Hélios est déjà là avec ses 34 degrés à l'ombre sur Lyon aujourd'hui (il faut toujours que ces grecs fassent parler d'eux !), ses grands copains Râ, Sol et Huitzilopochtli ne vont pas tarder à le rejoindre : samedi, on annonce 40 !
A la radio, on est passé à la grille d'été. Finies les petites habitudes de telle émission à telle heure. Les stars du journalisme sont partis en vacances. Il va falloir composer avec les sous-fifres, parfois pleins de talent, parfois un peu plus justes.
A la télé aussi, on a chaussé les tongs (sauf J-P Pernaut qui, lui, les porte à longueur d'années...). Et certains ne réapparaîtront qu'en octobre. Quand on dit que les enseignants ont beaucoup de congés ! Mais rassurons-nous : avec la chaleur reviennent les incontournables Don Camilllo, Gendarme à Saint-Tropez ou ailleurs et Angélique. Cette année, ce sera le tour du curé padan. Premier épisode hier soir !
Alors, on aura le temps de lire. J'en connais qui vont au moins commencer leur premier (et seul) roman de l'année. D'ailleurs, en librairie, il n'y a que l'embarras du choix, enfin si son choix, c'est un livre de plage, aussi vite lu (soyons optimistes) qu'oublié.
Oui, je sais : je ne suis qu'une vieille chose !
mardi 30 juin 2015
lundi 29 juin 2015
Incipits (à ma façon)
- psychologique : Elisabeth de Longeville avait beau scruter son passé, elle ne parvenait pas à déceler l'origine de son mal-être.
- fleur bleue : Jamais Elisabeth n'avait encore rencontré un homme aussi charmant que lui.
- science-fiction : E-D-L appuya sur l'écran XB12 qui la propulsa aussitôt dans le troisième anneau de Saturne, là où elle était attendue.
- fantastique : En pénétrant dans les allées ténébreuses du cimetière, Elisabeth ne put s'empêcher de frémir.
- biographique : Elisabeth de Longeville naquit en 1825, dans une famille aisée de Rouen. Longtemps fille unique, elle connut une enfance heureuse.
- zolien : Elisabeth regarda longuement sa mère allongée dans le galetas. La vieille efflanquée n'en avait plus pour très longtemps à vivre et, à la lumière froide de l'hiver, on eût pu la croire déjà morte.
- balzacien : Le notaire ne la fit pas asseoir. De son visage chafouin, de ses yeux d'usurier sans âme, il toisait Elisabeth. Elle ne savait pas encore qu'elle était ruinée.
- hugolien : Le général de Longeville avait gagné ses galons à la bataille de Moscou et, grâce à son courage, avait évité la mort à nombre de ses hommes le jour fatal de la Bérésina. Son portrait trônait sur la cheminée Empire d'Elisabeth.
- action : Elisabeth perçut le danger et plongea dans le ravin. Au bas de la pente, elle ressentit une vive douleur à la cheville mais se mit à courir jusqu'à la ferme proche qu'elle avait aperçue à l'aller.
- cornusien : Mais quelle était donc cette fleur, se demandait Elisabeth ? Serait-ce un aconit ? Elle en était presque sûre mais lequel ? S'agissait-il de l'aconitum napellus, de l'aconitum lycoctonum ou de l'aconitum anthora ?
Karagarien : Elisabeth parcourut son domaine, son jardin qu'elle avait façonné avec amour depuis de longs mois. Elle était satisfaite de ses travaux mais il lui sembla qu'il manquait quelque chose près de la porte bleue. Pourquoi ne pas y installer un rhododendron ?
Plumien : Arroser, arroser, toujours arroser ! se lamenta Elisabeth. Enfin, si elle arrivait à en retirer un petit quelque chose, de quoi manger cet hiver. Cela la consolerait de toutes les balades en bord de mer qu'elle ne pouvait plus faire.
Fromfromien : ...
Etc, etc.
- fleur bleue : Jamais Elisabeth n'avait encore rencontré un homme aussi charmant que lui.
- science-fiction : E-D-L appuya sur l'écran XB12 qui la propulsa aussitôt dans le troisième anneau de Saturne, là où elle était attendue.
- fantastique : En pénétrant dans les allées ténébreuses du cimetière, Elisabeth ne put s'empêcher de frémir.
- biographique : Elisabeth de Longeville naquit en 1825, dans une famille aisée de Rouen. Longtemps fille unique, elle connut une enfance heureuse.
- zolien : Elisabeth regarda longuement sa mère allongée dans le galetas. La vieille efflanquée n'en avait plus pour très longtemps à vivre et, à la lumière froide de l'hiver, on eût pu la croire déjà morte.
- balzacien : Le notaire ne la fit pas asseoir. De son visage chafouin, de ses yeux d'usurier sans âme, il toisait Elisabeth. Elle ne savait pas encore qu'elle était ruinée.
- hugolien : Le général de Longeville avait gagné ses galons à la bataille de Moscou et, grâce à son courage, avait évité la mort à nombre de ses hommes le jour fatal de la Bérésina. Son portrait trônait sur la cheminée Empire d'Elisabeth.
- action : Elisabeth perçut le danger et plongea dans le ravin. Au bas de la pente, elle ressentit une vive douleur à la cheville mais se mit à courir jusqu'à la ferme proche qu'elle avait aperçue à l'aller.
- cornusien : Mais quelle était donc cette fleur, se demandait Elisabeth ? Serait-ce un aconit ? Elle en était presque sûre mais lequel ? S'agissait-il de l'aconitum napellus, de l'aconitum lycoctonum ou de l'aconitum anthora ?
Karagarien : Elisabeth parcourut son domaine, son jardin qu'elle avait façonné avec amour depuis de longs mois. Elle était satisfaite de ses travaux mais il lui sembla qu'il manquait quelque chose près de la porte bleue. Pourquoi ne pas y installer un rhododendron ?
Plumien : Arroser, arroser, toujours arroser ! se lamenta Elisabeth. Enfin, si elle arrivait à en retirer un petit quelque chose, de quoi manger cet hiver. Cela la consolerait de toutes les balades en bord de mer qu'elle ne pouvait plus faire.
Fromfromien : ...
Etc, etc.
Et un peu de musique, ça vous dirait ? (149)
Je l'avais oubliée. Voilà qui est réparé, grâce à Arte hier soir. (Puccini, Tosca)
dimanche 28 juin 2015
Trouvaille (sexuelle)
Un Dupond(t) seul, normalement, ça devrait être moins productif. Pour pallier l'absence de son compère malade, hier soir, le bien portant, après avoir bu copieusement, nous a saoulés, nous, de paroles. Rien de bien drôle ni de digne de figurer ici, à l'exception de cette petite perle :
- Moi, les assassins, avant de les tuer, je leur couperais les couilles, je les masculiniserais !
Il ne connaît pas Emma Bovary. Comment voulez-vous qu'il connaisse Emma Sculé ?
- Moi, les assassins, avant de les tuer, je leur couperais les couilles, je les masculiniserais !
Il ne connaît pas Emma Bovary. Comment voulez-vous qu'il connaisse Emma Sculé ?
Calme et bougeotte (2)
Hier, donc. Après une opération désherbage sur la tombe de Pierre (on ne sait jamais, pour le dixième anniversaire de sa mort, sa famille va peut-être se déplacer et consentir à parcourir les quelques trente kilomètres qui les en séparent ? Allons, Calyste, ne sois pas acide !), j'ai voulu remonter aux anciennes archives qui dominent la Saône et où nous allions parfois promener le chien.
L'ancien couvent des Carmes déchaussés qui les abritait est maintenant totalement désaffecté et je me demande bien ce qu'il va devenir. A part ça, le quartier n'a pas changé, avec ses opulentes maisons de maîtres, ses froides institutions religieuses et ses descentes d'escaliers vertigineuses sur le vieux Lyon.
De là, en un saut de puce, j'étais au théâtre romain de Fourvière dont, par hasard, j'ai découvert une autre voie d'accès, fort agréable par cette chaleur car elle traverse un petit bois surplombant les ruines. Tout est installé pour les fameuses Nuits et l'on répétait même un concert à l'Odéon voisin. J'aime de plus en plus ma ville d'adoption, parce qu'elle est belle d'abord, et aussi parce qu'elle n'hésite pas à faire se côtoyer antiquité et modernité. Un peu comme Rome...
En remontant, j'ai pu constater que les anciens préfabriqués des Antiquités Historiques, où, étudiant, j'ai travaillé sur le tracé de l'aqueduc romain du Gier, avaient été rasés. Depuis peu sans doute car le terrain libéré n'est pas encore investi. En face, une ancienne bâtisse religieuse est en pleine rénovation. J'ignore totalement de quoi il s'agit mais je me renseignerai.
L'ancien couvent des Carmes déchaussés qui les abritait est maintenant totalement désaffecté et je me demande bien ce qu'il va devenir. A part ça, le quartier n'a pas changé, avec ses opulentes maisons de maîtres, ses froides institutions religieuses et ses descentes d'escaliers vertigineuses sur le vieux Lyon.
De là, en un saut de puce, j'étais au théâtre romain de Fourvière dont, par hasard, j'ai découvert une autre voie d'accès, fort agréable par cette chaleur car elle traverse un petit bois surplombant les ruines. Tout est installé pour les fameuses Nuits et l'on répétait même un concert à l'Odéon voisin. J'aime de plus en plus ma ville d'adoption, parce qu'elle est belle d'abord, et aussi parce qu'elle n'hésite pas à faire se côtoyer antiquité et modernité. Un peu comme Rome...
En remontant, j'ai pu constater que les anciens préfabriqués des Antiquités Historiques, où, étudiant, j'ai travaillé sur le tracé de l'aqueduc romain du Gier, avaient été rasés. Depuis peu sans doute car le terrain libéré n'est pas encore investi. En face, une ancienne bâtisse religieuse est en pleine rénovation. J'ignore totalement de quoi il s'agit mais je me renseignerai.
samedi 27 juin 2015
Calme et bougeotte
En ce moment, j'alterne grande léthargie et activité fébrile. Et, après tout, cela me convient bien. Lorsque j'en ai assez de bouger, je reste immobile; lorsque je suis lassé de ne rien faire, je bouge.
Hier et aujourd'hui ont été deux jours de bougeotte. C'est rare mais ça arrive. Ainsi, après avoir hier déjeuné chez Patrick avec Frédéric et Jean-Claude, j'ai emmené ce dernier à la découverte de quelques expos que je voulais voir. Dans le désordre, les deux salles des Archives de Perrache, le plateau du Conseil Régional et le loft du Goethe Institut.
Au Goethe, il fallait, pour visiter le rez-de-chaussée, s'adresser au troisième étage et ce que nous avons vu à travers la porte vitrée (visiblement sur la BD) ne nous a pas incités à gravir les marches. La première salle, la plus petite, des Archives, présentait un historique de la grande roseraie du Parc de la Tête d'Or. Nous sommes passés assez vite, juste le temps de revoir en photos les frimousses plus ou moins attractives de Grâce de Monaco, de la Begum Aga Khan, de Louis Pradel, à cette époque maire de Lyon, et d'Edgar Pisani, ministre de l'agriculture, tous présents lors de l'inauguration en Juin 1964.
La plus grande salle proposait une expo intitulée Rêves, entre science et art, en hommage à Michel Jouvet, père du sommeil paradoxal. Il aurait fallu plus de temps que nous n'en avions pour lire attentivement toutes les explications et visionner les vidéos mises à disposition du public. Rien de très photogénique si ce n'est deux machines assez surprenantes que voici :
Mais le plus intéressant de la journée fut sans conteste l'expo du Conseil Régional : L'Espace de la lumière (83-2015), du peintre Patrice Giorda. Le plateau est un excellent lieu pour ce type d'exposition, ne serait-ce que par la lumière naturelle qui l'inonde grâce à la verrière qui recouvre le bâtiment. Ces tableaux aux couleurs contrastées présentent tour à tour et principalement les années-pensionnat aux Lazaristes de Lyon, un séjour à Florence et l'Histoire de la Croix.
