Ça y est: c'est parti, et en force cette année. Ça ne pouvait pas attendre un peu, non? Décembre par exemple! Une heure et quart pour revenir de chez ma mère ce soir alors que le trajet prend normalement dix minutes. Le pire, ce n'est pas la neige, ce sont les inconscients, piétons ou automobilistes qui font n'importe quoi, sous prétexte qu'ils sont heureux comme des gosses ou que le bazar de la circulation excuse tous les comportements.
Seul avantage: il n'y a pas un bruit en bas, dans la rue, ce soir. J'ai déjà fermé mes volets. Je verrai bien demain... Métro et ficelle, sans doute. La voiture restera dormir, elle, sous ses centimètres de poudreuse. En plus, exceptionnellement, je ne travaille qu'à dix heures!
mardi 30 novembre 2010
Ciao Mario
Les mois de novembre sont meurtriers pour le cinéma italien. Après Dino de Laurentiis le 11, c'est au tour de Mario Monicelli aujourd'hui. Un extrait du Pigeon, avec Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale et Toto, entre autres. Un plaisir! Mais qui va donc dire maintenant à Berlue-Sconi qu'il est un mauvais clown?
lundi 29 novembre 2010
Matthieu
Matthieu est passé au collège pendant que j'étais en arrêt maladie. Matthieu m'a laissé un mot dans mon casier, en salle des professeurs: " Je suis passé pour vous voir, mais vous n'étiez pas là. Je repasserai bientôt."
Rien que de très banal, des mots simples, que n'importe qui peut dire ou écrire à n'importe qui. Mais Matthieu, ce n'est pas n'importe qui. Quand je l'ai eu la première fois, en sixième, je l'ai tout de suite remarqué: il me faisait penser, je ne sais pas pourquoi, à Poil de carotte, la rousseur moins agressive. Un chat maigre, craintif et peu intéressé par ce qui se passait en classe. Un qui se considérait une bonne fois pour toutes comme un cancre et qui n'avait pas l'intention de faire le moindre effort pour prouver aux autres et à lui-même qu'il pouvait en être autrement.
Au début, ça n'a pas été du tout cuit. Comme il était déjà grand, il a essayé la pitrerie pour se mettre en valeur. Avec moi, il restait relativement calme mais je savais par mes collègues que ce n'était pas le cas à tous les cours des autres matières. De plus, parfois, il prenait la mouche suite à une remarque et pouvait fort bien envoyer paître le professeur. Cerise sur le gâteau: Monsieur détestait lire.
Comment ai-je fait pour me le mettre dans la poche? Je ne sais pas. Sans doute avais-je une attitude, un humour, une façon de faire qui ne correspondaient pas à son image stéréotypée du prof lambda. Quand j'ai vu sa mère, lors d'une réunion, elle m'a avoué être ravie de ce qui était en train de se passer. Enfin, son fils traînait moins la patte pour aller à l'école et, ô merveille, elle avait même trouvé des livres dans sa chambre.
Car le petit, quand je l'ai retrouvé en cinquième pour une deuxième année ensemble, aimait lire. Aimer, c'est peu dire, car il s'était mis à dévorer, me demandant parfois ce que je pensais de ce qu'il avait choisi. Parallèlement, il avait acquis à la fois une sorte de calme intérieur et une stature d'adolescent posé. Je le reconnaissais à peine. Ses camarades ne s'y sont pas trompés, qui l'ont élu délégué de classe sans hésitation. Au conseil de classe, j'ai eu ainsi l'occasion de vérifier quel chemin hallucinant ce garçon avait parcouru.
Mais il avait visiblement décidé de surprendre tout le monde encore bien davantage. L'année suivante, il fut élu comme l'un des deux représentants des élèves au Conseil de Collège, regroupant des professeurs, des parents et des membres de l'équipe de direction. Sur le plan scolaire, je l'aimais beaucoup aussi: il réussissait moyennement, juste assez pour ne pas être bloqué en fin d'année. En fait, il approfondissait uniquement ce qui l'intéressait vraiment, ce qui m'a toujours paru une preuve d'intelligence, même s'il me faut souvent cacher ce sentiment aux élèves et peut-être encore davantage aux collègues.
Matthieu est ensuite parti au lycée. Je ne l'ai pas revu. Il y a combien de temps? Je ne sais pas, pas mal d'années déjà. J'aurai bien voulu être là lors de sa dernière visite car le devenir de ce gamin m'intéresse. Issu d'un milieu ouvrier, élevé par sa mère, il avait tout pour passer à côté de la grande maison de L'Éducation Nationale qui, si elle ouvre tout grand ses portes à tous, s'empresse d'en refermer la plupart par crainte des courants d'air. Et puis, je crois que, quelque part, je suis un peu, dans une infime mesure, responsable de son évolution. Ce que j'écris là semblera sans doute prétentieux mais ça ne l'est pas: je suis simplement très heureux pour ce garçon et très fier d'avoir apporté ma contribution, si minime soit-elle à l'édifice. S'il revient, je vous tiens au courant.
Rien que de très banal, des mots simples, que n'importe qui peut dire ou écrire à n'importe qui. Mais Matthieu, ce n'est pas n'importe qui. Quand je l'ai eu la première fois, en sixième, je l'ai tout de suite remarqué: il me faisait penser, je ne sais pas pourquoi, à Poil de carotte, la rousseur moins agressive. Un chat maigre, craintif et peu intéressé par ce qui se passait en classe. Un qui se considérait une bonne fois pour toutes comme un cancre et qui n'avait pas l'intention de faire le moindre effort pour prouver aux autres et à lui-même qu'il pouvait en être autrement.
Au début, ça n'a pas été du tout cuit. Comme il était déjà grand, il a essayé la pitrerie pour se mettre en valeur. Avec moi, il restait relativement calme mais je savais par mes collègues que ce n'était pas le cas à tous les cours des autres matières. De plus, parfois, il prenait la mouche suite à une remarque et pouvait fort bien envoyer paître le professeur. Cerise sur le gâteau: Monsieur détestait lire.
Comment ai-je fait pour me le mettre dans la poche? Je ne sais pas. Sans doute avais-je une attitude, un humour, une façon de faire qui ne correspondaient pas à son image stéréotypée du prof lambda. Quand j'ai vu sa mère, lors d'une réunion, elle m'a avoué être ravie de ce qui était en train de se passer. Enfin, son fils traînait moins la patte pour aller à l'école et, ô merveille, elle avait même trouvé des livres dans sa chambre.
Car le petit, quand je l'ai retrouvé en cinquième pour une deuxième année ensemble, aimait lire. Aimer, c'est peu dire, car il s'était mis à dévorer, me demandant parfois ce que je pensais de ce qu'il avait choisi. Parallèlement, il avait acquis à la fois une sorte de calme intérieur et une stature d'adolescent posé. Je le reconnaissais à peine. Ses camarades ne s'y sont pas trompés, qui l'ont élu délégué de classe sans hésitation. Au conseil de classe, j'ai eu ainsi l'occasion de vérifier quel chemin hallucinant ce garçon avait parcouru.
Mais il avait visiblement décidé de surprendre tout le monde encore bien davantage. L'année suivante, il fut élu comme l'un des deux représentants des élèves au Conseil de Collège, regroupant des professeurs, des parents et des membres de l'équipe de direction. Sur le plan scolaire, je l'aimais beaucoup aussi: il réussissait moyennement, juste assez pour ne pas être bloqué en fin d'année. En fait, il approfondissait uniquement ce qui l'intéressait vraiment, ce qui m'a toujours paru une preuve d'intelligence, même s'il me faut souvent cacher ce sentiment aux élèves et peut-être encore davantage aux collègues.
Matthieu est ensuite parti au lycée. Je ne l'ai pas revu. Il y a combien de temps? Je ne sais pas, pas mal d'années déjà. J'aurai bien voulu être là lors de sa dernière visite car le devenir de ce gamin m'intéresse. Issu d'un milieu ouvrier, élevé par sa mère, il avait tout pour passer à côté de la grande maison de L'Éducation Nationale qui, si elle ouvre tout grand ses portes à tous, s'empresse d'en refermer la plupart par crainte des courants d'air. Et puis, je crois que, quelque part, je suis un peu, dans une infime mesure, responsable de son évolution. Ce que j'écris là semblera sans doute prétentieux mais ça ne l'est pas: je suis simplement très heureux pour ce garçon et très fier d'avoir apporté ma contribution, si minime soit-elle à l'édifice. S'il revient, je vous tiens au courant.
Hésitations
Et voilà qu'on me propose, comme ça, de but en blanc, de travailler à la correction d'un roman: une collègue de travail qui connaît quelqu'un qui connaît truc qui a pensé que machin, etc.
Bref, surprise de ma part. Mais après tout, si c'est bien payé! On me parle d'abord de 200 Euros pour un roman de 210 pages dont il faudrait corriger l'orthographe. Cela ne me semble pas un travail surhumain ni trop chronophage. Je demande tout de même quelques précisions supplémentaires. Et c'est là que je déchante un peu: le forfait est monté à 210 Euros mais comprend, outre l'orthographe, la correction syntaxique et d'éventuelles annotations si nécessaire. Travail autrement conséquent donc. D'autant que l'histoire se déroule au IX° siècle et que je ne suis pas particulièrement un spécialiste de cette époque!
Alors, je suis un peu embêté: je veux bien rendre service mais je ne veux pas me mettre une contrainte trop lourde sur le dos en ce moment ni qu'on me prenne pour le dernier des pigeons. En effet, je ne connais pas du tout les tarifs qui se pratiquent pour ce genre de choses (au noir bien sûr). Si l'un d'entre vous a davantage de lumière là-dessus, qu'il m'en fasse part: il (ou elle) me rendra service.
En même temps, c'est une expérience qui me tenterait assez. J'avais déjà servi de correcteur à la thèse de Pierre (dont je connaissais parfaitement le sujet, y ayant travaillé en parallèle avec lui): travail colossal, vue l'épaisseur de la thèse et des annexes, travail ponctué de grosses prises de bec pour une construction de phrase qui me semblait boiteuse ou un paragraphe aux développements peu clairs, travail qui, une fois terminé, nous manqua presque tant nous avions investi de nous-mêmes là-dedans. Ici, aujourd'hui, l'optique est un peu différente: je ne connais pas la femme qui a écrit ce texte d'une part et, d'autre part, la littérature m'est plus accessible que la sociologie ou les sciences de l'éducation.
Je ne sais que faire. Je pense pourtant que je vais finalement refuser, par fainéantise et parce que mes plaisirs sont désormais ailleurs.
Bref, surprise de ma part. Mais après tout, si c'est bien payé! On me parle d'abord de 200 Euros pour un roman de 210 pages dont il faudrait corriger l'orthographe. Cela ne me semble pas un travail surhumain ni trop chronophage. Je demande tout de même quelques précisions supplémentaires. Et c'est là que je déchante un peu: le forfait est monté à 210 Euros mais comprend, outre l'orthographe, la correction syntaxique et d'éventuelles annotations si nécessaire. Travail autrement conséquent donc. D'autant que l'histoire se déroule au IX° siècle et que je ne suis pas particulièrement un spécialiste de cette époque!
Alors, je suis un peu embêté: je veux bien rendre service mais je ne veux pas me mettre une contrainte trop lourde sur le dos en ce moment ni qu'on me prenne pour le dernier des pigeons. En effet, je ne connais pas du tout les tarifs qui se pratiquent pour ce genre de choses (au noir bien sûr). Si l'un d'entre vous a davantage de lumière là-dessus, qu'il m'en fasse part: il (ou elle) me rendra service.
En même temps, c'est une expérience qui me tenterait assez. J'avais déjà servi de correcteur à la thèse de Pierre (dont je connaissais parfaitement le sujet, y ayant travaillé en parallèle avec lui): travail colossal, vue l'épaisseur de la thèse et des annexes, travail ponctué de grosses prises de bec pour une construction de phrase qui me semblait boiteuse ou un paragraphe aux développements peu clairs, travail qui, une fois terminé, nous manqua presque tant nous avions investi de nous-mêmes là-dedans. Ici, aujourd'hui, l'optique est un peu différente: je ne connais pas la femme qui a écrit ce texte d'une part et, d'autre part, la littérature m'est plus accessible que la sociologie ou les sciences de l'éducation.
Je ne sais que faire. Je pense pourtant que je vais finalement refuser, par fainéantise et parce que mes plaisirs sont désormais ailleurs.
dimanche 28 novembre 2010
Momentini
- Ai vu Potiche au cinéma. C'est ce qu'il me fallait en cette fin de convalescence. J'ai ri, franchement, même si le film n'est pas un chef-d'œuvre du septième art (mais il ne cherche pas à l'être). Pour une fois Depardieu et Deneuve totalement tolérables, on oublie même que ce sont eux. Seule Judith Gaudrèche ne passe décidément pas pour moi. Lucchini égal à lui-même: on aime ou on n'aime pas. Maintenant, je me demande si je fais le pas, ce soir, devant la télévision pour Bienvenue chez les Ch'tis.
- Achats et cadeaux d'hiver, pour renouveler ma garde-robe qui en a décidément bien besoin: pantoufles et chemises pour les achats, très beau pull noir pour le cadeau d'anniversaire. Merci (à qui le sait). A Villeurbanne, les commerçants ont tout de même l'air plus sympathique qu'à Lyon et savent "perdre" du temps avec un client.
- Les travaux de ma chambre commencent demain. J'ai déménagé dans l'autre, celle qui donne sur la rue. J'ai maintenant envie que tout change ici, le plus vite possible. J'ai besoin de lumière, de bien-être, de me faire plaisir et de vivre dans un cadre qui, à nouveau, me plaise. Et j'ai trouvé en Frédéric et Jean-Claude de très bons conseillers.
- En consultant les statistiques de Flickr pour mes photographies, je peux aussi lister celles qui ont été vues par les visiteurs et que, personnellement, je n'ai pas revues pour certaines depuis le jour où je les ai prises. Je me souviens très bien de telle ou telle, au point de pouvoir préciser dans quelles circonstances elles ont été prises. Mais j'en redécouvre certaines autres, que j'ai totalement oubliées. Alors me reviennent immédiatement des images de la promenade, du temps qu'il faisait, de mes sentiments ce jour-là, avec une acuité et une précision assez étonnantes. Une sorte de journal en images. Je me dis: "Tiens, c'est vrai, tu avais photographié ça!". Et parfois, j'ose le dire, je suis assez content de moi. Ou bien le résultat me fait rire: ainsi pour celle-ci que j'aurais voulu faire apparaître mais dont, ne sachant pas comment y parvenir, je vous donne le lien ici. Son titre: transports en commun.
- Projet (encore flou mais qui se précisera dans les prochains jours)de voyage à Rome à Pâques. Rien ne pourrait me faire davantage plaisir.
- Achats et cadeaux d'hiver, pour renouveler ma garde-robe qui en a décidément bien besoin: pantoufles et chemises pour les achats, très beau pull noir pour le cadeau d'anniversaire. Merci (à qui le sait). A Villeurbanne, les commerçants ont tout de même l'air plus sympathique qu'à Lyon et savent "perdre" du temps avec un client.
- Les travaux de ma chambre commencent demain. J'ai déménagé dans l'autre, celle qui donne sur la rue. J'ai maintenant envie que tout change ici, le plus vite possible. J'ai besoin de lumière, de bien-être, de me faire plaisir et de vivre dans un cadre qui, à nouveau, me plaise. Et j'ai trouvé en Frédéric et Jean-Claude de très bons conseillers.
- En consultant les statistiques de Flickr pour mes photographies, je peux aussi lister celles qui ont été vues par les visiteurs et que, personnellement, je n'ai pas revues pour certaines depuis le jour où je les ai prises. Je me souviens très bien de telle ou telle, au point de pouvoir préciser dans quelles circonstances elles ont été prises. Mais j'en redécouvre certaines autres, que j'ai totalement oubliées. Alors me reviennent immédiatement des images de la promenade, du temps qu'il faisait, de mes sentiments ce jour-là, avec une acuité et une précision assez étonnantes. Une sorte de journal en images. Je me dis: "Tiens, c'est vrai, tu avais photographié ça!". Et parfois, j'ose le dire, je suis assez content de moi. Ou bien le résultat me fait rire: ainsi pour celle-ci que j'aurais voulu faire apparaître mais dont, ne sachant pas comment y parvenir, je vous donne le lien ici. Son titre: transports en commun.
- Projet (encore flou mais qui se précisera dans les prochains jours)de voyage à Rome à Pâques. Rien ne pourrait me faire davantage plaisir.
samedi 27 novembre 2010
Addendum
Grand roue donc il y a, et en cours de finition (voir commentaires du billet d'hier). Nous voilà rassurés. Pourtant une question se pose encore ce soir:
si Madame fait la roue, que fait Monsieur? Il se paon?
Bah! Je ne vais pas prendre la plume pour si peu....
si Madame fait la roue, que fait Monsieur? Il se paon?
Bah! Je ne vais pas prendre la plume pour si peu....
vendredi 26 novembre 2010
Grand roue
Deux forains s'aimaient d'amour tendre. Chaque année, à l'approche des fêtes (entendez celles de Noël, bien sûr, puisqu'à elles seules, elles semblent avoir absorbé le concept même de réjouissances!), Monsieur et Madame installaient leur grande roue sur la grande place dans la grande ville.
Et la rue tournait, emportant ses nacelles haut, très haut, dans la grisaille de décembre, au-dessus de la patinoire installée comme elle pour un temps, au-dessus des façades bourgeoises, voulant rivaliser avec la colline sainte ou le vieux crayon libéral. Parfois même, à l'occasion du 8 décembre, elle nous offrait un bien beau diaporama des richesses des musées français.
Cette année, la roue est arrivée, comme d'habitude, vers la mi novembre. Mais c'était la roue de Monsieur uniquement, une roue masculine donc, car Monsieur et Madame se sont séparés et Madame a sa propre roue, la roue féminine si vous me suivez. Seulement voilà, la municipalité qui, dans un souci d'équité, avait voulu, suite à la brouille, instaurer un tour de rôle chaque année entre les deux roues des deux ex-époux et avait décidé que cette année, ce serait celle de Madame, n'a pas apprécié d'être mise devant le fait accompli.
L'affaire semble traîner en longueur, car la roue de Monsieur n'est toujours pas repartie et celle de Madame ne semble pas arrivée. A moins que je ne me trompe et que la triste carcasse qui se dresse en ce moment sur le côté est de la place ne soit l'embryon de ce que sera celle de Madame une fois complète. Seulement voilà: les fêtes approchent et le 8 décembre est imminent. Je suis sûr que, dans l'intérêt des amoureux et des enfants bien sûr, on ne tardera plus à trouver un compromis. Sinon, qui pourrait chiffrer la perte pécuniaire et pour la ville et pour les forains? Ah! ces histoires de couple!
