout cas de ce dont je me souviens.
Intéressant tout de même, cette fresque où les personnages pullulent, où l'on s'emmêle un peu parfois entre leur nom, leur prénom et leur diminutif. Mais j'avoue que ce soir, je vais me jeter goulument sur un plus petit volume, et en plus de l'un de mes auteurs de prédilection: Jean-Bertrand Pontalis: En Marge des nuits.
A la suédoise
Je l'ai vue venir hier, rougissante, à mon bureau. Le cours était terminé. Elle voulait me parler. Je l'aime bien, cette élève, nouvelle de cette année: souriante, polie, travailleuse malgré ses difficultés en français, n'hésitant pas à poser des questions lorsqu'elle ne comprend pas.
Elle m'a dit que son père était suédois et que, dans son pays d'origine, il y avait, à Noël, une tradition qu'elle aurait aimé nous faire partager. Pour la mettre à l'aise, je lui ai évoqué Malmö, ce port méridional, si souvent visité, il y a quelques années, dans les romans de Sjöwall et Wahlöö. Étonnée que je connaisse, elle s'est mise à sourire et j'ai dit oui à son idée.
Aujourd'hui, elle a apporté une maison de pain d'épices décorée de smarties recouverts de sucre glace, de celles que l'on confectionne pour les fêtes chez elle, que l'on garde jusqu'au jour de l'an et que l'on partage après entre amis. Ce qui fut fait avec la classe entière, ces ados redevenus enfants pour quelques instants.
Merci, Victoria.
Elle m'a dit que son père était suédois et que, dans son pays d'origine, il y avait, à Noël, une tradition qu'elle aurait aimé nous faire partager. Pour la mettre à l'aise, je lui ai évoqué Malmö, ce port méridional, si souvent visité, il y a quelques années, dans les romans de Sjöwall et Wahlöö. Étonnée que je connaisse, elle s'est mise à sourire et j'ai dit oui à son idée.
Aujourd'hui, elle a apporté une maison de pain d'épices décorée de smarties recouverts de sucre glace, de celles que l'on confectionne pour les fêtes chez elle, que l'on garde jusqu'au jour de l'an et que l'on partage après entre amis. Ce qui fut fait avec la classe entière, ces ados redevenus enfants pour quelques instants.
Merci, Victoria.
mardi 10 janvier 2012
Quatre inséparables (réponses)
Décidément, vous êtes incollables!
1. Les quatre filles du Docteur March ( Amy)
2. Les quatre Évangélistes (Matthieu)
3. Les quatre fils de Clovis (Thierry)
4. Les quatre frères Dalton de la BD (William)
5. Les quatre Fantastiques (Ben): équipe de super héros des Marvel Comics.
6. Les quatre frères Aymon (Guichard)
7. Les quatre VRAIS Dalton (Emmett)
8. Les quatre Beatles (Ringo)
9. La bande des quatre, en Chine (Zhong)
10.Les chevaux des quatre cavaliers de l'Apocalypse (vert pâle)
1. Les quatre filles du Docteur March ( Amy)
2. Les quatre Évangélistes (Matthieu)
3. Les quatre fils de Clovis (Thierry)
4. Les quatre frères Dalton de la BD (William)
5. Les quatre Fantastiques (Ben): équipe de super héros des Marvel Comics.
6. Les quatre frères Aymon (Guichard)
7. Les quatre VRAIS Dalton (Emmett)
8. Les quatre Beatles (Ringo)
9. La bande des quatre, en Chine (Zhong)
10.Les chevaux des quatre cavaliers de l'Apocalypse (vert pâle)
Les gens du matin
Les attablés du bar du coin devant leur premier café qu'ils font durer, ou leur premier blanc sec, le regard perdu sur la nuit qui s'achève. D'autres aux doigts-araignées qui s'affolent sur un clavier.
Dans le square, le promeneur au chien, jamais le même, comme les jours, ni le chien, ni le maître. A tirer la laisse pour presser les besoins. Fenêtres encore obscures. Seul le vieil homo est debout, à regarder les arbres ou les passants. Enseignantes vieillissantes, cartable et parapluie, raides comme la première gelée. Un air à enseigner les sciences. Certitudes chronométrées jusqu'en fin de journée.
Odeur écœurante des viennoiseries chaudes; vague lueur vers l'est, dévoilant le squelette de grues encore inertes. Étudiants pressés vers la bouche de métro. Vous n'existez pas. Technologie vissée aux oreilles, premiers SMS. L'étal de légumes prend déjà la poussière.