J'aime cet espace ouvert et peu encombré où les tableaux se répondent sans s'annuler. J'aime aussi l'emploi que fait ce peintre de la lumière et de la ténèbre, dont, indéniablement, se dégage une grande spitirualité. Si vous êtes à Lyon ou alentour, n'hésitez pas.
Et aujourd'hui ? J'en parlerai demain car, là, je vais recommencer la bougeotte...
Hier et aujourd'hui ont été deux jours de bougeotte. C'est rare mais ça arrive. Ainsi, après avoir hier déjeuné chez Patrick avec Frédéric et Jean-Claude, j'ai emmené ce dernier à la découverte de quelques expos que je voulais voir. Dans le désordre, les deux salles des Archives de Perrache, le plateau du Conseil Régional et le loft du Goethe Institut.
Au Goethe, il fallait, pour visiter le rez-de-chaussée, s'adresser au troisième étage et ce que nous avons vu à travers la porte vitrée (visiblement sur la BD) ne nous a pas incités à gravir les marches. La première salle, la plus petite, des Archives, présentait un historique de la grande roseraie du Parc de la Tête d'Or. Nous sommes passés assez vite, juste le temps de revoir en photos les frimousses plus ou moins attractives de Grâce de Monaco, de la Begum Aga Khan, de Louis Pradel, à cette époque maire de Lyon, et d'Edgar Pisani, ministre de l'agriculture, tous présents lors de l'inauguration en Juin 1964.
La plus grande salle proposait une expo intitulée Rêves, entre science et art, en hommage à Michel Jouvet, père du sommeil paradoxal. Il aurait fallu plus de temps que nous n'en avions pour lire attentivement toutes les explications et visionner les vidéos mises à disposition du public. Rien de très photogénique si ce n'est deux machines assez surprenantes que voici :
Machine à photographier les rêves |
Machine à peser les rêves |
J'aime cet espace ouvert et peu encombré où les tableaux se répondent sans s'annuler. J'aime aussi l'emploi que fait ce peintre de la lumière et de la ténèbre, dont, indéniablement, se dégage une grande spitirualité. Si vous êtes à Lyon ou alentour, n'hésitez pas.
Et aujourd'hui ? J'en parlerai demain car, là, je vais recommencer la bougeotte...
jeudi 25 juin 2015
Je vous parle d'un temps...
Aujourd'hui, si je ne me trompe pas, c'était l'épreuve de français du brevet. Un souvenir qui me paraît presque antédiluvien !
Beaucoup de souvenirs liés à ces journées où je fus convié de nombreuses fois pour la surveillance, soit chez nous, soit ailleurs ! Ailleurs, c'était souvent dans des salles bondées où il faisait une chaleur abominable. Un de ces collèges, de type Pailleron, n'avait même pas de rideaux pour protéger du soleil. Je préférais mille fois nos vieilles salles de couvent, un peu décrépites mais plus fraîches.
Une autre fois, on m'avait installé dans une salle isolée au bout d'un couloir avec une seule élève à surveiller : de psychologie fragile, elle ne supportait pas la compagnie. Et pas de binôme de profs, comme c'est la coutume. Je refusai tout net et ne cédai pas malgré les menaces à peine voilées du principal. Heureusement, mon directeur de l'époque, un des rares valables que nous ayons eus, passait par là et m'appuya. Finalement,nous fûmes deux avec cette pauvre fille.
Souvenir aussi de la foire d'empoigne au secrétariat pour rendre les copies. Tout doit être vérifié et certains enseignants n'hésitaient pas à passer devant les autres, sans doute afin de gagner trois minutes de liberté ! Je sais, je n'ai jamais eu une très haute opinion des profs !
J'aimais aussi beaucoup essayer de répondre aux questions posées aux élèves. En français, bien sûr, où je devais dicter le texte d'orthographe et où, régulièrement, j'avais l'impression qu'un bon élève de cinquième pouvait réussir, mais aussi en mathématiques et en histoire-géographie. Ce qui m'arrêtait parfois, c’était la nomenclature employée qui n'était bien sûr plus celle de mon époque...
Et puis j'ai pensé à mon élève des cours particuliers. Ça n'a pas dû être une journée très agréable pour lui qui déteste le français. J'espère au moins qu'il aura retenu le peu que je lui ai appris et qu'il aura répondu sans confondre vitesse et précipitation, comme c'est, hélas, son habitude. J'attends avec impatience que sa mère, qui me l'a promis, me communique les notes qu'il aura obtenues.
Et qu'ai-je fait aujourd'hui, moi ? Rien, pourquoi ?
Beaucoup de souvenirs liés à ces journées où je fus convié de nombreuses fois pour la surveillance, soit chez nous, soit ailleurs ! Ailleurs, c'était souvent dans des salles bondées où il faisait une chaleur abominable. Un de ces collèges, de type Pailleron, n'avait même pas de rideaux pour protéger du soleil. Je préférais mille fois nos vieilles salles de couvent, un peu décrépites mais plus fraîches.
Une autre fois, on m'avait installé dans une salle isolée au bout d'un couloir avec une seule élève à surveiller : de psychologie fragile, elle ne supportait pas la compagnie. Et pas de binôme de profs, comme c'est la coutume. Je refusai tout net et ne cédai pas malgré les menaces à peine voilées du principal. Heureusement, mon directeur de l'époque, un des rares valables que nous ayons eus, passait par là et m'appuya. Finalement,nous fûmes deux avec cette pauvre fille.
Souvenir aussi de la foire d'empoigne au secrétariat pour rendre les copies. Tout doit être vérifié et certains enseignants n'hésitaient pas à passer devant les autres, sans doute afin de gagner trois minutes de liberté ! Je sais, je n'ai jamais eu une très haute opinion des profs !
J'aimais aussi beaucoup essayer de répondre aux questions posées aux élèves. En français, bien sûr, où je devais dicter le texte d'orthographe et où, régulièrement, j'avais l'impression qu'un bon élève de cinquième pouvait réussir, mais aussi en mathématiques et en histoire-géographie. Ce qui m'arrêtait parfois, c’était la nomenclature employée qui n'était bien sûr plus celle de mon époque...
Et puis j'ai pensé à mon élève des cours particuliers. Ça n'a pas dû être une journée très agréable pour lui qui déteste le français. J'espère au moins qu'il aura retenu le peu que je lui ai appris et qu'il aura répondu sans confondre vitesse et précipitation, comme c'est, hélas, son habitude. J'attends avec impatience que sa mère, qui me l'a promis, me communique les notes qu'il aura obtenues.
Et qu'ai-je fait aujourd'hui, moi ? Rien, pourquoi ?
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
mercredi 24 juin 2015
Envie
Depuis quelque temps, il me vient des envies de me replonger dans un des auteurs favoris de ma jeunesse, sans doute celui qui a fait, dans mon cas, la transition entre le Club des cinq et la Comédie humaine : Jules Verne.
J'ai dû le découvrir autour de dix ans. Je n'étais plus chez ma grand-mère mais chez mes parents. Je m'en souviens très bien puisque mon père possédait un petit troupeau de chèvres que je devais emmener paître après l'école sur les crassiers environnants. Certaines avait même un nom dont je me souviens aussi.
Comme mon père n'aimait pas la lecture (il a bien changé ensuite), il ne permettait pas que j'emporte un livre avec moi. Alors, je trichais et le fourrais dans ma culotte, et dès que j'étais hors de vue, je m'installais sur une pierre et me plongeais dans le roman (je fis d'ailleurs la même chose avec mes livres de grec, avant même de savoir l'alphabet que je trouvais très beau).
J'étais tellement fasciné par les forêts d'eucalyptus (je crois que c'était dans Les Enfants du Capitaine Grant), par les pieuvres géantes qui attaquaient les marins du Nautilus à Vingt mille lieues sous les mers, que j'en oubliais totalement les traîtresse bestioles. Souvent, quand je levais le nez, elles n'étaient plus là et il me fallait vite partir à leur recherche avant que mes parents ne s'aperçoivent de quoi que ce soit.
En général, elles n'étaient pas très loin mais un jour, malgré mes efforts, je ne parvins pas à les retrouver. M'étais-je absorbé si longtemps dans les contrées lointaines ? Il fallut que je revienne déclarer la perte à la maison. On finit par les retrouver tout près, dans le jardin, où je n'avais pas eu l'idée de les chercher, la porte en étant généralement fermée, et où elles dévoraient hardiment les plantations potagères de ma mère. Je me souviens encore de l'avoinée que je reçus ce jour-là. Mais l'essentiel était sauf : personne n'avait remarqué le livre prestement remis dans le pantalon.
Beaucoup plus tard, alors que j'enseignais au collège, un jour j'évoquais par hasard L'Ile mystérieuse. Au premier rang, il y avait un élève apathique, sage mais totalement désintéressé, sans doute à cause de ses difficultés dues à une dyslexie profonde. Ses parents ne parvenaient pas, ni moi non plus, à l'intéresser à la lecture. Quelques jours plus tard, je vis qu'il avait fini son contrôle bien avant les autres (il bâclait souvent les réponses puisque, pour lui, la grammaire relevait plus de la magie que de la logique, comme les mathématiques, pour moi, pendant quelques années). En circulant dans la salle, je jetais discrètement un œil sur son bureau. Et que vis-je ? Un LIVRE ! Non, pas un livre de classe, un livre de poche, qu'il était en train de LIRE. Un deuxième passage permit de voir qu'il s'agissait de L'Ile mystérieuse. Ensuite, il avait toujours un roman dans son cartable.
Alors, Jules Verne, pourquoi pas m'y remettre ? En sautant quelques pages un peu trop techniques à mon goût, ça devrait marcher. D'autant qu'aujourd'hui, je n'ai plus ni chèvres ni élèves à surveiller
J'ai dû le découvrir autour de dix ans. Je n'étais plus chez ma grand-mère mais chez mes parents. Je m'en souviens très bien puisque mon père possédait un petit troupeau de chèvres que je devais emmener paître après l'école sur les crassiers environnants. Certaines avait même un nom dont je me souviens aussi.
Comme mon père n'aimait pas la lecture (il a bien changé ensuite), il ne permettait pas que j'emporte un livre avec moi. Alors, je trichais et le fourrais dans ma culotte, et dès que j'étais hors de vue, je m'installais sur une pierre et me plongeais dans le roman (je fis d'ailleurs la même chose avec mes livres de grec, avant même de savoir l'alphabet que je trouvais très beau).
J'étais tellement fasciné par les forêts d'eucalyptus (je crois que c'était dans Les Enfants du Capitaine Grant), par les pieuvres géantes qui attaquaient les marins du Nautilus à Vingt mille lieues sous les mers, que j'en oubliais totalement les traîtresse bestioles. Souvent, quand je levais le nez, elles n'étaient plus là et il me fallait vite partir à leur recherche avant que mes parents ne s'aperçoivent de quoi que ce soit.
En général, elles n'étaient pas très loin mais un jour, malgré mes efforts, je ne parvins pas à les retrouver. M'étais-je absorbé si longtemps dans les contrées lointaines ? Il fallut que je revienne déclarer la perte à la maison. On finit par les retrouver tout près, dans le jardin, où je n'avais pas eu l'idée de les chercher, la porte en étant généralement fermée, et où elles dévoraient hardiment les plantations potagères de ma mère. Je me souviens encore de l'avoinée que je reçus ce jour-là. Mais l'essentiel était sauf : personne n'avait remarqué le livre prestement remis dans le pantalon.