Et la rue tournait, emportant ses nacelles haut, très haut, dans la grisaille de décembre, au-dessus de la patinoire installée comme elle pour un temps, au-dessus des façades bourgeoises, voulant rivaliser avec la colline sainte ou le vieux crayon libéral. Parfois même, à l'occasion du 8 décembre, elle nous offrait un bien beau diaporama des richesses des musées français.
Cette année, la roue est arrivée, comme d'habitude, vers la mi novembre. Mais c'était la roue de Monsieur uniquement, une roue masculine donc, car Monsieur et Madame se sont séparés et Madame a sa propre roue, la roue féminine si vous me suivez. Seulement voilà, la municipalité qui, dans un souci d'équité, avait voulu, suite à la brouille, instaurer un tour de rôle chaque année entre les deux roues des deux ex-époux et avait décidé que cette année, ce serait celle de Madame, n'a pas apprécié d'être mise devant le fait accompli.
L'affaire semble traîner en longueur, car la roue de Monsieur n'est toujours pas repartie et celle de Madame ne semble pas arrivée. A moins que je ne me trompe et que la triste carcasse qui se dresse en ce moment sur le côté est de la place ne soit l'embryon de ce que sera celle de Madame une fois complète. Seulement voilà: les fêtes approchent et le 8 décembre est imminent. Je suis sûr que, dans l'intérêt des amoureux et des enfants bien sûr, on ne tardera plus à trouver un compromis. Sinon, qui pourrait chiffrer la perte pécuniaire et pour la ville et pour les forains? Ah! ces histoires de couple!
jeudi 25 novembre 2010
Saint-Jean: 30 minutes.
Le 15 novembre, l'Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) a lancé un vaste programme local et national de promotion de l'activité physique intitulé "bouger 30 minutes par jour, c’est facile !".
En indiquant dans la ville par des panneaux directionnels à destination des piétons des distances en temps ("centre ville, 15 minutes"), cette opération souhaite amener les citadins à reconsidérer et intégrer la marche et le vélo dans leurs pratiques quotidiennes.
Ce dispositif simple et accessible démontre au plus grand nombre que l’activité physique est à portée de tous : chacun peut effectuer trois trajets de 10 minutes à pied dans sa journée à condition de savoir où les trouver !
Extrait d'un site de la ville de Bordeaux (mais pour la photo, c'est bien à Lyon), le texte qui précède ne peut que recueillir l'assentiment de tous. On est bien d'accord, du nord au sud de la France, pour se maintenir le plus longtemps possible en bonne santé. Alors bravo pour cette initiative.
Mais pourquoi, alors, devant cette bonne volonté d'aider son prochain affichée sur tous les murs, toutes les vitrines, suis-je toujours un peu méfiant et réticent? Parce que j'aime bien qu'on me foute la paix et qu'on ne me prenne pas pour un gamin de six ans. Je fais ce que je veux, quand j'en ai envie.
Si je veux aller jusqu'à Saint-Jean, je n'ai pas besoin que l'on m'indique la direction à prendre ni le temps que je vais mettre (surtout si, en plus, comme c'est le cas, ce temps est faux, ou alors calculé sur la performance de très bons marcheurs). Si je veux marcher, je n'ai que faire que l'on me dise qu'il est bien de le faire, parce que, même si c'était très très mal, je le ferai tout de même.
Si je veux manger, je mange, tantôt plus, tantôt moins, sans qu'il soit besoin de me rappeler les doses à respecter et les bons choix à faire en matière d'alimentation. J'ai envie de pouvoir me taper un bon gueuleton sans que l'on vienne m'en gâcher le plaisir avec un calcul assommant de lipides, de glucides et de je ne sais quoi qui fait du bien et qui fait du mal. Surtout que le lendemain, je peux fort bien me contenter d'une salade verte dont j'aurais tout autant envie.
Voilà pour ce qui me concerne. Quant au fait que notre société en soit à ce genre d'amusement infantilisant pour sensibiliser une grande majorité de la population, il y a là aussi de quoi s'inquiéter: ainsi donc la plupart des gens sont incapables de se prendre en charge seuls? Où sont donc passées les courroies de transmission d'un savoir antique au pays de la bonne gastronomie? Et l'on croit en plus (ou l'on fait semblant de croire) que ce sont ces petites affichettes qui vont changer quoi que ce soit à la "malbouffe" et au manque d'activités sportives des gens? On se donne bonne conscience à bon marché, comme d'habitude!
En indiquant dans la ville par des panneaux directionnels à destination des piétons des distances en temps ("centre ville, 15 minutes"), cette opération souhaite amener les citadins à reconsidérer et intégrer la marche et le vélo dans leurs pratiques quotidiennes.
Ce dispositif simple et accessible démontre au plus grand nombre que l’activité physique est à portée de tous : chacun peut effectuer trois trajets de 10 minutes à pied dans sa journée à condition de savoir où les trouver !
Extrait d'un site de la ville de Bordeaux (mais pour la photo, c'est bien à Lyon), le texte qui précède ne peut que recueillir l'assentiment de tous. On est bien d'accord, du nord au sud de la France, pour se maintenir le plus longtemps possible en bonne santé. Alors bravo pour cette initiative.
Mais pourquoi, alors, devant cette bonne volonté d'aider son prochain affichée sur tous les murs, toutes les vitrines, suis-je toujours un peu méfiant et réticent? Parce que j'aime bien qu'on me foute la paix et qu'on ne me prenne pas pour un gamin de six ans. Je fais ce que je veux, quand j'en ai envie.
Si je veux aller jusqu'à Saint-Jean, je n'ai pas besoin que l'on m'indique la direction à prendre ni le temps que je vais mettre (surtout si, en plus, comme c'est le cas, ce temps est faux, ou alors calculé sur la performance de très bons marcheurs). Si je veux marcher, je n'ai que faire que l'on me dise qu'il est bien de le faire, parce que, même si c'était très très mal, je le ferai tout de même.
Si je veux manger, je mange, tantôt plus, tantôt moins, sans qu'il soit besoin de me rappeler les doses à respecter et les bons choix à faire en matière d'alimentation. J'ai envie de pouvoir me taper un bon gueuleton sans que l'on vienne m'en gâcher le plaisir avec un calcul assommant de lipides, de glucides et de je ne sais quoi qui fait du bien et qui fait du mal. Surtout que le lendemain, je peux fort bien me contenter d'une salade verte dont j'aurais tout autant envie.
Voilà pour ce qui me concerne. Quant au fait que notre société en soit à ce genre d'amusement infantilisant pour sensibiliser une grande majorité de la population, il y a là aussi de quoi s'inquiéter: ainsi donc la plupart des gens sont incapables de se prendre en charge seuls? Où sont donc passées les courroies de transmission d'un savoir antique au pays de la bonne gastronomie? Et l'on croit en plus (ou l'on fait semblant de croire) que ce sont ces petites affichettes qui vont changer quoi que ce soit à la "malbouffe" et au manque d'activités sportives des gens? On se donne bonne conscience à bon marché, comme d'habitude!
mercredi 24 novembre 2010
Barbara
Je l'avais oublié, Solko était là pour le rappeler: le 24 novembre, c'est la mort de Barbara, en 1997, il y a treize ans. Monique Serf puis Barbara Brodi puis Barbara tout court. La longue dame brune disparaissant un soir de novembre, c'était presque naturel tant l'automne et la brume lui allaient bien.
Que m'a-t-elle apporté, cette femme dont j'entendis parler pour la première fois dans les années soixante? Pourquoi l'ai-je tant aimée, au fil de trente ans d'existence? Je n'ai pas l'intention d'écrire un billet commémoratif ou un panégyrique de la chanteuse disparue. J'ai, il y a quelques années, mis tous mes efforts à fuir cette nostalgie qui me pourrissait la vie, j'y suis à peu près parvenu aujourd'hui, ce n'est pas pour replonger.
Barbara a accompagné mes années étudiantes, avec puis sans Yvon. Nous passions des soirées à l'écouter, complaisamment étendus sur un canapé et sur notre mal de vivre qu'elle alimentait par les plus tristes de ses chansons et son personnage de femme en noir. Nous ne voulions pas voir l'autre côté de Barbara, la joie de vivre, qu'elle chantait aussi bien pourtant. A la mort d'Yvon, elle resta une sorte d'icône pour moi, je continuai à me rendre à chacun de ses concerts à Lyon mais je savais aussi que je devais me méfier de moi. Lorsque le spleen me guettait, je ne mettais plus un de ses disques, comme autrefois: le besoin d'entretenir une souffrance romantique m'avait quitté en découvrant le cadavre de mon ami d'enfance pendu derrière sa porte.
Je l'ai alors moins fréquentée, puis elle a disparu, elle, un soir de novembre. Aujourd'hui, je l'écoute peu. Je crois posséder la quasi totalité de ses chansons mais je n'ai pas besoin de mes disques: la plupart sont dans ma tête, je les connais par cœur, je sais la moindre intonation qu'elle y mettait et je fredonne parfois. Mais ce n'est pas triste et ce n'est plus ce que je recherche. Je crois apprécier encore davantage maintenant la beauté de certains de ses textes, leur poésie à fleur de peau et la musique, la petite musique qui fait, comme sa voix, qu'on ne peut la confondre avec aucune autre.
1954 A l'Atelier - "la femme inconnue". Je viens de découvrir cette rareté sur You Tube!
Que m'a-t-elle apporté, cette femme dont j'entendis parler pour la première fois dans les années soixante? Pourquoi l'ai-je tant aimée, au fil de trente ans d'existence? Je n'ai pas l'intention d'écrire un billet commémoratif ou un panégyrique de la chanteuse disparue. J'ai, il y a quelques années, mis tous mes efforts à fuir cette nostalgie qui me pourrissait la vie, j'y suis à peu près parvenu aujourd'hui, ce n'est pas pour replonger.
Barbara a accompagné mes années étudiantes, avec puis sans Yvon. Nous passions des soirées à l'écouter, complaisamment étendus sur un canapé et sur notre mal de vivre qu'elle alimentait par les plus tristes de ses chansons et son personnage de femme en noir. Nous ne voulions pas voir l'autre côté de Barbara, la joie de vivre, qu'elle chantait aussi bien pourtant. A la mort d'Yvon, elle resta une sorte d'icône pour moi, je continuai à me rendre à chacun de ses concerts à Lyon mais je savais aussi que je devais me méfier de moi. Lorsque le spleen me guettait, je ne mettais plus un de ses disques, comme autrefois: le besoin d'entretenir une souffrance romantique m'avait quitté en découvrant le cadavre de mon ami d'enfance pendu derrière sa porte.
Je l'ai alors moins fréquentée, puis elle a disparu, elle, un soir de novembre. Aujourd'hui, je l'écoute peu. Je crois posséder la quasi totalité de ses chansons mais je n'ai pas besoin de mes disques: la plupart sont dans ma tête, je les connais par cœur, je sais la moindre intonation qu'elle y mettait et je fredonne parfois. Mais ce n'est pas triste et ce n'est plus ce que je recherche. Je crois apprécier encore davantage maintenant la beauté de certains de ses textes, leur poésie à fleur de peau et la musique, la petite musique qui fait, comme sa voix, qu'on ne peut la confondre avec aucune autre.
1954 A l'Atelier - "la femme inconnue". Je viens de découvrir cette rareté sur You Tube!
mardi 23 novembre 2010
Salle d'attente
La salle, ce matin, était presque vide quand je suis arrivé. Presque, ce qui me surprit car je croyais être le premier à venir y attendre. La vie avait déjà repris à la clinique. Dehors, il faisait encore nuit, le temps de novembre n'en finissait pas d'hésiter à pleurer. C'est triste, la salle d'attente d'une clinique un matin chafouin de novembre quand le jour n'est pas encore totalement levé.
Quand je suis revenu à midi, la petite pièce avait gardé quelque chose d'imperceptible de tous ceux qui y avaient défilé depuis mon premier passage. Les visages s'étaient affaissés dans la chaleur du radiateur toujours trop ouvert selon moi. Il y avait là j'allais dire un vieil homme alors qu'il pouvait avoir dix ans tout au plus de différence avec moi. Rond, rebondi, le visage chagriné, prêt à s'énerver. Sans doute attendait-il depuis longtemps, comme chacun chaque fois ici. Deux couples aussi, l'un dont le mari, à cause de sa corpulence, portait des pantoufles de cuir sans talon, et soufflait l'air par son gros nez sur sa lèvre inférieure proéminente. La femme tricotait, de la grosse laine rouge et noire, une sorte d'écharpe, de boa qu'elle mettrait pour les fêtes si fêtes il y avait. Un dernier couple avait pu s'installer après avoir attendu dans le couloir que des places se libèrent, couple du père et de sa fille, lui totalement silencieux mais dont le regard parlait pour lui, elle douce et attentive.
Et puis, il y avait les deux autres, les jeunes, la volaille, les reines. Toutes deux maigres presque à faire peur, toutes de noir et blanc vêtues, assises sur deux chaises voisines, tournées l'une vers l'autre à s'enchevêtrer les genoux, n'existant que par elles, que pour elles. Deux visiteuses médicales qui ne cessèrent pas une seconde de bavarder (mais peut-on appeler ça bavarder?) une heure entière en attendant qu'on les reçoive. Des propos stupides, haut lancés comme s'il s'agissait de la philosophie du monde: on y aborda le travail, les secteurs couverts, les renversements d'alliance, les tactiques de vente, que sais-je encore. Je ne pouvais guère lire et comprendre ce que je décryptais.
Alors que j'allais intervenir pour leur demander de baisser un peu l'intensité de leurs voix désagréables, l'une évoqua sa jeunesse, lorsque, par ennui de toute orientation sérieuse, elle voulut intégrer l'enseignement. Elle ne put obtenir le Capes et moi, je me dis que ça, c'était une preuve de l'existence de Dieu, vu du côté des élèves. Comment imaginer supporter des cours faits par une pareille imbécile qui n'avait visiblement dans la vie qu'une occupation: s'écouter parler?
L'autre, sèche mais obséquieuse, relançait les échanges quand l'intensité en faiblissait, posant une question d'un ton qu'elle croyait suave, s'exclamant plus fort, bien plus fort, qu'il n'était nécessaire, riant franchement comme si elles avaient été seules. Elle semblait particulièrement apprécier une réplique que la première lançait régulièrement, toutes les dix phrases environ: "un grand moment de solitude"! Certes, le "grand moment de solitude" allait bien avec les chaussures noires épaisses à bouts carrés (à la mode?), mais comme je le souhaitais in petto, comme tous, nous le souhaitions pour nous, ce moment de solitude qui aurait eu pour nous le goût exquis de la tranquillité recouvrée.
Elles finirent par être reçues et quitter la minuscule salle d'attente sans un regard pour toutes leurs victimes auditives, sûres de la qualité de leur spectacle et de la richesse de leurs réparties. Pauvres connes!
Quand je suis revenu à midi, la petite pièce avait gardé quelque chose d'imperceptible de tous ceux qui y avaient défilé depuis mon premier passage. Les visages s'étaient affaissés dans la chaleur du radiateur toujours trop ouvert selon moi. Il y avait là j'allais dire un vieil homme alors qu'il pouvait avoir dix ans tout au plus de différence avec moi. Rond, rebondi, le visage chagriné, prêt à s'énerver. Sans doute attendait-il depuis longtemps, comme chacun chaque fois ici. Deux couples aussi, l'un dont le mari, à cause de sa corpulence, portait des pantoufles de cuir sans talon, et soufflait l'air par son gros nez sur sa lèvre inférieure proéminente. La femme tricotait, de la grosse laine rouge et noire, une sorte d'écharpe, de boa qu'elle mettrait pour les fêtes si fêtes il y avait. Un dernier couple avait pu s'installer après avoir attendu dans le couloir que des places se libèrent, couple du père et de sa fille, lui totalement silencieux mais dont le regard parlait pour lui, elle douce et attentive.
Et puis, il y avait les deux autres, les jeunes, la volaille, les reines. Toutes deux maigres presque à faire peur, toutes de noir et blanc vêtues, assises sur deux chaises voisines, tournées l'une vers l'autre à s'enchevêtrer les genoux, n'existant que par elles, que pour elles. Deux visiteuses médicales qui ne cessèrent pas une seconde de bavarder (mais peut-on appeler ça bavarder?) une heure entière en attendant qu'on les reçoive. Des propos stupides, haut lancés comme s'il s'agissait de la philosophie du monde: on y aborda le travail, les secteurs couverts, les renversements d'alliance, les tactiques de vente, que sais-je encore. Je ne pouvais guère lire et comprendre ce que je décryptais.
Alors que j'allais intervenir pour leur demander de baisser un peu l'intensité de leurs voix désagréables, l'une évoqua sa jeunesse, lorsque, par ennui de toute orientation sérieuse, elle voulut intégrer l'enseignement. Elle ne put obtenir le Capes et moi, je me dis que ça, c'était une preuve de l'existence de Dieu, vu du côté des élèves. Comment imaginer supporter des cours faits par une pareille imbécile qui n'avait visiblement dans la vie qu'une occupation: s'écouter parler?
L'autre, sèche mais obséquieuse, relançait les échanges quand l'intensité en faiblissait, posant une question d'un ton qu'elle croyait suave, s'exclamant plus fort, bien plus fort, qu'il n'était nécessaire, riant franchement comme si elles avaient été seules. Elle semblait particulièrement apprécier une réplique que la première lançait régulièrement, toutes les dix phrases environ: "un grand moment de solitude"! Certes, le "grand moment de solitude" allait bien avec les chaussures noires épaisses à bouts carrés (à la mode?), mais comme je le souhaitais in petto, comme tous, nous le souhaitions pour nous, ce moment de solitude qui aurait eu pour nous le goût exquis de la tranquillité recouvrée.
Elles finirent par être reçues et quitter la minuscule salle d'attente sans un regard pour toutes leurs victimes auditives, sûres de la qualité de leur spectacle et de la richesse de leurs réparties. Pauvres connes!
lundi 22 novembre 2010
Correspondance
Je lisais quelque part, je ne sais où, ces derniers jours, un billet de blog, ou un article de journal, je ne me souviens plus, sur le mot "correspondance". Cette lecture qui, au premier abord, m'a paru anodine, n'a cessé depuis de me trotter dans la tête. En effet, je ne m'étais jamais rendu compte combien ce mot était particulier.