Un cadre diagonalisant le parking, mallette à la main, son chien à lui, chemise blanche, costume noir, chaussures à bout carré. Et l'effluve d'un vaporisateur qui se dissout derrière un pilier. Milliers de fourmis stéréotypes.
Le livreur de l'école primaire ou sa camionnette seule, portes ouvertes compromettant le flot. Heureux de restaurer tous les futurs handicapés du palais. Les éboueurs aussi, poubelles repoussées à l'aveuglette et le petit cri pour démarrer. Derrière, il faut s'arranger.
Le marchand de sandwiches en face de l'hôpital. Charly. Sûr de les vendre à ceux qui ne les ont pas vu préparés. Propreté douteuse d'un quadragénaire ventru. Un malade parfois, à l'entrée de service. Cigarette et potence de perfusion. Pantoufles éculées qui n'iront pas plus loin.
Le mendiant du feu rouge, clown souvent joyeux qui frappe à votre vitre. Langage improbable d'un moine hérétique. Autrefois le clochard dans la niche de l'escargot. Disparu depuis un an. Solitaire veilleur des phares du matin.
La journée s'annonce. Il faut passer.
Dans le square, le promeneur au chien, jamais le même, comme les jours, ni le chien, ni le maître. A tirer la laisse pour presser les besoins. Fenêtres encore obscures. Seul le vieil homo est debout, à regarder les arbres ou les passants. Enseignantes vieillissantes, cartable et parapluie, raides comme la première gelée. Un air à enseigner les sciences. Certitudes chronométrées jusqu'en fin de journée.
Odeur écœurante des viennoiseries chaudes; vague lueur vers l'est, dévoilant le squelette de grues encore inertes. Étudiants pressés vers la bouche de métro. Vous n'existez pas. Technologie vissée aux oreilles, premiers SMS. L'étal de légumes prend déjà la poussière.
Un cadre diagonalisant le parking, mallette à la main, son chien à lui, chemise blanche, costume noir, chaussures à bout carré. Et l'effluve d'un vaporisateur qui se dissout derrière un pilier. Milliers de fourmis stéréotypes.
Le livreur de l'école primaire ou sa camionnette seule, portes ouvertes compromettant le flot. Heureux de restaurer tous les futurs handicapés du palais. Les éboueurs aussi, poubelles repoussées à l'aveuglette et le petit cri pour démarrer. Derrière, il faut s'arranger.
Le marchand de sandwiches en face de l'hôpital. Charly. Sûr de les vendre à ceux qui ne les ont pas vu préparés. Propreté douteuse d'un quadragénaire ventru. Un malade parfois, à l'entrée de service. Cigarette et potence de perfusion. Pantoufles éculées qui n'iront pas plus loin.
Le mendiant du feu rouge, clown souvent joyeux qui frappe à votre vitre. Langage improbable d'un moine hérétique. Autrefois le clochard dans la niche de l'escargot. Disparu depuis un an. Solitaire veilleur des phares du matin.
La journée s'annonce. Il faut passer.
lundi 9 janvier 2012
Quatre inséparables
Et pas pour faire une belote. A vous de trouver celui (ou celle) qui manque et de dire de qui il s'agit.
1. Meg, Jo, Beth et ....
2. Jean, Marc, Luc et ....
3. Clodomir, Childebert, Clotaire et ....
4. Joe, Jack, Averell et ....
5. Reed, Sue, Johnny et ....
6. Renaud, Allard, Richard, et ....
7. Bob, Grat, Bill et ....
8. John, Paul, Georges et ....
9. Jiang, Yao, Wang et ....
10. Le cheval blanc, le cheval rouge, le cheval noir et le cheval ....
1. Meg, Jo, Beth et ....
2. Jean, Marc, Luc et ....
3. Clodomir, Childebert, Clotaire et ....
4. Joe, Jack, Averell et ....
5. Reed, Sue, Johnny et ....
6. Renaud, Allard, Richard, et ....
7. Bob, Grat, Bill et ....
8. John, Paul, Georges et ....
9. Jiang, Yao, Wang et ....
10. Le cheval blanc, le cheval rouge, le cheval noir et le cheval ....
dimanche 8 janvier 2012
Pages marquantes (25)
Aux Feuillantines
Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Notre mère disait: jouez, mais je défends
Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles.