Beaucoup plus tard, alors que j'enseignais au collège, un jour j'évoquais par hasard L'Ile mystérieuse. Au premier rang, il y avait un élève apathique, sage mais totalement désintéressé, sans doute à cause de ses difficultés dues à une dyslexie profonde. Ses parents ne parvenaient pas, ni moi non plus, à l'intéresser à la lecture. Quelques jours plus tard, je vis qu'il avait fini son contrôle bien avant les autres (il bâclait souvent les réponses puisque, pour lui, la grammaire relevait plus de la magie que de la logique, comme les mathématiques, pour moi, pendant quelques années). En circulant dans la salle, je jetais discrètement un œil sur son bureau. Et que vis-je ? Un LIVRE ! Non, pas un livre de classe, un livre de poche, qu'il était en train de LIRE. Un deuxième passage permit de voir qu'il s'agissait de L'Ile mystérieuse. Ensuite, il avait toujours un roman dans son cartable.
Alors, Jules Verne, pourquoi pas m'y remettre ? En sautant quelques pages un peu trop techniques à mon goût, ça devrait marcher. D'autant qu'aujourd'hui, je n'ai plus ni chèvres ni élèves à surveiller
mardi 23 juin 2015
Mur
Au restaurant, à l'anniversaire où j'étais convié, il y avait, à la table voisine, un homme d'un certain âge, isolé en bout de table. Ce sont ses gestes désordonnés et ses grimaces incontrôlées qui ont attiré mon attention. Sans doute était-il atteint de la maladie de Parkinson. On ne s'occupait guère de lui, les autres riaient ensemble, lui riait parfois, à contre-temps. Et j'ai reçu en pleine poitrine le souvenir de ma mère, le dimanche, à la sieste.
Nous l'installions dans un fauteuil près de la fenêtre. Ma sœur s'isolait dans sa chambre et moi, je restais avec elle, dormant parfois sur mon roman dans le vieux voltaire de ma grand-mère, faisant souvent semblant pour prolonger ce moment de calme (quand calme nous pouvions obtenir). Certains dimanches, elle n'appelait pas en se réveillant. Je l'entendais respirer fort, se tordre sur le coussinet, pencher la tête vers la vitre, avec les mêmes grimaces que l'homme du restaurant.
Depuis, je pense souvent à elle, par bouffées, alors que je ne m'y attends pas. J'ai essayé de comprendre. Lorsque je pense à elle, je la revois toujours malade et torturée. Autant je me souviens de la lente dégradation de mon père, de sa chute progressive vers l'irrémédiable, autant pour elle, j'ai l'impression d'être devant un mur infranchissable. C'est comme si elle avait toujours été malade, qu'il n'y avait jamais eu d'avant, où elle était drôle et dynamique. Je ne sais pas pourquoi.
Est-ce l'approche des dix ans de la mort de Pierre qui, inconsciemment, me perturbe, qui fait que je ne cesse de penser à tous ces morts que j'ai vu partir ces dernières années ? Je ne suis pas triste, simplement un peu lourd. Pour me libérer l'esprit, je connais la solution : enfiler mes chaussures de course et m'y mettre, mais cette fois-ci sérieusement.
Nous l'installions dans un fauteuil près de la fenêtre. Ma sœur s'isolait dans sa chambre et moi, je restais avec elle, dormant parfois sur mon roman dans le vieux voltaire de ma grand-mère, faisant souvent semblant pour prolonger ce moment de calme (quand calme nous pouvions obtenir). Certains dimanches, elle n'appelait pas en se réveillant. Je l'entendais respirer fort, se tordre sur le coussinet, pencher la tête vers la vitre, avec les mêmes grimaces que l'homme du restaurant.
Depuis, je pense souvent à elle, par bouffées, alors que je ne m'y attends pas. J'ai essayé de comprendre. Lorsque je pense à elle, je la revois toujours malade et torturée. Autant je me souviens de la lente dégradation de mon père, de sa chute progressive vers l'irrémédiable, autant pour elle, j'ai l'impression d'être devant un mur infranchissable. C'est comme si elle avait toujours été malade, qu'il n'y avait jamais eu d'avant, où elle était drôle et dynamique. Je ne sais pas pourquoi.
Est-ce l'approche des dix ans de la mort de Pierre qui, inconsciemment, me perturbe, qui fait que je ne cesse de penser à tous ces morts que j'ai vu partir ces dernières années ? Je ne suis pas triste, simplement un peu lourd. Pour me libérer l'esprit, je connais la solution : enfiler mes chaussures de course et m'y mettre, mais cette fois-ci sérieusement.
lundi 22 juin 2015
En vrac
Grosse crise de fainéantise en ce moment de ma part : je n'écris pas, je ne lis pas, je ne commente pas. Ça m'était déjà arrivé, mais pas souvent. Alors, ce soir, je me force, parce que je constate que moins on est assidu et moins on veut l'être.
Que dire ? Des balades dans Lyon, quelques photos, des repas chez les amis, un anniversaire, une soirée avec les ex-collègues, la fin des cours d'allemand, la fin de mon cours particulier, des travaux dans un appartement de l'immeuble (au marteau-piqueur le samedi matin ! A huit heures pour moi, c'est la moitié de la nuit !), quelques bons films à la télé, abstinence complète pour la fête de la musique (je ne parle même pas de la gay pride lyonnaise). Dimanche, je n'ai pas ouvert ma porte une seule fois. La lessive : plus tard. L'arrosage des plantes : plus tard. Je suis plongé dans une biographie de Stefan Zweig : très documentée et, au début, un peu longuette, mais finalement passionnante. Et l'auteur s'appelle Prater : ça ne s'invente pas !
Donc, un Calyste qui se la coule douce et qui flemmarde. Mais je me connais : ça ne va pas durer. Alors sans doute à bientôt.
Que dire ? Des balades dans Lyon, quelques photos, des repas chez les amis, un anniversaire, une soirée avec les ex-collègues, la fin des cours d'allemand, la fin de mon cours particulier, des travaux dans un appartement de l'immeuble (au marteau-piqueur le samedi matin ! A huit heures pour moi, c'est la moitié de la nuit !), quelques bons films à la télé, abstinence complète pour la fête de la musique (je ne parle même pas de la gay pride lyonnaise). Dimanche, je n'ai pas ouvert ma porte une seule fois. La lessive : plus tard. L'arrosage des plantes : plus tard. Je suis plongé dans une biographie de Stefan Zweig : très documentée et, au début, un peu longuette, mais finalement passionnante. Et l'auteur s'appelle Prater : ça ne s'invente pas !
Donc, un Calyste qui se la coule douce et qui flemmarde. Mais je me connais : ça ne va pas durer. Alors sans doute à bientôt.
jeudi 18 juin 2015
Voyages, voyages
Depuis plusieurs jours, je cherche, je cherche...
D'abord, que visiter lors de notre séjour en Touraine d'août prochain ? Nous logerons dans le même gîte qu'il y a deux ans, près de Chinon, dans lequel nous avions été si bien. J'ai déjà établi une liste, une longue liste. Nous n'aurons pas le temps d'aller partout : Montsoreau, Richelieu, L'Islette (où séjournèrent Camille Claudel et Rodin), Saumur, Chaumont, Blois (où nous étions arrivés trop tard, la dernière fois, pour visiter le château), Villandry, Candé (cher à un Windsor), une ancienne carrière de tuffeau, aujourd'hui champignonnière. Et puis, il y a aussi Ligré, Gizeux, Montpoupon, Le Riveau, Brissac, Brézé, Angers, Sully, Lude, Turquant... L'embarras du choix !
Ensuite, j'ai convaincu mes acolytes de leur faire connaître l'Ombrie (plutôt que de retourner à Rome) au printemps prochain. Frédéric étant d'accord, les deux autres ont été assez faciles à décider. Et là, je rêve : Assise, bien sûr, et Pérouse, mais aussi Todi, Gubbio, Spoleto, Citta di Castello, Foligno, le lac Trasimène, le Mont Subiaso, Spello. Je voyage déjà par écran interposé... Ne reste qu'à trouver un gîte pas trop cher, calme,indépendant et confortable. Et là, ça s'avère plus difficile. Si vous avez des pistes...
D'abord, que visiter lors de notre séjour en Touraine d'août prochain ? Nous logerons dans le même gîte qu'il y a deux ans, près de Chinon, dans lequel nous avions été si bien. J'ai déjà établi une liste, une longue liste. Nous n'aurons pas le temps d'aller partout : Montsoreau, Richelieu, L'Islette (où séjournèrent Camille Claudel et Rodin), Saumur, Chaumont, Blois (où nous étions arrivés trop tard, la dernière fois, pour visiter le château), Villandry, Candé (cher à un Windsor), une ancienne carrière de tuffeau, aujourd'hui champignonnière. Et puis, il y a aussi Ligré, Gizeux, Montpoupon, Le Riveau, Brissac, Brézé, Angers, Sully, Lude, Turquant... L'embarras du choix !
Ensuite, j'ai convaincu mes acolytes de leur faire connaître l'Ombrie (plutôt que de retourner à Rome) au printemps prochain. Frédéric étant d'accord, les deux autres ont été assez faciles à décider. Et là, je rêve : Assise, bien sûr, et Pérouse, mais aussi Todi, Gubbio, Spoleto, Citta di Castello, Foligno, le lac Trasimène, le Mont Subiaso, Spello. Je voyage déjà par écran interposé... Ne reste qu'à trouver un gîte pas trop cher, calme,indépendant et confortable. Et là, ça s'avère plus difficile. Si vous avez des pistes...
Incertitudes
Ce soir, c'est le traditionnel buffet de fin d'année au collège. L'occasion de regrouper les collègues, actifs ou en retraités, de tous les établissements concernés. J'y suis fidèle depuis des années. Je crois n'en avoir manqué qu'un seul, peu de temps avant la mort de Pierre. De la clinique, près de son lit, je regardais au loin la colline où cela se passe.
Aujourd'hui, le temps est incertain, comme mon état d'esprit. A la fois joie de retrouver certains, que je ne vois plus et qui ont compté dans ma vie. Il faudrait des pages pour raconter nos projets communs, nos enthousiasmes, nos joies, nos engueulades aussi.
Anxiété aussi de constater du temps l'irréparable outrage, comme ils le constateront sur moi : un peu plus sourds, un peu plus ridés, toujours souriants j'espère. Je n'emporterai pas mon appareil photos. Étrange comme ils vieillissent moins dans ma tête...
Et puis crainte des faux-semblants, des enthousiasmes fictifs, des fausses promesses que l'on ne demande pas et qui encombre mes poches. Tout cela me fait horreur maintenant, tout autant que les anciennes haines.
Aujourd'hui, le temps est incertain, comme mon état d'esprit. A la fois joie de retrouver certains, que je ne vois plus et qui ont compté dans ma vie. Il faudrait des pages pour raconter nos projets communs, nos enthousiasmes, nos joies, nos engueulades aussi.
Anxiété aussi de constater du temps l'irréparable outrage, comme ils le constateront sur moi : un peu plus sourds, un peu plus ridés, toujours souriants j'espère. Je n'emporterai pas mon appareil photos. Étrange comme ils vieillissent moins dans ma tête...
Et puis crainte des faux-semblants, des enthousiasmes fictifs, des fausses promesses que l'on ne demande pas et qui encombre mes poches. Tout cela me fait horreur maintenant, tout autant que les anciennes haines.
mercredi 17 juin 2015
Happy-end, pas toujours
En ce moment, je donne beaucoup dans le souvenir. En voyant l'autre soir le film de Billy Wilder
, Le Poison, avec Ray Milland interprétant le rôle d'un écrivain raté et alcoolique, j'ai repensé à ce garçon qui fréquentait notre communauté lorsque j'avais un peu plus de vingt ans. Il s'appelait Roland, mais se faisait appeler Mam's, comme déjà un premier masque.