L'étymologie en est banal: cum-respondere , en latin, signifie répondre avec. Le Robert Dictionnaire historique de la langue française nous précise qu'en 1236, correspondre signifie s'harmoniser, concorder, que vers 1300 il prend de plus le sens de payer en retour. J'aime déjà beaucoup cet évolution progressive du sens, logique comme d'habitude, mais ici en plus porteuse d'espoir: l'affinité est payée de retour, la correspondance fonctionne dans les deux sens.
Pourtant ce mot, si beau, marque à la fois la proximité et l'éloignement de ce à quoi ou avec qui l'on correspond. On se forme par correspondance sans jamais voir le formateur qui nous apporte le savoir. Au collège autrefois, on avait des "correspondants", particulièrement avec des collégiens de pays anglo-saxons (le mien n'a jamais reçu qu'une lettre de moi, ce système d'échange ne me "correspondant" pas, surtout en anglais), en général des gens que l'on ne rencontrait jamais.
Le mot apparaît en 1832 dans le contexte journalistique: un correspondant est un envoyé "spécial" qui fait part à sa rédaction de chroniques de ce qui se passe dans les pays étrangers, nous rendant ainsi plus proche ce qui se vit ailleurs. J'ai l'impression que, depuis quelques années, le mot s'emploie plus rarement à la télévision.
Et les trains qui n'arrivent pas à l'heure et font que l'on manque sa correspondance pour telle ou telle destination. Celui qui voyage s'éloigne-t-il ou revient-il? Et les grandes correspondances entre écrivains qui nous parviennent parfois dans leur intégralité, avec les lettres des deux: elles nous disent la proximité des deux "épistoliers", leur proximité, et nous rejette, nous, les lecteurs, en dehors de cette relation, faisant de nous des voyeurs plus ou moins repentants.
Correspondance, c'est aussi relation de conformité, quand il s'agit d'opinions ou de sentiments par exemple. mais le sens que je préfère à ce mot, c'est celui de Baudelaire, qui rapproche des perceptions sensorielles de ce monde terrestre (correspondances horizontales) ou établit des analogies entre notre monde sensible et un autre, poétique (correspondances verticales). Je me souviens de l'éblouissement ressenti lorsque j'avais, au lycée, découvert ce poème des Fleurs du mal:
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal)
L'ayant lu, je m'étais senti moins seul, une porte s'était ouverte.
L'étymologie en est banal: cum-respondere , en latin, signifie répondre avec. Le Robert Dictionnaire historique de la langue française nous précise qu'en 1236, correspondre signifie s'harmoniser, concorder, que vers 1300 il prend de plus le sens de payer en retour. J'aime déjà beaucoup cet évolution progressive du sens, logique comme d'habitude, mais ici en plus porteuse d'espoir: l'affinité est payée de retour, la correspondance fonctionne dans les deux sens.
Pourtant ce mot, si beau, marque à la fois la proximité et l'éloignement de ce à quoi ou avec qui l'on correspond. On se forme par correspondance sans jamais voir le formateur qui nous apporte le savoir. Au collège autrefois, on avait des "correspondants", particulièrement avec des collégiens de pays anglo-saxons (le mien n'a jamais reçu qu'une lettre de moi, ce système d'échange ne me "correspondant" pas, surtout en anglais), en général des gens que l'on ne rencontrait jamais.
Le mot apparaît en 1832 dans le contexte journalistique: un correspondant est un envoyé "spécial" qui fait part à sa rédaction de chroniques de ce qui se passe dans les pays étrangers, nous rendant ainsi plus proche ce qui se vit ailleurs. J'ai l'impression que, depuis quelques années, le mot s'emploie plus rarement à la télévision.
Et les trains qui n'arrivent pas à l'heure et font que l'on manque sa correspondance pour telle ou telle destination. Celui qui voyage s'éloigne-t-il ou revient-il? Et les grandes correspondances entre écrivains qui nous parviennent parfois dans leur intégralité, avec les lettres des deux: elles nous disent la proximité des deux "épistoliers", leur proximité, et nous rejette, nous, les lecteurs, en dehors de cette relation, faisant de nous des voyeurs plus ou moins repentants.
Correspondance, c'est aussi relation de conformité, quand il s'agit d'opinions ou de sentiments par exemple. mais le sens que je préfère à ce mot, c'est celui de Baudelaire, qui rapproche des perceptions sensorielles de ce monde terrestre (correspondances horizontales) ou établit des analogies entre notre monde sensible et un autre, poétique (correspondances verticales). Je me souviens de l'éblouissement ressenti lorsque j'avais, au lycée, découvert ce poème des Fleurs du mal:
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal)
L'ayant lu, je m'étais senti moins seul, une porte s'était ouverte.
dimanche 21 novembre 2010
Momentini
- En écrivant un billet sur Tycho Brahe, c'est moi qui, sans le savoir , avais le nez creux. Un petit séjour aux Urgences vendredi soir pour un problème du même ordre ou presque. On a mal, on attend (pas trop, il faut le dire pour être juste), on regarde défiler les chariots. En ressortant, vers 6 heures du matin, ce sont tous les rejetés du début du week-end que j'ai vus, amochés sur les civières. J'ai voulu rentrer à pied, pour me sentir libre. Je l'ai regretté ensuite.
- Hier soir, à la télévision, aperçu des bribes de l'émission de Ruquier entre deux périodes de coma (je veux simplement dire que je dormais!). Un des invités: Laurent Baffie, l'ancien complice de Thierry Ardisson. Étonnant comme, en vieillissant, vu sous un certain angle alors qu'il sourit, il ressemble à Giscard!
- Une semaine d'arrêt pour moi. Et je n'ai guère hésité à l'accepter, cette fois-ci. D'abord parce que j'ai déjà connu pareil épisode et que je sais que ce n'est pas anodin, ensuite parce que j'estime aujourd'hui, après toutes ces années de travail quasi non stop, que j'y ai bien droit. Je vais tâcher, tout en me reposant, de rendre ce temps utile.
- Une ville qui s'éveille, aux premières heures du matin, ce n'est pas beau en novembre. Odeur écœurante des viennoiseries en passant devant une boulangerie déjà ouverte. Alors que j'aime l'odeur du pain qui cuit. Plus loin, un tout jeune homme, assis en lotus sur le trottoir, se balançait d'avant en arrière, sans jamais relever la tête. Je suis passé, j'étais blessé moi aussi.
- Vu aussi hier soir quelques scènes de La Route de l'Ouest, un des derniers westerns des années soixante, avec un trio d'acteurs célèbres: Robert Mitchum, Kirk Douglas et Richard Widmark, plus une nouvelle venue au cinéma: Sally Field, dont c'était là le premier film. Je l'ai déjà dit et redit: j'aime les westerns et celui-ci (ce que j'en ai vu) n'a pas fait exception à la règle.
- Dans le même ordre d'idées, c'est à dire, régression aux amours d'adolescence, j'ai l'intention de m'installer ce soir devant une série britannique mettant en scène le créateur de Sherlock Holmes: Arthur Conan Doyle et son professeur préféré, un des modèles du célèbre détective, le Docteur Bell de l'Université de médecine d'Édimbourg, si je me souviens bien.
- J'avais voulu prendre la suite de Valérie pour les photos quotidiennes, ou les photos de mon quotidien, comme on veut. C'est un peu raté en ce moment. Désolé de la promesse, Valérie.
- Hier soir, à la télévision, aperçu des bribes de l'émission de Ruquier entre deux périodes de coma (je veux simplement dire que je dormais!). Un des invités: Laurent Baffie, l'ancien complice de Thierry Ardisson. Étonnant comme, en vieillissant, vu sous un certain angle alors qu'il sourit, il ressemble à Giscard!
- Une semaine d'arrêt pour moi. Et je n'ai guère hésité à l'accepter, cette fois-ci. D'abord parce que j'ai déjà connu pareil épisode et que je sais que ce n'est pas anodin, ensuite parce que j'estime aujourd'hui, après toutes ces années de travail quasi non stop, que j'y ai bien droit. Je vais tâcher, tout en me reposant, de rendre ce temps utile.
- Une ville qui s'éveille, aux premières heures du matin, ce n'est pas beau en novembre. Odeur écœurante des viennoiseries en passant devant une boulangerie déjà ouverte. Alors que j'aime l'odeur du pain qui cuit. Plus loin, un tout jeune homme, assis en lotus sur le trottoir, se balançait d'avant en arrière, sans jamais relever la tête. Je suis passé, j'étais blessé moi aussi.
- Vu aussi hier soir quelques scènes de La Route de l'Ouest, un des derniers westerns des années soixante, avec un trio d'acteurs célèbres: Robert Mitchum, Kirk Douglas et Richard Widmark, plus une nouvelle venue au cinéma: Sally Field, dont c'était là le premier film. Je l'ai déjà dit et redit: j'aime les westerns et celui-ci (ce que j'en ai vu) n'a pas fait exception à la règle.
- Dans le même ordre d'idées, c'est à dire, régression aux amours d'adolescence, j'ai l'intention de m'installer ce soir devant une série britannique mettant en scène le créateur de Sherlock Holmes: Arthur Conan Doyle et son professeur préféré, un des modèles du célèbre détective, le Docteur Bell de l'Université de médecine d'Édimbourg, si je me souviens bien.
- J'avais voulu prendre la suite de Valérie pour les photos quotidiennes, ou les photos de mon quotidien, comme on veut. C'est un peu raté en ce moment. Désolé de la promesse, Valérie.
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Le Songe de Monomotapa
Toujours même bien-être à lire Pontalis, toujours mêmes échos en moi dans ce recueil d'anecdotes, de souvenirs, de réflexions sur l'amitié:
Deux vrais amis vivaient au Monomotapa
L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.
La Fontaine, Les deux Amis
Pontalis traite de l'amitié au sens large, y abordant son histoire personnelle avec quelques amis, comme Jean-Pierre Vernant, Jean Pouillon et Michel Cournot entre autres, la différenciant bien sûr de l'amour mais l'étendant aussi à d'autres domaines que celui purement humain: les lieux de vie, par exemple, appartements à Paris ou plages sur l'Atlantique ou ailleurs. Les pages consacrées à Freud et à son ami Wilhem Fliess m'ont particulièrement intéressé, même si l'on y est loin de la nostalgie coutumière de Pontalis.
Un passage qui m'a rappelé bien des souvenirs:
Et nous voilà partis, célibataires occasionnels, comme deux jeunes gens qui auraient pour la première fois rendez-vous avec la lumière de la Toscane, cette lumière qui abolit toute différence entre l'Art et la Nature. La rencontre avec la beauté se fait là où on ne l'attend pas, au coin d'une rue (une petite statue comme oubliée là), sur la hauteur d'une colline (voyez ces trois cyprès), sur une place de village cernée d'arcades, et pas seulement dans ces lieux consacrés que sont les musées et les églises- avouons-le, on s'y ennuie parfois, trop de chefs-d'œuvre qu'il convient d'admirer obligatoirement.
Nous allâmes à Perugia, à Gubbio, à Urbino, là où nous étions assurés de voir des œuvres de Piero. Passâmes aussi à Borgo San Sepolchro, sa ville natale; un véritable pèlerinage, comme si nous devions cela à notre peintre! Dans le petit village de Monterchi, Stéphane s'attarda une heure sans prononcer un mot face à la Vierge enceinte revêtue d'une robe d'un bleu céleste et fendue en son milieu. Le laissant à sa contemplation, j'allai m'asseoir sur un petit muret avoisinant. J'y savourai une pêche que je venais d'acheter au marché, elle fondit lentement dans ma bouche. Ce fut un moment délicieux auquel Stéphane, toujours clos dans son mutisme, mit fin.
Jean-Bertrand Pontalis, Le Songe du Monomotapa. Gallimard.
Deux vrais amis vivaient au Monomotapa
L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.
La Fontaine, Les deux Amis
Pontalis traite de l'amitié au sens large, y abordant son histoire personnelle avec quelques amis, comme Jean-Pierre Vernant, Jean Pouillon et Michel Cournot entre autres, la différenciant bien sûr de l'amour mais l'étendant aussi à d'autres domaines que celui purement humain: les lieux de vie, par exemple, appartements à Paris ou plages sur l'Atlantique ou ailleurs. Les pages consacrées à Freud et à son ami Wilhem Fliess m'ont particulièrement intéressé, même si l'on y est loin de la nostalgie coutumière de Pontalis.
Un passage qui m'a rappelé bien des souvenirs:
Et nous voilà partis, célibataires occasionnels, comme deux jeunes gens qui auraient pour la première fois rendez-vous avec la lumière de la Toscane, cette lumière qui abolit toute différence entre l'Art et la Nature. La rencontre avec la beauté se fait là où on ne l'attend pas, au coin d'une rue (une petite statue comme oubliée là), sur la hauteur d'une colline (voyez ces trois cyprès), sur une place de village cernée d'arcades, et pas seulement dans ces lieux consacrés que sont les musées et les églises- avouons-le, on s'y ennuie parfois, trop de chefs-d'œuvre qu'il convient d'admirer obligatoirement.
Nous allâmes à Perugia, à Gubbio, à Urbino, là où nous étions assurés de voir des œuvres de Piero. Passâmes aussi à Borgo San Sepolchro, sa ville natale; un véritable pèlerinage, comme si nous devions cela à notre peintre! Dans le petit village de Monterchi, Stéphane s'attarda une heure sans prononcer un mot face à la Vierge enceinte revêtue d'une robe d'un bleu céleste et fendue en son milieu. Le laissant à sa contemplation, j'allai m'asseoir sur un petit muret avoisinant. J'y savourai une pêche que je venais d'acheter au marché, elle fondit lentement dans ma bouche. Ce fut un moment délicieux auquel Stéphane, toujours clos dans son mutisme, mit fin.
Jean-Bertrand Pontalis, Le Songe du Monomotapa. Gallimard.
jeudi 18 novembre 2010
L'homme au nez d'or
Jusqu'à ce matin, je n'en avais jamais entendu parler. Et vous, vous connaissez Tycho Brahe? Pourtant cet individu a vraiment eu un destin hors du commun. C'est son histoire que j'ai entendue ce matin à la radio, aux informations de 6 heures, alors que l'homme revient sur le devant de l'actualité (une certaine actualité) quelques 410 ans après sa mort.
Tycho Brahe est un astronome danois né en 1546. Alors qu'il était étudiant, au cours d'un duel à Wittenberg, il perd le bout de son nez, sectionné par l'épée de son adversaire. Il arbore dès ce jour un nez postiche fait d'argent et d'or qui lui vaut le surnom de L'Homme au nez d'or. Non content de se signaler ainsi à l'attention des autres, il attire celle de la reine de Danemark, Sophie de Mecklembourg, dont le mari Frédéric II lui propose de fonder un observatoire astronomique, lui allouant de plus une confortable pension annuelle.
Tycho passe ainsi des années entre travaux scientifiques et plaisirs bien terrestres auprès de la reine. A la mort de Frédéric, son fils Christian devient roi sous le nom de Christian IV. Mais celui-ci, ayant eu vent des relations extra conjugales de sa mère, chasse le savant de son pays. Brahe se réfugie bientôt à Prague où il finira sa vie sous la protection de l'Empereur du Saint-Empire Rodolphe II.
Cela constitue déjà une biographie intéressante. Mais ce n'est pas tout. En effet, les circonstances de sa mort, à Prague, en 1601, sont assez cocasses: on dit qu'il est décédé d'un calcul ou d'une septicémie pour s'être trop longtemps retenu d'uriner au cours d'un long repas avec l'empereur, festin où l'étiquette interdisait bien sûr de se lever de table avant le royal convive. Il est ainsi à l'origine d'une expression très employée par les tchèques au moment où ils doivent s'excuser pour un besoin pressant: "Je ne veux pas mourir comme Tycho Brahe!"
Pourtant un doute subsistait sur la raison véritable de cette mort. Certains prétendaient de Brahé avait été empoisonné: en effet, l'analyse des poils de sa moustache abondante montrait une concentration assez exceptionnelle de mercure, qui avait favorisé la pousse mais pouvait être à l'origine d'une mort par empoisonnement. Ou bien c'est Brahe lui-même qui s'était involontairement tué en se concoctant un médicament un peu trop chargé en mercure (comme Diane de Poitiers se tua peu à peu avec ses potions d'or).
Et c'est bien là la raison de ce retour sous les feux de l'actualité: on vient de rouvrir le tombeau de l'astrologue dans la cathédrale de Tyn, tout près de l'horloge astronomique de Prague, pour effectuer sur son cadavre des analyses définitives avant de le ré-inhumer au cours d'une messe solennelle.
Certaines mauvaises langues prétendent de plus que le roi Christian IV de Danemark serait, non pas le fils de Frédéric II avec Sophie, mais celui de cette dernière avec le chaud Brahe. Pour en être certain, il suffirait d'analyser la chaîne génétique de l'actuelle souveraine de Danemark, Margrethe II. Mais cela est une autre histoire....
Tycho Brahe est un astronome danois né en 1546. Alors qu'il était étudiant, au cours d'un duel à Wittenberg, il perd le bout de son nez, sectionné par l'épée de son adversaire. Il arbore dès ce jour un nez postiche fait d'argent et d'or qui lui vaut le surnom de L'Homme au nez d'or. Non content de se signaler ainsi à l'attention des autres, il attire celle de la reine de Danemark, Sophie de Mecklembourg, dont le mari Frédéric II lui propose de fonder un observatoire astronomique, lui allouant de plus une confortable pension annuelle.
Tycho passe ainsi des années entre travaux scientifiques et plaisirs bien terrestres auprès de la reine. A la mort de Frédéric, son fils Christian devient roi sous le nom de Christian IV. Mais celui-ci, ayant eu vent des relations extra conjugales de sa mère, chasse le savant de son pays. Brahe se réfugie bientôt à Prague où il finira sa vie sous la protection de l'Empereur du Saint-Empire Rodolphe II.
Cela constitue déjà une biographie intéressante. Mais ce n'est pas tout. En effet, les circonstances de sa mort, à Prague, en 1601, sont assez cocasses: on dit qu'il est décédé d'un calcul ou d'une septicémie pour s'être trop longtemps retenu d'uriner au cours d'un long repas avec l'empereur, festin où l'étiquette interdisait bien sûr de se lever de table avant le royal convive. Il est ainsi à l'origine d'une expression très employée par les tchèques au moment où ils doivent s'excuser pour un besoin pressant: "Je ne veux pas mourir comme Tycho Brahe!"