Abel était l'aîné, j'étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d'elles.
Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d'une armoire un livre inaccessible.
Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fîmes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.
Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!
Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.
Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux,
S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.
Victor Hugo, Les Contemplations.
Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Notre mère disait: jouez, mais je défends
Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles.
Abel était l'aîné, j'étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d'elles.
Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d'une armoire un livre inaccessible.
Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fîmes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.
Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!
Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.
Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux,
S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.
Victor Hugo, Les Contemplations.
Un jour, je quitterai mes livres
Un jour, je quitterai mes livres. Que deviendront-ils sans moi? Ils ne pourront même pas me pleurer comme un ami que finalement on aimera encore quelques mois avant de l'oublier. Il faudra les débarrasser, les empiler, plusieurs milliers à mettre en cartons lourds à porter, mais où? On en feuillettera peut-être quelques-uns, y découvrant des pages cornées que l'on voudra lire pour percer un secret improbable, on y verra parfois, rarement, deux trois mots d'annotations inscrites au crayon à papier d'une écriture de chat, si petite qu'on en abandonnera vite la lecture. On se demandera, si l'on est curieux, pourquoi tel auteur y tient une si large place, pourquoi les japonais en occupent plusieurs rayons. On ne saura pas mes préférés, ceux que je n'ai jamais relus pour en garder le premier émerveillement. On ne saura pas ceux qui m'ont tenu chaud le soir, dans mes draps, ceux qui retiennent encore dans leurs plis le soleil de l'été et l'odeur des fruits mûrs, ceux qui m'ont vu pleurer, sur eux ou sur moi-même, ceux que l'on m'a offert parce qu'on m'avait deviné, ceux dont j'aimais sentir le papier à l'ancienne, ceux dont j'ai découpé les pages, délicatement, pour ne pas les blesser. Il n'y a pire crime que de blesser un livre. Ils ne seront alors que choses agonisantes, eux aussi, comme des verres dépareillés dans le fond d'un placard. Quelle utilité, tout cela? On les mettra en cages, animaux dangereux, un poids de vieilleries dont s'échapperont parfois un portrait, une lettre dont nul ne connaîtra celui qui l'a écrite. Et bientôt, ne restera sur les étagères vidées que la trace dans la poussière de leur vie d'autrefois que viendra caresser le soleil du dernier jour.
samedi 7 janvier 2012
Emporté par la foule
Son minuscule bureau coincé derrière le secrétariat était toujours rempli d'élèves dès que sonnait l'heure de la récréation. Pour pouvoir lui parler, il fallait jouer des coudes et se faufiler entre ces garçons et ces filles, ces filles surtout, qui aimaient se retrouver là pour quelques brèves minutes. On y respirait difficilement, tant l'air était chargé des volutes des cigarettes que tous se pressaient d'allumer. Je n'ai jamais compris comment il pouvait tenir dans cette atmosphère digne d'un wagon fumeurs un dimanche soir, au retour des étudiants, lorsque de tels wagons existaient.
Il était aimé, ce vieux père que, paradoxalement, j'avais tué en rêve une nuit. Je m'enfuyais et lui essayait de me barrer la route. C'est le seul rêve de meurtre que j'ai jamais fait. Toujours souriant, prenant plus que le temps pour formuler ses réponses, semblant chercher ses mots au fond de sa tête blanchie de savoyard roublard. Le contraste était beau entre lui si calme et l'excitation des fumeurs. Il fumait aussi, beaucoup, et la petite pièce était imprégnée de l'odeur un peu acide du tabac froid.
Nous étions presque voisins et je le croisais souvent dans la rue ou alors que nous faisions nos courses dans le supermarché du cours Gambetta. A chaque fois, je m'étonnais de ne pas le trouver changé malgré les années passant, comme si le temps ne pouvait imprimer une ride sur sa peau lisse de vieux monsieur tranquille. Toujours l'imperméable court, couleur mastique, et l'écharpe de laine fine à rayures. Il avait été sous-directeur, il n'était plus qu'un prêtre anonyme à l'allure encore gaillarde.
