Hier soir, fête pour le départ prochain de ma voisine sicilienne. Il y avait là deux français, un espagnol, un italien et une grosse dizaine d'italiennes, de tout les coins de la botte et alentours : Sicile, Campanie, Pouilles, Calabre, Émilie Romagne, Vénétie, Piémont, etc, mais pas de romaine.
A peine étions-nous arrivés qu'un gros orage éclate : tonnerre, éclairs et même grêle. L'apéro avait été installé dans le jardin. Rapatriement rapide à l'intérieur. Mais vite, le soleil est revenu. Ma voisine ne s'attendait pas du tout à cette soirée. Il y a eu des chants (en sicilien, donc, je n'ai rien compris), du théâtre, de la musique et de quoi manger et boire largement.
J'y ai retrouvé Carmen qui, malgré son prénom, est sicilienne, elle aussi, une jeune fille en Master d'archéologie, avec qui j'ai beaucoup d'atomes crochus. Nous avons d'ailleurs échangé nos numéros de téléphone afin de ne pas nous perdre de vue.
Bonne soirée donc, un peu mélancolique parfois puisque Bruna s'en va.
jeudi 30 juin 2016
mardi 28 juin 2016
dimanche 26 juin 2016
Les Pierres
Mais où vont-ils chercher tout ça ? C'est la question que je me pose chaque fois que je termine un roman japonais. Et c'est chaque fois loin de cacher un jugement négatif.
Dans Les Pierres, Hikaru Okuizumi nous raconte une histoire prenante comme un mauvais rêve dont on ne parvient pas à s'extraire. Histoire d'une famille dont la mère deviendra folle, un des fils sera assassiné, l'autre abattu comme dissident, et le père se perdra dans l'étude des pierres et des fossiles. Le tout sur fond de souvenirs de guerre et d'une conversation au creux d'une caverne qui décidera du destin de ce père et de tout ceux qui l'entourent. Sans que jamais l'on ait la moindre explication logique de ce drame. Étonnant et passionnant.
(Hikaru Okuizumi, Les Pierres. Ed. Actes Sud. Trad. de Rose-Marie Makino-Fayolle.)
Dans Les Pierres, Hikaru Okuizumi nous raconte une histoire prenante comme un mauvais rêve dont on ne parvient pas à s'extraire. Histoire d'une famille dont la mère deviendra folle, un des fils sera assassiné, l'autre abattu comme dissident, et le père se perdra dans l'étude des pierres et des fossiles. Le tout sur fond de souvenirs de guerre et d'une conversation au creux d'une caverne qui décidera du destin de ce père et de tout ceux qui l'entourent. Sans que jamais l'on ait la moindre explication logique de ce drame. Étonnant et passionnant.
(Hikaru Okuizumi, Les Pierres. Ed. Actes Sud. Trad. de Rose-Marie Makino-Fayolle.)
samedi 25 juin 2016
Les vacances de ma voisine
Depuis longtemps, ma vieille voisine m'avait demandé de la remmener dans ce magasin à la sortie de Lyon où, il y a quatre ou cinq ans, elle avait acheté une chaise longue qui maintenant menaçait ruine. Mais voilà : trop de pluie, temps trop chaud, maux de dos avaient fait reporter cet achat à une date indéterminée.
Aujourd'hui, soleil et gros nuages mais petit vent rafraichissant : nous voilà partis après quelques hésitations de sa part. Et, dès les fesses posées sur le siège de ma voiture, la vieille dame s'est transformée en petite fille : "J'ai l'impression d'être en vacances" m'a-t-elle dit plusieurs fois. Ainsi que "Comme ce quartier a changé !" ou bien "Mais où somme-nous ?" ou bien encore : "Nous venions souvent par là avec mon mari autrefois..."
C'était un plaisir de la voir heureuse, ressuscitant, elle qui aime bouger et qui ne le peut plus guère. Du coup, après l'achat de la chaise longue, nous avons fait plusieurs magasins, pas pour acheter, juste pour le plaisir. "Non, non, je ne crains pas la clim." "Tiens, c'est la période des soldes ! Allons voir par là.". "Dommage, il n'ont pas ma pointure, sinon, je me serais bien laissé tenter par cette paire de pantoufles !". "Toutes ces voitures ! C'est vrai, c'est samedi !".
Plus heureuse, ma mamie, dans la banlieue lyonnaise, que la plupart des élèves que j'emmenais en Grèce ou en Italie! Plus émerveillée par ce qu'elle découvrait qu'eux devant l'Acropole ou les temples de Paestum ! Et voilà comment ce que je considérais un peu comme un pensum s'est transformé pour elle en festivité, pour moi, en plaisir de la voir si rayonnante.
Aujourd'hui, soleil et gros nuages mais petit vent rafraichissant : nous voilà partis après quelques hésitations de sa part. Et, dès les fesses posées sur le siège de ma voiture, la vieille dame s'est transformée en petite fille : "J'ai l'impression d'être en vacances" m'a-t-elle dit plusieurs fois. Ainsi que "Comme ce quartier a changé !" ou bien "Mais où somme-nous ?" ou bien encore : "Nous venions souvent par là avec mon mari autrefois..."
C'était un plaisir de la voir heureuse, ressuscitant, elle qui aime bouger et qui ne le peut plus guère. Du coup, après l'achat de la chaise longue, nous avons fait plusieurs magasins, pas pour acheter, juste pour le plaisir. "Non, non, je ne crains pas la clim." "Tiens, c'est la période des soldes ! Allons voir par là.". "Dommage, il n'ont pas ma pointure, sinon, je me serais bien laissé tenter par cette paire de pantoufles !". "Toutes ces voitures ! C'est vrai, c'est samedi !".
Plus heureuse, ma mamie, dans la banlieue lyonnaise, que la plupart des élèves que j'emmenais en Grèce ou en Italie! Plus émerveillée par ce qu'elle découvrait qu'eux devant l'Acropole ou les temples de Paestum ! Et voilà comment ce que je considérais un peu comme un pensum s'est transformé pour elle en festivité, pour moi, en plaisir de la voir si rayonnante.
vendredi 24 juin 2016
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Finir en musique ?
J'ai entendu à la radio un gériatre évoquer le recours à la musique afin d'atténuer la douleur pour les grands malades en fin de vie. Un soin palliatif en quelque sorte qui, paraît-il, donne de très bons résultats.
C'est sans doute une excellente idée. Pourtant, j'ai pensé à ce moment-là au film de Richard Fleicher, Soleil vert, sorti en 1973, avec Charlton Heston et Edward G. Robinson, film d'anticipation que j'avais vu alors et qui m'avait beaucoup marqué. particulièrement la mort de Thorn (Robinson) sous forme d'euthanasie en musique : le vieillard, en écoutant un extrait de la Pastorale, la 6° symphonie de Beethoven, voit défiler sur un grand écran les images de ce qu'était la terre autrefois, une nature splendide, des paysages d'une beauté à couper le souffle, des animaux sauvages en pleine liberté.
Ainsi donc, il semblerait que la réalité rejoigne la fiction, comme elle l'a déjà fait pour le roman d'Orwell 1984. Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle !
C'est sans doute une excellente idée. Pourtant, j'ai pensé à ce moment-là au film de Richard Fleicher, Soleil vert, sorti en 1973, avec Charlton Heston et Edward G. Robinson, film d'anticipation que j'avais vu alors et qui m'avait beaucoup marqué. particulièrement la mort de Thorn (Robinson) sous forme d'euthanasie en musique : le vieillard, en écoutant un extrait de la Pastorale, la 6° symphonie de Beethoven, voit défiler sur un grand écran les images de ce qu'était la terre autrefois, une nature splendide, des paysages d'une beauté à couper le souffle, des animaux sauvages en pleine liberté.
Ainsi donc, il semblerait que la réalité rejoigne la fiction, comme elle l'a déjà fait pour le roman d'Orwell 1984. Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle !
jeudi 23 juin 2016
Momentini
- Chaleur étouffante aujourd'hui à Lyon, encore augmentée par des travaux de voirie, des manifestations qui passent, la circulation automobile et la réverbération sur le mur blanc de mon immeuble. J'ai tout mis au noir dans l'appartement, pour conserver un semblant de fraîcheur le plus longtemps possible.
- L'appartement du sixième a été vendu et est en travaux. Les nouveaux occupants : un couple de trentenaires sans enfants ("pour l'instant" a rajouté la nièce des anciens propriétaires). Bizarrement, depuis que je suis là, soit 25 ans, il n'y en a jamais eu un seul.
- Ma voisine et amie sicilienne repart définitivement dans son île au mois de juillet. Je la regretterai, et surtout ces petits moments de conversations que nous avions en italien. Avec d'autres méditerranéens, nous allons lui faire la surprise de fêter ça dans quelques jours. Bien sûr, j'ai récupéré son adresse là-bas, car j'ai bien l'intention de retourner un jour fréquenter ces rivages.
- J'ai enfin pu réserver une visite à Lascaux 2 pour notre séjour en Dordogne. Je l'ai fait par ordinateur (c'est la première année que c'est possible). Ça n'a pas vraiment été aisé mais on évite ainsi une attente de plusieurs heures.
Arte a programmé chaque prochaine semaine un western d'Anthony Mann. Déjà vu Winchester 73. Toujors le même plaisir. A bon entendeur.
- L'appartement du sixième a été vendu et est en travaux. Les nouveaux occupants : un couple de trentenaires sans enfants ("pour l'instant" a rajouté la nièce des anciens propriétaires). Bizarrement, depuis que je suis là, soit 25 ans, il n'y en a jamais eu un seul.
- Ma voisine et amie sicilienne repart définitivement dans son île au mois de juillet. Je la regretterai, et surtout ces petits moments de conversations que nous avions en italien. Avec d'autres méditerranéens, nous allons lui faire la surprise de fêter ça dans quelques jours. Bien sûr, j'ai récupéré son adresse là-bas, car j'ai bien l'intention de retourner un jour fréquenter ces rivages.
- J'ai enfin pu réserver une visite à Lascaux 2 pour notre séjour en Dordogne. Je l'ai fait par ordinateur (c'est la première année que c'est possible). Ça n'a pas vraiment été aisé mais on évite ainsi une attente de plusieurs heures.
Arte a programmé chaque prochaine semaine un western d'Anthony Mann. Déjà vu Winchester 73. Toujors le même plaisir. A bon entendeur.
Arrivederci amore
Ce sont les derniers mots de ce roman noir, très noir, de Massimo Carlotto dont j'avais déjà lu Le Maître des nœuds.
Entre les premières phrases du livre et eux, des dizaines de cadavres, des policiers véreux, des femmes plus ou moins rangées, dont certaines aussi dangereuses que les hommes, des notaires peu regardants, toute une faune qui semble gangrener l'Italie du nord, de Milan à la Vénétie, où se déroule l'intrigue.
L'auteur ne s'embarrasse guère de longues phrases, d'analyses psychologiques ou de descriptions interminables. Tout est glauque et pourri dans ce monde souvent nocturne. Cela m'a davantage fait penser à un film américain par la rapidité et l'efficacité de l'action, sauf qu'ici, point de gentils, que des méchants, et surtout pas de happy end moralisateur. Comme si le soleil avait soudain déserté la botte.
(Massimo Carlotto, Arrivederci amore. Ed. Métailié. Trad. de Laurent Lombard.)
Entre les premières phrases du livre et eux, des dizaines de cadavres, des policiers véreux, des femmes plus ou moins rangées, dont certaines aussi dangereuses que les hommes, des notaires peu regardants, toute une faune qui semble gangrener l'Italie du nord, de Milan à la Vénétie, où se déroule l'intrigue.
L'auteur ne s'embarrasse guère de longues phrases, d'analyses psychologiques ou de descriptions interminables. Tout est glauque et pourri dans ce monde souvent nocturne. Cela m'a davantage fait penser à un film américain par la rapidité et l'efficacité de l'action, sauf qu'ici, point de gentils, que des méchants, et surtout pas de happy end moralisateur. Comme si le soleil avait soudain déserté la botte.
(Massimo Carlotto, Arrivederci amore. Ed. Métailié. Trad. de Laurent Lombard.)
mercredi 22 juin 2016
J'apprends la musique
Le père :
- Ça te dirait de chanter quelque chose ?
L'enfant :
- A capella ?
Le père :
- Ben non, ici !
- Ça te dirait de chanter quelque chose ?
L'enfant :
- A capella ?
Le père :
- Ben non, ici !
Fluidité
Les fleuves, c'est comme les trains, ils passent, en cachant leur mystère. Celui qui les regarde ne sait rien de ce qu'ils transportent. Parfois, un bout de bois poli s'accroche à la berge comme un passager sans billet que l'on a débarqué. N'importe où, loin de son attache. Il restera là, incongru, un moment, avant de reprendre son voyage.
Les vaches, dans les prés, ne les contemplent plus. Par milliers, on les a enfermées sur un plateau où ne passent ni fleuve ni train. Alors, indifférents, ils s'en vont. Parfois un éclair de lumière sur la vitre ou sur l'onde et le reflet des arbres, le reflet des êtres, vite aperçu, vite oublié.
Berceuse de la roue, berceuse de la vague, musique de nos nuits quand le sommeil s'en va. Compagnons de la lune, inventeurs de nos rêves et le matin arrive qui les a oubliés.
Les vaches, dans les prés, ne les contemplent plus. Par milliers, on les a enfermées sur un plateau où ne passent ni fleuve ni train. Alors, indifférents, ils s'en vont. Parfois un éclair de lumière sur la vitre ou sur l'onde et le reflet des arbres, le reflet des êtres, vite aperçu, vite oublié.
Berceuse de la roue, berceuse de la vague, musique de nos nuits quand le sommeil s'en va. Compagnons de la lune, inventeurs de nos rêves et le matin arrive qui les a oubliés.
lundi 20 juin 2016
Que disent les vieux livres ?
Les vieux livres ont tous une histoire. Elle se laisse parfois deviner dans les traces laissées de leur passé. Certains seraient rebutés, voire dégoûtés par ces signes de vie passée. Ils me fascinent au contraire.
La page de garde a été arrachée : qu'y avait-on inscrit que l'on voulait ne pas divulguer à d'autres ? Un mot d'amour ou de tendresse pour un anniversaire ou un Noël d'antan ? Une adresse où, sans doute, aujourd'hui il n'y a plus personne ? Le nom d'un être cher dont on a dispersé les trésors ?