Pourtant un doute subsistait sur la raison véritable de cette mort. Certains prétendaient de Brahé avait été empoisonné: en effet, l'analyse des poils de sa moustache abondante montrait une concentration assez exceptionnelle de mercure, qui avait favorisé la pousse mais pouvait être à l'origine d'une mort par empoisonnement. Ou bien c'est Brahe lui-même qui s'était involontairement tué en se concoctant un médicament un peu trop chargé en mercure (comme Diane de Poitiers se tua peu à peu avec ses potions d'or).
Et c'est bien là la raison de ce retour sous les feux de l'actualité: on vient de rouvrir le tombeau de l'astrologue dans la cathédrale de Tyn, tout près de l'horloge astronomique de Prague, pour effectuer sur son cadavre des analyses définitives avant de le ré-inhumer au cours d'une messe solennelle.
Certaines mauvaises langues prétendent de plus que le roi Christian IV de Danemark serait, non pas le fils de Frédéric II avec Sophie, mais celui de cette dernière avec le chaud Brahe. Pour en être certain, il suffirait d'analyser la chaîne génétique de l'actuelle souveraine de Danemark, Margrethe II. Mais cela est une autre histoire....
La vache!
Journée de travail, longue, fatigante, avec moult cours, deux réunions avec collègues, une soirée avec parents, des visiteurs officiels dans tous les coins. Mais utile, rentable, supportable. Tout va bien donc
Et dire que, pendant ce temps, celle-là s'est contentée de regarder passer les trains, au bout de la rue!
Et dire que, pendant ce temps, celle-là s'est contentée de regarder passer les trains, au bout de la rue!
mercredi 17 novembre 2010
Le Roman qui a fait pleurer toute l'Amérique.
C'est ce qu'annonce l'éditeur sur la première de couverture du roman de David Wroblewski, L'Histoire d'Edgar Sawtelle (JC Lattès). Eh bien, l'Amérique peut-être mais pas moi!
Tout avait pourtant bien commencé et j'imaginais une de ces bonnes histoires comme savent en ficeler les yankees, qui ne me demanderait pas une réflexion intense et me procurerait un réel plaisir de lecture. Et puis, bien vite, j'ai trouvé l'auteur lourdaud dans ses développements trop fréquents et trop indigestes: tout savoir sur le dressage de jeunes chiots ne m'a jamais provoqué le moindre début de soupçon de petite érection intellectuelle. La manie de faire feu de tout bois, de nous donner à lire par exemple des lettres retrouvées dont l'intérêt s'avère dans la suite bien piètre, cette manie de plus en plus répandue chez les auteurs qui ne conçoivent pas que l'on puisse écrire un livre de moins de six cents pages m'exaspère. On veut paraître savant et l'on tue le souffle du roman.
Ainsi ai-je fait ce que je fais rarement: j'ai lu en diagonale, choisissant un mot par ci, une phrase par là, me contentant de ne pas perdre le fil de la narration mais totalement insensible au style ou à l'effet recherché. Vers la fin, deux cents pages environ, j'ai repris la lecture intégrale, accroché par un nouveau personnage puis par la violence du dénouement. Pourtant, j'ai observé cette violence de l'extérieur, me disant qu'effectivement l'Amérique avait dû bien pleurer sur ces pages mais en percevant trop les ficelles pour marcher moi-même. Une idée qui a germé alors dans mon petit cerveau tordu a fini de m'éloigner de ce que je lisais: j'imaginais le film que, dans quelques temps, on allait tirer de ce récit, j'en voyais les images une à une, à chaque page, à chaque paragraphe, et j'ai fini par me dire que ce livre avait été écrit POUR le cinéma, que les effets étaient recherchés en ce sens, que l'incendie final de la grange, par exemple, était détaillé jusqu'à la maniaquerie comme une suite d'images de final à grand spectacle. Alors, non. J'aime le cinéma et la littérature mais je ne peux accepter que ce soit la même chose. Je suis trop indépendant de caractère pour supporter que l'on m'impose les images que je dois voir naître en lisant.
Depuis, pour me laver, j'ai lu un Pontalis. Autre chose, assurément.
Tout avait pourtant bien commencé et j'imaginais une de ces bonnes histoires comme savent en ficeler les yankees, qui ne me demanderait pas une réflexion intense et me procurerait un réel plaisir de lecture. Et puis, bien vite, j'ai trouvé l'auteur lourdaud dans ses développements trop fréquents et trop indigestes: tout savoir sur le dressage de jeunes chiots ne m'a jamais provoqué le moindre début de soupçon de petite érection intellectuelle. La manie de faire feu de tout bois, de nous donner à lire par exemple des lettres retrouvées dont l'intérêt s'avère dans la suite bien piètre, cette manie de plus en plus répandue chez les auteurs qui ne conçoivent pas que l'on puisse écrire un livre de moins de six cents pages m'exaspère. On veut paraître savant et l'on tue le souffle du roman.
Ainsi ai-je fait ce que je fais rarement: j'ai lu en diagonale, choisissant un mot par ci, une phrase par là, me contentant de ne pas perdre le fil de la narration mais totalement insensible au style ou à l'effet recherché. Vers la fin, deux cents pages environ, j'ai repris la lecture intégrale, accroché par un nouveau personnage puis par la violence du dénouement. Pourtant, j'ai observé cette violence de l'extérieur, me disant qu'effectivement l'Amérique avait dû bien pleurer sur ces pages mais en percevant trop les ficelles pour marcher moi-même. Une idée qui a germé alors dans mon petit cerveau tordu a fini de m'éloigner de ce que je lisais: j'imaginais le film que, dans quelques temps, on allait tirer de ce récit, j'en voyais les images une à une, à chaque page, à chaque paragraphe, et j'ai fini par me dire que ce livre avait été écrit POUR le cinéma, que les effets étaient recherchés en ce sens, que l'incendie final de la grange, par exemple, était détaillé jusqu'à la maniaquerie comme une suite d'images de final à grand spectacle. Alors, non. J'aime le cinéma et la littérature mais je ne peux accepter que ce soit la même chose. Je suis trop indépendant de caractère pour supporter que l'on m'impose les images que je dois voir naître en lisant.
Depuis, pour me laver, j'ai lu un Pontalis. Autre chose, assurément.
Place Belleville, Lyon 8°
Place Belleville, Lyon 8°. Un nom banal, vaguement parisien si l'on y tient; un arrondissement banal qui a peu à s'offrir en patrimoine. Un triangle assez vaste, délimité par la route de Vienne, l'école de la République et une rue sans intérêt bordée d'un grand immeuble immonde. Alors, pourquoi?
Pourquoi l'ai déjà autant photographiée? Pourquoi encore ce soir? Toujours sous le même angle. Pourquoi? Je ne sais ce qui m'attire dans cette place, ce qui fait que je ne peux passer à proximité sans la regarder, sans m'arrêter. Je l'ai prise en été, avec son acrobate du vélo qui, seul, tente des figures improbables; je l'ai prise après la pluie, au printemps, parsemée de pollen jaune qui faisait comme des fleurs sur le goudron; je l'ai prise en hiver, sous le gel, à différentes heures de la soirée, souvent déserte, toujours silencieuse.
Et chaque fois, pour moi, il s'en dégage le même mystère que je n'arrive pas à cerner. Cette place m'apaise, me fait chaud rien qu'à la voir. Pourquoi? Souvent d'ailleurs, je la regarde de l'autre côté, sans la piétiner, non par respect mais pour mieux l'observer, pour que son aura me parvienne entière. Trop près, ce sont les détails que je vois, pas l'ensemble: l'école austère et droite comme la troisième république (j'en imagine l'odeur des classes et des couloirs, et les derniers lavabos métalliques) où quelques parents parfois viennent récupérer leurs enfants tardivement; le gros œil lumineux de l'horloge; le kebab, à l'angle opposé dont l'enseigne de lumière jaune signale l'ouverture mais qui n'impose rien, se fait presque oublier, les lampadaires, les bancs, les arbres, la petite fontaine de fonte préservée on ne sait comment ni par qui, oubliée peut-être.
Certains soirs, le bibliobus s'y arrête. Cet été, on y a donné des concerts de jazz pour les gens du quartier. Le dimanche matin, il y a le marché, où mon père allait s'approvisionner, connu comme le loup blanc. Lorsqu'il est tombé malade, et tant qu'il a pu, il y est toujours allé, s'appuyant sur un déambulateur qui lui servait aussi de caddie pour ses courses. Est-ce son ombre que je recherche ici? Je ne crois pas. Ce soir encore, en la longeant, j'ai senti cette paix qu'elle me donne et il m'a semblé percevoir d'où elle provenait.
Pourquoi l'ai déjà autant photographiée? Pourquoi encore ce soir? Toujours sous le même angle. Pourquoi? Je ne sais ce qui m'attire dans cette place, ce qui fait que je ne peux passer à proximité sans la regarder, sans m'arrêter. Je l'ai prise en été, avec son acrobate du vélo qui, seul, tente des figures improbables; je l'ai prise après la pluie, au printemps, parsemée de pollen jaune qui faisait comme des fleurs sur le goudron; je l'ai prise en hiver, sous le gel, à différentes heures de la soirée, souvent déserte, toujours silencieuse.
Et chaque fois, pour moi, il s'en dégage le même mystère que je n'arrive pas à cerner. Cette place m'apaise, me fait chaud rien qu'à la voir. Pourquoi? Souvent d'ailleurs, je la regarde de l'autre côté, sans la piétiner, non par respect mais pour mieux l'observer, pour que son aura me parvienne entière. Trop près, ce sont les détails que je vois, pas l'ensemble: l'école austère et droite comme la troisième république (j'en imagine l'odeur des classes et des couloirs, et les derniers lavabos métalliques) où quelques parents parfois viennent récupérer leurs enfants tardivement; le gros œil lumineux de l'horloge; le kebab, à l'angle opposé dont l'enseigne de lumière jaune signale l'ouverture mais qui n'impose rien, se fait presque oublier, les lampadaires, les bancs, les arbres, la petite fontaine de fonte préservée on ne sait comment ni par qui, oubliée peut-être.
Certains soirs, le bibliobus s'y arrête. Cet été, on y a donné des concerts de jazz pour les gens du quartier. Le dimanche matin, il y a le marché, où mon père allait s'approvisionner, connu comme le loup blanc. Lorsqu'il est tombé malade, et tant qu'il a pu, il y est toujours allé, s'appuyant sur un déambulateur qui lui servait aussi de caddie pour ses courses. Est-ce son ombre que je recherche ici? Je ne crois pas. Ce soir encore, en la longeant, j'ai senti cette paix qu'elle me donne et il m'a semblé percevoir d'où elle provenait.
Bonne fête, Paulette!
Dire qu'on a laissé passer ça. C'est Frédéric qui me l'a rappelé à midi: Paulette Dubost a eu cent ans le 08 octobre 2010. Elle est, de loin, la doyenne des comédiennes françaises. Bon anniversaire, madame!
Fernandel & Paulette Dubost - Un baiser Mademoiselle Rose (1938)
Fernandel & Paulette Dubost - Un baiser Mademoiselle Rose (1938)
mardi 16 novembre 2010
Invité
Attendre. Un deuxième après-midi. Espérer la venue de cet artisan qui repousse chaque rendez-vous, comme s'il faisait exprès, comme s'il savait que j'étais à l'écoute d'un message qui ne viendrait pas, comme s'il retardait l'installation de ce nouveau radiateur pour me permettre de décrypter ce que j'attendais. Lire, finir un livre encombrant et puis ensuite Pontalis, heureusement. L'appartement est vide. J'ai l'impression d'être un intrus. J'y suis rarement seul. Le dimanche, il y a ma sœur et ma mère, je suis l'invité. Là, je suis seul, au milieu de meubles dont certains remontent à mon enfance. Je me sens comme un intrus.
En entrant, c'est l'odeur que l'on perçoit en premier, l'odeur et le silence. Une odeur unique, faite d'un millier d'autres enchevêtrées, fondues, amalgamées pour en composer une, unique, indéfinissable. L'odeur de cet appartement. Le silence me fait du bien. J'entends le vent souffler dehors. Par la baie vitrée, je vois défiler les nuages, vite, à la file, disparaissant derrière les toits des immeubles voisins.
Je ne suis rien ici: c'est un appartement de femmes, ma mère et ma sœur, qui, chaque week-end, y tissent un instant de leur vie à elles où je ne suis pas admis, où je n'ai rien à faire. Le souvenir de mon père, hors les photos aux murs du salon, au-dessus de la télévision, a disparu. Pas de mot ou de dessin humoristique dont il parsemait les pièces autrefois et dont il ne disait rien pour que nous ayons le plaisir de les découvrir. Pas de fond de casserole trempant dans l'évier après une journée de confitures, pas de vieux souliers éculés et informes qu'il mettait pour aller au jardin. Rien qui rappelle sa présence.
A la place, deux paires de pantoufles sous le radiateur de l'entrée. En désordre, comme si elles avaient été jetées là par hasard. Dans l'ordre de ma sœur qui n'a jamais su aligner deux mules. Qui n'a jamais voulu. Comment fait-elle pour qu'en se déchaussant, elle envoie sur le sol les pantoufles toujours dans la même disposition?
Je n'aime pas l'heure entre chien et loup. Jamais. Aujourd'hui, c'était encore autre chose, dans ce décor à la fois étranger et familier, déserté alors que plein la veille, avec le défilé des nuages et l'obscurité qui tombait peu à peu, au point de rendre la lecture impossible sans lumière. Mais je n'éclairai pas, la lumière de l'ampoule nue aurait chassé l'instant, ce que j'y ressentais. J'ai lu, penché vers la fenêtre, jusqu'à ce que l'on sonne. Il fallait bien qu'il arrive.
En entrant, c'est l'odeur que l'on perçoit en premier, l'odeur et le silence. Une odeur unique, faite d'un millier d'autres enchevêtrées, fondues, amalgamées pour en composer une, unique, indéfinissable. L'odeur de cet appartement. Le silence me fait du bien. J'entends le vent souffler dehors. Par la baie vitrée, je vois défiler les nuages, vite, à la file, disparaissant derrière les toits des immeubles voisins.
Je ne suis rien ici: c'est un appartement de femmes, ma mère et ma sœur, qui, chaque week-end, y tissent un instant de leur vie à elles où je ne suis pas admis, où je n'ai rien à faire. Le souvenir de mon père, hors les photos aux murs du salon, au-dessus de la télévision, a disparu. Pas de mot ou de dessin humoristique dont il parsemait les pièces autrefois et dont il ne disait rien pour que nous ayons le plaisir de les découvrir. Pas de fond de casserole trempant dans l'évier après une journée de confitures, pas de vieux souliers éculés et informes qu'il mettait pour aller au jardin. Rien qui rappelle sa présence.
A la place, deux paires de pantoufles sous le radiateur de l'entrée. En désordre, comme si elles avaient été jetées là par hasard. Dans l'ordre de ma sœur qui n'a jamais su aligner deux mules. Qui n'a jamais voulu. Comment fait-elle pour qu'en se déchaussant, elle envoie sur le sol les pantoufles toujours dans la même disposition?
Je n'aime pas l'heure entre chien et loup. Jamais. Aujourd'hui, c'était encore autre chose, dans ce décor à la fois étranger et familier, déserté alors que plein la veille, avec le défilé des nuages et l'obscurité qui tombait peu à peu, au point de rendre la lecture impossible sans lumière. Mais je n'éclairai pas, la lumière de l'ampoule nue aurait chassé l'instant, ce que j'y ressentais. J'ai lu, penché vers la fenêtre, jusqu'à ce que l'on sonne. Il fallait bien qu'il arrive.
lundi 15 novembre 2010
Des Mots et des Merveilles
Ça y est, je l'ai retrouvé. Depuis plusieurs jours, je le cherchais. Chez moi d'abord mais sans beaucoup d'espoir puisque je me suis débarrassé récemment de tous mes anciens spécimens et manuels scolaires. Auprès des collègues ensuite, qui ne semblaient pas du tout voir ce dont je parlais. Et ce matin, dans un vieux placard, grâce à Isabelle....
Nous utilisions cette série Mots et Merveilles (Magnard 1982)) en 6° et 5°, au temps où l'on faisait vraiment des textes français en cours de français. Et ces pages-là, je ne les avais jamais oubliées: trois propos d'écrivains sur leur façon de travailler.
André Dhôtel d'abord: "Je vagabonde.... à travers les rêves...., les rues.... et les mots" (12 mars 1971).
José Cabanis ensuite: "Je mise sur le temps, romancier par excellence" (28 mai 1976)
Michel Tournier enfin: "Je suis comme la pie voleuse" (23 novembre 1970)
Je voulais utiliser les propos de Tournier, recueillis par J-L de Rambures et publié chez Flammarion (Comment travaillent les écrivains.) parce qu'ils m'avaient beaucoup marqué quand je les avais découverts. Ils venaient confirmer une intuition que j'avais eue sur sa façon de "monter" un roman après avoir lu Vendredi ou la Vie sauvage où la structure narrative apparaît plus nettement que dans Les Limbes du Pacifique. parce qu'il y aborde aussi sa fameuse théorie de l'"inversion maligne", tout droit venu de sa passion pour la photographie.
Voici un extrait de ce texte que, bien sûr, je devrais un peu simplifier (ou beaucoup expliquer, plutôt) pour le faire passer en 5°:
L'un des secrets consiste à écrire la fin du roman avant le début. ce qui permet d'abord de prévoir exactement où je vais et ensuite de ne pas m'effondrer en cours de route. Rien de plus navrant que ces romans qui commencent merveilleusement et se terminent en queue de poisson. Personnellement, si je dois rater quelque chose, je préfère que ce soit le début. Je procède ensuite à un découpage rigoureux. Le livre se compose toujours de deux versants séparés au milieu par une crise (la déclaration de guerre dans Le Roi des Aulnes). Pour obtenir les correspondances, il suffit de travailler simultanément à chacun de ces versants. Je n'hésite pas, s'il le faut, à écrire à reculons. Une de mes techniques favorites est l'"inversion maligne". (...)Mais pour moi, le modèle des modèles, c'est ce paroxysme d'alchimie verbale que constitue L'Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach. Lorsque l'on sait que c'est sur la dernière fugue de cette dernière œuvre que l'on a retrouvé mort le compositeur, et que, par un raffinement suprême, celle-ci était construite sur les notes allemandes B.A.C.H., il faut bien reconnaître qu'il n'y a rien de plus violent, de plus romantique, de plus intolérable, dans toute l'histoire de la musique.(...)
Nous utilisions cette série Mots et Merveilles (Magnard 1982)) en 6° et 5°, au temps où l'on faisait vraiment des textes français en cours de français. Et ces pages-là, je ne les avais jamais oubliées: trois propos d'écrivains sur leur façon de travailler.
