jeudi 25 novembre 2010

Saint-Jean: 30 minutes.

Le 15 novembre, l'Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) a lancé un vaste programme local et national de promotion de l'activité physique intitulé "bouger 30 minutes par jour, c’est facile !".

En indiquant dans la ville par des panneaux directionnels à destination des piétons des distances en temps ("centre ville, 15 minutes"), cette opération souhaite amener les citadins à reconsidérer et intégrer la marche et le vélo dans leurs pratiques quotidiennes.
Ce dispositif simple et accessible démontre au plus grand nombre que l’activité physique est à portée de tous : chacun peut effectuer trois trajets de 10 minutes à pied dans sa journée à condition de savoir où les trouver !


Extrait d'un site de la ville de Bordeaux (mais pour la photo, c'est bien à Lyon), le texte qui précède ne peut que recueillir l'assentiment de tous. On est bien d'accord, du nord au sud de la France, pour se maintenir le plus longtemps possible en bonne santé. Alors bravo pour cette initiative.

Mais pourquoi, alors, devant cette bonne volonté d'aider son prochain affichée sur tous les murs, toutes les vitrines, suis-je toujours un peu méfiant et réticent? Parce que j'aime bien qu'on me foute la paix et qu'on ne me prenne pas pour un gamin de six ans. Je fais ce que je veux, quand j'en ai envie.

Si je veux aller jusqu'à Saint-Jean, je n'ai pas besoin que l'on m'indique la direction à prendre ni le temps que je vais mettre (surtout si, en plus, comme c'est le cas, ce temps est faux, ou alors calculé sur la performance de très bons marcheurs). Si je veux marcher, je n'ai que faire que l'on me dise qu'il est bien de le faire, parce que, même si c'était très très mal, je le ferai tout de même.

Si je veux manger, je mange, tantôt plus, tantôt moins, sans qu'il soit besoin de me rappeler les doses à respecter et les bons choix à faire en matière d'alimentation. J'ai envie de pouvoir me taper un bon gueuleton sans que l'on vienne m'en gâcher le plaisir avec un calcul assommant de lipides, de glucides et de je ne sais quoi qui fait du bien et qui fait du mal. Surtout que le lendemain, je peux fort bien me contenter d'une salade verte dont j'aurais tout autant envie.

Voilà pour ce qui me concerne. Quant au fait que notre société en soit à ce genre d'amusement infantilisant pour sensibiliser une grande majorité de la population, il y a là aussi de quoi s'inquiéter: ainsi donc la plupart des gens sont incapables de se prendre en charge seuls? Où sont donc passées les courroies de transmission d'un savoir antique au pays de la bonne gastronomie? Et l'on croit en plus (ou l'on fait semblant de croire) que ce sont ces petites affichettes qui vont changer quoi que ce soit à la "malbouffe" et au manque d'activités sportives des gens? On se donne bonne conscience à bon marché, comme d'habitude!

9 commentaires:

Olivier Autissier a dit…

Ça s'appelle de l'information préventive. On fait la même chose contre le sida depuis des lustres et ça ne marche pas non plus.
Mais l'initiative est intéressante pour ceux qui ne sont pas de la ville, les pancartes directionnelles manquent cruellement aux piétons. Parce que si toi tu sais par où passer, moi quand je vais à Lyon ou ailleurs, je ne le sais pas forcément.

charlus80 a dit…

quand j'allais régulièrement bosser à Lyon, il y a quand même qques années, j'avais mes habitudes dans 2 petits ''bouchons'' le Mercière et le Rendez vous des fédérations. J'en garde de délicieux souvenirs!!!