Je l'ai croisé tout à l'heure, même imperméable, même écharpe, une canne en plus qu'il tenait à la main gauche pour s'aider à marcher, le visage aux pommettes rosies par le froid. Il m'a dit avoir quatre-vingt trois ans et souffrir du genou où on lui a récemment implanté une prothèse. Depuis sa retraite, il n'est jamais retourné au lycée ("Ce n'est plus la même chose...") mais garde encore quelques contacts avec deux ou trois enseignants et surtout d'anciens élèves restés fidèles. Nous nous sommes séparés dans la foule dont je l'ai vu, en m'éloignant, éviter les remous. La petite silhouette un peu penchée en avant a bientôt disparu dans la jeunesse débraillée d'un samedi après-midi d'hiver. Il ne fume plus.
Il était aimé, ce vieux père que, paradoxalement, j'avais tué en rêve une nuit. Je m'enfuyais et lui essayait de me barrer la route. C'est le seul rêve de meurtre que j'ai jamais fait. Toujours souriant, prenant plus que le temps pour formuler ses réponses, semblant chercher ses mots au fond de sa tête blanchie de savoyard roublard. Le contraste était beau entre lui si calme et l'excitation des fumeurs. Il fumait aussi, beaucoup, et la petite pièce était imprégnée de l'odeur un peu acide du tabac froid.
Nous étions presque voisins et je le croisais souvent dans la rue ou alors que nous faisions nos courses dans le supermarché du cours Gambetta. A chaque fois, je m'étonnais de ne pas le trouver changé malgré les années passant, comme si le temps ne pouvait imprimer une ride sur sa peau lisse de vieux monsieur tranquille. Toujours l'imperméable court, couleur mastique, et l'écharpe de laine fine à rayures. Il avait été sous-directeur, il n'était plus qu'un prêtre anonyme à l'allure encore gaillarde.
Je l'ai croisé tout à l'heure, même imperméable, même écharpe, une canne en plus qu'il tenait à la main gauche pour s'aider à marcher, le visage aux pommettes rosies par le froid. Il m'a dit avoir quatre-vingt trois ans et souffrir du genou où on lui a récemment implanté une prothèse. Depuis sa retraite, il n'est jamais retourné au lycée ("Ce n'est plus la même chose...") mais garde encore quelques contacts avec deux ou trois enseignants et surtout d'anciens élèves restés fidèles. Nous nous sommes séparés dans la foule dont je l'ai vu, en m'éloignant, éviter les remous. La petite silhouette un peu penchée en avant a bientôt disparu dans la jeunesse débraillée d'un samedi après-midi d'hiver. Il ne fume plus.
vendredi 6 janvier 2012
Jeanne au pain sec
Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne dit d'une voix douce :
- Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s'est récrié : - Cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. A chaque instant,
L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.
Vous démolissez tout. - Et j'ai baissé la tête,
Et j'ai dit : - Je n'ai rien à répondre à cela,
J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là
Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu'on me mette au pain sec. - Vous le méritez, certes,
On vous y mettra. - Jeanne alors, dans son coin noir,
M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l'autorité des douces créatures :
- Eh bien, moi, je t'irai porter des confitures.
Victor Hugo, L'Art d'être grand-père.
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne dit d'une voix douce :
- Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s'est récrié : - Cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. A chaque instant,
L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.
Vous démolissez tout. - Et j'ai baissé la tête,
Et j'ai dit : - Je n'ai rien à répondre à cela,
J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là
Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu'on me mette au pain sec. - Vous le méritez, certes,
On vous y mettra. - Jeanne alors, dans son coin noir,
M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l'autorité des douces créatures :
- Eh bien, moi, je t'irai porter des confitures.
Victor Hugo, L'Art d'être grand-père.
Des voix que tu n'entends pas
- Jeanne? Jeanne? Jeanne! Ici, viens!
- Jeanne! Jeanne! Jeanne? Non, de ce côté, viens par ici.
- Jeanne, enfin! Tu vas hésiter encore longtemps?
Pauvre Jeanne, il y a six cents ans que tu es née et presque autant que l'on t'a fait monter sur le bûcher et on se déchire encore tes morceaux! Paix donc à tes cendres! Ne soufflons pas sur les braises.
Moi, j'ai trois Jeanne que j'aime: celle de Bécaud et toutes les tantes du même nom, celle de Hugo que l'on avait mise au pain sec et celle de Delteil, la plantureuse paysanne au sein de vie gonflé. L'une fit partie de ma famille, la deuxième m'apprit les vers, la dernière me combla un soir de spectacle, il y a deux ans. Et toutes ont toujours répondu à mon appel.
- Jeanne! Jeanne! Jeanne? Non, de ce côté, viens par ici.