André Dhôtel d'abord: "Je vagabonde.... à travers les rêves...., les rues.... et les mots" (12 mars 1971).
José Cabanis ensuite: "Je mise sur le temps, romancier par excellence" (28 mai 1976)
Michel Tournier enfin: "Je suis comme la pie voleuse" (23 novembre 1970)
Je voulais utiliser les propos de Tournier, recueillis par J-L de Rambures et publié chez Flammarion (Comment travaillent les écrivains.) parce qu'ils m'avaient beaucoup marqué quand je les avais découverts. Ils venaient confirmer une intuition que j'avais eue sur sa façon de "monter" un roman après avoir lu Vendredi ou la Vie sauvage où la structure narrative apparaît plus nettement que dans Les Limbes du Pacifique. parce qu'il y aborde aussi sa fameuse théorie de l'"inversion maligne", tout droit venu de sa passion pour la photographie.
Voici un extrait de ce texte que, bien sûr, je devrais un peu simplifier (ou beaucoup expliquer, plutôt) pour le faire passer en 5°:
L'un des secrets consiste à écrire la fin du roman avant le début. ce qui permet d'abord de prévoir exactement où je vais et ensuite de ne pas m'effondrer en cours de route. Rien de plus navrant que ces romans qui commencent merveilleusement et se terminent en queue de poisson. Personnellement, si je dois rater quelque chose, je préfère que ce soit le début. Je procède ensuite à un découpage rigoureux. Le livre se compose toujours de deux versants séparés au milieu par une crise (la déclaration de guerre dans Le Roi des Aulnes). Pour obtenir les correspondances, il suffit de travailler simultanément à chacun de ces versants. Je n'hésite pas, s'il le faut, à écrire à reculons. Une de mes techniques favorites est l'"inversion maligne". (...)Mais pour moi, le modèle des modèles, c'est ce paroxysme d'alchimie verbale que constitue L'Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach. Lorsque l'on sait que c'est sur la dernière fugue de cette dernière œuvre que l'on a retrouvé mort le compositeur, et que, par un raffinement suprême, celle-ci était construite sur les notes allemandes B.A.C.H., il faut bien reconnaître qu'il n'y a rien de plus violent, de plus romantique, de plus intolérable, dans toute l'histoire de la musique.(...)
dimanche 14 novembre 2010
Momentini
Deux dans la semaine! On vous gâte!
- Aujourd'hui, j'ai appris quelque chose: l'origine de la montre- bracelet, qui a maintenant totalement détrôné son ancêtre, la montre gousset. C'est en 1904 que Louis Cartier a créé la toute première pour l'aviateur brésilien Santos-Dumont, un de ses amis, qui se plaignait de la difficulté de regarder l'heure sur sa montre gousset tout en pilotant, et ce sans lâcher les commandes. Cette nouvelle montre fut commercialisée en 1911. On sait le succès que la montre-bracelet a connu depuis! C'est le nom de Santos-Dumont qui a retenu mon attention: Yvon a quelques mois vécu dans cette rue à Lyon, dans un coquet rez-de-jardin où nous avons fêté avec lui et Pierre (tout nouvellement rencontré) mes vingt ans et d'où nous l'avons extirpé un peu plus tard alors qu'il venait d'ouvrir sa bouteille de gaz.
- Le (gros) livre que je lis actuellement m'ennuie un peu. J'ai envie de le terminer rapidement pour passer à d'autres titres qui m'attendent sur la commode. Alors je lis en diagonale, reprenant quelques lignes si le sens général vient à m'échapper. J'avance ainsi jusqu'à ce qu'une phrase m'accroche, je lis alors le paragraphe, la page, deux ou trois pages, parce qu'à nouveau l'intérêt de ma part est là. C'est reparti jusqu'au prochain ennui, à la prochaine lassitude. Ces romans sont les pires: on voudrait les lâcher et l'on n'y parvient pas parce qu'on y trouve régulièrement quelque chose à sauver.
- J'ai oublié dans ma liste des quinze auteurs quelqu'un qui pourtant a eu une importance considérable pendant mon adolescence: Hervé Bazin. Quel choc j'ai éprouvé en lisant Vipère au poing! Cette Folcoche qui servait de mère à Jean, le héros surnommé Brasse-Bouillon, elle me fascinait et m'épouvantait à la fois. Je ne pouvais concevoir qu'il existe des êtres aussi tyranniques et volontairement méchants! Aujourd'hui, j'aurais sans doute une approche différente. Pour mention, je voudrais simplement ajouter que Cronin a, lui aussi, beaucoup influé sur ma personnalité. Après avoir lu son roman Les Clés du Royaume, j'ai songé à entrer dans les ordres et à me faire missionnaire. C'est un projet qui m'a duré longtemps et ne m'a pas quitté facilement. Qui aujourd'hui lit encore ces deux auteurs?
- Le tableau de Edward Hopper sur la page de novembre de mon calendrier ne m'inspire pas du tout. Rien donc ce mois-ci. En revanche, le suivant!!!
- Dîné hier soir avec F. chez Brunet, un petit bouchon réputé. Cadre sympathique et traditionnel de ce genre de restaurant où l'image de Guignol côtoie les pots de beaujolais et où l'on se serre sur d'anciennes tables de bistrot. Tout aurait été parfait si les œufs en meurette avaient été plus chauds et la cervelle de veau salée. De plus, l'attente entre chaque plat fut assez longue (surtout pour obtenir le dessert) et ni la pauvre serveuse tchèque au fort dynamisme slave ni le jeune garçon freluquet à la voix de basse profonde ne parvinrent à faire face à l'afflux de clients. Heureusement, F. avait beaucoup de choses à me raconter, entre autres son voyage de cet été en Hongrie et Tchécoslovaquie. Mais en prenant le recul d'une journée, je suis un peu déçu par cette adresse pourtant célèbre. Peut-être un hasard malheureux. Il faudra que je réessaie, avec mes deux acolytes traditionnels par exemple.
- Aujourd'hui, j'ai appris quelque chose: l'origine de la montre- bracelet, qui a maintenant totalement détrôné son ancêtre, la montre gousset. C'est en 1904 que Louis Cartier a créé la toute première pour l'aviateur brésilien Santos-Dumont, un de ses amis, qui se plaignait de la difficulté de regarder l'heure sur sa montre gousset tout en pilotant, et ce sans lâcher les commandes. Cette nouvelle montre fut commercialisée en 1911. On sait le succès que la montre-bracelet a connu depuis! C'est le nom de Santos-Dumont qui a retenu mon attention: Yvon a quelques mois vécu dans cette rue à Lyon, dans un coquet rez-de-jardin où nous avons fêté avec lui et Pierre (tout nouvellement rencontré) mes vingt ans et d'où nous l'avons extirpé un peu plus tard alors qu'il venait d'ouvrir sa bouteille de gaz.
- Le (gros) livre que je lis actuellement m'ennuie un peu. J'ai envie de le terminer rapidement pour passer à d'autres titres qui m'attendent sur la commode. Alors je lis en diagonale, reprenant quelques lignes si le sens général vient à m'échapper. J'avance ainsi jusqu'à ce qu'une phrase m'accroche, je lis alors le paragraphe, la page, deux ou trois pages, parce qu'à nouveau l'intérêt de ma part est là. C'est reparti jusqu'au prochain ennui, à la prochaine lassitude. Ces romans sont les pires: on voudrait les lâcher et l'on n'y parvient pas parce qu'on y trouve régulièrement quelque chose à sauver.
- J'ai oublié dans ma liste des quinze auteurs quelqu'un qui pourtant a eu une importance considérable pendant mon adolescence: Hervé Bazin. Quel choc j'ai éprouvé en lisant Vipère au poing! Cette Folcoche qui servait de mère à Jean, le héros surnommé Brasse-Bouillon, elle me fascinait et m'épouvantait à la fois. Je ne pouvais concevoir qu'il existe des êtres aussi tyranniques et volontairement méchants! Aujourd'hui, j'aurais sans doute une approche différente. Pour mention, je voudrais simplement ajouter que Cronin a, lui aussi, beaucoup influé sur ma personnalité. Après avoir lu son roman Les Clés du Royaume, j'ai songé à entrer dans les ordres et à me faire missionnaire. C'est un projet qui m'a duré longtemps et ne m'a pas quitté facilement. Qui aujourd'hui lit encore ces deux auteurs?
- Le tableau de Edward Hopper sur la page de novembre de mon calendrier ne m'inspire pas du tout. Rien donc ce mois-ci. En revanche, le suivant!!!
- Dîné hier soir avec F. chez Brunet, un petit bouchon réputé. Cadre sympathique et traditionnel de ce genre de restaurant où l'image de Guignol côtoie les pots de beaujolais et où l'on se serre sur d'anciennes tables de bistrot. Tout aurait été parfait si les œufs en meurette avaient été plus chauds et la cervelle de veau salée. De plus, l'attente entre chaque plat fut assez longue (surtout pour obtenir le dessert) et ni la pauvre serveuse tchèque au fort dynamisme slave ni le jeune garçon freluquet à la voix de basse profonde ne parvinrent à faire face à l'afflux de clients. Heureusement, F. avait beaucoup de choses à me raconter, entre autres son voyage de cet été en Hongrie et Tchécoslovaquie. Mais en prenant le recul d'une journée, je suis un peu déçu par cette adresse pourtant célèbre. Peut-être un hasard malheureux. Il faudra que je réessaie, avec mes deux acolytes traditionnels par exemple.
Après la fête
Après la fête, adieu le saint, adieu Toussaint. La grande débandade a commencé dans les cimetières, grandement aidée il est vrai aujourd'hui par des bourrasques de vent extrêmement violentes sur Lyon.
Ces plantes, jetées aux quatre coins des tombes ou des allées ne seront pas ramassées: visiblement, les services municipaux en charge de l'entretien ont d'autres chats à fouetter, et les bonnes volonté qui, comme moi, redressent quelques pots au passage ne pourront suffire à l'ouvrage. Alors les fleurs se flétriront ou pourriront, par manque ou excès d'eau; d'autres bourrasques les entasseront dans quelques coins où la plupart resteront jusqu'à la fin de l'hiver ou plus, selon le bon vouloir de chacun. Finalement, le spectacle de la mort dans les lieux appropriés qui lui sont consacrés ne diffère guère de celui de la vie.
Ces plantes, jetées aux quatre coins des tombes ou des allées ne seront pas ramassées: visiblement, les services municipaux en charge de l'entretien ont d'autres chats à fouetter, et les bonnes volonté qui, comme moi, redressent quelques pots au passage ne pourront suffire à l'ouvrage. Alors les fleurs se flétriront ou pourriront, par manque ou excès d'eau; d'autres bourrasques les entasseront dans quelques coins où la plupart resteront jusqu'à la fin de l'hiver ou plus, selon le bon vouloir de chacun. Finalement, le spectacle de la mort dans les lieux appropriés qui lui sont consacrés ne diffère guère de celui de la vie.
samedi 13 novembre 2010
Reprise
Juin 2009 - Novembre 2010: celles-ci, il y avait longtemps qu'elles n'avaient pas servi. Alors, voilà, c'est fait. Avec beaucoup d'appréhension car, si ça s'avérait trop difficile ou douloureux, c'était un trait définitif qu'il me fallait tirer sur la course à pied.
Température idéale ce matin pour tenter l'expérience: soleil et juste ce qu'il faut de fraîcheur pour ne pas avoir trop chaud. Rouvrir le tiroir de la commode où sont entassés les vêtements de sport, retrouver ce qu'il me faut pour aujourd'hui en veillant à ne pas trop en mettre, ressortir les chaussures du placard, y glisser mes nouvelles semelles, celles qui font que, depuis presque un mois, je n'ai pratiquement plus mal au dos, celles qui rendent l'expérience réalisable, resserrer autour du bras la petite pochette pour la carte d'identité et le portable. Et c'est parti.
Une place pour me garer tout de suite en arrivant au Parc: c'est bon signe. Ne pas oublier les étirements sur un banc, toujours le même, et vaincre la dernière résistance qui me fait penser que je vais avoir l'air ridicule avec les quelques kilos en trop pris depuis deux ans. Un coup d'œil à d'autres coureurs me rassure bien vite. Et je sais que dans quelques mois, le bourrelet aura disparu. Je le sais parce que je vais tout faire pour.
Départ un peu trop rapide, comme d'habitude. Mon souffle court me le rappelle au bout de quelques centaines de mètres: il faut ralentir! Je retrouve rapidement des réflexes, des automatismes, comme par exemple celui de jeter un bref coup d'œil sur le côté avant de modifier ma trajectoire. Les dix premières minutes sont difficiles, non pas au niveau physique (je ne ressens aucune douleur) mais pour la respiration, qui se bloque à mi inspiration. Là aussi; il me faut régler le rythme. Je n'ai pas oublié comment il faut faire, et toutes ces techniques qui me reviennent rapidement me font sourire de contentement.
Peu à peu, je sens que j'accélère le mouvement, la foulée se modifie, le rythme respiratoire aussi. Au final, j'aurai bouclé le tour en 23 minutes, là où, autrefois, je mettais moins de 20 minutes. Mais je suis heureux: je l'ai fait. Nouveaux étirements sur le même banc. Le podologue et le kiné m'avaient conseillé de commencer doucement, une demi-heure maximum et à allure modeste. J'ai obéi pour l'allure modeste (bien contraint et forcé!) mais je vais m'empresser de transgresser le début de leur message: j'ai envie de faire un deuxième tour.
- Ce n'est pas raisonnable, Calyste, me dit ma conscience, toujours prompte à faire la leçon.
- Mais je vais le faire en marche rapide. C'est bien de marcher un peu après avoir couru, non!
Et je fais trois mètres en marchant avant de me remettre à courir!
- C'est pour compléter la demi-heure, me souffle ma mauvaise foi jamais à cours d'arguments. Je m'arrêterai à l'entrée de la voûte.
Sauf que l'entrée de la voûte passe et que je continue. Parce que je suis trop bien, parce que c'est un plaisir que je n'ai pas eu depuis trop longtemps, parce que je sais quel bien cela me fait au psychique (alors, le physique peut bien souffrir un peu), parce que le corps, dos et jambes compris, ne rechigne pas à l'effort.
Et puis une légère douleur au genou gauche, qui ne me lâchera plus pendant les cinq dernières minutes et me forcera à adopter à nouveau un train plus sénatorial (attention: jeune sénatorial, tout de même!). Je finis le deuxième tour: j'ai couru mes huit kilomètres. Après la troisième séries d'étirements, le genou se fait totalement oublier. Alors, je tiens ma promesse: je fais encore un peu de marche rapide.
Cet après-midi, un peu de courbatures dans les fesses, mais rien de bien méchant. Je vais un peu surveiller la machine pendant quelques jours et, si tout va bien, je recommencerai à m'adonner régulièrement à mon vice favori, à un de mes vices favoris. D'ailleurs, lors du deuxième tour, devant l'entrée principale de la Tête d'Or, un distributeur de tracts m'en a donné un pour une course à Miribel la semaine prochaine. Preuve que je n'avais pas l'air trop ridicule! Et si même, l'essentiel, c'est que j'ai vraiment pris mon pied, et les deux même!
Température idéale ce matin pour tenter l'expérience: soleil et juste ce qu'il faut de fraîcheur pour ne pas avoir trop chaud. Rouvrir le tiroir de la commode où sont entassés les vêtements de sport, retrouver ce qu'il me faut pour aujourd'hui en veillant à ne pas trop en mettre, ressortir les chaussures du placard, y glisser mes nouvelles semelles, celles qui font que, depuis presque un mois, je n'ai pratiquement plus mal au dos, celles qui rendent l'expérience réalisable, resserrer autour du bras la petite pochette pour la carte d'identité et le portable. Et c'est parti.
Une place pour me garer tout de suite en arrivant au Parc: c'est bon signe. Ne pas oublier les étirements sur un banc, toujours le même, et vaincre la dernière résistance qui me fait penser que je vais avoir l'air ridicule avec les quelques kilos en trop pris depuis deux ans. Un coup d'œil à d'autres coureurs me rassure bien vite. Et je sais que dans quelques mois, le bourrelet aura disparu. Je le sais parce que je vais tout faire pour.
Départ un peu trop rapide, comme d'habitude. Mon souffle court me le rappelle au bout de quelques centaines de mètres: il faut ralentir! Je retrouve rapidement des réflexes, des automatismes, comme par exemple celui de jeter un bref coup d'œil sur le côté avant de modifier ma trajectoire. Les dix premières minutes sont difficiles, non pas au niveau physique (je ne ressens aucune douleur) mais pour la respiration, qui se bloque à mi inspiration. Là aussi; il me faut régler le rythme. Je n'ai pas oublié comment il faut faire, et toutes ces techniques qui me reviennent rapidement me font sourire de contentement.
Peu à peu, je sens que j'accélère le mouvement, la foulée se modifie, le rythme respiratoire aussi. Au final, j'aurai bouclé le tour en 23 minutes, là où, autrefois, je mettais moins de 20 minutes. Mais je suis heureux: je l'ai fait. Nouveaux étirements sur le même banc. Le podologue et le kiné m'avaient conseillé de commencer doucement, une demi-heure maximum et à allure modeste. J'ai obéi pour l'allure modeste (bien contraint et forcé!) mais je vais m'empresser de transgresser le début de leur message: j'ai envie de faire un deuxième tour.
- Ce n'est pas raisonnable, Calyste, me dit ma conscience, toujours prompte à faire la leçon.
- Mais je vais le faire en marche rapide. C'est bien de marcher un peu après avoir couru, non!
Et je fais trois mètres en marchant avant de me remettre à courir!
- C'est pour compléter la demi-heure, me souffle ma mauvaise foi jamais à cours d'arguments. Je m'arrêterai à l'entrée de la voûte.
Sauf que l'entrée de la voûte passe et que je continue. Parce que je suis trop bien, parce que c'est un plaisir que je n'ai pas eu depuis trop longtemps, parce que je sais quel bien cela me fait au psychique (alors, le physique peut bien souffrir un peu), parce que le corps, dos et jambes compris, ne rechigne pas à l'effort.
Et puis une légère douleur au genou gauche, qui ne me lâchera plus pendant les cinq dernières minutes et me forcera à adopter à nouveau un train plus sénatorial (attention: jeune sénatorial, tout de même!). Je finis le deuxième tour: j'ai couru mes huit kilomètres. Après la troisième séries d'étirements, le genou se fait totalement oublier. Alors, je tiens ma promesse: je fais encore un peu de marche rapide.