Un nom parfois, écrit à la main, que l'on s'essaie à déchiffrer sans que jamais le mystère en soit percé, parfois l'initiale du prénom qui ne dira pas s'il fut viril ou féminin et que l'on peut décliner, sans savoir si, dans ceux que l'on évoque, se cache celui de qui l'on appelait au repas et qui arrêtait en soupirant sa lecture.
Quelques pages marquées où l'on tentera de découvrir la pépite qui leur valut cet honneur, la phrase que l'autre a voulu ne pas oublier et qui, pourtant, le livre refermé, s'en est allée sombrer au fond de la mémoire, toujours présente et à jamais muette.
Un reste de café, renversé par mégarde au début de la sieste, gravé à tout jamais sur la page jaunie et qui, bientôt, disparaîtra dans la rouille du temps comme disparaissent sur la main les vieilles cicatrices que rien ne distingue plus des taches semées par les années.
Un spectre de parfum, à peine perceptible, que la page tournée libère une seconde, qui nous frôle la joue une dernière fois et se dissipe ensuite dans l'air de la chambre. On a beau revenir, tenter de le surprendre, il est déjà parti.
La page de garde a été arrachée : qu'y avait-on inscrit que l'on voulait ne pas divulguer à d'autres ? Un mot d'amour ou de tendresse pour un anniversaire ou un Noël d'antan ? Une adresse où, sans doute, aujourd'hui il n'y a plus personne ? Le nom d'un être cher dont on a dispersé les trésors ?
Un nom parfois, écrit à la main, que l'on s'essaie à déchiffrer sans que jamais le mystère en soit percé, parfois l'initiale du prénom qui ne dira pas s'il fut viril ou féminin et que l'on peut décliner, sans savoir si, dans ceux que l'on évoque, se cache celui de qui l'on appelait au repas et qui arrêtait en soupirant sa lecture.
Quelques pages marquées où l'on tentera de découvrir la pépite qui leur valut cet honneur, la phrase que l'autre a voulu ne pas oublier et qui, pourtant, le livre refermé, s'en est allée sombrer au fond de la mémoire, toujours présente et à jamais muette.
Un reste de café, renversé par mégarde au début de la sieste, gravé à tout jamais sur la page jaunie et qui, bientôt, disparaîtra dans la rouille du temps comme disparaissent sur la main les vieilles cicatrices que rien ne distingue plus des taches semées par les années.
Un spectre de parfum, à peine perceptible, que la page tournée libère une seconde, qui nous frôle la joue une dernière fois et se dissipe ensuite dans l'air de la chambre. On a beau revenir, tenter de le surprendre, il est déjà parti.
Tempo di Roma
Comment parler de ce roman sans le trahir ? Je l'ai encore dans la tête et je crois qu'il y restera longtemps, comme un des livres qui m'auront le plus marqué.
L'histoire en est irracontable, tant elle est complexe et simple à la fois. Le réduire à quelque résumé serait l’abimer et je ne le ferai pas. Une sorte de Recherche du temps perdu (ou retrouvé) dans les rues et les classes sociales de Rome, une analyse du souvenir comme chez Proust dont il adopte parfois la longueur de certaines phrases, avec un humour plus "prolétaire", une découverte de la maturation de l'homme à travers l'amour, évident ou non dit, sans que l'on sache lequel des deux l'a le plus imprégné. Une promenade dans cette ville que j'aime tant, avec, pour point d'orgue, la découverte de ce que l'on est.
(Alexis Curvers, Tempo di Roma. Ed. Robert Laffont.)
L'histoire en est irracontable, tant elle est complexe et simple à la fois. Le réduire à quelque résumé serait l’abimer et je ne le ferai pas. Une sorte de Recherche du temps perdu (ou retrouvé) dans les rues et les classes sociales de Rome, une analyse du souvenir comme chez Proust dont il adopte parfois la longueur de certaines phrases, avec un humour plus "prolétaire", une découverte de la maturation de l'homme à travers l'amour, évident ou non dit, sans que l'on sache lequel des deux l'a le plus imprégné. Une promenade dans cette ville que j'aime tant, avec, pour point d'orgue, la découverte de ce que l'on est.
(Alexis Curvers, Tempo di Roma. Ed. Robert Laffont.)
samedi 18 juin 2016
Manger les pissenlits par la racine
Au cimetière de Pierre, le menu est beaucoup plus varié pour tous ceux qui y sont enterrés. Depuis dix ans, je n'ai jamais vu un jardinier en activité, jamais, quelle que soit l'heure où je m'y rends. Selon l’honnêteté de ceux à qui j'en faisais la remarque (fleuriste à l'extérieur, garde à l'entrée,...), il m'a toujours été répondu des choses très différentes :
- ils ont beaucoup de travail et font chaque jour un secteur différent.
- ils sont très mal payés.
- ils pratiquent maintenant le désherbage écologique.
La plus sincère est certainement la suivante :
- pour pouvoir les rencontrer, il faudrait que vous veniez le matin à l'ouverture, mais soyez à l'heure car vint minutes après, ils sont déjà partis.
Chaque jour un secteur différent ? Quelques-unes des allées principales sont effectivement impeccables mais il ne faut certes pas s'en éloigner : après, c'est la jungle.
Beaucoup de travail ? Je veux bien mais quand le font-ils ?
Le désherbage écologique ? Cela consisterait-t-il à ne plus rien faire du tout ? D'ailleurs, en dix ans, je n'ai jamais vu la différence : désherbage chimique ou écologique, les broussailles y abondent et poussent en toute liberté.
J'ai voulu me plaindre, on m'a dit de m'adresser au service municipal concerné, à la mairie centrale. Mais on m'a vite précisé que d'autres l'avaient fait avant moi et que ça n'avait rien changé du tout.
Alors, j'ai eu une petite idée : prendre quelques photos et les envoyer au journal municipal qui publie toujours un ou deux des meilleurs clichés reçus. On parie qu'elles n'y apparaîtront jamais ?
- ils ont beaucoup de travail et font chaque jour un secteur différent.
- ils sont très mal payés.
- ils pratiquent maintenant le désherbage écologique.
La plus sincère est certainement la suivante :
- pour pouvoir les rencontrer, il faudrait que vous veniez le matin à l'ouverture, mais soyez à l'heure car vint minutes après, ils sont déjà partis.
Chaque jour un secteur différent ? Quelques-unes des allées principales sont effectivement impeccables mais il ne faut certes pas s'en éloigner : après, c'est la jungle.
Beaucoup de travail ? Je veux bien mais quand le font-ils ?
Le désherbage écologique ? Cela consisterait-t-il à ne plus rien faire du tout ? D'ailleurs, en dix ans, je n'ai jamais vu la différence : désherbage chimique ou écologique, les broussailles y abondent et poussent en toute liberté.
J'ai voulu me plaindre, on m'a dit de m'adresser au service municipal concerné, à la mairie centrale. Mais on m'a vite précisé que d'autres l'avaient fait avant moi et que ça n'avait rien changé du tout.