Avant que je le connaisse, il avait fait une école d'ingénieurs à Voiron et réussissait parfaitement. Et puis, du jour au lendemain et sans que personne ne sache pourquoi, il est parti et est devenu alcoolique. Il gravitait autour de notre cercle, principalement quand il avait besoin d'argent, ou d'un toit pour se loger.
J'ai eu souvent l'occasion de bavarder avec lui et je l'estimais beaucoup. A jeun, il se montrait aimable et très cultivé, particulièrement en littérature où ses connaissances me surprenaient toujours. Mais lorsqu'il avait bu, il devenait agressif et méprisant, nous traitant de cons, nous qui ne connaissions pas, selon lui, la vraie vie. Le lendemain, il était reparti, pour réapparaître quelques mois plus tard.
Lorsque Pierre et moi avons pris un appartement pour nous eux, il aimait y venir, se sentant moins jugé, plus à l'aise que dans la communauté. Le frère de Pierre, qui fréquentait les séances des AA (alcooliques anonymes) lui avait un jour conseillé d'y aller faire un tour. La réaction fut violente : il n'était pas alcoolique, il avait simplement des problèmes de foie.
Nous l'avons hébergé chez nous pendant environ six mois. Il était intérimaire et touchait son salaire en fin de semaine, le vendredi. Les autres jours, nous lui donnions de quoi payer son bus, ses cigarettes et sa cantine. Mais le week-end, nous ne le voyions plus : il allait boire sa paye dans des bars qu'il disait sélects et où, selon lui, les filles parlaient plusieurs langues. Il nous y emmena un soir : les filles en question n'étaient que de vulgaires entraîneuses qui le mettaient à sec et le jetaient ensuite.
Nous faisions en sorte de cacher les bouteilles d'alcool. Malgré cela, je me souviens de la bouteille de pastis qui diminuait chaque nuit alors qu'elle se trouvait sur la cheminée de ma chambre. Je ne l'ai jamais entendu se servir. Devant la vanité de nos efforts, nous avons contacté sa sœur qui l'a d'abord pris avec elle puis rapatrié chez ses parents, de riches agriculteurs de Saône et-Loire. Nous croyions tous ainsi lui donner une nouvelle chance de s'en sortir.
Mais la vie n'est pas un film. Le happy-end à l'américaine, il ne l'a pas connu. On a retrouvé un matin sa bicyclette au bord d'un affluent de la Saône, et son corps, quelques temps plus tard, dans cette rivière où le courant l'avait emporté. Nous n'avons jamais su s'il s'agissait d'un accident ou d'un suicide.
Avant que je le connaisse, il avait fait une école d'ingénieurs à Voiron et réussissait parfaitement. Et puis, du jour au lendemain et sans que personne ne sache pourquoi, il est parti et est devenu alcoolique. Il gravitait autour de notre cercle, principalement quand il avait besoin d'argent, ou d'un toit pour se loger.
J'ai eu souvent l'occasion de bavarder avec lui et je l'estimais beaucoup. A jeun, il se montrait aimable et très cultivé, particulièrement en littérature où ses connaissances me surprenaient toujours. Mais lorsqu'il avait bu, il devenait agressif et méprisant, nous traitant de cons, nous qui ne connaissions pas, selon lui, la vraie vie. Le lendemain, il était reparti, pour réapparaître quelques mois plus tard.
Lorsque Pierre et moi avons pris un appartement pour nous eux, il aimait y venir, se sentant moins jugé, plus à l'aise que dans la communauté. Le frère de Pierre, qui fréquentait les séances des AA (alcooliques anonymes) lui avait un jour conseillé d'y aller faire un tour. La réaction fut violente : il n'était pas alcoolique, il avait simplement des problèmes de foie.
Nous l'avons hébergé chez nous pendant environ six mois. Il était intérimaire et touchait son salaire en fin de semaine, le vendredi. Les autres jours, nous lui donnions de quoi payer son bus, ses cigarettes et sa cantine. Mais le week-end, nous ne le voyions plus : il allait boire sa paye dans des bars qu'il disait sélects et où, selon lui, les filles parlaient plusieurs langues. Il nous y emmena un soir : les filles en question n'étaient que de vulgaires entraîneuses qui le mettaient à sec et le jetaient ensuite.
Nous faisions en sorte de cacher les bouteilles d'alcool. Malgré cela, je me souviens de la bouteille de pastis qui diminuait chaque nuit alors qu'elle se trouvait sur la cheminée de ma chambre. Je ne l'ai jamais entendu se servir. Devant la vanité de nos efforts, nous avons contacté sa sœur qui l'a d'abord pris avec elle puis rapatrié chez ses parents, de riches agriculteurs de Saône et-Loire. Nous croyions tous ainsi lui donner une nouvelle chance de s'en sortir.
Mais la vie n'est pas un film. Le happy-end à l'américaine, il ne l'a pas connu. On a retrouvé un matin sa bicyclette au bord d'un affluent de la Saône, et son corps, quelques temps plus tard, dans cette rivière où le courant l'avait emporté. Nous n'avons jamais su s'il s'agissait d'un accident ou d'un suicide.
mardi 16 juin 2015
La Fourmi (... et la Cigale)
Non, ce n'est pas le titre d'une fable de La Fontaine, mais le nom de deux établissements de spectacles tout près l'un de l'autre dans la troisième arrondissement.
La Cigale est devenue depuis de nombreuses années le Théâtre Tête d'Or. Lorsque j'habitais dans le quartier, j'y avais croisé un soir le prince Norodom Sihanouk, sur le trottoir, à peine accompagné de quelques gorilles. J'y avais vu aussi Marie Laforet, dans Master Class, et Lisette Malidor, dans Les Monologues du vagin. Deux belles soirées théâtrales.
Mais c'est La Fourmi qui reste pour moi un endroit fétiche. C'est un petit cinéma indépendant, à la programmation soignée, loin des sempiternels blockbusters américains. La place n'y était pas chère et les vieux fauteuils de velours totalement défoncés. Outre le cinéclub italien auquel j'ai été abonné pendant des années, j'y ai vu des films inoubliables.
Deux en particulier. Pandora, avec James Mason, et Ava Gardner : j'étais au premier rang, presque sous l'écran et, malgré la position inconfortable, j'avais été fasciné. Et puis Mort à Venise, de Visconti où, en sortant j'avais failli me faire écraser par une voiture, tant j'étais sur un petit nuage.
La Fourmi avait fait un petit, Cours Gambetta, presque en face de l'ancien Eldorado, une salle à l'italienne démolie pour construire un immeuble. L'expérience n'a pas duré très longtemps, la décennie des années quatre-vint, en gros. Juste le temps d'y voir quelques films. Un jour d'un hiver particulièrement rigoureux, j'étais le seul client. Il faisait si froid qu'on y avait installé un radiateur d'appoint contre lequel je m'étais blotti. Aucun souvenir du film mais je me souviens bien de l'onglée que j'avais attrapée en rentrant chez moi, à quelques centaines de mètres seulement.
Depuis que j'ai déménagé, je ne passe plus guère devant La Fourmi. Par hasard, l'autre jour, en me rendant à mon cours d'allemand, j'ai pris la rue Pierre Corneille. Et là, stupéfaction : des travaux masquaient l'ancienne devanture ! La Fourmi aurait-elle disparu, comme les CNP lyonnais ? Un gros pincement au cœur, il a eu, le Calystee. Mais, en me renseignant à la pizzeria d'en face, j'ai appris qu'elle allait bientôt rouvrir. Le vieux propriétaire que j'ai toujours vu derrière son guichet à l'entrée a pris sa retraite et la salle a été récupérée par l'Institut Lumière. Alors là, grande joie, car la qualité sera préservée. Et je me suis promis de revenir plus souvent y faire un tour.
La Cigale est devenue depuis de nombreuses années le Théâtre Tête d'Or. Lorsque j'habitais dans le quartier, j'y avais croisé un soir le prince Norodom Sihanouk, sur le trottoir, à peine accompagné de quelques gorilles. J'y avais vu aussi Marie Laforet, dans Master Class, et Lisette Malidor, dans Les Monologues du vagin. Deux belles soirées théâtrales.
Mais c'est La Fourmi qui reste pour moi un endroit fétiche. C'est un petit cinéma indépendant, à la programmation soignée, loin des sempiternels blockbusters américains. La place n'y était pas chère et les vieux fauteuils de velours totalement défoncés. Outre le cinéclub italien auquel j'ai été abonné pendant des années, j'y ai vu des films inoubliables.
Deux en particulier. Pandora, avec James Mason, et Ava Gardner : j'étais au premier rang, presque sous l'écran et, malgré la position inconfortable, j'avais été fasciné. Et puis Mort à Venise, de Visconti où, en sortant j'avais failli me faire écraser par une voiture, tant j'étais sur un petit nuage.
La Fourmi avait fait un petit, Cours Gambetta, presque en face de l'ancien Eldorado, une salle à l'italienne démolie pour construire un immeuble. L'expérience n'a pas duré très longtemps, la décennie des années quatre-vint, en gros. Juste le temps d'y voir quelques films. Un jour d'un hiver particulièrement rigoureux, j'étais le seul client. Il faisait si froid qu'on y avait installé un radiateur d'appoint contre lequel je m'étais blotti. Aucun souvenir du film mais je me souviens bien de l'onglée que j'avais attrapée en rentrant chez moi, à quelques centaines de mètres seulement.
Depuis que j'ai déménagé, je ne passe plus guère devant La Fourmi. Par hasard, l'autre jour, en me rendant à mon cours d'allemand, j'ai pris la rue Pierre Corneille. Et là, stupéfaction : des travaux masquaient l'ancienne devanture ! La Fourmi aurait-elle disparu, comme les CNP lyonnais ? Un gros pincement au cœur, il a eu, le Calystee. Mais, en me renseignant à la pizzeria d'en face, j'ai appris qu'elle allait bientôt rouvrir. Le vieux propriétaire que j'ai toujours vu derrière son guichet à l'entrée a pris sa retraite et la salle a été récupérée par l'Institut Lumière. Alors là, grande joie, car la qualité sera préservée. Et je me suis promis de revenir plus souvent y faire un tour.
lundi 15 juin 2015
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Délivrance
Je ne sais pas si certains d'entre vous se souviennent du film de John Boorman, Délivrance, sorti en 1972. Il était l'adaptation d'un roman homonyme de James Dickey, paru en 1970 et qui avait obtenu en France le prix Médicis étranger.Ce film m'a laissé le souvenir d'une dureté incroyable pour ce qui s'y déroule. Je viens de lire le roman, tout aussi terrible, voire davantage, que le film.
Quatre amis prennent quelques jours de congé pour descendre la rivière Cahulawassee, en Géorgie. Ce qui ne devait être qu'une agréable équipée sportive se transforme bien vite en drame épouvantable. Attaqués par deux autochtones, dont le plus âgé se fera tuer, l'un sera violé, un autre abattu et le troisième grièvement blessé. Le dernier parviendra à sauver deux de ses compagnons en abattant celui qui les traque.
Outre l'action angoissante de cette double chasse à l'homme, l'intérêt de ce roman réside aussi dans son écriture, à la fois lente et nerveuse, avec de somptueuses descriptions, de la rivière, des ses rapides et de la falaise qui la domine. Encore une fois, les Éditions Gallmeister prouvent leur intelligence en publiant ce roman dont je conseille vivement la lecture.
(James Dickey, Délivrance. Ed. Gallmeister. Trad. de Jacques Mailhos.)