- Jeanne, enfin! Tu vas hésiter encore longtemps?
Pauvre Jeanne, il y a six cents ans que tu es née et presque autant que l'on t'a fait monter sur le bûcher et on se déchire encore tes morceaux! Paix donc à tes cendres! Ne soufflons pas sur les braises.
Moi, j'ai trois Jeanne que j'aime: celle de Bécaud et toutes les tantes du même nom, celle de Hugo que l'on avait mise au pain sec et celle de Delteil, la plantureuse paysanne au sein de vie gonflé. L'une fit partie de ma famille, la deuxième m'apprit les vers, la dernière me combla un soir de spectacle, il y a deux ans. Et toutes ont toujours répondu à mon appel.
jeudi 5 janvier 2012
Non, je ne vous dirai pas...
- Non, je ne vous dirai pas que voir des galettes des rois dans les magasins depuis bien avant Noël m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas qu'entendre dire par un présentateur de jeu télé que Morphée est la déesse du sommeil m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que lire Mr. comme abréviation de Monsieur en français m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que les élèves qui me disent bonjour dix fois par jour m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que recevoir des baleines de parapluie dans la figure m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que tous ceux qui me demandent une cigarette dans la rue m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux à qui l'on offre des fleurs et qui ne remettent jamais d'eau dans le pot m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui ne vous offrent jamais des fleurs parce que vous êtes un homme m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui font de fins commentaires quand ils croisent une femme m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que recevoir des cadeaux totalement inutiles m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui demandent à être excusés en disant "Je m'excuse" m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui parlent fort et monopolisent une conversation m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas tout ce qui m'exaspère.
Vous finiriez par croire que je suis un pisse-vinaigre.
- Non, je ne vous dirai pas qu'entendre dire par un présentateur de jeu télé que Morphée est la déesse du sommeil m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que lire Mr. comme abréviation de Monsieur en français m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que les élèves qui me disent bonjour dix fois par jour m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que recevoir des baleines de parapluie dans la figure m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que tous ceux qui me demandent une cigarette dans la rue m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux à qui l'on offre des fleurs et qui ne remettent jamais d'eau dans le pot m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui ne vous offrent jamais des fleurs parce que vous êtes un homme m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui font de fins commentaires quand ils croisent une femme m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que recevoir des cadeaux totalement inutiles m'exaspère.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui demandent à être excusés en disant "Je m'excuse" m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas que ceux qui parlent fort et monopolisent une conversation m'exaspèrent.
- Non, je ne vous dirai pas tout ce qui m'exaspère.
Vous finiriez par croire que je suis un pisse-vinaigre.
Histoires de trains
Quand j'étais enfant, les trains me faisaient peur. Ces grosses machines crachant leur vapeur me semblaient des monstres prêts à m'avaler. J'ai retrouvé ces sensations en lisant plus tard La Bête humaine de Zola. Quand vint pour moi le temps de fréquenter les michelines, ces tortillards jaunes et rouges qui empruntaient de petites lignes, je me suis peu à peu réconcilié avec le rail: elles avaient un air tellement bon enfant avec leur deux wagons et leur vitesse de gens pas pressés.
Aujourd'hui, j'aime les trains, les plus lents surtout. Lors de mes voyages un peu longs, ils me donnent l'occasion de rêver, d'écrire, de regarder défiler les paysages, de contempler mes compagnons de route et de leur imaginer une histoire, des histoires. Leur bruit dans la nuit me transporte dans des horizons lointains, des gares désertes à la lumière de films noirs, des aventures intenses et sans lendemain. Le spectacle des rails parallèles et de leurs croisements aux aiguillages m'arrête lorsque j'en aperçois sur mon chemin, comme un tableau de maître, et il m'arrive souvent de les photographier, du haut d'un pont.
Un jour, au collège, j'ai entendu de longs sifflements répétés provenant de la gare de Perrache. Le cheminot qui prenait sa retraite et pour qui c'était le dernier voyage le fêtait ainsi autrefois. J'avais alors interrompu mon cours pour expliquer cela aux élèves et les faire mettre aux fenêtres pour essayer d'apercevoir la locomotive entrant en gare. Je me souviens encore de leur regard interrogateur et leur air perplexe devant mon émotion. Pour eux, sans doute, le train n'est-il qu'un moyen de transport un peu désuet permettant d'aller sans trop de fatigue d'un point A à un point B.