Alors, j'ai eu une petite idée : prendre quelques photos et les envoyer au journal municipal qui publie toujours un ou deux des meilleurs clichés reçus. On parie qu'elles n'y apparaîtront jamais ?
vendredi 17 juin 2016
Buffet ...... froid
J'ai hésité à écrire cet article, tant je ne veux pas tomber dans la répétition de cette antienne que j'exècre : c'était mieux avant ! Pourtant c'est bien ce que j'ai ressenti hier soir lors du buffet qui réunit traditionnellement en fin d'année les établissements de mon ancien centre scolaire. Six établissements autrefois unis par des actions, des espoirs, des rêves communs et une vie débordante, aujourd'hui simple juxtaposition hétéroclite à laquelle s'adjoindra pourtant un septième à la rentrée prochaine.
J'ai l'impression qu'aujourd'hui au collège (et dans l'ensemble du centre d'ailleurs) l'apparence compte davantage que le fond et l'intelligence pédagogique. On a remplacé l'ancien portail par un autre ajouré, donnant sur les parkings. Le grand escalier conduisant autrefois au couvent a été repeint, lui qui, tout le temps que je suis resté, n'a jamais connu un pinceau. On y voyait jadis les traces plus claires laissées par les tableaux que les sœurs y avaient accrochés et qui dorment sans doute aujourd'hui dans l'un des immenses greniers sous la charpente. Mais cette propreté et ses couleurs (gris et rouge éventreur) ne me touchent pas. Je leur préfère la tendresse de la patine et cette ostentation me choque à l'égal de ce que j'éprouvai un jour devant la façade trop restaurée d'un des palazzi de la place des Tortues à Rome.
A l'étage où je sévissais, les classes en face de la mienne ont été refaites. Elles ne sentent plus rien et s'offrent, impudiques, au regard par des parties vitrées donnant sur le couloir. Comme si, aujourd'hui, tout se jouait dans la transparence et le contrôle. La mienne n'a pas changé : les mêmes bureaux, bancals mais encore couverts des égratignures de générations d'élèves ennuyés ou révoltés, le même carrelage au sol avec sa déclivité au milieu, à l'endroit où jadis un mur séparait les chambres de deux pensionnaires, le même placard, au fond, où j'entreposais les livres d'une petite bibliothèque de prêt et que personne n'a déplacé d'un centimètre pas plus que l'étagère que j'y avais adjointe. Devant le tableau, un simple petit bureau auquel j'en avais rajouté un second pour le fouillis de mes cours. Comme si l'ambition professorale s'était depuis rétrécie. Je l'ai regardée une dernière fois, sans nostalgie, puisqu'elle aussi va être restaurée lors de ces vacances d'été.
A cause du temps menaçant, seul l'apéritif fut servi dehors, sous le cloître, après d'interminables discours dont, comme à l'accoutumée, je n'écoutai pas un mot. Pas de nouvelles retraites cette année mais la remise des palmes académiques à l'une des directrices, moment d'un grotesque achevé où l'on eut droit à ce qu'il faut bien appelé un chant(de louanges) faute d'autre mot et à un chœur brandissant de maigres palmes de plastique dignes des étalages du plus sordide des bazars qui rejoignaient dans le ridicule les poissons de même matière apparus dans une mise en scène récente d'Idoménée à l'opéra de Lyon.
Le repas eut lieu au gymnase où je n'ai jamais connu de contraste plus saisissant entre la boursouflure des noms donnés aux plats qui nous étaient servis, censés relever de la cuisine libanaise (à cause d'une coopération, que je découvrais pour l'occasion, avec le collège de Beyrouth où j'ai séjourné autrefois) - blancs de poulets trop secs et riz insipide suivis d'une crème parfumée à la rose dont la saveur m'a rappelé un déodorant bas de gamme - et la vétusté du lieu où l'on avait tenté de cacher les agrès et les tapis de caoutchouc derrière des décorations à pleurer.
Beaucoup de mes ancien(ne)s ami(e)s n'étaient pas là, l'une à cause d'un match de football se jouant à Lyon, l'autre prise par un spectacle, un autre par une déprime, une autre en chimiothérapie, la plupart sans doute indifférents à ce qui se passait ce soir-là. Seul l'ancien directeur général promenait sa silhouette de plus en plus efflanquée et son buste penché vers la terre, avec l'air d'un homme qui assisterait à l'effondrement de ses rêves. Les autres, présents et encore en activité, échangeaient sur des élèves que je ne connais plus ou des anecdotes que je ne pouvaient pas comprendre.
Puis on nous réunit dans la cour pour un feu d'artifices destiné à clore rapidement cette soirée (qui autrefois se prolongeait jusque tard dans la nuit), ce qui me confirma que tout, maintenant, était fait pour en mettre plein les yeux en oubliant les cœurs et les têtes. Je ne me suis pas attardé. En quittant le collège, j'avais la sensation de sortir d'un cirque où je refusais de jouer le rôle du clown triste.
J'ai l'impression qu'aujourd'hui au collège (et dans l'ensemble du centre d'ailleurs) l'apparence compte davantage que le fond et l'intelligence pédagogique. On a remplacé l'ancien portail par un autre ajouré, donnant sur les parkings. Le grand escalier conduisant autrefois au couvent a été repeint, lui qui, tout le temps que je suis resté, n'a jamais connu un pinceau. On y voyait jadis les traces plus claires laissées par les tableaux que les sœurs y avaient accrochés et qui dorment sans doute aujourd'hui dans l'un des immenses greniers sous la charpente. Mais cette propreté et ses couleurs (gris et rouge éventreur) ne me touchent pas. Je leur préfère la tendresse de la patine et cette ostentation me choque à l'égal de ce que j'éprouvai un jour devant la façade trop restaurée d'un des palazzi de la place des Tortues à Rome.
A l'étage où je sévissais, les classes en face de la mienne ont été refaites. Elles ne sentent plus rien et s'offrent, impudiques, au regard par des parties vitrées donnant sur le couloir. Comme si, aujourd'hui, tout se jouait dans la transparence et le contrôle. La mienne n'a pas changé : les mêmes bureaux, bancals mais encore couverts des égratignures de générations d'élèves ennuyés ou révoltés, le même carrelage au sol avec sa déclivité au milieu, à l'endroit où jadis un mur séparait les chambres de deux pensionnaires, le même placard, au fond, où j'entreposais les livres d'une petite bibliothèque de prêt et que personne n'a déplacé d'un centimètre pas plus que l'étagère que j'y avais adjointe. Devant le tableau, un simple petit bureau auquel j'en avais rajouté un second pour le fouillis de mes cours. Comme si l'ambition professorale s'était depuis rétrécie. Je l'ai regardée une dernière fois, sans nostalgie, puisqu'elle aussi va être restaurée lors de ces vacances d'été.
A cause du temps menaçant, seul l'apéritif fut servi dehors, sous le cloître, après d'interminables discours dont, comme à l'accoutumée, je n'écoutai pas un mot. Pas de nouvelles retraites cette année mais la remise des palmes académiques à l'une des directrices, moment d'un grotesque achevé où l'on eut droit à ce qu'il faut bien appelé un chant(de louanges) faute d'autre mot et à un chœur brandissant de maigres palmes de plastique dignes des étalages du plus sordide des bazars qui rejoignaient dans le ridicule les poissons de même matière apparus dans une mise en scène récente d'Idoménée à l'opéra de Lyon.