Quatre amis prennent quelques jours de congé pour descendre la rivière Cahulawassee, en Géorgie. Ce qui ne devait être qu'une agréable équipée sportive se transforme bien vite en drame épouvantable. Attaqués par deux autochtones, dont le plus âgé se fera tuer, l'un sera violé, un autre abattu et le troisième grièvement blessé. Le dernier parviendra à sauver deux de ses compagnons en abattant celui qui les traque.
Outre l'action angoissante de cette double chasse à l'homme, l'intérêt de ce roman réside aussi dans son écriture, à la fois lente et nerveuse, avec de somptueuses descriptions, de la rivière, des ses rapides et de la falaise qui la domine. Encore une fois, les Éditions Gallmeister prouvent leur intelligence en publiant ce roman dont je conseille vivement la lecture.
(James Dickey, Délivrance. Ed. Gallmeister. Trad. de Jacques Mailhos.)
samedi 13 juin 2015
Terreur
Je devais avoir autour de dix ans. Après la mort de ma grand-mère, j'avais rejoint le giron familial, au moment même de la naissance de ma plus jeune sœur. Nous habitions une ferme appartenant aux mines, vaste mais sans confort et, bien sûr, sans salle de bains.
Tout près, un ancien puits de mine, dont une partie était encore en activité. Le reste, crassier, début de galeries, murs en ruines, zones effondrées, constituait notre meilleur terrain de jeux, malgré la dangerosité et l'interdiction familiale. Mais mes parents travaillaient et, après l'école, nous étions à peu près libres comme l'air.
Au bord de la route, à la sortie du village, il y avait trois énormes cuves en métal, hautes de plusieurs dizaines de mètres. Je n'ai jamais su à quoi elles avaient servi, peut-être de système de refroidissement pour les machines. Tout cela a disparu aujourd'hui et quelques villas sont même venues s'installer dans les prés environnants.
Pour nous laver, nous avions l'évier, l'hiver, où mon père avait branché l'eau courante grâce au captage d'un puits. L'été, ma mère remplissait d'eau une grande bassine qu'elle plaçait dans le jardin. Le soir, l'eau était assez tiède pour que nous allions y patauger.
Et puis, un jour, je ne sais pas comment, nous eûmes l'autorisation d'utiliser la douche de la mine. Il fallait demander la clé dans un bureau. En tant qu'aîné, c'est à moi qu'incombait cette tâche. Même si je ne le montrais pas, j'étais terrorisé. Il fallait, pour parvenir au bureau, emprunter une coursive qui longeait une énorme machine, une sorte de compresseur trois fois plus haut que moi et qui vibrait sans cesse dans un bruit assourdissant. Mes muscles se tétanisaient chaque fois que je passais là. Sans doute devais-je aussi retenir ma respiration et accélérer le pas. Même processus au retour, pour rendre la clé.
Ensuite, il fallait descendre au sou-sol où se trouvait la douche. Une seule, au fond d'un couloir obscur et sale. Les murs de cette douche étaient gluants de graisse et, bien souvent, alors que nous avions fini de nous laver, il fallait recommencer, après avoir par mégarde effleuré la paroi. Mais le pire était que la douche se situait exactement sous le compresseur dont je viens de parler. Si l'on en entendait moins le bruit, on en percevait toujours la vibration.
Le manège dura des années, jusqu'à ce que mes parents déménagent et que nous ayons une vraie douche, pour nous tous seuls. Mais encore aujourd'hui, je me souviens de ma terreur, sans doute la plus grande de mon enfance.
Tout près, un ancien puits de mine, dont une partie était encore en activité. Le reste, crassier, début de galeries, murs en ruines, zones effondrées, constituait notre meilleur terrain de jeux, malgré la dangerosité et l'interdiction familiale. Mais mes parents travaillaient et, après l'école, nous étions à peu près libres comme l'air.
Au bord de la route, à la sortie du village, il y avait trois énormes cuves en métal, hautes de plusieurs dizaines de mètres. Je n'ai jamais su à quoi elles avaient servi, peut-être de système de refroidissement pour les machines. Tout cela a disparu aujourd'hui et quelques villas sont même venues s'installer dans les prés environnants.
Pour nous laver, nous avions l'évier, l'hiver, où mon père avait branché l'eau courante grâce au captage d'un puits. L'été, ma mère remplissait d'eau une grande bassine qu'elle plaçait dans le jardin. Le soir, l'eau était assez tiède pour que nous allions y patauger.
Et puis, un jour, je ne sais pas comment, nous eûmes l'autorisation d'utiliser la douche de la mine. Il fallait demander la clé dans un bureau. En tant qu'aîné, c'est à moi qu'incombait cette tâche. Même si je ne le montrais pas, j'étais terrorisé. Il fallait, pour parvenir au bureau, emprunter une coursive qui longeait une énorme machine, une sorte de compresseur trois fois plus haut que moi et qui vibrait sans cesse dans un bruit assourdissant. Mes muscles se tétanisaient chaque fois que je passais là. Sans doute devais-je aussi retenir ma respiration et accélérer le pas. Même processus au retour, pour rendre la clé.
Ensuite, il fallait descendre au sou-sol où se trouvait la douche. Une seule, au fond d'un couloir obscur et sale. Les murs de cette douche étaient gluants de graisse et, bien souvent, alors que nous avions fini de nous laver, il fallait recommencer, après avoir par mégarde effleuré la paroi. Mais le pire était que la douche se situait exactement sous le compresseur dont je viens de parler. Si l'on en entendait moins le bruit, on en percevait toujours la vibration.
Le manège dura des années, jusqu'à ce que mes parents déménagent et que nous ayons une vraie douche, pour nous tous seuls. Mais encore aujourd'hui, je me souviens de ma terreur, sans doute la plus grande de mon enfance.
vendredi 12 juin 2015
Prévoir...
Même si ma retraite ne date que de septembre 2013, cela va bientôt faire deux ans, en ce mois de juin, que j'ai donné mon dernier cours devant une classe. Je n'en reviens pas : deux ans qui ont filé à une allure vertigineuse...
Ma première surprise avait été la rapidité avec laquelle j'avais tourné la page. Moi qui m'étais beaucoup investi dans mon travail et dans ses à-côtés (six ans au conseil d'administration, par exemple, et dans une période particulièrement difficile pour cette instance), du jour au lendemain, je n'y ai plus pensé. J'aurais cru qu'il me manquerait bien davantage.
La deuxième avait été de constater que, même libre de mon emploi du temps, j'avais gardé longtemps l'habitude de faire les choses vite, comme pendant ma période d'activité. C'est sur la tombe de Pierre, je m'en souviens, que j'avais pris conscience de cela, en arrachant à tout allure les herbes qui y avaient poussé, alors que rien ne me pressait.
Une autre avait été de voir comment la question que je me répétais sans cesse auparavant : "Que vais-je faire de mes journées ?", était inutile. Aujourd'hui, j'en suis presque à penser l'inverse. J'ai l'impression de ne rien faire et pourtant mes jours ne sont pas assez longs. Heureusement que j'y ai adjoint une partie de mes nuits !
Car c'est peut-être cela qui me réjouit le plus dans la retraite : pour la première fois de ma vie, vivre à mon rythme. Me coucher quand bon me semble, me lever de même, sans mauvaise conscience, sans penser à l'opinion de mes voisins (ma vieille mamie est toujours surprise que je n'ai pas du tout les mêmes horaires qu'elle !).
On m'avait aussi dit : il faut préparer sa retraite. C'est faux. Être conscient bien sûr que les choses vont changer, qu'il y aura, une fois les jours de quasi euphorie passés, des aménagements à prévoir. Mais ne pas chercher à combler le manque par une accumulation d'activités dont la plupart, parce que choisies uniquement pour boucher les trous, s'avéreront bientôt encombrantes. Et d'ailleurs, préparer, c'est anticiper ses réactions. Or qui est capable de prévoir ces réactions ? Pas moi, en tout cas.
Je fréquente des gens actifs, et, bien que socialement non actif, je ne me sens pas inutile, à l'instar d'autres retraités que je connais et qui, eux aussi, font ce qui leur plaît. Et puis, qu'il est doux d'avoir le temps, pour soi, pour approfondir sa connaissance des autres, que l'on fréquentait déjà, que l'on a rencontrés nouvellement. Sur ce blog, un de mes libellés a été depuis le début "Des riens". Ce sont ces riens que je continue à cultiver, dans ce que j'écris, dans ce que je photographie, dans ce que je perçois des autres et qu'autrefois, j'avais tout juste le temps de remarquer.
Ma première surprise avait été la rapidité avec laquelle j'avais tourné la page. Moi qui m'étais beaucoup investi dans mon travail et dans ses à-côtés (six ans au conseil d'administration, par exemple, et dans une période particulièrement difficile pour cette instance), du jour au lendemain, je n'y ai plus pensé. J'aurais cru qu'il me manquerait bien davantage.
La deuxième avait été de constater que, même libre de mon emploi du temps, j'avais gardé longtemps l'habitude de faire les choses vite, comme pendant ma période d'activité. C'est sur la tombe de Pierre, je m'en souviens, que j'avais pris conscience de cela, en arrachant à tout allure les herbes qui y avaient poussé, alors que rien ne me pressait.
Une autre avait été de voir comment la question que je me répétais sans cesse auparavant : "Que vais-je faire de mes journées ?", était inutile. Aujourd'hui, j'en suis presque à penser l'inverse. J'ai l'impression de ne rien faire et pourtant mes jours ne sont pas assez longs. Heureusement que j'y ai adjoint une partie de mes nuits !
Car c'est peut-être cela qui me réjouit le plus dans la retraite : pour la première fois de ma vie, vivre à mon rythme. Me coucher quand bon me semble, me lever de même, sans mauvaise conscience, sans penser à l'opinion de mes voisins (ma vieille mamie est toujours surprise que je n'ai pas du tout les mêmes horaires qu'elle !).
On m'avait aussi dit : il faut préparer sa retraite. C'est faux. Être conscient bien sûr que les choses vont changer, qu'il y aura, une fois les jours de quasi euphorie passés, des aménagements à prévoir. Mais ne pas chercher à combler le manque par une accumulation d'activités dont la plupart, parce que choisies uniquement pour boucher les trous, s'avéreront bientôt encombrantes. Et d'ailleurs, préparer, c'est anticiper ses réactions. Or qui est capable de prévoir ces réactions ? Pas moi, en tout cas.
Je fréquente des gens actifs, et, bien que socialement non actif, je ne me sens pas inutile, à l'instar d'autres retraités que je connais et qui, eux aussi, font ce qui leur plaît. Et puis, qu'il est doux d'avoir le temps, pour soi, pour approfondir sa connaissance des autres, que l'on fréquentait déjà, que l'on a rencontrés nouvellement. Sur ce blog, un de mes libellés a été depuis le début "Des riens". Ce sont ces riens que je continue à cultiver, dans ce que j'écris, dans ce que je photographie, dans ce que je perçois des autres et qu'autrefois, j'avais tout juste le temps de remarquer.
jeudi 11 juin 2015
Eugenio
C'est comme ça qu'il s'appelait. Il était espagnol et vivait à Lyon, près de la Place Morand (que les non-lyonnais appellent de son vrai nom : Maréchal Lyautey). Yvon l'avait rencontré avant moi, mais lorsque je fis sa connaissance, j'eus l'heur de lui plaire.
Nous devînmes amants, naturellement, comme si cela allait de soi. Il était très beau et je ne comprenais pas qu'il s'intéresse à moi : grand, athlétique, sec. Une force rassurante. Basque d'origine, il s'était exilé chez nous parce que communiste, et Franco n'aimait pas ça.