Cet après-midi, un peu de courbatures dans les fesses, mais rien de bien méchant. Je vais un peu surveiller la machine pendant quelques jours et, si tout va bien, je recommencerai à m'adonner régulièrement à mon vice favori, à un de mes vices favoris. D'ailleurs, lors du deuxième tour, devant l'entrée principale de la Tête d'Or, un distributeur de tracts m'en a donné un pour une course à Miribel la semaine prochaine. Preuve que je n'avais pas l'air trop ridicule! Et si même, l'essentiel, c'est que j'ai vraiment pris mon pied, et les deux même!
vendredi 12 novembre 2010
Momentini
- Bien peu d'élèves absents aujourd'hui. Quelques rares ont suivi leurs parents pour un week-end prolongé, les autres étaient plutôt calmes après un jour de congé supplémentaire. Je serais curieux de savoir combien parmi eux connaissent la raison exact de ce jour férié du 11 novembre. Personne en revanche dans les rues ce matin de bonne heure. On roulait comme en été.
- A peine entendu hier évoquer la mort de Simone Valère, l'illustre pendant de Jean Desailly. Mais rien de rien sur le décès de Dino de Laurentiis. Enfin quoi, mari de Silvana Mangano, producteur de Fellini,Visconti, Pollack, David Lynch, ça ne compte donc aujourd'hui pour rien? Ciao Agostino.
- Aucune photo du jour. Pas envie, pas le temps. Alors une d'hier, toute bête, d'automne. Dans la cour de mon immeuble, quelqu'un se chauffe au bois. La fumée s'élève mais l'odeur stagne parfois. Comme si l'on faisait brûler des broussailles. L'automne, ce ne sont pas seulement les couleurs, j'en aime les odeurs.
- Je vais me lancer ces jours-ci dans un gros travail de préparation sur les "robinsonnades" de la littérature mondiale, particulièrement, bien sûr, Defoe et Tournier. J'en bave d'avance. Déjà, en fouillant un peu partout, je me surprends à lire tous les textes qui me tombent sous la main, sur le thème ou d'autres parallèles. Ainsi défilent sous mes doigts les Ile au Trésor, Auberge de la Jamaïque et autres romans d'aventures passionnants. Il faut que je me force pour ne pas oublier que je suis en train de travailler. Il faudra peut-être que je me force aussi à reprendre Sa majesté des mouches qui m'était tombé des mains il y a quelques années.
- J'ai bien volontiers répondu à l'invitation de ConsonneetVoyelle à citer quinze auteurs que j'apprécie particulièrement. Pourtant je trouve cet exercice très frustrant et un peu injuste: injuste pour les auteurs dont on a apprécié une ou deux œuvres seulement et pas la totalité, injuste pour ceux que l'on a oublié alors qu'on les aime (c'est le cas de Flaubert dans mon billet), frustrant car le nombre était fixé à 15, ce qui était à la fois trop et trop peu. Pouvais-je, par exemple, y faire apparaître Georges Bayard, le célèbre auteur de la série des "Michel" dans la bibliothèque verte? Ce n'est pas un grand écrivain mais il a eu une énorme importance pour moi en m'ouvrant la porte vers des œuvres plus profondes.
- Aux fanatiques de numérologie, je signale que nous sommes le 12/11/10. En creusant bien, on doit bien pouvoir faire parler des nombres pareils, non?
- A peine entendu hier évoquer la mort de Simone Valère, l'illustre pendant de Jean Desailly. Mais rien de rien sur le décès de Dino de Laurentiis. Enfin quoi, mari de Silvana Mangano, producteur de Fellini,Visconti, Pollack, David Lynch, ça ne compte donc aujourd'hui pour rien? Ciao Agostino.
- Aucune photo du jour. Pas envie, pas le temps. Alors une d'hier, toute bête, d'automne. Dans la cour de mon immeuble, quelqu'un se chauffe au bois. La fumée s'élève mais l'odeur stagne parfois. Comme si l'on faisait brûler des broussailles. L'automne, ce ne sont pas seulement les couleurs, j'en aime les odeurs.
- Je vais me lancer ces jours-ci dans un gros travail de préparation sur les "robinsonnades" de la littérature mondiale, particulièrement, bien sûr, Defoe et Tournier. J'en bave d'avance. Déjà, en fouillant un peu partout, je me surprends à lire tous les textes qui me tombent sous la main, sur le thème ou d'autres parallèles. Ainsi défilent sous mes doigts les Ile au Trésor, Auberge de la Jamaïque et autres romans d'aventures passionnants. Il faut que je me force pour ne pas oublier que je suis en train de travailler. Il faudra peut-être que je me force aussi à reprendre Sa majesté des mouches qui m'était tombé des mains il y a quelques années.
- J'ai bien volontiers répondu à l'invitation de ConsonneetVoyelle à citer quinze auteurs que j'apprécie particulièrement. Pourtant je trouve cet exercice très frustrant et un peu injuste: injuste pour les auteurs dont on a apprécié une ou deux œuvres seulement et pas la totalité, injuste pour ceux que l'on a oublié alors qu'on les aime (c'est le cas de Flaubert dans mon billet), frustrant car le nombre était fixé à 15, ce qui était à la fois trop et trop peu. Pouvais-je, par exemple, y faire apparaître Georges Bayard, le célèbre auteur de la série des "Michel" dans la bibliothèque verte? Ce n'est pas un grand écrivain mais il a eu une énorme importance pour moi en m'ouvrant la porte vers des œuvres plus profondes.
- Aux fanatiques de numérologie, je signale que nous sommes le 12/11/10. En creusant bien, on doit bien pouvoir faire parler des nombres pareils, non?
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jeudi 11 novembre 2010
Sortie de secours
Mon immeuble venait d'être terminé lorsque la deuxième guerre mondiale éclata. Ses premiers habitants furent, paraît-il, uniquement des militaires et leurs familles. Dans mon appartement logeait quelqu'un de célèbre à Lyon, dont le nom peut se lire en plusieurs endroits du Lyon de la Résistance et dont la femme et le fils furent les seuls occupants avant moi.
Les caves forment une sorte de mini labyrinthe qui communique par une porte blindée avec un des immeubles voisins. Le parcours jusqu'à cette porte est fléchée au moyen de ces affiches collées à l'époque et qui n'ont guère bougé depuis.
Tout à l'heure, alors que je descendais quelques "tombées" de mes récents travaux ainsi que différents outils qui ne seront pas utiles dans les jours qui viennent, j'ai observé d'un peu plus près ces vestiges d'il y a quatre-vingt ans. Pourquoi avait-on prévu ces sorties de secours? Était-ce une innovation dans la lutte contre l'incendie? Mais j'en doute puisqu'il me semble, vue la disposition des lieux, qu'il aurait été, en cas d'urgence, beaucoup plus rapide de sortir par l'entrée principale, mieux accessible. Avait-on alors, dans ces quelques années d'avant-guerre, un pressentiment suffisamment fort d'un conflit à venir pour aménager des caves en ce qui ressemble fort à un abri souterrain? Je ne sais pas.
Aujourd'hui, la porte de communication entre les deux immeubles est bloquée par un simple fil de fer plusieurs fois entortillé sur lui-même, les familles de militaires sont allées loger sous d'autres cieux, les nouveaux arrivants ne connaissent pas l'histoire de cet immeuble, et s'en moquent probablement, et moi, je prends des photos un soir de 11 novembre....
Les caves forment une sorte de mini labyrinthe qui communique par une porte blindée avec un des immeubles voisins. Le parcours jusqu'à cette porte est fléchée au moyen de ces affiches collées à l'époque et qui n'ont guère bougé depuis.
Tout à l'heure, alors que je descendais quelques "tombées" de mes récents travaux ainsi que différents outils qui ne seront pas utiles dans les jours qui viennent, j'ai observé d'un peu plus près ces vestiges d'il y a quatre-vingt ans. Pourquoi avait-on prévu ces sorties de secours? Était-ce une innovation dans la lutte contre l'incendie? Mais j'en doute puisqu'il me semble, vue la disposition des lieux, qu'il aurait été, en cas d'urgence, beaucoup plus rapide de sortir par l'entrée principale, mieux accessible. Avait-on alors, dans ces quelques années d'avant-guerre, un pressentiment suffisamment fort d'un conflit à venir pour aménager des caves en ce qui ressemble fort à un abri souterrain? Je ne sais pas.
Aujourd'hui, la porte de communication entre les deux immeubles est bloquée par un simple fil de fer plusieurs fois entortillé sur lui-même, les familles de militaires sont allées loger sous d'autres cieux, les nouveaux arrivants ne connaissent pas l'histoire de cet immeuble, et s'en moquent probablement, et moi, je prends des photos un soir de 11 novembre....
Les quinze et moi
Tagué ici, chez Voyelle et Consonne, j'ai d'abord eu l'intention de refuser et puis je me suis laissé prendre au jeu. En fait, comme le dit quelqu'un en commentaire chez eux, il est sans doute plus facile de citer quinze œuvres que quinze auteurs. Voici donc le résultat de mes cogitations, encore que cogitations soit un bien grand mot pour avoir pris une feuille et un stylo et noter les premiers écrivains qui me venaient à l'esprit. Je suis sûr d'être injuste, d'en oublier, mais c'est aussi sans doute la règle du jeu. (La présentation suivante par numéros n'est pas toujours un classement préférentiel.)
I. JEAN RACINE: aucune hésitation, sur une île déserte, ce serait Phèdre, et le reste que je me réciterais.
II.JULIEN GREEN: choix qui peut paraître surprenant mais j'ai consacré un long travail à cet écrivain et j'ai appris à l'aimer en le connaissant mieux. J'ai même eu la joie de le rencontrer une fois, quelques années avant sa mort.
III. JULES VERNE: qui m'a tant fait voyager pendant mon enfance et que je ne peux lire aujourd'hui sans un frisson de jeunesse retrouvée.
IV. HONORE DE BALZAC: lui aussi m'a occupé des heures même si, sans doute, je ne comprenais pas tout à l'âge où je l'ai lu. Aujourd'hui, j'aurais plus de mal à ouvrir un de ses romans.
V. ERRI DE LUCA: pour sa poésie et son immense humanité, pour son physique aussi, de vieux chêne aux quatre vents.
VI. JEAN-BERTRAND PONTALIS: pour sa poésie également et parce que je me retrouve pleinement dans sa forme d'esprit légèrement mélancolique.
VII. JOHN STEINBECK: je dois connaître presque par cœur Des Souris et des Hommes. Mon livre de poche est en lambeaux.
VIII. YOKO OGAWA: chez elle, il n'y a rien à jeter. J'aime l'originalité de son inspiration et sa perversité assumée.
IX. JOHN IRVING;: je me souviens encore du choc ressenti à la lecture du Monde selon Garp. Depuis, il m'a déçu quelquefois mais il y a aussi L'oeuvre de Dieu, la part du diable. Alors, on peut pardonner les ratées.
X. MICHEL TOURNIER: un autre qui m'a peu à peu déçu au fil des publications. Mais je sauve Le Roi des Aulnes et Les Météores.
XI. CHRISTIANE ROCHEFORT: son œuvre a enchanté mon adolescence et m'a aidé à comprendre mes révoltes. Alors, rien que pour ça!
XII. MARGUERITE YOURCENAR: comment ne pas la citer alors que, moi qui ne relis pas les livres, j'ai très envie depuis longtemps de reprendre Les Mémoires d'Hadrien? "Animula vagula blandula...."
XIII. ANDREA CAMILLERI: parce qu'il me fait rire, que ce soit dans ses romans ou dans ses polars siciliens.
XIV. PASCAL SEVRAN: autre choix surprenant sans doute, mais à ceux qui s'étonnent, je conseille de lire son journal et particulièrement le premier tome: La Vie sans lui.
XV. MARLEN HAUSOFER: inconnue, direz-vous! Cette autrichienne n'a pas beaucoup écrit mais on lui doit un petit chez-d'œuvre: Le Mur invisible. Sans doute un des rares livres pour lequel je n'ai pas relevé la tête avant de l'avoir terminé.
Alors maintenant, à qui la patate chaude? Karregwenn, bien sûr, et Lancelot, et Charlus, et Christophe, et Karagar, et Cornus, et Upsilon, et Zeus, et Fabrice, et Petrus, et Olivier Autissier, et les deux Nicolas (Querelle et Toulouse), et Valérie (de Haute-Savoie) et ma chère Anna (de Haute-Savoie aussi) qui ne tient pas de blog mais qui n'aura qu'à m'envoyer son choix par mail pour que je le transcrive ici.
Allez, essayez, ce n'est pas si compliqué!
I. JEAN RACINE: aucune hésitation, sur une île déserte, ce serait Phèdre, et le reste que je me réciterais.
II.JULIEN GREEN: choix qui peut paraître surprenant mais j'ai consacré un long travail à cet écrivain et j'ai appris à l'aimer en le connaissant mieux. J'ai même eu la joie de le rencontrer une fois, quelques années avant sa mort.
III. JULES VERNE: qui m'a tant fait voyager pendant mon enfance et que je ne peux lire aujourd'hui sans un frisson de jeunesse retrouvée.
IV. HONORE DE BALZAC: lui aussi m'a occupé des heures même si, sans doute, je ne comprenais pas tout à l'âge où je l'ai lu. Aujourd'hui, j'aurais plus de mal à ouvrir un de ses romans.
V. ERRI DE LUCA: pour sa poésie et son immense humanité, pour son physique aussi, de vieux chêne aux quatre vents.
VI. JEAN-BERTRAND PONTALIS: pour sa poésie également et parce que je me retrouve pleinement dans sa forme d'esprit légèrement mélancolique.
VII. JOHN STEINBECK: je dois connaître presque par cœur Des Souris et des Hommes. Mon livre de poche est en lambeaux.
VIII. YOKO OGAWA: chez elle, il n'y a rien à jeter. J'aime l'originalité de son inspiration et sa perversité assumée.
IX. JOHN IRVING;: je me souviens encore du choc ressenti à la lecture du Monde selon Garp. Depuis, il m'a déçu quelquefois mais il y a aussi L'oeuvre de Dieu, la part du diable. Alors, on peut pardonner les ratées.
X. MICHEL TOURNIER: un autre qui m'a peu à peu déçu au fil des publications. Mais je sauve Le Roi des Aulnes et Les Météores.
XI. CHRISTIANE ROCHEFORT: son œuvre a enchanté mon adolescence et m'a aidé à comprendre mes révoltes. Alors, rien que pour ça!
XII. MARGUERITE YOURCENAR: comment ne pas la citer alors que, moi qui ne relis pas les livres, j'ai très envie depuis longtemps de reprendre Les Mémoires d'Hadrien? "Animula vagula blandula...."
XIII. ANDREA CAMILLERI: parce qu'il me fait rire, que ce soit dans ses romans ou dans ses polars siciliens.
XIV. PASCAL SEVRAN: autre choix surprenant sans doute, mais à ceux qui s'étonnent, je conseille de lire son journal et particulièrement le premier tome: La Vie sans lui.
XV. MARLEN HAUSOFER: inconnue, direz-vous! Cette autrichienne n'a pas beaucoup écrit mais on lui doit un petit chez-d'œuvre: Le Mur invisible. Sans doute un des rares livres pour lequel je n'ai pas relevé la tête avant de l'avoir terminé.
Alors maintenant, à qui la patate chaude? Karregwenn, bien sûr, et Lancelot, et Charlus, et Christophe, et Karagar, et Cornus, et Upsilon, et Zeus, et Fabrice, et Petrus, et Olivier Autissier, et les deux Nicolas (Querelle et Toulouse), et Valérie (de Haute-Savoie) et ma chère Anna (de Haute-Savoie aussi) qui ne tient pas de blog mais qui n'aura qu'à m'envoyer son choix par mail pour que je le transcrive ici.
Allez, essayez, ce n'est pas si compliqué!
mercredi 10 novembre 2010
Tous sont passés dans mes mains
Encore un, cet après-midi! Combien y en a-t-il eu dans le passé? Combien y en aura-t-il encore avant que tout s'arrête? Des centaines, déjà, sans doute, avec qui j'ai passé un moment, quelques heures avant de les oublier, même s'ils m'ont intéressé, même si, parfois, ils m'ont fait rire. D'autres étaient insignifiants ou stupides et pourtant il a bien fallu que je m'en occupe aussi. Activité répétitive et souvent stérile dont je savais qu'elle ne menait nulle part une fois la dernière page tournée.
Je parle bien sûr de tous les paquets de copies que j'ai corrigés dans ma carrière d'enseignant! A quoi pensiez-vous donc? Combien de milliers de pages ai-je couverts de rouge, soulignant les fautes d'orthographe, encadrant les constructions de phrases incorrectes, donnant des conseils, éructant parfois l'indignation. Encore un cet après-midi, et pas le pire d'ailleurs. Le sujet? Un chevalier, pour obtenir l'amour de sa dame, doit délivrer le frère de celle-ci, prisonnier dans un lointain château. En traversant la forêt pour s'y rendre, le chevalier va affronter un monstre redoutable que, bien sûr, au final, il parviendra à vaincre.
L'ensemble n'était pas mauvais et les consignes assez bien respectées. J'ai même pu me rendre compte, à mon plus grand plaisir (et peut-être aussi un peu de surprise), que je n'avais pas pour rien passé des heures à leur parler de la littérature courtoise et qu'il avait bien lu et compris Le Chevalier au Lion. Un moment assez agréable donc, émaillé par ci par là de quelques tournures de style de leur part assez "drolatiques". En voici quelques-unes que je me permets de transcrire ici, sachant que j'ai déjà prouvé par ailleurs que je n'appartenais pas à cette race d'enseignants qui, par mépris, rient de fautes de leurs élèves qui devraient, au contraire, les faire réfléchir sur leur propre capacité à transmettre des savoirs.
" Il prit son armure et son écu en peau de scorpion." (Travail interdisciplinaire possible, avec les mathématiques: combien de scorpions faut-il pour faire un écu de chevalier du Moyen-Age, sachant que.... ?)
" En armure, le chevalier l'évita en faisant une roulade sur le côté droit." ( Lui, il regarde trop les films américains!)
" Il pénétra dans une sombre forêt ornée d'arbres morts." (Chacun ses goûts!)
" Il s'approcha et faillit échapper un cri." (Ça tache moins que d'échapper le pot de sauce vinaigrette!)
et la meilleure, de loin, à mon goût:
" Sa sœur bien-aimée, Ludièvre, est courtoisée par le preux chevalier Rovain." ( Il doit être bien petit, le chevalier, pour la court-toiser!)
Mais, il y a des années, au début de ma carrière, j'en ai rencontré deux que je n'ai jamais oubliées:
-A propos d'un mariage religieux où le prêtre se fait attendre alors que tout le monde est arrivé: "L'église était pleine. Sa future épouse était assise. Le fiancé fit deux ou trois va-et-vient dans celle-ci."