Le repas eut lieu au gymnase où je n'ai jamais connu de contraste plus saisissant entre la boursouflure des noms donnés aux plats qui nous étaient servis, censés relever de la cuisine libanaise (à cause d'une coopération, que je découvrais pour l'occasion, avec le collège de Beyrouth où j'ai séjourné autrefois) - blancs de poulets trop secs et riz insipide suivis d'une crème parfumée à la rose dont la saveur m'a rappelé un déodorant bas de gamme - et la vétusté du lieu où l'on avait tenté de cacher les agrès et les tapis de caoutchouc derrière des décorations à pleurer.
Beaucoup de mes ancien(ne)s ami(e)s n'étaient pas là, l'une à cause d'un match de football se jouant à Lyon, l'autre prise par un spectacle, un autre par une déprime, une autre en chimiothérapie, la plupart sans doute indifférents à ce qui se passait ce soir-là. Seul l'ancien directeur général promenait sa silhouette de plus en plus efflanquée et son buste penché vers la terre, avec l'air d'un homme qui assisterait à l'effondrement de ses rêves. Les autres, présents et encore en activité, échangeaient sur des élèves que je ne connais plus ou des anecdotes que je ne pouvaient pas comprendre.
Puis on nous réunit dans la cour pour un feu d'artifices destiné à clore rapidement cette soirée (qui autrefois se prolongeait jusque tard dans la nuit), ce qui me confirma que tout, maintenant, était fait pour en mettre plein les yeux en oubliant les cœurs et les têtes. Je ne me suis pas attardé. En quittant le collège, j'avais la sensation de sortir d'un cirque où je refusais de jouer le rôle du clown triste.
jeudi 16 juin 2016
Prêter l'oreille
Il y a dix ans hier mourait Raymond Devos, un de mes humoristes préférés car hors de tout débat ou caricature politiques et sachant manier la langue française jusqu'à lui faire dire ce qu'elle ne veut absolument pas dire, simplement en poussant la logique jusqu'à ses limites les plus comiques.
J'ai eu la chance de le voir sur scène, à la Comédie de Saint-Étienne, dans mon adolescence, un peu par hasard car son spectacle faisait partie de mon abonnement. Et le voir, c'est encore autre chose que d'écouter ses textes. C'était une sorte de clown-otarie, aussi fin d'esprit que lourd de corps, transpirant et pourtant virevoltant aussi gracieusement qu'une danseuse, jouant de divers instruments de musique dont sa célèbre harpe. J'avais été fasciné.
Un de ses mots, sans doute celui que je préfère : "J'ai beau prêter l'oreille à un sourd, il n'en entend pas mieux pour autant !"
J'ai eu la chance de le voir sur scène, à la Comédie de Saint-Étienne, dans mon adolescence, un peu par hasard car son spectacle faisait partie de mon abonnement. Et le voir, c'est encore autre chose que d'écouter ses textes. C'était une sorte de clown-otarie, aussi fin d'esprit que lourd de corps, transpirant et pourtant virevoltant aussi gracieusement qu'une danseuse, jouant de divers instruments de musique dont sa célèbre harpe. J'avais été fasciné.
Un de ses mots, sans doute celui que je préfère : "J'ai beau prêter l'oreille à un sourd, il n'en entend pas mieux pour autant !"
mercredi 15 juin 2016
Nick, Nora et Asta
Est-ce que l'un d'entre vous se rappelle cette série (on disait à l'époque feuilleton) qui, si je me souviens bien, est sortie en France dans les années soixante ? Je crois que le titre en était : Nick et Nora détectives. Elle alliait enquête policière et humour.
Je trouvais ces gens-là d'une classe folle, mais mon préféré, c'était le chien, Asta, un fox terrier qui était loin d'avoir une part secondaire dans le déroulement de l'intrigue.
Je trouvais ces gens-là d'une classe folle, mais mon préféré, c'était le chien, Asta, un fox terrier qui était loin d'avoir une part secondaire dans le déroulement de l'intrigue.
mardi 14 juin 2016
La 86
En rentrant du mariage dans le Gard, j'ai suggéré à Émile, plutôt que de prendre l'autoroute, de remonter par la Nationale 86, longeant le Rhône sur l'autre rive par rapport à la célèbre Nationale 7. Je l'ai toujours trouvée beaucoup plus belle et moins ennuyeuse. Et puis, en l'empruntant, c'est le livre de mes souvenirs que je relis page à page, des maisons où j'ai été heureux, autrefois.
La maison de Paul, d'abord, à Uzès, à l'ombre du château ducal, une maison étroite, une pièce à chaque étage sur trois niveaux. La vigne qui s'accrochait à la façade, la fenêtre de ma chambre donnant sur la garrigue à perte de vue, les concerts dans la cour de l’Évêché, le marché sur la place aux Herbes, les nuits douces sur la promenade Racine. Et les conversations sans fin avec Paul, vieux monsieur d'origine juive russe et autrichienne à la fois, traducteur de l'anglais et de l'italien, un peu auteur de romans policiers dans sa jeunesse. Paul qui m'a quitté un mois après Pierre.
La maison d'Amédé aussi, à Avignon, précédée d'une courette débordant de fleurs et de plantes, où il faisait frais, même en été, et d'où nous partions pour nos périples à Gordes, Sénanque, Silvacane, Arles, Montmajour. Les repas qu'il me préparait sans en avoir l'air, comme si la cuisine était un art facile. Les huîtres et les crustacés auxquels j'avais droit presqu'à chaque fois, parce qu'il savait que j'aimais ça. La dernière promenade, un jour, où je l'ai vu peiner dans la pente, sans savoir la gravité de son mal qu'il tenait à me cacher. Il est parti lui aussi, une semaine avant les vacances de février où je devais descendre le voir.
La maison de Kicou enfin, à Chavanay, plus près de Lyon, où j'ai connu les plus belles fêtes de ma vie. Son grand jardin d'où nous voyions le ruban miroitant du Rhône, en contrebas, et les pré-Alpes dans le lointain. Le saule pleureur qui abritait nos apéritifs, le vieil escalier de pierres branlantes qui menait du jardin à la cuisine, la cave voûtée où, aux anniversaires, nous buvions des litres de ponch en refaisant le monde et en oubliant notre âge, la chambre jaune, la chambre bleue, les sculptures de son père, la tête de Christ dont elle me fit don et qui est toujours dans ma chambre. La maladie a eu raison d'elle aussi, malgré son courage, malgré son amour de la vie.
Il y avait autrefois tout au long de la route des roses trémières qui me faisaient aimer ces voyages. Elles n'y sont plus aujourd'hui. Mes amis non plus.
La maison de Paul, d'abord, à Uzès, à l'ombre du château ducal, une maison étroite, une pièce à chaque étage sur trois niveaux. La vigne qui s'accrochait à la façade, la fenêtre de ma chambre donnant sur la garrigue à perte de vue, les concerts dans la cour de l’Évêché, le marché sur la place aux Herbes, les nuits douces sur la promenade Racine. Et les conversations sans fin avec Paul, vieux monsieur d'origine juive russe et autrichienne à la fois, traducteur de l'anglais et de l'italien, un peu auteur de romans policiers dans sa jeunesse. Paul qui m'a quitté un mois après Pierre.