Aujourd'hui, j'aime les trains, les plus lents surtout. Lors de mes voyages un peu longs, ils me donnent l'occasion de rêver, d'écrire, de regarder défiler les paysages, de contempler mes compagnons de route et de leur imaginer une histoire, des histoires. Leur bruit dans la nuit me transporte dans des horizons lointains, des gares désertes à la lumière de films noirs, des aventures intenses et sans lendemain. Le spectacle des rails parallèles et de leurs croisements aux aiguillages m'arrête lorsque j'en aperçois sur mon chemin, comme un tableau de maître, et il m'arrive souvent de les photographier, du haut d'un pont.
Un jour, au collège, j'ai entendu de longs sifflements répétés provenant de la gare de Perrache. Le cheminot qui prenait sa retraite et pour qui c'était le dernier voyage le fêtait ainsi autrefois. J'avais alors interrompu mon cours pour expliquer cela aux élèves et les faire mettre aux fenêtres pour essayer d'apercevoir la locomotive entrant en gare. Je me souviens encore de leur regard interrogateur et leur air perplexe devant mon émotion. Pour eux, sans doute, le train n'est-il qu'un moyen de transport un peu désuet permettant d'aller sans trop de fatigue d'un point A à un point B.
mercredi 4 janvier 2012
Bac à graisse
Des nutritionnistes proposent à l'éducation nationale de faire gagner au bac une vingtaine de points à des élèves qui auraient maigri lors de leurs années de première et de terminale. Autrefois, c'étaient des options, le latin par exemple, qui permettaient d'acquérir des points supplémentaires. O tempora, o mores!
Bientôt, les coiffeurs vont suivre, et les vendeurs de vêtements à la mode, et d'autres marchands du Temple encore: si tu veux l'avoir, il faut passer au salon Jacot des Anges, aux pieds tu mets des Niqué, n'oublie pas de montrer ton Hypode. Tu ne connais pas le programme, t'es nul? C'est pas grave: tout dans l'apparence.
Mais pourquoi cela choque-t-il tant? On y est déjà, dans ce système.
Bientôt, les coiffeurs vont suivre, et les vendeurs de vêtements à la mode, et d'autres marchands du Temple encore: si tu veux l'avoir, il faut passer au salon Jacot des Anges, aux pieds tu mets des Niqué, n'oublie pas de montrer ton Hypode. Tu ne connais pas le programme, t'es nul? C'est pas grave: tout dans l'apparence.
Mais pourquoi cela choque-t-il tant? On y est déjà, dans ce système.
mardi 3 janvier 2012
Momentini
- Reprise aujourd'hui. Élèves moins fatigués, moins excités que je ne l'aurais craint à une date si proche du nouvel an. Sans doute moins de vacances au ski avec retour à la dernière minute. Comme quoi la crise a aussi du bon...
- Cours d'une heure et demie (français/musique) en sixième sur Pierre et le Loup, de Prokofiev. Ça les a bigrement intéressés. Je ne l'aurais pas parié à l'avance. Subtile la façon dont ils ont volontiers associé un personnage de conte (Perrault principalement) à un instrument. Leurs explications (quand ils pouvaient en donner, mais je ne leur en voulais pas de rester cois parfois) ne manquaient pas de finesse. Pour les sons et les couleurs, résultat assez attendu: claires pour les aiguës, sombres pour les graves.
- Visite imprévue à l'hôpital, cet après-midi. Un ami perdu de vue depuis très longtemps. Gros problème de sciatique plus zona. Deux ans de moins que moi. Il avait l'air d'un petit vieux, lui qui, autrefois, ne jurait que par le sport. Il y a des jours où l'on se dit qu'on fait bien de ne pas se plaindre!
- Pot du Nouvel An au boulot ce soir. Je m'étais juré d'échapper cette année à la bise d'une collègue que j'exècre (et je pèse mes mots!). Elle s'est approchée de moi, la bouche en cœur comme d'habitude et, me voyant près du buffet, m'a demandé de la voix la plus suave à sa disposition: "Alors, tu manges ou tu embrasses?". "Je mange!". Ça a jailli avant même que je réfléchisse. J'ose, maintenant!
- En revenant ce soir, entendu à la radio, des berceuses chantées par Montserrat Figueras. Voix sublime. J'ai attendu la fin de l'émission pour rentrer la voiture au garage.