J'avais un peu plus de vingt ans. Nous nous sommes vus pendant un an, peut-être deux, avant qu'il ne rentre au pays après la mort du dictateur. Ce n'était pas une histoire d'amour, de grand désir réciproque plutôt, mais cela aurait pu le devenir. Nous étions presque voisins, nous nous voyions régulièrement. Étrangement, je ne me souviens de rien, ni de son adresse, ni de à quoi ressemblait son appartement. Une sensation de plénitude, de grand bonheur physique seulement.
Un seul souvenir précis pourtant. Alors que nous nous promenions un dimanche, Cours de la Liberté, il me dit que l'homme qui marchait sur le trottoir d'en face avec quelques amis était Mikis Theodorakis. Devant mon air dubitatif, il me le présenta : Theodorakis était une des célébrités qui avaient, la veille, animé la fête du parti communiste espagnol à Lyon. Nous allâmes tous ensemble boire une bière dans un café de la Guillotière. J'étais muet de surprise mais partis déçu quand je m'aperçus que tout ce qui intéressait le musicien grec cet après-midi-là, c'était de trouver un cinéma porno.
Quand Eugenio regagna l'Espagne, nous passâmes une dernière soirée ensemble. Il avait au pays une fiancée. Il voulait se marier et avoir des enfants. Le premier, me dit-il, porterait mon prénom. Je ne l'ai jamais revu.
Autant en emporte le vent, mais que cette brise est agréable !
Pourquoi, ce soir, ce souvenirs me reviennent-ils à l'esprit ?
Nous devînmes amants, naturellement, comme si cela allait de soi. Il était très beau et je ne comprenais pas qu'il s'intéresse à moi : grand, athlétique, sec. Une force rassurante. Basque d'origine, il s'était exilé chez nous parce que communiste, et Franco n'aimait pas ça.
J'avais un peu plus de vingt ans. Nous nous sommes vus pendant un an, peut-être deux, avant qu'il ne rentre au pays après la mort du dictateur. Ce n'était pas une histoire d'amour, de grand désir réciproque plutôt, mais cela aurait pu le devenir. Nous étions presque voisins, nous nous voyions régulièrement. Étrangement, je ne me souviens de rien, ni de son adresse, ni de à quoi ressemblait son appartement. Une sensation de plénitude, de grand bonheur physique seulement.
Un seul souvenir précis pourtant. Alors que nous nous promenions un dimanche, Cours de la Liberté, il me dit que l'homme qui marchait sur le trottoir d'en face avec quelques amis était Mikis Theodorakis. Devant mon air dubitatif, il me le présenta : Theodorakis était une des célébrités qui avaient, la veille, animé la fête du parti communiste espagnol à Lyon. Nous allâmes tous ensemble boire une bière dans un café de la Guillotière. J'étais muet de surprise mais partis déçu quand je m'aperçus que tout ce qui intéressait le musicien grec cet après-midi-là, c'était de trouver un cinéma porno.
Quand Eugenio regagna l'Espagne, nous passâmes une dernière soirée ensemble. Il avait au pays une fiancée. Il voulait se marier et avoir des enfants. Le premier, me dit-il, porterait mon prénom. Je ne l'ai jamais revu.
Autant en emporte le vent, mais que cette brise est agréable !
Pourquoi, ce soir, ce souvenirs me reviennent-ils à l'esprit ?
mercredi 10 juin 2015
Feuilleter
L'un des avantages de la photo numérique, c'est qu'elle ne tient pas de place. Le disque dur de l'ordinateur est accueillant, voir un deuxième disque dur externe pour ceux qui, comme moi, en prennent beaucoup.
Avant-hier, par obligation, j'ai dû ressortir mes albums de photos argentiques qui remplissent deux étagères d'un placard. Photos de famille, de réunions entre amis, de fêtes à la campagne, de voyages avec le collège. Et immédiatement, j'ai été pris d'une grande angoisse.
D'abord face aux visages souriants d'êtres proches qui aujourd'hui sont sous terre et auxquels je tenais beaucoup. Je n'ai pu m'empêcher de compter souvent ce qu'il leur restait à vivre lorsque la photo a été prise. Nous ne le savions ni les uns ni les autres à l'époque. Aujourd'hui, moi seul le sais.
Peut-être plus déprimant encore (si les morts sont morts, ce n'est pas de leur fait), le nombre d'amis que l'on croyait proches, que l'on embrasse, avec qui l'on plaisante, et, qui un beau jour, ont disparu sans laisser d'adresse, sans jamais plus se manifester, ni par un mot gentil, ni par téléphone.
Au moins, sur disque dur, on peut ne voir que ce que l'on a envie de voir, sans feuilleter, sans tourner une à une les pages de la douleur ou de la désillusion.
Avant-hier, par obligation, j'ai dû ressortir mes albums de photos argentiques qui remplissent deux étagères d'un placard. Photos de famille, de réunions entre amis, de fêtes à la campagne, de voyages avec le collège. Et immédiatement, j'ai été pris d'une grande angoisse.
D'abord face aux visages souriants d'êtres proches qui aujourd'hui sont sous terre et auxquels je tenais beaucoup. Je n'ai pu m'empêcher de compter souvent ce qu'il leur restait à vivre lorsque la photo a été prise. Nous ne le savions ni les uns ni les autres à l'époque. Aujourd'hui, moi seul le sais.
Peut-être plus déprimant encore (si les morts sont morts, ce n'est pas de leur fait), le nombre d'amis que l'on croyait proches, que l'on embrasse, avec qui l'on plaisante, et, qui un beau jour, ont disparu sans laisser d'adresse, sans jamais plus se manifester, ni par un mot gentil, ni par téléphone.
Au moins, sur disque dur, on peut ne voir que ce que l'on a envie de voir, sans feuilleter, sans tourner une à une les pages de la douleur ou de la désillusion.
mardi 9 juin 2015
Annonce
Mon musée, mon petit musée à moi, mon musée tout près de chez moi, est fermé. Voilà pourquoi, depuis un moment, je ne reçois plus d'informations sur les manifestation qui s'y déroulent : le Musée des Moulages est en réfection. Statues entassées, pots de peinture et tutti quanti...
Ça n'empêche pas de jeter un petit coup d’œil par les hublots. Sinon, à quoi serviraient-ils, ces hublots ?
Ça n'empêche pas de jeter un petit coup d’œil par les hublots. Sinon, à quoi serviraient-ils, ces hublots ?
Confusions
Longtemps, je suis passé tout près, au bas de la colline, près de Miribel, intrigué par cette statue colossale que je prenais pour celle d'un moine. Longtemps, j'entendis évoquer cet endroit dont le nom : Le Marié, me surprenait. Pourquoi un moine serait-il surnommé ainsi ? Abélard serait-il passé par là ? Je mis des années à me rendre compte de mon erreur, de mes erreurs.
Il s'agit en fait d'une statue de la Vierge à l'enfant, Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, située sur un hameau de Miribel, dans l'Ain : le Mas Rillier. J'ai attendu jusqu'à aujourd'hui pour m'y rendre. La construction de cette statue, ainsi que celle du carillon adjacent, fut commencée en 1938 sur les ruines d'un ancien château. Elle fut inaugurée en 1941 (et le Carillon en 1947). Il s'agit de la plus haute statue religieuse de France, devançant avec ses 32,6 mètres, celles du Christ-Roi des Houches (25 m) du même architecte : Louis Mortamet), de la Vierge du Puy-en-Velay (16 m) et de la Vierge surmontant Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille (11,2 m). Son poids total est de 1500 tonnes (béton), fondations comprises (440 pour la statue elle-même).
La plus haute mais sans doute pas la plus belle. Son matériau de construction lui donne un aspect mastoc qui, vu de près, n'a rien d'élégant. Et le campanile où se loge le carillon n'est guère mieux, bien qu'inscrit aux Monuments historiques depuis 1993. Ses cloches ont une histoire un peu particulière : installées d'abord à Lille, dans le cadre de l'Exposition du Progrès Social en 1939, elles devaient y rester mais, devant l'avancée allemande, elles furent "rapatriées" en 1940 à la fonderie à Chambéry puis vendues et cachées à Miribel jusqu'à la Libération. Le premier carillonneur à les utiliser fut Maurice Lannoy, alors carillonneur à Douai. Aujourd'hui, ce carillon participe chaque année en juin au festival de Jazz "Swing sous les étoiles" qui se déroule sur l'esplanade.
Tout ces renseignements, je les ai eus sur Wikipédia, car sur place, rien ! Une pancarte indique un office du tourisme, qui, visiblement, n'existe pas ou plus. L'ensemble, quoique entretenu (des jardiniers à l’œuvre aujourd'hui), a l'aspect vieillot de ces anciens lieux fréquentés dont l'heure de gloire est passée (j'avais éprouvé la même sensation en revisitant, il y a quelques années, le Sanctuaire de Valfleury, dans la Loire).
En repartant, arrêt au hameau. Près de l'église, proprette et accueillante, un centre de pèlerinage bien vétuste lui aussi.
En regardant vers le bas, vue splendide sur le Parc de Miribel, les communes environnantes et, au loin, les tours de la Part-Dieu, à Lyon.
Il s'agit en fait d'une statue de la Vierge à l'enfant, Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, située sur un hameau de Miribel, dans l'Ain : le Mas Rillier. J'ai attendu jusqu'à aujourd'hui pour m'y rendre. La construction de cette statue, ainsi que celle du carillon adjacent, fut commencée en 1938 sur les ruines d'un ancien château. Elle fut inaugurée en 1941 (et le Carillon en 1947). Il s'agit de la plus haute statue religieuse de France, devançant avec ses 32,6 mètres, celles du Christ-Roi des Houches (25 m) du même architecte : Louis Mortamet), de la Vierge du Puy-en-Velay (16 m) et de la Vierge surmontant Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille (11,2 m). Son poids total est de 1500 tonnes (béton), fondations comprises (440 pour la statue elle-même).
La plus haute mais sans doute pas la plus belle. Son matériau de construction lui donne un aspect mastoc qui, vu de près, n'a rien d'élégant. Et le campanile où se loge le carillon n'est guère mieux, bien qu'inscrit aux Monuments historiques depuis 1993. Ses cloches ont une histoire un peu particulière : installées d'abord à Lille, dans le cadre de l'Exposition du Progrès Social en 1939, elles devaient y rester mais, devant l'avancée allemande, elles furent "rapatriées" en 1940 à la fonderie à Chambéry puis vendues et cachées à Miribel jusqu'à la Libération. Le premier carillonneur à les utiliser fut Maurice Lannoy, alors carillonneur à Douai. Aujourd'hui, ce carillon participe chaque année en juin au festival de Jazz "Swing sous les étoiles" qui se déroule sur l'esplanade.
Tout ces renseignements, je les ai eus sur Wikipédia, car sur place, rien ! Une pancarte indique un office du tourisme, qui, visiblement, n'existe pas ou plus. L'ensemble, quoique entretenu (des jardiniers à l’œuvre aujourd'hui), a l'aspect vieillot de ces anciens lieux fréquentés dont l'heure de gloire est passée (j'avais éprouvé la même sensation en revisitant, il y a quelques années, le Sanctuaire de Valfleury, dans la Loire).
En repartant, arrêt au hameau. Près de l'église, proprette et accueillante, un centre de pèlerinage bien vétuste lui aussi.
En regardant vers le bas, vue splendide sur le Parc de Miribel, les communes environnantes et, au loin, les tours de la Part-Dieu, à Lyon.
lundi 8 juin 2015
Dicton
Jusqu'à cette heure, pas une goutte de pluie à la Saint-Médard ! C'est bon signe pour le quarantième jour plus tard. De toute façon, la Saint-Barnabé était là pour lui couper le bé !