La maison d'Amédé aussi, à Avignon, précédée d'une courette débordant de fleurs et de plantes, où il faisait frais, même en été, et d'où nous partions pour nos périples à Gordes, Sénanque, Silvacane, Arles, Montmajour. Les repas qu'il me préparait sans en avoir l'air, comme si la cuisine était un art facile. Les huîtres et les crustacés auxquels j'avais droit presqu'à chaque fois, parce qu'il savait que j'aimais ça. La dernière promenade, un jour, où je l'ai vu peiner dans la pente, sans savoir la gravité de son mal qu'il tenait à me cacher. Il est parti lui aussi, une semaine avant les vacances de février où je devais descendre le voir.
La maison de Kicou enfin, à Chavanay, plus près de Lyon, où j'ai connu les plus belles fêtes de ma vie. Son grand jardin d'où nous voyions le ruban miroitant du Rhône, en contrebas, et les pré-Alpes dans le lointain. Le saule pleureur qui abritait nos apéritifs, le vieil escalier de pierres branlantes qui menait du jardin à la cuisine, la cave voûtée où, aux anniversaires, nous buvions des litres de ponch en refaisant le monde et en oubliant notre âge, la chambre jaune, la chambre bleue, les sculptures de son père, la tête de Christ dont elle me fit don et qui est toujours dans ma chambre. La maladie a eu raison d'elle aussi, malgré son courage, malgré son amour de la vie.
Il y avait autrefois tout au long de la route des roses trémières qui me faisaient aimer ces voyages. Elles n'y sont plus aujourd'hui. Mes amis non plus.
lundi 13 juin 2016
Panne
Rien à vous raconter ce soir ! Vous avez des idées à me donner ? Tiens, juste quelques photos du mariage :
dimanche 12 juin 2016
Ma nuit chez Maryline
Après le mariage à la mairie, l'apéritif dans une cave vinicole et la soirée à la salle des fêtes, moments dont je ne retiendrai que le discours du maire, d'une puissance émotionnelle exceptionnelle, et un duo de guitares joué par un ami argentin et sa compagne, d'une qualité rare d'exécution, il fut temps d'aller se reposer les yeux et les oreilles.
C'est Maryline, une habitante du village, la soixantaine passée, qui nous hébergeait, Émile et moi, dans sa petite maison de village où je me sentis immédiatement bien : une avant-cour recouverte de glycine qui dut être foisonnante il y a quelques semaines, un vieil escalier de pierre, une minuscule terrasse où nous prendrions le petit déjeuner le lendemain matin (en fin de matinée tout de même) et des pièces vieillottes sur deux étages, remplies de livres, d'antiques bibelots et de souvenirs d'une vie.
Maryline : sourire, humour, le cœur sur la main, la lecture dans le cœur. Tout de suite, en la voyant, à la fois non conventionnelle et gentille (je sais, ce mot n'a plus bonne presse, mais pour moi, c'est une des plus grandes qualités), j'ai pensé à Plume : petite bonne femme pleine de vie et de soleil. Et puis, il y avait aussi un chat, mais j'en reparlerai.
Hélas, un seul lit pour Émile et moi, à partager. J'ai perdu l'habitude de dormir à deux et, en plus, Émile, la nuit, se masque le visage d'un appareil (pour moi) de torture lui évitant l’apnée du sommeil. Par chance, je m'endors vite : fatigue de la conduite, de la chaleur lourde de la journée, des longues stations debout (à la mairie et à la cave), des (quelques!) verres avalés dans la soirée.
Et une heure plus tard, j'ai les yeux grand ouverts. Plus question de dormir : je pressens quelques moustiques dans la chambre, Émile dort sur le dos, l'appareil à deux doigts de mon visage, à deux doigts de mon oreille sa respiration lourde et irrégulière, à deux doigts de mon nez son odeur un peu âcre de bonhomme trop enveloppé. J'essaie la respiration profonde, ça marche parfois, j'essaie les pensées moutonnières mais les moutons sont allés paître ailleurs cette nuit. J'essaie le verre d'eau et le petit pipi (pas dans le lit, en bas, au rez-de-chaussée), j'essaie le côté droit, j'essaie le côté gauche (ni ventre ni dos, ça ne marche jamais) : rien à faire ! J'essaie de secouer un peu Émile : autant tenter d'ébranler la muraille de Chine ! Pourtant, il faut que je dorme au moins quelques heures : je conduis demain pour le retour.
Et puis, tout à coup, alors que la patience s'en va, la lumière me vient : sans le remarquer spécialement, j'ai vu, j'en suis sûr, un petit canapé dans le salon du bas. Un peu trop court pour ma taille, pas très large non plus, mais avec quelques chaises à la tête, aux pieds et sur les côtés, ça devrait aller. Et ça va effectivement. En plus, cerise sur le gâteau, plus de bruits suspects de suceurs de sang, plus de souffles contrariés, humains ou mécaniques, et une relative fraîcheur. Je vais enfin dormir !
Pas longtemps : le chat a franchi sa chatière et, mécontent que je ne m'intéresse pas à lui, se met à pousser des miaulements d'abord destinés à m'apitoyer sur son sort puis plus visiblement impérieux. Les miaulements ne suffisant pas à m'amadouer, il invente d'autres moyens de me faire comprendre qu'il est là : balades dans le salon, en bousculant quelques bibelots, grattages intempestifs de je ne sais quoi. Non, tu ne m'auras pas ! Un moment de silence, j'en profite pour sombrer. Mais il remet ça plusieurs fois dans la nuit. Vous n'avez jamais eu envie, vous, de tuer un chat ? Moi si, cette nuit.
Après, quoi ? Je ne sais pas : je n'y étais plu. Morphée m'avait enfin recueilli. Et ce matin, au réveil, le soleil qui peu à peu traverse le feuillage de la glycine, les objets qui, imperceptiblement, sortent de l'ombre, un fond d'air parfumé aux bâtons d'encens brûlés les jours précédents, le silence retrouvé, uniquement agrémenté du bourdonnement des abeilles dans le jardin.
Même pas fatiguée, ma vieille carcasse ! Pourtant, une nuit chez Maryline, ça pourrait être éreintant !
C'est Maryline, une habitante du village, la soixantaine passée, qui nous hébergeait, Émile et moi, dans sa petite maison de village où je me sentis immédiatement bien : une avant-cour recouverte de glycine qui dut être foisonnante il y a quelques semaines, un vieil escalier de pierre, une minuscule terrasse où nous prendrions le petit déjeuner le lendemain matin (en fin de matinée tout de même) et des pièces vieillottes sur deux étages, remplies de livres, d'antiques bibelots et de souvenirs d'une vie.
Maryline : sourire, humour, le cœur sur la main, la lecture dans le cœur. Tout de suite, en la voyant, à la fois non conventionnelle et gentille (je sais, ce mot n'a plus bonne presse, mais pour moi, c'est une des plus grandes qualités), j'ai pensé à Plume : petite bonne femme pleine de vie et de soleil. Et puis, il y avait aussi un chat, mais j'en reparlerai.
Hélas, un seul lit pour Émile et moi, à partager. J'ai perdu l'habitude de dormir à deux et, en plus, Émile, la nuit, se masque le visage d'un appareil (pour moi) de torture lui évitant l’apnée du sommeil. Par chance, je m'endors vite : fatigue de la conduite, de la chaleur lourde de la journée, des longues stations debout (à la mairie et à la cave), des (quelques!) verres avalés dans la soirée.