karagar a dit…

Je ne vois pas dans tous les exemples que tu cites ce qui restreint de quelque façon ta liberté. Je pense que nous sommes tous bêtes et infantiles dans un domaine ou un autre, et que quelque chose aille de soi à nos yeux ne doit pas voiler ni la difficulté qu’elle peut représenter pour d’autre ni nos propres incompétences ou aveuglements en d’autres circonstances. Par ailleurs, concernant l’alimentation, qui te rappelle à l’ordre ? Qui contrôle ce que tu manges ou t’en fustige ? Personnellement, je ne vois pas. Les valeurs caloriques indiquées sur les paquets sont une information mise à disposition, une fois encore, et tu en témoignes d’ailleurs, liberté t’es laissée d’en user à ta guise. Quant aux « courroies de transmission d'un savoir antique au pays de la bonne gastronomie », de quel pays s’agit-il ? N’est-on pas dans la légende dorée ? Je pourrais citer des exemples d’alimentation traditionnelle délétères pour la santé et qui devaient abréger l’existence et n’ont évolué que sous l’effet de modes, ou d’incitations…
Par ailleurs, concernant la remarque d’un lecteur, sait-on où en serait la contamination sans ces campagnes, pour pouvoir dire qu’elles ne servent à rien ?

Calyste a dit…

Ok, Olivier! Si tu te fies, pour t'orienter, à ces pancartes installées au compte-gouttes, pas toujours sûres dans leurs données comme je l'ai dit, et qui n'ont rien d'une signalisation officielle, je te souhaite bien du courage!

Les deux existent toujours, il me semble, Charlus, même si je crois que le deuxième s'appelle "Le Café des Fédérations". Deux très bonnes adresses, en effet, et très connues à Lyon.

Te répondre sérieusement, karagar, m'entraînerait dans un très long commentaire dont je ne me sens pas le courage ce soir, vue l'heure avancée. Peut-être un jour dans un autre billet. Ce qui reste vrai, c'est que je considère que ce n'est pas avec ces enfantillages que l'on réglera les problèmes (réels) de nutrition ou autres et que, je me répète, cela permet d'avoir bonne conscience à bon compte, sans vraiment regarder le problème en face, ce qui nécessiterait des actions autrement plus importantes et en profondeur.

Cornus a dit…

Cela rappelle les messages sur les bouteilles ou les publicité "à consommer avec modération". Idem pour certains produits alimentaires élaborés. Ces messages sont parfaitement inutiles et les entendre ou les voir à longueur de journée est parfaitement désagréable. A-t-on déjà vu un alcoolique ou un jeune qui avait décider de boire s'arrêter en voyant cela ? Ce qui pose avant tout problème, c'est la misère sociale, le manque de culture et les éventuelles insuffisances de l'éducation. Et après, si j'ai envie de boire, de manger et de ne pas faire de sport ni de marche à pied, qu'on me foute la paix !

Calyste a dit…

Merci de ton appui, Cornus. c'est exactement ce que je pense!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Et je pense au bandeau qui passe sous une pub pour Nutella ou autre aliments indispensable. Manger deux fruits cinquante légumes bouger... c'est tellement inutile.

Lancelot a dit…

Difficile, en fin de compte, de juger, sur une longue période de temps, et une grande quantité de gens, de ce qui est vraiment utile ou inutile. Concernant le VIH, Karagar a raison quand il dit qu'on ne sait pas ce qu'il en serait de la progression du virus aujourd'hui, sans ces campagnes.

Bien sûr que c'est irritant, toutes ces "modes" infantilisantes où l'on nous rappelle ce que nous devons faire ou ne pas faire. Mais il y a aussi une certaine jouissance à les ignorer, ou plutôt, comme tu le dis, décider soi-même de quand on fait un gueuleton et de quand on se restreint, sans écouter les sirènes de droite et de gauche. "Je fais ce que je veux, je ne suis pas un numéro, je suis un Homme Libre, na !"

Mais, jusqu'à quel point le sommes-nous réellement ? On a beau pester contre Noel et ses excès de tous ordres, contre la société de consommation, contre le capitalisme et ses dérives, on consomme, on capitalise et on fête Noël (pour la plupart d'entre nous) parce que sortir de tout cela revendrait à se couper complètemet des autres. C'est possible, mais pour cela il faut une énorme dose de courage, que la plupart n'ont pas. Pas moi, en tout cas. Alors, on se console en se faisant nos petites révolutions, révoltes, rébellions, personnelles. Ce n'est pas pitoyable ni risible. On fait ce que l'on peut. On dit ce que l'on pense. Et tu as raison de le faire.

Calyste a dit…

Oui, bien sûr, il serait difficile aujourd'hui de vivre en ermite. Même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque parfois. Mais à deux est-ce que l'on parle toujours d'ermites?