jeudi 21 novembre 2024
Vous en voulez d'autres ?
Il peut désigner le linge ayant recouvert son visage (la Sainte-Face) et le linceul ayant servi à envelopper son corps après sa mort. Le mot "suaire" est dérivé du latin sudarium (dérivé de sudare, suer) pour désigner un mouchoir servant à essuyer la sueur du visage. Ensuite, il désigne le linge qui recouvre le visage du défunt.
- suaire de Turin
- suaire de Compiègne
- suaire de Besançon
- suaire de Cadouin
- suaire de Chambéry
- suaire de Lierre (Belgique)
- suaire d'Oviedo (Espagne)
Sans compter la Sainte Face (ou voile de Véronique) : Milan, Rome Italie), Jaén (Espagne)
Retour sur les reliques
En 1214, le monastère avait acquis un linceul, apporté ici après la première croisade et que l'on disait être le linceul qui enveloppait la tête de Jésus. S'ensuivirent plus de 700 ans de pèlerinage, agrémentés de quelques miracles.
Cette affirmation a été réfutée au début du XXème siècle, quand il est prouvé que le linceul a des origines du 11ème siècle. Il s'agit en fait s'une étoffe musulmane. Des doutes sont émis sur son authenticité dès 1901 et une expertise linguistique est menée en 1933 à l'initiative du révérend père S.J. Francez avec l'aide de l'orientaliste G. Wiett, directeur du musée arabe du Caire. L'inscription, brodée sur la trame du tissu, dit en effet : "Mahomet est l'envoyé d'Allah ; Ali est l'ami d'Allah ; que la bénédiction divine soit sur eux deux et sur leurs familles."
Le pèlerinage est immédiatement interrompu par l'évêque de Périgueux et de Sarlat. S.J. Francez publie ses travaux en 1935. L’expertise montre en outre que le tissage est orné de bandes de tapisserie de soie insérées, portant des inscriptions en caractères coufiques, reprenant notamment la proclamation musulmane solennelle " Bismillâh Ar-Raḥmân Ar-Raḥîm", qui apparaît au début de chaque sourate du Coran. L'inscription fait ensuite allusion à Al-Musta'li, calife en Égypte de 1095 à 1101, et à Al-Afdhal Abu-l-Qâsim Shahanshah, qui fut son vizir de 1094 à 1121. Ces éléments permettent de situer le tissage du linge entre le début du règne de Musta'li et la prise de Jérusalem par les Croisés en 1098. Mais ces inscriptions de l'époque fatimide en font un exemplaire unique de tissu de cette époque.
Moyen
- la série que je regarde : moyenne (il m'arrive même de m'endormir devant)
- le temps : moyen (pire aujourd'hui)
- le moral : moyen (avec l'humidité et le verglas, pas de virées prévues)
- le courage : moyen (j'aurais pourtant de ménage à faire)
Le moyen de remonter ?
mercredi 20 novembre 2024
Pas moins de quatre têtes pour Saint Jean-Baptiste
À Munich, au Musée de la Résidence, un reliquaire abriterait lui aussi la tête de Jean le Baptiste. Cette relique fait partie d’une vaste collection autrefois détenue par Guillaume V de Bavière et par son fils Maximilien Ier. Selon le musée, le pape aurait donné à Guillaume V la permission d’acquérir des reliques en 1577, mais on ignore si cette tête sainte en particulier est véritablement entrée en sa possession.
San Silvestro in Capite, basilique catholique de Rome, prétend détenir le haut du crâne de Jean le Baptiste, sans la mâchoire. Au 9e siècle, l’église devint un lieu de conservation de reliques de saints et de martyrs des catacombes romaines et la tête de Jean le Baptiste serait l’une des nombreuses reliques présentes sur le site depuis la fin du 12e siècle au moins.
La quatrième tête de Jean le Baptiste est l’une des pierres angulaires de la cathédrale d’Amiens. Elle est arrivée par une route relativement empruntée au Moyen Âge : quand Walon de Sarton, prêtre officiant dans une église de Picardie, revint de croisade en 1206, il rapporta avec lui plusieurs reliques saintes, et notamment la tête de Jean le Baptiste qu’il aurait trouvée à Constantinople. Une balafre au-dessus du sourcil droit du crâne donna du crédit aux affirmations de Walon de Sarton, car Hérodiade avait infligé une blessure comparable au visage du martyr. En 1206, Walon de Sarton remit la tête à l’évêque Richard de Gerberoy. Quand la cathédrale telle que nous la connaissons fut achevée bien des années plus tard, le chef de Jean le Baptiste servit de pièce centrale dans le nouvel édifice ; une nécessité étant donné que dès 787, l’Église avait décrété que "tout évêque surpris à consacrer une église sans reliques devait être déposé comme quelqu’un qui a bafoué les traditions ecclésiastiques". La présence du chef de Jean le Baptiste à Amiens était non seulement essentielle, mais ce fut également une aubaine pour l’église locale. En possession d’une relique aussi estimée, Amiens devint un important lieu de pèlerinage ainsi qu’un endroit visité par des membres de l’élite sociale.