Et une heure plus tard, j'ai les yeux grand ouverts. Plus question de dormir : je pressens quelques moustiques dans la chambre, Émile dort sur le dos, l'appareil à deux doigts de mon visage, à deux doigts de mon oreille sa respiration lourde et irrégulière, à deux doigts de mon nez son odeur un peu âcre de bonhomme trop enveloppé. J'essaie la respiration profonde, ça marche parfois, j'essaie les pensées moutonnières mais les moutons sont allés paître ailleurs cette nuit. J'essaie le verre d'eau et le petit pipi (pas dans le lit, en bas, au rez-de-chaussée), j'essaie le côté droit, j'essaie le côté gauche (ni ventre ni dos, ça ne marche jamais) : rien à faire ! J'essaie de secouer un peu Émile : autant tenter d'ébranler la muraille de Chine ! Pourtant, il faut que je dorme au moins quelques heures : je conduis demain pour le retour.
Et puis, tout à coup, alors que la patience s'en va, la lumière me vient : sans le remarquer spécialement, j'ai vu, j'en suis sûr, un petit canapé dans le salon du bas. Un peu trop court pour ma taille, pas très large non plus, mais avec quelques chaises à la tête, aux pieds et sur les côtés, ça devrait aller. Et ça va effectivement. En plus, cerise sur le gâteau, plus de bruits suspects de suceurs de sang, plus de souffles contrariés, humains ou mécaniques, et une relative fraîcheur. Je vais enfin dormir !
Pas longtemps : le chat a franchi sa chatière et, mécontent que je ne m'intéresse pas à lui, se met à pousser des miaulements d'abord destinés à m'apitoyer sur son sort puis plus visiblement impérieux. Les miaulements ne suffisant pas à m'amadouer, il invente d'autres moyens de me faire comprendre qu'il est là : balades dans le salon, en bousculant quelques bibelots, grattages intempestifs de je ne sais quoi. Non, tu ne m'auras pas ! Un moment de silence, j'en profite pour sombrer. Mais il remet ça plusieurs fois dans la nuit. Vous n'avez jamais eu envie, vous, de tuer un chat ? Moi si, cette nuit.
Après, quoi ? Je ne sais pas : je n'y étais plu. Morphée m'avait enfin recueilli. Et ce matin, au réveil, le soleil qui peu à peu traverse le feuillage de la glycine, les objets qui, imperceptiblement, sortent de l'ombre, un fond d'air parfumé aux bâtons d'encens brûlés les jours précédents, le silence retrouvé, uniquement agrémenté du bourdonnement des abeilles dans le jardin.
Même pas fatiguée, ma vieille carcasse ! Pourtant, une nuit chez Maryline, ça pourrait être éreintant !
vendredi 10 juin 2016
Silence, dans les rangs !
Demain, court périple dans le presque-sud pour assister au mariage de deux de mes amis. Ce sera le premier mariage homo (je n'aime pas le mot "gay") auquel j'assisterai. Quand ces deux amis m'ont annoncé la nouvelle, je n'ai pas manqué d'être surpris : ils vivent ensemble depuis plus de vingt ans. Que leur apportera ce changement ? Ils m'ont rassuré en évoquant le point de vue purement économique, voulant se protéger l'un l'autre des magouilles et des préjugés de leur famille respective. Bien. Je ne peux que les approuver, n'ayant pas oublié ce que j'ai vécu il y a une vingtaine d'années, et sur le plan financier, et sur le plan amical.
Pourtant, je suis toujours mal à l'aise avec ce mot "mariage". Prétendre avoir les mêmes droits que tout un chacun, certes. Il y a d'ailleurs longtemps que cela devrait être dans tout pays qui se dit démocratique. Mais pourquoi, pour y accéder, vouloir copier, singer les façons de faire du monde hétérosexuel ? Pourquoi ne pas avoir préféré à mariage le mot union, beaucoup moins connoté, il me semble. En écrivant, je vais sans doute passer pour rétrograde, mais tant pis. Je ne peux m'empêcher de penser que, telle quelle, cette revendication au "mariage" s'apparente pour moi à la globalisation, à la mondialisation, à la banalisation. Tous pareils et l'on sera heureux ! Fumisterie à laquelle je n'adhère pas. Je n'aime que les différences. Peut-être ne suis-je, après tout, qu'un anarchiste qui s'ignore (pas tant que ça pour être sincère).
Pourtant, je suis toujours mal à l'aise avec ce mot "mariage". Prétendre avoir les mêmes droits que tout un chacun, certes. Il y a d'ailleurs longtemps que cela devrait être dans tout pays qui se dit démocratique. Mais pourquoi, pour y accéder, vouloir copier, singer les façons de faire du monde hétérosexuel ? Pourquoi ne pas avoir préféré à mariage le mot union, beaucoup moins connoté, il me semble. En écrivant, je vais sans doute passer pour rétrograde, mais tant pis. Je ne peux m'empêcher de penser que, telle quelle, cette revendication au "mariage" s'apparente pour moi à la globalisation, à la mondialisation, à la banalisation. Tous pareils et l'on sera heureux ! Fumisterie à laquelle je n'adhère pas. Je n'aime que les différences. Peut-être ne suis-je, après tout, qu'un anarchiste qui s'ignore (pas tant que ça pour être sincère).
jeudi 9 juin 2016
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Façon de parler.
Tout à l'heure, j'entendais parler une vieille dame dont, en quelques minutes, plusieurs phrases ont commencé par "pendant la guerre". Et personne, bien sûr, ne lui demandait de quelle guerre il s'agissait. Tout le monde savait qu'elle faisait allusion à la deuxième guerre mondiale.
Alors, comme d'habitude, mon esprit s'est mis à vagabonder. Que disent les mots ? Que sous-entendent-ils ? Quelles références devons-nous avoir pour les comprendre ? Je ne parle pas de ceux qui changent de sens au fil des siècles mais de ceux qui restent et qui s'adaptent.
Ainsi, l'expression : "c'est parti comme en 14 !". Nous sommes pourtant en 2016, mais personne ne confondrait avec 2014, même s'il n'y a plus un seul survivant de la "Grande Guerre".
Mais, parfois, on commence à entendre "100 balles" pour "100 euros" et non plus pour "100 francs". Quand cette façon de parler va-t-elle de nouveau se généraliser ?
Vous allez me dire : tout cela, ce ne sont que des bricoles ! Eh bien voilà justement un mot qui n'a plus tout tout le même sens qu'à son origine. Au Moyen-Age, la bricole était une sorte de catapulte qui lançait des projectiles grâce à un balancier et pouvait faire de nombreux dégâts. Mais finalement l'étymologie explique l'expression actuelle.
Va pour l'évolution des mots. Mais ce que je n'admets que difficilement, ce sont certains emprunts à l'anglais qui changent totalement le sens du mot français d'origine. Par exemple le verbe "supporter"! Quoique ! Je peux dire que, dans les jours qui viennent, je vais supporter (mal !) toutes les équipes de la podosphère mondiale !
Alors, comme d'habitude, mon esprit s'est mis à vagabonder. Que disent les mots ? Que sous-entendent-ils ? Quelles références devons-nous avoir pour les comprendre ? Je ne parle pas de ceux qui changent de sens au fil des siècles mais de ceux qui restent et qui s'adaptent.