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Jeu des mots
Trois ou quatre lettres, et ça suffit. Comme les notes de musique qui ne sont que sept et se combinent à l'infini pour donner des symphonies, des cantates ou la chansonnette populaire qui nous trotte dans la tête, les lettres sautillent et jouent à nous tromper.
Prenons-en trois, deux voyelles et une consonne : A,I,M.
On voit apparaître l'ami, parce que c'était lui, parce que c'était moi, et le mai, le joli mai en barque sur le Rhin.
Ajoutons-leur le E. L'amie toujours mais aussi l'aimé, confusion des sentiments et des sexes, dont d'autres parlèrent mieux que moi.
Gardons-nous cependant d'en arriver à la maie qui risque de nous mettre dans le pétrin.
Prenons-en trois, deux voyelles et une consonne : A,I,M.
On voit apparaître l'ami, parce que c'était lui, parce que c'était moi, et le mai, le joli mai en barque sur le Rhin.
Ajoutons-leur le E. L'amie toujours mais aussi l'aimé, confusion des sentiments et des sexes, dont d'autres parlèrent mieux que moi.
Gardons-nous cependant d'en arriver à la maie qui risque de nous mettre dans le pétrin.
dimanche 7 juin 2015
La Confrérie des chasseurs de livres
Je viens de relire le billet que j'avais écrit à l'occasion de la lecture d'un autre roman de Raphaël Jerusalmy : Sauver Mozart. Mon "enthousiasme" était plutôt tiède. Je suis carrément resté froid face à ce nouvel opus du même auteur : La Confrérie des chasseurs de livres.
Il m'arrive parfois de penser à tout autre chose tout en continuant à suivre le texte au fil des pages. Généralement, cela ne dure pas et je me raccroche vite à l'histoire, quitte à revenir un peu en arrière pour comprendre. Pour ce roman, ce fut sans arrêt, tant l'histoire est emberlificotée et peu crédible : François Villon, libéré des geôles de Louis XI, en route pour la Terre Sainte afin de "récupérer" le testament du Christ...
Une histoire d'arroseur-arrosé, finalement, si j'ai bien compris. Mais que de complications pour en arriver là ! Et puis des ficelles d'écriture, dont une particulièrement agaçante : l'emploi récurant du participe présent que, personnellement, je n'aime pas trop. Mais si l'intrigue avait été captivante, je ne m'en serais sans doute pas aperçu !
( Raphaël Jerusalmy, La Confrérie des chasseurs de livres. Ed. Actes Sud.)
Il m'arrive parfois de penser à tout autre chose tout en continuant à suivre le texte au fil des pages. Généralement, cela ne dure pas et je me raccroche vite à l'histoire, quitte à revenir un peu en arrière pour comprendre. Pour ce roman, ce fut sans arrêt, tant l'histoire est emberlificotée et peu crédible : François Villon, libéré des geôles de Louis XI, en route pour la Terre Sainte afin de "récupérer" le testament du Christ...
Une histoire d'arroseur-arrosé, finalement, si j'ai bien compris. Mais que de complications pour en arriver là ! Et puis des ficelles d'écriture, dont une particulièrement agaçante : l'emploi récurant du participe présent que, personnellement, je n'aime pas trop. Mais si l'intrigue avait été captivante, je ne m'en serais sans doute pas aperçu !
( Raphaël Jerusalmy, La Confrérie des chasseurs de livres. Ed. Actes Sud.)
Orage
Minuit. Après une journée étouffante, l'orage gronde maintenant sur Lyon. Quelques gouttes qui sèchent déjà sur le sol trop chaud. Fenêtres ouvertes, un peu d'air fera du bien à l'intérieur. Déjà, le tonnerre s'éloigne, les éclairs ne zèbrent plus le ciel. Juste un petit cadeau.
J'aime l'orage, comme j'aime le loup, alors qu'ils font peur à tant de gens. "Le Bon Dieu joue aux boules", disait ma grand-mère ou alors, quand elle oubliait sa foi de cette époque un peu pudibonde : "Le Bon Dieu bat sa femme !". Le grondement du tonnerre m'entraîne chaque fois dans le même état que lorsque je vois filer un train éclairé dans la nuit. Une sorte de rêve d'ailleurs, du possible que l'on ne verra pas mais qui nous salue en passant.
Je n'ai pas sommeil.
J'aime l'orage, comme j'aime le loup, alors qu'ils font peur à tant de gens. "Le Bon Dieu joue aux boules", disait ma grand-mère ou alors, quand elle oubliait sa foi de cette époque un peu pudibonde : "Le Bon Dieu bat sa femme !". Le grondement du tonnerre m'entraîne chaque fois dans le même état que lorsque je vois filer un train éclairé dans la nuit. Une sorte de rêve d'ailleurs, du possible que l'on ne verra pas mais qui nous salue en passant.
Je n'ai pas sommeil.
samedi 6 juin 2015
Recette
Prenez d'abord une petite maison de maître, charmante derrière son jardin verdoyant, inattendue tant elle est discrète au fond de l'allée qui y conduit. Rosiers, chaises longues, vieilles galoches près de la porte le long desquelles pousse une mauvaise herbe... Tout invite au farniente dans ce lieu hors du temps. A côté de la maison, pourtant, un atelier où l'on s'active.
Prenez ensuite une ancienne collègue, artiste dans l'âme, et cinq de ses amis, tous passionnés de dessin. Installez-les dans l'atelier où ils travaillent certains soirs de la semaine, vidé aujourd'hui pour laisser place à leurs œuvres. Le "groupe des six" propose pendant trois jours une exposition de leurs travaux.
Prenez ces gens sympathiques, abordables, qui ne s'ennuient pas de grands mots qui font bien, qui vous reçoivent avec un grand verre d'eau fraîche bienvenu sous ce soleil. Certains dessins sont accrochés aux murs, d'autres attendent d'être feuilletés dans des cartons, un ou deux chevalets pour un ou deux tableaux.
Prenez des visiteurs, des amis, des voisins, des inconnus. Ils font un tour plus ou moins long, se renseignent sur la technique employée, sur le prix des modèles qui ont posé, évoquent pour certains des souvenirs communs : "Te souviens-tu de la nuit sans lumière sur la place de la vieille ville à Prague, Staromestské namesti, le soir de notre arrivée : une nuit violette, profonde, que tu avais restituée de tête à ton retour en France ?
Et surtout prenez du plaisir, car eux, les artistes, en ont visiblement pris et nous le font partager.
Prenez ensuite une ancienne collègue, artiste dans l'âme, et cinq de ses amis, tous passionnés de dessin. Installez-les dans l'atelier où ils travaillent certains soirs de la semaine, vidé aujourd'hui pour laisser place à leurs œuvres. Le "groupe des six" propose pendant trois jours une exposition de leurs travaux.
Prenez ces gens sympathiques, abordables, qui ne s'ennuient pas de grands mots qui font bien, qui vous reçoivent avec un grand verre d'eau fraîche bienvenu sous ce soleil. Certains dessins sont accrochés aux murs, d'autres attendent d'être feuilletés dans des cartons, un ou deux chevalets pour un ou deux tableaux.
Prenez des visiteurs, des amis, des voisins, des inconnus. Ils font un tour plus ou moins long, se renseignent sur la technique employée, sur le prix des modèles qui ont posé, évoquent pour certains des souvenirs communs : "Te souviens-tu de la nuit sans lumière sur la place de la vieille ville à Prague, Staromestské namesti, le soir de notre arrivée : une nuit violette, profonde, que tu avais restituée de tête à ton retour en France ?
Et surtout prenez du plaisir, car eux, les artistes, en ont visiblement pris et nous le font partager.
vendredi 5 juin 2015
Casa latina
C'est bien ce en quoi s'était transformé mon immeuble hier soir. Invité chez ma voisine sicilienne, j'y ai rencontré un galicien professeur d'espagnol, une napolitaine professeur d'italien et une française de parents piémontais professeur de français-langue étrangère.Tous des latins, bien vivants, et tous des enseignants !
Tout ce beau monde attendait la fin de l'année avec impatience, d'autant que, comme je l'ai connu moi-même, les salles où en ce moment ils surveillent divers examens ne sont ni climatisées ni vraiment protégées du soleil. Nous avons bien sûr parlé travail mais là n'était pas l'essentiel.
Autour d'un petit apéritif dînatoire typique des pays du sud, se mêlaient les conversations en français, en italien, en espagnol, parfois les trois à la fois, mais nous nous comprenions très bien. Il fut question du tempérament des lyonnais, jugés un peu froids par les autres (mais j'ai eu longtemps le même avis), des beautés âpres de la Sardaigne, de la douceur de l'Italie du nord (nous avons même longuement évoqué Cuneo, où j'avais des amis autrefois), du particularisme encore très marqué des différentes régions de la botte ou de la péninsule, de vin, de cuisine...
Il faudra qu'un jour, je pense à monter mon appareil photos chez Rosa, de chez qui la vue sur la ville est autrement intéressante que de mon deuxième étage.
Tout ce beau monde attendait la fin de l'année avec impatience, d'autant que, comme je l'ai connu moi-même, les salles où en ce moment ils surveillent divers examens ne sont ni climatisées ni vraiment protégées du soleil. Nous avons bien sûr parlé travail mais là n'était pas l'essentiel.
Autour d'un petit apéritif dînatoire typique des pays du sud, se mêlaient les conversations en français, en italien, en espagnol, parfois les trois à la fois, mais nous nous comprenions très bien. Il fut question du tempérament des lyonnais, jugés un peu froids par les autres (mais j'ai eu longtemps le même avis), des beautés âpres de la Sardaigne, de la douceur de l'Italie du nord (nous avons même longuement évoqué Cuneo, où j'avais des amis autrefois), du particularisme encore très marqué des différentes régions de la botte ou de la péninsule, de vin, de cuisine...
Il faudra qu'un jour, je pense à monter mon appareil photos chez Rosa, de chez qui la vue sur la ville est autrement intéressante que de mon deuxième étage.
jeudi 4 juin 2015
Trouvaille
Mais celle-ci, on me l'a racontée, elle n'est pas des Dupond(t), bien qu'elle en soit digne.
Un monsieur qui a mangé beaucoup trop de chips se retrouve avec un terrible mal de ventre et des flatulences intempestives. Il téléphone à son généraliste pour lui demander un rendez-vous en urgence:
- Vous comprenez,docteur, tout le monde dit que c'est très dangereux, le gaz de chips !
Un monsieur qui a mangé beaucoup trop de chips se retrouve avec un terrible mal de ventre et des flatulences intempestives. Il téléphone à son généraliste pour lui demander un rendez-vous en urgence:
- Vous comprenez,docteur, tout le monde dit que c'est très dangereux, le gaz de chips !
Momentini
- Il fait chaud, chaud... Une vraie canicule à Lyon. On tire les rideaux, on n'ouvre les fenêtres que très tard le soir, en priant les moustiques de bien vouloir aller faire un tour ailleurs. Bon, en même temps, on ne va tout de même pas se plaindre !
- Une gamine me bouscule tout à l'heure, dans la rue, et c'était elle la plus en colère ! Bien sûr, son Aïe-je-ne-sais-pas-quoi a failli lui échapper des mains. Et sans lui, sans doute, elle n'est plus rien. Ça m'émeut beaucoup, cette dépendance aux accessoires !
- Une fille du cours d'allemand me colle sérieusement. L'autre jour, elle m'a confié avoir rompu avec son mec et rechercher quelqu'un de plus vieux qu'elle. Bonne chasse ! J'ai presque l'âge d'être son grand-père... Elles ne doutent de rien, ces jeunesses !
- Repassé devant le magasin du cours Gambetta où je comptais faire une moisson de fautes d'orthographe. Las ! Aucune nouvelle affichette n'en comportait. Mais qui les a prévenus ? Et je fais comment, moi, maintenant ?