Décollation de saint Jean-Baptiste (1608), Le Caravage |
Et pourquoi pas la peinture ? (304)
Rachel (XIX°), Prosper Guérin |
Garçon cuisinier (XIX°), Théodule Ribot |
Chaumière près de l'étang (XIX°), Théodore Rousseau |
L'atelier à Perpignan (1943), Raoul Dufy |
Sans titre (1981), Pierre Soulages |
La villa Médicis, façade sur jardin (XVII°) Claude Nattiez |
Allégorie de l'air, dit L'Oiseleur (XVII°), Peter van Mol |
La décollation de saint Jean-Baptiste (1616), Martin Faber |
Le Dessinateur (XVIII°), Giuseppe Nogari |
Village en feu sous un orage la nuit (1758), Henry d'Arles |
mardi 19 novembre 2024
In and out
- Lanrent Blanc, footballeur, 1965
- Richard Virenque, coureur cycliste, 1969
- Jodie Foster, actrice, 1962
- Patrick de Carolis, journaliste, 1953
- Hervé Claude, journaliste, 1945
- Calvin Klein, couturier, 1942
- Indira Gandhi, femme politique, 1917
- Gene Tierney, actrice, 1920
- Ferdinand de Lesseps, homme d'affaires 1805
Out : morts un 19 novembre :
-Franz Schubert, compositeur, 1828
- Nicolas Poussin, peintre, 1665
- Robert Escarpit, écrivain et journaliste, 2000
lundi 18 novembre 2024
Parfums
Il y a quelques années, dans la rue, j'ai senti le parfum qu'avait l'habitude de mettre une de mes institutrices. Je n'ai jamais su ce que c'était. Un parfum légèrement musqué dont ses habits étaient imprégnés. Le visage de cette femme m'est revenu (je devais avoir six ou set ans), de même que la salle de classe dans cette cabane tout près d'un crassier. Tout au fond, le seau d'eau pour se laver les mains et celui de l'eau à boire. Peut-être nous rompions-nous parfois ... Aujourd'hui, ce parfum ne doit plus être en vente, car je ne l'ai plus jamais senti.
Une autre odeur qui me fait chaque rêver, l'est celle du sui n des moutons. J'aimais, avant qu'il ne soit tondus, fourrer mon visage dans la laine et respirer longuement cette chaleur. Là, me reviennent le pré de ma grand-mère, avec sa boutasse et son puits tout en bas, le crassier que le bornait, les chélidoines et leur suc jaune que s'échappait lorsqu'on en brisait la tige, et, bien sûr, les livres que j'emportais, cachés dans mon pantalon, et que je lisais lorsque j'étais hors de vue de mon père. Je me souviens en particulier des Enfants du Capitaine Grant.
L'autre odeur est plus récente : celle de la salle de clase où j'enseignais. A la fin des grandes vacances, alors qu'elle était encore vide, j'y entrais par plaisir. Malgré les produits d'entretien de celui qui l'avait nettoyée, j'arrivais encore à y percevoir, subtile, l'odeur de la craie et du tableau noir que je n'ai jamais voulu échanger pour un autre tableau plus "moderne". Alors me revenaient les frimousses des élèves de l'année précédente, la place de chacun, décidée par moi, les raclements des chaises sur le carrelage et la sonnerie stridente qui annonçait la fin du cours. Et le brouhaha de ceux qu'on libérait.
Et je ne peux sentir les roses (hélas, elles ne sentent plus guère) sans me revoir, enfant, sous la tonnelle au fond de notre jardin. Elle était couverte de vieilles roses foisonnantes que butinaient les insectes au plus fort de l'été. Quand j'étais en vacances et qu'on ne m'avait pas attribué d'une tâche, le m'y installais sur un banc de fonte un peu bancal et me plongeais dans la lecture. Ici, c'est Les Trois Mousquetaires qui remonte. Et puis, en face de moi, il y avait le vieil acacia sur lequel il était interdit de monter pour ne pas se blesser, et, lorsque j'en avais assez des roses, je m'en rapprochais pour m'enivrer du parfum de ses fleurs. Un jour, je me suis même endormi à son ombre et je suis rentré à la maison d'un pas d'homme saoul.
Ma jeunesse est passé depuis longtemps mais, en évoquant tout cela, comme je me sens jeune ...
dimanche 17 novembre 2024
La madeleine du dimanche matin.
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint- Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse: ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l'appréhender? (…)
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann
samedi 16 novembre 2024
Automne
Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise
Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises
Guillaume Apollinaire, Alcools.