- A propos de La Parure, de Maupassant, lorsque Madame Loisel se rend compte, en rentrant d'une soirée, qu'elle a égaré la parure de diamants que lui a prêtée Madame Forestier et qu'elle croit d'une grande valeur marchande: "Elle mit la main sur sa poitrine et, s'apercevant qu'elle ne l'avait plus, elle la chercha par terre."
Charmants bambins!
Je parle bien sûr de tous les paquets de copies que j'ai corrigés dans ma carrière d'enseignant! A quoi pensiez-vous donc? Combien de milliers de pages ai-je couverts de rouge, soulignant les fautes d'orthographe, encadrant les constructions de phrases incorrectes, donnant des conseils, éructant parfois l'indignation. Encore un cet après-midi, et pas le pire d'ailleurs. Le sujet? Un chevalier, pour obtenir l'amour de sa dame, doit délivrer le frère de celle-ci, prisonnier dans un lointain château. En traversant la forêt pour s'y rendre, le chevalier va affronter un monstre redoutable que, bien sûr, au final, il parviendra à vaincre.
L'ensemble n'était pas mauvais et les consignes assez bien respectées. J'ai même pu me rendre compte, à mon plus grand plaisir (et peut-être aussi un peu de surprise), que je n'avais pas pour rien passé des heures à leur parler de la littérature courtoise et qu'il avait bien lu et compris Le Chevalier au Lion. Un moment assez agréable donc, émaillé par ci par là de quelques tournures de style de leur part assez "drolatiques". En voici quelques-unes que je me permets de transcrire ici, sachant que j'ai déjà prouvé par ailleurs que je n'appartenais pas à cette race d'enseignants qui, par mépris, rient de fautes de leurs élèves qui devraient, au contraire, les faire réfléchir sur leur propre capacité à transmettre des savoirs.
" Il prit son armure et son écu en peau de scorpion." (Travail interdisciplinaire possible, avec les mathématiques: combien de scorpions faut-il pour faire un écu de chevalier du Moyen-Age, sachant que.... ?)
" En armure, le chevalier l'évita en faisant une roulade sur le côté droit." ( Lui, il regarde trop les films américains!)
" Il pénétra dans une sombre forêt ornée d'arbres morts." (Chacun ses goûts!)
" Il s'approcha et faillit échapper un cri." (Ça tache moins que d'échapper le pot de sauce vinaigrette!)
et la meilleure, de loin, à mon goût:
" Sa sœur bien-aimée, Ludièvre, est courtoisée par le preux chevalier Rovain." ( Il doit être bien petit, le chevalier, pour la court-toiser!)
Mais, il y a des années, au début de ma carrière, j'en ai rencontré deux que je n'ai jamais oubliées:
-A propos d'un mariage religieux où le prêtre se fait attendre alors que tout le monde est arrivé: "L'église était pleine. Sa future épouse était assise. Le fiancé fit deux ou trois va-et-vient dans celle-ci."
- A propos de La Parure, de Maupassant, lorsque Madame Loisel se rend compte, en rentrant d'une soirée, qu'elle a égaré la parure de diamants que lui a prêtée Madame Forestier et qu'elle croit d'une grande valeur marchande: "Elle mit la main sur sa poitrine et, s'apercevant qu'elle ne l'avait plus, elle la chercha par terre."
Charmants bambins!
mardi 9 novembre 2010
Noir ou blanc?
Il fait un peu anachronique au mur de cette pièce à la peinture passée, salie, souillée par quelques graffitis indélébiles à la gloire des professeurs haïs (en fait, non, il n'y en a pas!), aux coins de placards et de portes égratignés au fil des années et des générations d'élèves, au carrelage qui a complaisamment amplifié les raclements de chaises et les crissements aigus des tables que l'on déplace sans ménagement. Lui si lisse encore, si blanc, si sensible à la lumière. Le tableau blanc!
On parlait autrefois du tableau noir. Qui saura bientôt de quoi il s'agit? Même celui-ci, avec ses allures de modernité, sera bientôt dépassé par les nouveautés technologiques et informatiques, plus vite, bien plus vite que son ancêtre recouvert des traces de craie de la journée. L'autre, l'ancêtre, est resté le roi des écoles pendant des années. On l'entretenait avec amour, le lessivant régulièrement, le dépoussiérant, nettoyant son étroit rebord où achevaient d'être inutiles les petits bouts de craies que l'on y abandonnait à côté du tampon effaceur.
Cette craie, il fallait en avoir une provision dans le placard, si possible de plusieurs couleurs: de la blanche, bien sûr, traditionnelle, pour écrire le commun de la leçon, de la rouge pour souligner et mettre en valeur les passages importants, de la verte aussi parfois, la plupart du temps pour le plaisir du changement. Lorsqu'on en manquait, que l'on avait oublié de réapprovisionner, on savait où en trouver sans aller trop loin: les collègues avaient beau camoufler consciencieusement leur boîte personnelle, on finissait toujours par la repérer.
Les collègues, c'étaient eux aussi qui laissaient leurs traces, comme une souillure au fond d'un cabinet, des morceaux de leçons d'histoire ou plus souvent de mathématiques parce qu'un professeur de mathématiques, de la même façon qu'il sait toujours comment ouvrir une porte et jamais comment la refermer derrière lui, ne sait pas effacer son tableau et laisse le suivant le faire à sa place. Joie pour ce suivant quelquefois (je parle de moi) de constater de visu combien certains de ses collègues ne maîtrisent rien de l'orthographe élémentaire!
Parfois, pour prolonger leur durée de vie (des tableaux, pas des collègues!), on les rechapait pendant les vacances, à la manière des vieux pneus. Je ne connais pas la technique de cette rénovation. Ce que je sais, c'est qu'après, ils avaient beau être comme neufs, on ne pouvait plus écrire dessus sans que la main et la craie ne dérapent au moindre mot.
Il en reste encore beaucoup, de ces dinosaures dont Jacques Baudoin fit autrefois le lieu de l'un de ses sketches les plus connus, La Leçon d'anglais. Le blackboard n'est pas encore totalement détrôné mais la fin de son règne a déjà sonné. Pour ma part, j'ai le nouveau modèle blanc, sur lequel on écrit à l'aide d'un feutre spécial à l'odeur un peu entêtante, dans deux de mes salles de classe. Je l'ai très vite adopté, sans un regard en arrière vers ceux qui ont fait, il y a des années, que j'ai définitivement abandonné l'idée de porter des lentilles de contact à cause de la poussière de craie qui s'y déposait tout au long de la journée et constituait le soir une sorte de pâte très irritante pour l'œil.
Plus de crissement désagréable qui vrille les nerfs non plus, plus de provision, plus de recherche du tampon. Un simple feutre dans le cartable et l'on (je) retrouve le plaisir d'écrire sur une surface douce qui pousse à arrondir ses lettres, je ne sais pas pourquoi. Sur les anciens tableaux noirs, je n'écrivais presque plus. Maintenant tout prétexte est bon pour sentir le feutre glisser comme la main sur un drap de soie. J'ai souri ce matin en pensant que je revivais la même expérience qu'il y a trois ans en ouvrant ce blog, où l'écrire par le clavier m'a libéré de mes blocages avec le papier. Il faudra bien qu'un jour je comprenne pourquoi.
On parlait autrefois du tableau noir. Qui saura bientôt de quoi il s'agit? Même celui-ci, avec ses allures de modernité, sera bientôt dépassé par les nouveautés technologiques et informatiques, plus vite, bien plus vite que son ancêtre recouvert des traces de craie de la journée. L'autre, l'ancêtre, est resté le roi des écoles pendant des années. On l'entretenait avec amour, le lessivant régulièrement, le dépoussiérant, nettoyant son étroit rebord où achevaient d'être inutiles les petits bouts de craies que l'on y abandonnait à côté du tampon effaceur.
Cette craie, il fallait en avoir une provision dans le placard, si possible de plusieurs couleurs: de la blanche, bien sûr, traditionnelle, pour écrire le commun de la leçon, de la rouge pour souligner et mettre en valeur les passages importants, de la verte aussi parfois, la plupart du temps pour le plaisir du changement. Lorsqu'on en manquait, que l'on avait oublié de réapprovisionner, on savait où en trouver sans aller trop loin: les collègues avaient beau camoufler consciencieusement leur boîte personnelle, on finissait toujours par la repérer.
Les collègues, c'étaient eux aussi qui laissaient leurs traces, comme une souillure au fond d'un cabinet, des morceaux de leçons d'histoire ou plus souvent de mathématiques parce qu'un professeur de mathématiques, de la même façon qu'il sait toujours comment ouvrir une porte et jamais comment la refermer derrière lui, ne sait pas effacer son tableau et laisse le suivant le faire à sa place. Joie pour ce suivant quelquefois (je parle de moi) de constater de visu combien certains de ses collègues ne maîtrisent rien de l'orthographe élémentaire!
Parfois, pour prolonger leur durée de vie (des tableaux, pas des collègues!), on les rechapait pendant les vacances, à la manière des vieux pneus. Je ne connais pas la technique de cette rénovation. Ce que je sais, c'est qu'après, ils avaient beau être comme neufs, on ne pouvait plus écrire dessus sans que la main et la craie ne dérapent au moindre mot.
Il en reste encore beaucoup, de ces dinosaures dont Jacques Baudoin fit autrefois le lieu de l'un de ses sketches les plus connus, La Leçon d'anglais. Le blackboard n'est pas encore totalement détrôné mais la fin de son règne a déjà sonné. Pour ma part, j'ai le nouveau modèle blanc, sur lequel on écrit à l'aide d'un feutre spécial à l'odeur un peu entêtante, dans deux de mes salles de classe. Je l'ai très vite adopté, sans un regard en arrière vers ceux qui ont fait, il y a des années, que j'ai définitivement abandonné l'idée de porter des lentilles de contact à cause de la poussière de craie qui s'y déposait tout au long de la journée et constituait le soir une sorte de pâte très irritante pour l'œil.
Plus de crissement désagréable qui vrille les nerfs non plus, plus de provision, plus de recherche du tampon. Un simple feutre dans le cartable et l'on (je) retrouve le plaisir d'écrire sur une surface douce qui pousse à arrondir ses lettres, je ne sais pas pourquoi. Sur les anciens tableaux noirs, je n'écrivais presque plus. Maintenant tout prétexte est bon pour sentir le feutre glisser comme la main sur un drap de soie. J'ai souri ce matin en pensant que je revivais la même expérience qu'il y a trois ans en ouvrant ce blog, où l'écrire par le clavier m'a libéré de mes blocages avec le papier. Il faudra bien qu'un jour je comprenne pourquoi.
lundi 8 novembre 2010
Poids et mesures
Mon rapport à ma masse pondérale comme certains disent, plus simplement à mon poids, a toujours été un peu particulier. Non pas compliqué car c'est une question qui ne m'a jamais tracassé mais tout de même lié aux moments que je vivais.
Ainsi, lorsqu'en 1971 je débarquai à Lyon j'emmenai avec moi de ma Loire natale mes presque 80 kilos de chair fraîche. J'avais dix-huit ans passés, un appétit débordant pour tout ce que la vie pouvait offrir de bien à ma bouche, et je ne parle pas seulement de nourriture. Âge doré, âge facile, qui fut pour moi gâché par la mort de ma petite sœur et la solitude que je découvris à Lyon. Un an plus tard, j'étais descendu à 64 kilos. La vie de patachon que je menais alors y était aussi pour beaucoup. Mais vingt ans, c'est encore un âge où l'on se sent immortel et, paradoxalement, maudit.
Ma rencontre avec Pierre me fit reprendre quelques kilos. Il cuisinait bien, je me laissais vivre. Je pouvais manger tout et n'importe quoi, jamais je n'étais ce que l'on appelle gros: pas de ventre, la peau ferme et la fesse dure. On croit que l'on va conserver cela toute sa vie, que la chute des chairs, cela ne concerne que les autres: belle illusion! Pourtant, pendant très longtemps,, je suis passé à travers les gouttes: je restais indéfectiblement mince. Atavisme familial sans doute.
Je repris des kilos, comme tout le monde, chaque fois que j'arrêtais de fumer. La mort de Pierre, elle, me fit fondre, même si elle fut suivie de peu par mon sevrage en nicotine. Je m'étais mis aussi à la course à pied, comme défouloir d'abord, comme bonheur ensuite. Résultat: je renouai avec les soixante et quelques kilos. Quand on sait que ma taille est de 1m83, cela ne faisait pas beaucoup, d'autant que je ne mangeais quasiment plus de viande. Un rappel à l'ordre virulent de mon médecin généraliste remit les choses en ordre.
Cet avertissement du médecin concernant ma santé a correspondu avec, chez moi, une prise de conscience d'une certaine volonté de ma part de me punir, de me faire du mal. De quoi, inconsciemment, me rendais-je coupable? Petit à petit, et grâce à des amis comme Frédéric et Jean-Claude, j'ai retrouvé la joie de la bonne chère et de me faire plaisir, qui, immédiatement, se rendit visible tout autour de mon ventre par un très joli petit bourrelet, d'autant plus que l'état de mon dos m'interdisait de courir.
Aujourd'hui, peut-être parce que j'ai acheté un pèse-personne tout neuf tout moderne, je recommence à maigrir et j'en suis ravi pour ma ligne, pour mon dos, pour ma tête (enfin, ce qu'il y a dedans)! Avec l'âge, je fais davantage attention. J'ai appris à cuisiner (pas mal, selon les rumeurs) mais si je suis seul, je me contente de peu. Le plaisir est d'autant plus grand lorsque les agapes sont partagées entre amis. Et, comme mon dos semble aller de mieux en mieux, il n'est pas inenvisageable qu'un de ces jours, je rendosse ma tenue de coureur!
Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça? Valérie, ton idée d'une photo par jour est diabolique: on croit que l'on va s'en tirer à peu de frais, avec des broutilles et on se met finalement à parler parfois de sujets plus intimes alors qu'on ne l'avait pas prévu. Qu'on veuille bien m'excuser pour ce déballage! (Bon, en même temps, si je ne voulais pas....)
Ainsi, lorsqu'en 1971 je débarquai à Lyon j'emmenai avec moi de ma Loire natale mes presque 80 kilos de chair fraîche. J'avais dix-huit ans passés, un appétit débordant pour tout ce que la vie pouvait offrir de bien à ma bouche, et je ne parle pas seulement de nourriture. Âge doré, âge facile, qui fut pour moi gâché par la mort de ma petite sœur et la solitude que je découvris à Lyon. Un an plus tard, j'étais descendu à 64 kilos. La vie de patachon que je menais alors y était aussi pour beaucoup. Mais vingt ans, c'est encore un âge où l'on se sent immortel et, paradoxalement, maudit.
Ma rencontre avec Pierre me fit reprendre quelques kilos. Il cuisinait bien, je me laissais vivre. Je pouvais manger tout et n'importe quoi, jamais je n'étais ce que l'on appelle gros: pas de ventre, la peau ferme et la fesse dure. On croit que l'on va conserver cela toute sa vie, que la chute des chairs, cela ne concerne que les autres: belle illusion! Pourtant, pendant très longtemps,, je suis passé à travers les gouttes: je restais indéfectiblement mince. Atavisme familial sans doute.
Je repris des kilos, comme tout le monde, chaque fois que j'arrêtais de fumer. La mort de Pierre, elle, me fit fondre, même si elle fut suivie de peu par mon sevrage en nicotine. Je m'étais mis aussi à la course à pied, comme défouloir d'abord, comme bonheur ensuite. Résultat: je renouai avec les soixante et quelques kilos. Quand on sait que ma taille est de 1m83, cela ne faisait pas beaucoup, d'autant que je ne mangeais quasiment plus de viande. Un rappel à l'ordre virulent de mon médecin généraliste remit les choses en ordre.
Cet avertissement du médecin concernant ma santé a correspondu avec, chez moi, une prise de conscience d'une certaine volonté de ma part de me punir, de me faire du mal. De quoi, inconsciemment, me rendais-je coupable? Petit à petit, et grâce à des amis comme Frédéric et Jean-Claude, j'ai retrouvé la joie de la bonne chère et de me faire plaisir, qui, immédiatement, se rendit visible tout autour de mon ventre par un très joli petit bourrelet, d'autant plus que l'état de mon dos m'interdisait de courir.
Aujourd'hui, peut-être parce que j'ai acheté un pèse-personne tout neuf tout moderne, je recommence à maigrir et j'en suis ravi pour ma ligne, pour mon dos, pour ma tête (enfin, ce qu'il y a dedans)! Avec l'âge, je fais davantage attention. J'ai appris à cuisiner (pas mal, selon les rumeurs) mais si je suis seul, je me contente de peu. Le plaisir est d'autant plus grand lorsque les agapes sont partagées entre amis. Et, comme mon dos semble aller de mieux en mieux, il n'est pas inenvisageable qu'un de ces jours, je rendosse ma tenue de coureur!
Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça? Valérie, ton idée d'une photo par jour est diabolique: on croit que l'on va s'en tirer à peu de frais, avec des broutilles et on se met finalement à parler parfois de sujets plus intimes alors qu'on ne l'avait pas prévu. Qu'on veuille bien m'excuser pour ce déballage! (Bon, en même temps, si je ne voulais pas....)
dimanche 7 novembre 2010
J'ai huit ans
Il y a les cadeaux dont on se passerait, ceux dont on ne sait que faire, ceux qui sont effectivement utiles et ceux qui font réellement plaisir. Aujourd'hui, mon frère a tapé en plein dans le mille. Il m'en avait parlé depuis longtemps. Je ne pensais pas qu'il y parviendrait ou qu'il s'en souviendrait. Il a tenu promesse. Voici mon cadeau d'anniversaire:
Quel âge ai-je? Huit ans, bien sûr, comme en 1960 lorsque le Petit Train Interlude (ou Petit Train Rebus) apparaît en même temps que l'horloge à spirale de l'ORTF. C'est Maurice Brunot qui réalise ses petites séquences destinées à combler les trous de programmation d'une télévision encore bien débutante. Le convoi défile dans des décors de studios (plus tard en extérieur), chaque wagon portant un élément du message à décrypter. En fin de parcours, le train arrive à la gare La Solution et l'on nous dévoile alors la phase qui était à découvrir.
Ces petits trains étaient fabriqués par les usines de jouets Norev, anagramme de Veron, nom de famille des deux frères Joseph et Emile qui montèrent cette entreprise de la Rue du Quatre Août à Villeurbanne. Dès 1953, les ateliers Norev inonderont la France de modèles automobiles miniatures d'une finition hallucinante. Plus tard, à la suite d'une brouille, Emile lancera sa propre marque de voitures miniatures: Majorette.