- Ces coups de fil promotionnels réservés aux retraités commencent à me les briser menu. JE NE SUIS PAS RETRAITE!
- Cours d'une heure et demie (français/musique) en sixième sur Pierre et le Loup, de Prokofiev. Ça les a bigrement intéressés. Je ne l'aurais pas parié à l'avance. Subtile la façon dont ils ont volontiers associé un personnage de conte (Perrault principalement) à un instrument. Leurs explications (quand ils pouvaient en donner, mais je ne leur en voulais pas de rester cois parfois) ne manquaient pas de finesse. Pour les sons et les couleurs, résultat assez attendu: claires pour les aiguës, sombres pour les graves.
- Visite imprévue à l'hôpital, cet après-midi. Un ami perdu de vue depuis très longtemps. Gros problème de sciatique plus zona. Deux ans de moins que moi. Il avait l'air d'un petit vieux, lui qui, autrefois, ne jurait que par le sport. Il y a des jours où l'on se dit qu'on fait bien de ne pas se plaindre!
- Pot du Nouvel An au boulot ce soir. Je m'étais juré d'échapper cette année à la bise d'une collègue que j'exècre (et je pèse mes mots!). Elle s'est approchée de moi, la bouche en cœur comme d'habitude et, me voyant près du buffet, m'a demandé de la voix la plus suave à sa disposition: "Alors, tu manges ou tu embrasses?". "Je mange!". Ça a jailli avant même que je réfléchisse. J'ose, maintenant!
- En revenant ce soir, entendu à la radio, des berceuses chantées par Montserrat Figueras. Voix sublime. J'ai attendu la fin de l'émission pour rentrer la voiture au garage.
- Ces coups de fil promotionnels réservés aux retraités commencent à me les briser menu. JE NE SUIS PAS RETRAITE!
8
commentaires
Libellés :
(mauvaise) humeur,
bobo,
Ecole,
Littérature,
Musique
Par groupe de trois (réponses)
1. Pim, Pam, Poum: héros d'un très ancien comic strip américain.
2. Athos, Porthos, Aramis: les trois mousquetaires
3. Clotho, Lachésis, Atropos: les Moires grecques assimilées aux Parques romaines.
4. Metz, Toul, Verdun: les trois évêchés de l'est qui appartinrent au Saint Empire Romain Germanique
5. Minos, Eaque ,Rhadamante: les juges des Enfers chez les grecs
6. Filip, Franck, Adel: les 2Be3, boys band
7. Colombie, Mexique, Vénézuela: Groupe des trois (accord de libre commerce)
8. Sénanque, Le Thoronet, Silvacane: les trois sœurs provençales, abbayes cisterciennes de Provence
9. Domingo, Pavarotti, Carreras: les trois ténors réunis dans une série de concerts
10. Euryale, Stheno, Méduse: les Gorgones de la mythologie grecque.
Bravo à Gonzo et La Plume, même cassée. Piergil: pas pu ouvrir ta vidéo.
2. Athos, Porthos, Aramis: les trois mousquetaires
3. Clotho, Lachésis, Atropos: les Moires grecques assimilées aux Parques romaines.
4. Metz, Toul, Verdun: les trois évêchés de l'est qui appartinrent au Saint Empire Romain Germanique
5. Minos, Eaque ,Rhadamante: les juges des Enfers chez les grecs
6. Filip, Franck, Adel: les 2Be3, boys band
7. Colombie, Mexique, Vénézuela: Groupe des trois (accord de libre commerce)
8. Sénanque, Le Thoronet, Silvacane: les trois sœurs provençales, abbayes cisterciennes de Provence
9. Domingo, Pavarotti, Carreras: les trois ténors réunis dans une série de concerts
10. Euryale, Stheno, Méduse: les Gorgones de la mythologie grecque.
Bravo à Gonzo et La Plume, même cassée. Piergil: pas pu ouvrir ta vidéo.