- Une gamine me bouscule tout à l'heure, dans la rue, et c'était elle la plus en colère ! Bien sûr, son Aïe-je-ne-sais-pas-quoi a failli lui échapper des mains. Et sans lui, sans doute, elle n'est plus rien. Ça m'émeut beaucoup, cette dépendance aux accessoires !
- Une fille du cours d'allemand me colle sérieusement. L'autre jour, elle m'a confié avoir rompu avec son mec et rechercher quelqu'un de plus vieux qu'elle. Bonne chasse ! J'ai presque l'âge d'être son grand-père... Elles ne doutent de rien, ces jeunesses !
- Repassé devant le magasin du cours Gambetta où je comptais faire une moisson de fautes d'orthographe. Las ! Aucune nouvelle affichette n'en comportait. Mais qui les a prévenus ? Et je fais comment, moi, maintenant ?
mercredi 3 juin 2015
Hammam
En fin d'année, ma sœur m'avait offert une séance de soins corporels (hammam, gommage, long massage) dans un établissement de Lyon, proche de l'opéra. Ce jour-là, la clientèle était mixte. En fait peu de monde en début d'après-midi : quelques couples, visiblement des habitués. L'un d'entre ces couples, la trentaine, engage la conversation avec moi : effectivement, ils viennent régulièrement.
L'endroit est spacieux, sur trois étages, et décoré d'un bric-à-brac dont il est difficile de définir le style, plutôt mauresque dans l'ensemble. Les employées sont uniquement des femmes. Ce sera bien la première fois que je me ferai masser par une femme !
Pour débuter, long séjour dans les bains de vapeur, l'un vaste, à température supportable, l'autre plus petit et beaucoup plus chaud. Mais les vasques et les coupelles sont là pour se rafraîchir. Au bout de 3/4 d'heure, on vient me chercher pour le gommage. Un peu trop vite fait à mon goût mais le frottement du gant de crin sur ma peau est agréable. Je redoute toujours ce moment car l'on a vraiment l'impression d'être sale tant le gommage enlève de peaux mortes. Mais là, rien : retrouverai-je mon corps de jeune homme ?
Après un petit passage dans la chambre de repos vient le moment du massage. On me demande d'enlever mon maillot de bain et de revêtir un string jetable dont l'aspect unisexe me gêne un peu mais la masseuse n'a pas l'air de s'en formaliser. Presqu'une heure de massage relaxant, des pieds à la tête. J'adore ça ! Nous bavardons avec la jeune fille, une marseillaise récemment arrivée à Lyon, qui m'assure que les hommes sont bien moins pénibles que les femmes, même si certains voudraient parfois saisir l'occasion pour s'adonner à un autre type d'activité. Avec moi, elle n'a rien à craindre !
La séance se termine par un thé à la menthe offert par la maison. Lorsque je me retrouve dehors, je plane, même si la fatigue se fait sentir. Et je sens bon l'huile parfumée qui hydrate mon corps. Merci, ma sœur !
L'endroit est spacieux, sur trois étages, et décoré d'un bric-à-brac dont il est difficile de définir le style, plutôt mauresque dans l'ensemble. Les employées sont uniquement des femmes. Ce sera bien la première fois que je me ferai masser par une femme !
Pour débuter, long séjour dans les bains de vapeur, l'un vaste, à température supportable, l'autre plus petit et beaucoup plus chaud. Mais les vasques et les coupelles sont là pour se rafraîchir. Au bout de 3/4 d'heure, on vient me chercher pour le gommage. Un peu trop vite fait à mon goût mais le frottement du gant de crin sur ma peau est agréable. Je redoute toujours ce moment car l'on a vraiment l'impression d'être sale tant le gommage enlève de peaux mortes. Mais là, rien : retrouverai-je mon corps de jeune homme ?
Après un petit passage dans la chambre de repos vient le moment du massage. On me demande d'enlever mon maillot de bain et de revêtir un string jetable dont l'aspect unisexe me gêne un peu mais la masseuse n'a pas l'air de s'en formaliser. Presqu'une heure de massage relaxant, des pieds à la tête. J'adore ça ! Nous bavardons avec la jeune fille, une marseillaise récemment arrivée à Lyon, qui m'assure que les hommes sont bien moins pénibles que les femmes, même si certains voudraient parfois saisir l'occasion pour s'adonner à un autre type d'activité. Avec moi, elle n'a rien à craindre !
La séance se termine par un thé à la menthe offert par la maison. Lorsque je me retrouve dehors, je plane, même si la fatigue se fait sentir. Et je sens bon l'huile parfumée qui hydrate mon corps. Merci, ma sœur !
mardi 2 juin 2015
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Retour en enfance
Hier soir, sur Arte, Le Tigre du Bengale, de Fritz Lang (1958) (suivi du Tombeau hindou). Premier film que, de ma vie, j'ai vu au cinéma (à moins que ce ne soit Sous le plus grand chapiteau du monde ? En tout cas, quel que soit l'ordre, ce sont les deux premiers). Je devais avoir six ans, et, ce qui est drôle, c'est qu'il m'a ensuite fallu attendre plusieurs années, jusqu'à mon adolescence, pour retourner dans les salles.
De l'action, des paysages, de la couleur plein l'écran, des palais de maharadjas, des invraisemblances, des gentils, des méchants, de l'amour, de la traîtrise, de éléphants bien dressés, des acteurs qui en rajoutent dans le glamour... Bref, tout ce qui fait le bon vieux cinéma de divertissement où, à aucun moment, l'on ne se prend la tête, même si l'on n'y croit pas un instant.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, je me souvenais de certaines scènes : le tigre pris au piège, bien sûr, mais aussi le coup de feu que tire le héros sur le soleil, les crocodiles qui dévorent le traître, et, plus que tout, le tour de magie où la servante de la danseuse finit transpercée par les épées du fakir ?
Des scènes exclusivement violentes donc. Alors, fallait-il ne pas m'emmener si jeune voir ce film ? En fait, si ces scènes m'ont impressionné (au sens où elles se sont imprimées dans ma mémoire), elles ne m'ont visiblement pas traumatisé et ce sont bien elles qui m'ont donné l'envie de revoir ce film. La seule question que je me pose et à laquelle je n'aurai jamais de réponse, c'est qui a bien pu avoir l'idée de m'emmener voir du Fritz Lang. Quelqu'un de goût sans doute !
De l'action, des paysages, de la couleur plein l'écran, des palais de maharadjas, des invraisemblances, des gentils, des méchants, de l'amour, de la traîtrise, de éléphants bien dressés, des acteurs qui en rajoutent dans le glamour... Bref, tout ce qui fait le bon vieux cinéma de divertissement où, à aucun moment, l'on ne se prend la tête, même si l'on n'y croit pas un instant.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, je me souvenais de certaines scènes : le tigre pris au piège, bien sûr, mais aussi le coup de feu que tire le héros sur le soleil, les crocodiles qui dévorent le traître, et, plus que tout, le tour de magie où la servante de la danseuse finit transpercée par les épées du fakir ?
Des scènes exclusivement violentes donc. Alors, fallait-il ne pas m'emmener si jeune voir ce film ? En fait, si ces scènes m'ont impressionné (au sens où elles se sont imprimées dans ma mémoire), elles ne m'ont visiblement pas traumatisé et ce sont bien elles qui m'ont donné l'envie de revoir ce film. La seule question que je me pose et à laquelle je n'aurai jamais de réponse, c'est qui a bien pu avoir l'idée de m'emmener voir du Fritz Lang. Quelqu'un de goût sans doute !
lundi 1 juin 2015
Une âme de collectionneur.
Une amie me disait récemment que j'étais un collectionneur dans l'âme. Elle tirait cette conclusion de souvenirs communs et de certaines suites de billets écrits ici, par exemple sur la latin ou, dernièrement, sur les églises romanes.
Suis-je vraiment un collectionneur dans l'âme ? Je n'ai fait dans ma vie que trois collections : d'abord une de timbres, qui m'a beaucoup instruit en me faisant découvrir jeune des sites de France ou d'ailleurs avant que je n'en visite certains. Même si je garde encore certains timbres trouvés sur du courrier (mais qui écrit encore des lettres aujourd'hui ?), elle dort depuis longtemps dans des albums ou des boîtes au fond de mes placards.
Ensuite une collection d'annonciations qui, elle, m'a permis de mieux appréhender l'art de la peinture auquel je n'étais que peu sensible dans mes jeunes années. Coloris, détails, humour parfois, j'ai peu à peu acquis grâce à elle un œil mieux exercé, plus attentif et sans doute plus exigeant. Est-ce elle qui m'a amené à cet amour immodéré de la photographie qui me tient ? Peut-être.
Enfin, une collections de boîtes d'allumettes que j'ai jetée lors de mon dernier déménagement il y a vingt-quatre ans. Je la regrette à peine, ne m'y étant jamais vraiment intéressé et parce que, culturellement, elle ne m'apportait rien.
C'est tout. Je pourrais aussi avoir la passion des objets mais ne l'ai pas. Bien sûr, je suis attaché à tel ou tel, comme tout le monde, je pense, mais lorsque, pour des raisons x ou y, il a fallu que je me débarrasse de certains, j'ai toujours constaté qu'une fois le pas franchi, non seulement je ne les regrettais pas mais je n'y pensais même plus. Mon appartement, suite à des décès dans ma famille, est encombré de choses inutiles mais je les vois à peine. J'ai jeté dernièrement des tas de photographies de sites visités ou de personnes connues autrefois. Sans un soupir.
Alors, suis-je un collectionneur ? Je ne crois pas. Ou alors un collectionneur de souvenirs. Mais là, difficile de jeter. En revanche lorsque cette amie me dit aussi que je suis un jouisseur, alors oui, je suis d'accord avec elle.
Suis-je vraiment un collectionneur dans l'âme ? Je n'ai fait dans ma vie que trois collections : d'abord une de timbres, qui m'a beaucoup instruit en me faisant découvrir jeune des sites de France ou d'ailleurs avant que je n'en visite certains. Même si je garde encore certains timbres trouvés sur du courrier (mais qui écrit encore des lettres aujourd'hui ?), elle dort depuis longtemps dans des albums ou des boîtes au fond de mes placards.
Ensuite une collection d'annonciations qui, elle, m'a permis de mieux appréhender l'art de la peinture auquel je n'étais que peu sensible dans mes jeunes années. Coloris, détails, humour parfois, j'ai peu à peu acquis grâce à elle un œil mieux exercé, plus attentif et sans doute plus exigeant. Est-ce elle qui m'a amené à cet amour immodéré de la photographie qui me tient ? Peut-être.
Enfin, une collections de boîtes d'allumettes que j'ai jetée lors de mon dernier déménagement il y a vingt-quatre ans. Je la regrette à peine, ne m'y étant jamais vraiment intéressé et parce que, culturellement, elle ne m'apportait rien.
C'est tout. Je pourrais aussi avoir la passion des objets mais ne l'ai pas. Bien sûr, je suis attaché à tel ou tel, comme tout le monde, je pense, mais lorsque, pour des raisons x ou y, il a fallu que je me débarrasse de certains, j'ai toujours constaté qu'une fois le pas franchi, non seulement je ne les regrettais pas mais je n'y pensais même plus. Mon appartement, suite à des décès dans ma famille, est encombré de choses inutiles mais je les vois à peine. J'ai jeté dernièrement des tas de photographies de sites visités ou de personnes connues autrefois. Sans un soupir.
Alors, suis-je un collectionneur ? Je ne crois pas. Ou alors un collectionneur de souvenirs. Mais là, difficile de jeter. En revanche lorsque cette amie me dit aussi que je suis un jouisseur, alors oui, je suis d'accord avec elle.
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