Eh bien, mon frère a un vieil ami qui connaissait fort bien les frères Veron et aida à débarrasser l'usine de Villeurbanne lors de sa fermeture. Il conserva bien sûr de nombreux modèles dont plusieurs du fameux petit train. Et l'un de ces exemplaires s'est arrêté ce soir dans mon bureau, pour mon plus grand plaisir.
Les interludes ont disparu des écrans de télévision en 1974. C'est bien dommage! Allez, comme on dirait pour un DVD, un bonus ce soir:
Quel âge ai-je? Huit ans, bien sûr, comme en 1960 lorsque le Petit Train Interlude (ou Petit Train Rebus) apparaît en même temps que l'horloge à spirale de l'ORTF. C'est Maurice Brunot qui réalise ses petites séquences destinées à combler les trous de programmation d'une télévision encore bien débutante. Le convoi défile dans des décors de studios (plus tard en extérieur), chaque wagon portant un élément du message à décrypter. En fin de parcours, le train arrive à la gare La Solution et l'on nous dévoile alors la phase qui était à découvrir.
Ces petits trains étaient fabriqués par les usines de jouets Norev, anagramme de Veron, nom de famille des deux frères Joseph et Emile qui montèrent cette entreprise de la Rue du Quatre Août à Villeurbanne. Dès 1953, les ateliers Norev inonderont la France de modèles automobiles miniatures d'une finition hallucinante. Plus tard, à la suite d'une brouille, Emile lancera sa propre marque de voitures miniatures: Majorette.
Eh bien, mon frère a un vieil ami qui connaissait fort bien les frères Veron et aida à débarrasser l'usine de Villeurbanne lors de sa fermeture. Il conserva bien sûr de nombreux modèles dont plusieurs du fameux petit train. Et l'un de ces exemplaires s'est arrêté ce soir dans mon bureau, pour mon plus grand plaisir.
Les interludes ont disparu des écrans de télévision en 1974. C'est bien dommage! Allez, comme on dirait pour un DVD, un bonus ce soir:
samedi 6 novembre 2010
Contre-jour
Aujourd'hui, je triche un peu: je n'ai pas eu l'occasion de prendre de photos. Celle-ci date du 20 Octobre, lorsque je suis descendu sur Bellecour pour me rendre compte par moi-même de l'état d'effervescence de la ville pendant les échauffourées.
Pourquoi celle-ci? Parce qu'elle me plaît. Parce que, en la prenant (elle n'est pas en noir et blanc), je ne m'attendais pas du tout à ce résultat. Je pensais même qu'elle serait à jeter, ayant été prise à contre-jour.
L'homme est penché sous le fardeau, l'eau jaillit près de lui. Il longe un garde-fou, comme chacun sa vie durant. Son ombre est mouillée, lui aussi peut-être mais la lumière irise la scène. Elle a lieu là, maintenant, et semble presque un souvenir nimbé d'irréalité.
J'aime surprendre ainsi des inconnus dans ce qu'ils ont de plus humain. Ensuite, quand, beaucoup plus tard, je regarde à nouveau la photo, je me demande toujours ce que sont devenus ces gens, ce qu'ils font au moment précis où je pense à eux. Comme ces deux jeunes hommes, image de mon blog, le noir et le blanc, bavardant au bord de la Saône et qui ne savent pas que j'ai surpris ainsi un moment de leur intimité.
Pourquoi celle-ci? Parce qu'elle me plaît. Parce que, en la prenant (elle n'est pas en noir et blanc), je ne m'attendais pas du tout à ce résultat. Je pensais même qu'elle serait à jeter, ayant été prise à contre-jour.
L'homme est penché sous le fardeau, l'eau jaillit près de lui. Il longe un garde-fou, comme chacun sa vie durant. Son ombre est mouillée, lui aussi peut-être mais la lumière irise la scène. Elle a lieu là, maintenant, et semble presque un souvenir nimbé d'irréalité.
J'aime surprendre ainsi des inconnus dans ce qu'ils ont de plus humain. Ensuite, quand, beaucoup plus tard, je regarde à nouveau la photo, je me demande toujours ce que sont devenus ces gens, ce qu'ils font au moment précis où je pense à eux. Comme ces deux jeunes hommes, image de mon blog, le noir et le blanc, bavardant au bord de la Saône et qui ne savent pas que j'ai surpris ainsi un moment de leur intimité.
vendredi 5 novembre 2010
Trente ans après
Non, ce n'est pas un remake approximatif d'un roman d'Alexandre Dumas: c'est le temps qu'il m'a fallu pour remettre les pieds dans ce bâtiment. La dernière fois, c'était en 1981, alors qu'il venait d'être construit, pour m'inscrire au concours national du CAPES de Lettres Classiques. C'est d'ailleurs cette fois-là que j'ai fini par l'avoir, après plusieurs tentatives infructueuses, alors que j'avais failli rebroussé chemin au milieu du hall et abandonner l'idée d'être enseignant.
Ce bâtiment, c'est le Rectorat. J'y avais rendez-vous pour valider trois années d'IPES faites au cours de mes études en fac et dépendant du régime fonctionnaires et pour les transférer au régime général de retraite dont je dépends puisque enseignant dans le privé sous contrat. Mon dossier attendait chez moi, sur un petit meuble près de mon bureau depuis 2007. Peut-être, cette année, ai-je admis l'idée de prendre cette retraite (en 2014, d'après mes calculs).
Alors que j'y entrais autrefois avec une légère appréhension, comme si j'étais coupable de quelque méfait, avec la honte, ravalée ou camouflée en une certaine révolte, de n'être que maître auxiliaire, aujourd'hui, je n'ai rien éprouvé de tel. La jeune femme qui m'a reçu était calme et humaine et avait l'air de connaître son affaire. Théoriquement, en janvier, ces trois années manquantes devraient apparaître sur mon relevé de carrière.
En sortant, j'ai eu une seconde la sensation d'être vieux. Alors je suis allé jusqu'à Bellecour, chez Decitre, pour m'acheter deux livres: Avec Bastien, de Mathieu Riboulet, que m'a conseillé Merbel, et Le Maître de Ballantrae, de Stevenson, parce que j'ai toujours aimé Stevenson (passion que je partage apparemment avec Antoine de Caunes, entendu hier soir dans La Grande Librairie sur TV5). Rien de tel que de traîner dans les rayons d'une librairie pour redonner le moral.
Ce bâtiment, c'est le Rectorat. J'y avais rendez-vous pour valider trois années d'IPES faites au cours de mes études en fac et dépendant du régime fonctionnaires et pour les transférer au régime général de retraite dont je dépends puisque enseignant dans le privé sous contrat. Mon dossier attendait chez moi, sur un petit meuble près de mon bureau depuis 2007. Peut-être, cette année, ai-je admis l'idée de prendre cette retraite (en 2014, d'après mes calculs).
Alors que j'y entrais autrefois avec une légère appréhension, comme si j'étais coupable de quelque méfait, avec la honte, ravalée ou camouflée en une certaine révolte, de n'être que maître auxiliaire, aujourd'hui, je n'ai rien éprouvé de tel. La jeune femme qui m'a reçu était calme et humaine et avait l'air de connaître son affaire. Théoriquement, en janvier, ces trois années manquantes devraient apparaître sur mon relevé de carrière.
En sortant, j'ai eu une seconde la sensation d'être vieux. Alors je suis allé jusqu'à Bellecour, chez Decitre, pour m'acheter deux livres: Avec Bastien, de Mathieu Riboulet, que m'a conseillé Merbel, et Le Maître de Ballantrae, de Stevenson, parce que j'ai toujours aimé Stevenson (passion que je partage apparemment avec Antoine de Caunes, entendu hier soir dans La Grande Librairie sur TV5). Rien de tel que de traîner dans les rayons d'une librairie pour redonner le moral.
jeudi 4 novembre 2010
Biutiful
Il faut bien que je finisse par en parler. Mardi, je suis allé au cinéma, voir Biutiful, de Alejandro Gonzalez Inarritu, avec Javier Bardem dans le rôle principal, celui de Uxbal. (A noter que cet acteur est le neveu de Juan Antonio Bardem, le réalisateur du fameux Mort d'un cycliste, en 1955 avec Lucia Bose). je suis sorti de la séance assommé comme rarement auparavant, et pas seulement parce que le niveau sonore était très élevé.
Ce film m'a littéralement collé à mon siège, tant il est non pas volent mais dur. Quelque chose comme de la pierre que rien ne viendra émoussé et qui, à la fin, malgré les efforts de l'homme, présentera toujours une surface intacte et froide. Pas de rédemption dans ce film. Pourtant, comme Uxbal la recherche, cette rédemption! Apprenant qu'il est atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale, cet homme, séparé de sa femme qui souffre de bipolarité et essaie de s'amuser par le sexe, ce père de deux enfants dont il a la charge, trempant vaguement dans diverses affaires louches avec des amis africains ou asiatiques, va essayer de se rattraper, d'effacer le malheur dont il est plus ou moins directement la cause en ne faisant que le bien autour de lui.
Tout cela pourrait être bien mièvre, sauf que, sauf que rien ne fonctionne dans cet univers définitivement pourri, dans cette ville de Barcelone hystérique et violente, dans la société des humains dont elle est l'archétype, dirait-on. Les quelques répits que l'on trouve entre deux deux désespérances sont immédiatement détruits par le hasard, par la maladie, par la bêtise. La seule caresse, c'est celle à la joue d'un mort, le père de Uxbal, parti au Mexique trop tôt pour qu'il le connaisse, décédé là-bas peu de temps après et dont, des décennies plus tard, on renvoie le corps à Barcelone pour qu'il y soit incinéré.
Tout cela pourrait passer pour du délire à mi chemin d'un onirisme volontiers racoleur. On pourrait se dire, en sortant de la salle, que l'on vient de voir une bonne histoire de science-fiction. Or, c'est l'inverse: rien n'est racoleur dans ce film, tout, ou presque, est filmé de façon quasi documentaire. Ce qui rend encore plus grand (et plus insupportable) l'impact des images, des idées et d'une musique (de l'argentin Gustavo Santaolalla) extraordinairement présente et intelligemment utilisée non comme simple accompagnement que l'on remarque à peine, mais comme actant elle-même du drame de Uxbal.
Ce film m'a littéralement collé à mon siège, tant il est non pas volent mais dur. Quelque chose comme de la pierre que rien ne viendra émoussé et qui, à la fin, malgré les efforts de l'homme, présentera toujours une surface intacte et froide. Pas de rédemption dans ce film. Pourtant, comme Uxbal la recherche, cette rédemption! Apprenant qu'il est atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale, cet homme, séparé de sa femme qui souffre de bipolarité et essaie de s'amuser par le sexe, ce père de deux enfants dont il a la charge, trempant vaguement dans diverses affaires louches avec des amis africains ou asiatiques, va essayer de se rattraper, d'effacer le malheur dont il est plus ou moins directement la cause en ne faisant que le bien autour de lui.
Tout cela pourrait être bien mièvre, sauf que, sauf que rien ne fonctionne dans cet univers définitivement pourri, dans cette ville de Barcelone hystérique et violente, dans la société des humains dont elle est l'archétype, dirait-on. Les quelques répits que l'on trouve entre deux deux désespérances sont immédiatement détruits par le hasard, par la maladie, par la bêtise. La seule caresse, c'est celle à la joue d'un mort, le père de Uxbal, parti au Mexique trop tôt pour qu'il le connaisse, décédé là-bas peu de temps après et dont, des décennies plus tard, on renvoie le corps à Barcelone pour qu'il y soit incinéré.
Tout cela pourrait passer pour du délire à mi chemin d'un onirisme volontiers racoleur. On pourrait se dire, en sortant de la salle, que l'on vient de voir une bonne histoire de science-fiction. Or, c'est l'inverse: rien n'est racoleur dans ce film, tout, ou presque, est filmé de façon quasi documentaire. Ce qui rend encore plus grand (et plus insupportable) l'impact des images, des idées et d'une musique (de l'argentin Gustavo Santaolalla) extraordinairement présente et intelligemment utilisée non comme simple accompagnement que l'on remarque à peine, mais comme actant elle-même du drame de Uxbal.
Seul avec elle
Petit instant, comment dire, de tendresse (je sais, c'est un peu ridicule) ce matin en entrant dans la cours du collège. Beaucoup étaient déjà là, en avance. Moi aussi. Machinalement, parce que je connais son numéro, je cherche comme chaque matin la voiture de Stéphane. Je ne sais pas pourquoi, la voir garée, le long du grillage, me rassure.
Ma salle avait été nettoyée pendant les vacances. J'y passe huit heures par semaine, avec les cinquièmes. La première fois qu'on me l'a attribuée, après le départ du primaire dans un autre bâtiment, je l'ai trouvée très laide: une sorte de couloir, de wagon de métro, tout en longueur et impersonnel. Les fenêtres donnent sur un immeuble qui ressemble à une HLM et la domine de l'autre côté de la rue.
Comme d'habitude, mais seul ce matin, j'ai posé mon cartable sur la deuxième chaise devant le deuxième bureau que je rajoute toujours à celui devant lequel je suis assis: envie d'espace, de pouvoir m'étaler. Comme d'habitude, je suis allé au fond ouvrir le placard, mon placard puisqu'il n'a qu'une seule clé et que c'est moi qui la possède. A l'intérieur, des manuels, actuels ou de plus anciens dont je me sers encore parfois, des dictionnaires, de français et de latin, des pochettes cartonnées de rangement et quelques livres de bibliothèque que je prête parfois à qui en veut. Toute en bas, une ou deux craies blanches, en provision, et une vieille carte du monde à laquelle plus personne ne s'intéresse.
Revenu à mon bureau, j'ai pris la photo, en me mettant bien au milieu de l'allée, avec un grand sérieux, comme si cela avait une importance. En fait, je me cachais ainsi à moi même mon dépaysement à voir cette salle vide et en ordre, avant que la horde n'arrive, à penser bêtement qu'elle avait eu sa vie propre pendant dix jours, sans moi, sans eux, les élèves qui y passent encore plus de temps. à la sentir me guetter, se tapir pour redevenir, quelques instants plus tard, une bête salle de cours jonchée de papiers, à l'ordonnance détruite des chaises et des bureaux, aux relents de sueurs un peu aigres.
Et puis la sonnerie, trop forte, a retenti dans le couloir et, dans l'escalier, j'ai entendu les premiers chocs des souliers et les premières conversations que l'on se dépêche d'achever avant de rentrer en classe. Mais l'on a tellement de choses à se dire après les vacances.
Ma salle avait été nettoyée pendant les vacances. J'y passe huit heures par semaine, avec les cinquièmes. La première fois qu'on me l'a attribuée, après le départ du primaire dans un autre bâtiment, je l'ai trouvée très laide: une sorte de couloir, de wagon de métro, tout en longueur et impersonnel. Les fenêtres donnent sur un immeuble qui ressemble à une HLM et la domine de l'autre côté de la rue.
Comme d'habitude, mais seul ce matin, j'ai posé mon cartable sur la deuxième chaise devant le deuxième bureau que je rajoute toujours à celui devant lequel je suis assis: envie d'espace, de pouvoir m'étaler. Comme d'habitude, je suis allé au fond ouvrir le placard, mon placard puisqu'il n'a qu'une seule clé et que c'est moi qui la possède. A l'intérieur, des manuels, actuels ou de plus anciens dont je me sers encore parfois, des dictionnaires, de français et de latin, des pochettes cartonnées de rangement et quelques livres de bibliothèque que je prête parfois à qui en veut. Toute en bas, une ou deux craies blanches, en provision, et une vieille carte du monde à laquelle plus personne ne s'intéresse.
Revenu à mon bureau, j'ai pris la photo, en me mettant bien au milieu de l'allée, avec un grand sérieux, comme si cela avait une importance. En fait, je me cachais ainsi à moi même mon dépaysement à voir cette salle vide et en ordre, avant que la horde n'arrive, à penser bêtement qu'elle avait eu sa vie propre pendant dix jours, sans moi, sans eux, les élèves qui y passent encore plus de temps. à la sentir me guetter, se tapir pour redevenir, quelques instants plus tard, une bête salle de cours jonchée de papiers, à l'ordonnance détruite des chaises et des bureaux, aux relents de sueurs un peu aigres.
Et puis la sonnerie, trop forte, a retenti dans le couloir et, dans l'escalier, j'ai entendu les premiers chocs des souliers et les premières conversations que l'on se dépêche d'achever avant de rentrer en classe. Mais l'on a tellement de choses à se dire après les vacances.
mercredi 3 novembre 2010
La der des der
Enfin, je pense. Je l'avais déjà annoncée il y a à peu près une semaine, et puis, finalement, nous sommes retournés aux champignons aujourd'hui. Toujours aux Echarmeaux. Toujours des chanterelles grises. Toujours belle récolte. Toujours repas à l'Auberge des Tilleuls avec, cette fois-ci, le menu du jour: tarte au thon et au gruyère, épaule de veau braisée et tagliatelle, plateau de fromage, crème brûlée (un régal, le dessert!). Le tout pour 12,50 euros, vin compris. Quand je vous dis qu'il faut y aller si vous passez par là!
Au retour, un petit crochet par le chef-lieu de la commune de Poule les Echarmeaux, que nous ne connaissions pas, puis par le bourg médiéval de Ternand, dans la vallée de l'Azergue, qui possède, entre autres intérêts, celui d'avoir gardé, sur le flanc de son église, sa galonnière du XV° sicle: il s'agit d'un porche réservé autrefois aux funérailles des pauvres. (Il en existe de similaires dans deux autres villages du Beaujolais: Chessy-les-mines et St Laurent d'Oingt).
Pourquoi cette photo pour illustrer ce billet? Juste parce que cette inscription sur le monument aux morts m'a beaucoup fait rire. Pardon!
Au retour, un petit crochet par le chef-lieu de la commune de Poule les Echarmeaux, que nous ne connaissions pas, puis par le bourg médiéval de Ternand, dans la vallée de l'Azergue, qui possède, entre autres intérêts, celui d'avoir gardé, sur le flanc de son église, sa galonnière du XV° sicle: il s'agit d'un porche réservé autrefois aux funérailles des pauvres. (Il en existe de similaires dans deux autres villages du Beaujolais: Chessy-les-mines et St Laurent d'Oingt).
Pourquoi cette photo pour illustrer ce billet? Juste parce que cette inscription sur le monument aux morts m'a beaucoup fait rire. Pardon!
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