lundi 2 janvier 2012
La vraie vie
Dernier lever tard, profiter de la douceur des draps en se disant, heureux, que l'on n'a rien à faire. Dernière soirée tranquille sans trop compter les heures de sommeil qui s'envolent. Dernier repas détendu à grappiller les restes des festivités. C'est mon rythme naturel: je suis du soir. Je le retrouve pendant les vacances, une fois l'abrutissement des premiers jours passé. Ouvrir les volets alors qu'il fait déjà jour, découvrir les gens qui se pressent dans les rues, déjà maussades avant d'avoir commencé, traîner en robe de chambre, la cigarette après le café, puis une autre parce qu'on n'a pas vu passer la première. A onze heures, penser vaguement qu'il faudrait tout de même passer sous la douche. Régler quelques papiers l'après-midi, déplacer un objet, se dire que l'on n'a pas encore lu ce livre. Et le soir arrive: apéritif, plaisanteries, moment de tendresse sur la canapé. Retraverser Lyon pour rentrer au garage, dire bonsoir en souriant à l'homme qui, éternellement, bichonne son vélo, vérifier que le café de l'angle n'est pas encore fermé, ouvrir l'ordinateur, boire de l'eau et lire comment vivent les autres, avec ce fond de sérénité et de douceur diffuse. Et lorsque les yeux se ferment seuls, regagner son bon lit, allumer la lampe de chevet et replonger dans le roman dont le poids qui s'accroît vous dira qu'il est temps de dormir.
Et ce soir, rêver que l'on est encore en vacances.
Et ce soir, rêver que l'on est encore en vacances.
Pages marquantes (24)
La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.
Paul Éluard
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.
Paul Éluard
dimanche 1 janvier 2012
Momentini
- Des repas, des repas, des repas: huîtres, foie gras, coquillages, crustacés, volailles, gratins de cardon à la moelle, vins rouges, blancs secs, liquoreux, champagnes et encore, et encore... Ce soir, je rêvais d'un yaourt nature, mais rien de tel dans mon réfrigérateur.
- Le lustre du couloir est installé. De plus, Frédéric et Jean-Claude m'ont offert au nouvel an une splendide lampe pour le salon. Il est bon d'avoir des amis qui ont du goût! Je les ai déjà remerciés mais je veux le refaire ici, ce soir, sachant qu'au moins l'un des deux me lira.
- Lorsqu'un regard est empli de tendresse humaine, il vous bouleverse, surtout s'il provient d'un inconnu. J'ai connu ce trouble il y a quelques jours à la caisse d'un grand magasin. Rien d'ambigu dans cet échange. Juste être ému de ce que peut être l'homme.
- Le lustre du couloir est installé. De plus, Frédéric et Jean-Claude m'ont offert au nouvel an une splendide lampe pour le salon. Il est bon d'avoir des amis qui ont du goût! Je les ai déjà remerciés mais je veux le refaire ici, ce soir, sachant qu'au moins l'un des deux me lira.
- Lorsqu'un regard est empli de tendresse humaine, il vous bouleverse, surtout s'il provient d'un inconnu. J'ai connu ce trouble il y a quelques jours à la caisse d'un grand magasin. Rien d'ambigu dans cet échange. Juste être ému de ce que peut être l'homme.
Par groupe de trois
Saurez-vous trouver le troisième élément de ces inséparables et dire de qui ou de quoi il s'agit?
Un exemple: Riri, Fifi et LOULOU: les trois neveux de Donald.
1. Pim, Pam et ...
2. Athos, Porthos et ....
3. Clotho, Lachésis et ...
4. Metz, Toul et ...
5. Minos, Eaque et ...
6. Filip, Franck et ...
7. Colombie, Mexique et ...
8. Sénanque, Le Thoronet et ...
9. Domingo, Pavarotti et ...
10. Euryale, Stheno et ...
Un exemple: Riri, Fifi et LOULOU: les trois neveux de Donald.
1. Pim, Pam et ...
2. Athos, Porthos et ....
3. Clotho, Lachésis et ...
4. Metz, Toul et ...
5. Minos, Eaque et ...
6. Filip, Franck et ...
7. Colombie, Mexique et ...
8. Sénanque, Le Thoronet et ...
9. Domingo, Pavarotti et ...
10. Euryale, Stheno et ...
On connait leur nom (réponses)
1. Jean-Jacques Sempé
2. Georges Rémi (Hergé)
3. Claude Serre
4. André Franquin
5. Albert Robida
6. Albert Dubout
8. Maurice de Bévère (Morris)
9. Jean Plantureux (Plantu)
10. Pierre Culliford (Peyo)
2. Georges Rémi (Hergé)
3. Claude Serre
4. André Franquin
5. Albert Robida
6. Albert Dubout
8. Maurice de Bévère (Morris)
9. Jean Plantureux (Plantu)
10. Pierre Culliford (Peyo)
Inscription à :
Articles (Atom)