Ainsi, l'expression : "c'est parti comme en 14 !". Nous sommes pourtant en 2016, mais personne ne confondrait avec 2014, même s'il n'y a plus un seul survivant de la "Grande Guerre".
Mais, parfois, on commence à entendre "100 balles" pour "100 euros" et non plus pour "100 francs". Quand cette façon de parler va-t-elle de nouveau se généraliser ?
Vous allez me dire : tout cela, ce ne sont que des bricoles ! Eh bien voilà justement un mot qui n'a plus tout tout le même sens qu'à son origine. Au Moyen-Age, la bricole était une sorte de catapulte qui lançait des projectiles grâce à un balancier et pouvait faire de nombreux dégâts. Mais finalement l'étymologie explique l'expression actuelle.
Va pour l'évolution des mots. Mais ce que je n'admets que difficilement, ce sont certains emprunts à l'anglais qui changent totalement le sens du mot français d'origine. Par exemple le verbe "supporter"! Quoique ! Je peux dire que, dans les jours qui viennent, je vais supporter (mal !) toutes les équipes de la podosphère mondiale !
mercredi 8 juin 2016
Fenêtre sur cour
Après la nouvelle dont j'ai déjà parlé en la comparant avec le film d'Hitchcock, le livre de poche en présente cinq autres : Le Créateur, dont, hélas, on pressent la chute dès les premières pages, L'Idole des jeunes, proposant un étrange phénomène de télépathie, L'Engrenage, série de meurtres un peu outrée dont la chute, inattendue, est cette fois-ci d'un cynisme absolu.
Mais ce sont les deux autres qui m'ont le plus accroché : d'abord Le Cap triangulaire, histoire d'un philatéliste trop amoureux des timbres, et Un Plat qui se mange froid, ou comment élucider un meurtre dans un ascenseur. Dans les deux cas, c'est le grand art de Irish qui apparaît par la façon dont sont agencées ces histoires de vengeance à plus ou moins long terme. Je n'ai pas connaissance qu'elles aient jamais été adaptées pour le cinéma et c'est bien dommage car leur cruauté devrait isnpirer.
Mais ce sont les deux autres qui m'ont le plus accroché : d'abord Le Cap triangulaire, histoire d'un philatéliste trop amoureux des timbres, et Un Plat qui se mange froid, ou comment élucider un meurtre dans un ascenseur. Dans les deux cas, c'est le grand art de Irish qui apparaît par la façon dont sont agencées ces histoires de vengeance à plus ou moins long terme. Je n'ai pas connaissance qu'elles aient jamais été adaptées pour le cinéma et c'est bien dommage car leur cruauté devrait isnpirer.
mardi 7 juin 2016
lundi 6 juin 2016
Vous avez dit classique ?
Après avoir vu sur Arte le film Alceste à bicyclette, de Philippe Le Guay, avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson, j'ai eu aujourd'hui l'envie de me replonger un peu dans Molière, dans cette tirade d'Alceste, du Misanthrope. Une merveille, classique certes mais ô combien toujours d'actualité.
dimanche 5 juin 2016
Balade dominicale
Levé fort tard ce matin, suite à la fiesta organisée hier soir par deux amis pour leurs 101 ans (enfin, 50 et 51, sinon ça se serait fini plus vite, je pense). Temps un peu brumeux dans la tête mais, surprise, beau soleil dehors. Allez, on sort.
Direction la Saône pour voir où l'on en est de l'invasion aqueuse. C'est haut mais ça a déjà baissé.
Sur la rue Tramassac passe la ficelle.
Puis du côté de Saint-Georges, l'un des trois quartiers du Vieux Lyon (avec Saint-Jean et Saint-Paul), le plus délaissé par les touristes et pourtant le plus authentique.
Le musée des automates ne m'attire guère avec ses personnages de La Guerre des étoiles en vitrine. Dans l'église, on célèbre un office (traditionaliste sans doute puisque c'est leur lieu). Je ne m'attarde pas. Je musarde, souvent le nez en l'air pour apercevoir une très antique imposte, peut-être le Phénix renaissant de ses cendres, ou la marquise sauvegardée d'une vieille boucherie.
Une traboule ouverte : c'est rarissime. J'entre illico, d'autant que je ne la connais pas. Couloir, escaliers, cours intérieures et un panneau touristique m'expliquant l'historique des deux bâtisses, en particulier la présence des galeries de bois datant du Moyen-Age et uniques à Lyon.
Le beau temps aura duré le temps de ma balade. Déjà sur le Rhône s'amassent de lourds nuages... Mais plus un seul dans ma tête !
Direction la Saône pour voir où l'on en est de l'invasion aqueuse. C'est haut mais ça a déjà baissé.
Sur la rue Tramassac passe la ficelle.
Puis du côté de Saint-Georges, l'un des trois quartiers du Vieux Lyon (avec Saint-Jean et Saint-Paul), le plus délaissé par les touristes et pourtant le plus authentique.
Le musée des automates ne m'attire guère avec ses personnages de La Guerre des étoiles en vitrine. Dans l'église, on célèbre un office (traditionaliste sans doute puisque c'est leur lieu). Je ne m'attarde pas. Je musarde, souvent le nez en l'air pour apercevoir une très antique imposte, peut-être le Phénix renaissant de ses cendres, ou la marquise sauvegardée d'une vieille boucherie.
Une traboule ouverte : c'est rarissime. J'entre illico, d'autant que je ne la connais pas. Couloir, escaliers, cours intérieures et un panneau touristique m'expliquant l'historique des deux bâtisses, en particulier la présence des galeries de bois datant du Moyen-Age et uniques à Lyon.
Le beau temps aura duré le temps de ma balade. Déjà sur le Rhône s'amassent de lourds nuages... Mais plus un seul dans ma tête !
samedi 4 juin 2016
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
vendredi 3 juin 2016
Comparaison
D'habitude, entre l'original (fiction littéraire) et le film qui en a été tiré, je préfère toujours le roman. Je ne me souviens pas avoir un jour pensé l'inverse (sauf peut-être pour La Controverse de Valladolid, où j'ai également apprécié les deux versions). Eh bien, c'est fait.
Je viens de terminer la nouvelle de Cornell Woolrich (plus connu sous son pseudonyme de William Irish) : Fenêtre sur cour. Par rapport au film de Hitchcock, avec James Stewart et Grace Kelly, il n'y a pas photo ! Bien sûr, j'ai vu le film avant de lire la nouvelle, bien sûr la nouvelle est courte et donc trop vite lue pour pouvoir réellement s'imprégner. Mais ça n'explique pas tout. Il faut sans doute rajouter l'immense talent du grand Alfred !
Je viens de terminer la nouvelle de Cornell Woolrich (plus connu sous son pseudonyme de William Irish) : Fenêtre sur cour. Par rapport au film de Hitchcock, avec James Stewart et Grace Kelly, il n'y a pas photo ! Bien sûr, j'ai vu le film avant de lire la nouvelle, bien sûr la nouvelle est courte et donc trop vite lue pour pouvoir réellement s'imprégner. Mais ça n'explique pas tout. Il faut sans doute rajouter l'immense talent du grand Alfred !
jeudi 2 juin 2016
De l'à-propos
Comme je vois relativement peu les Dupond(t) ces temps-ci, il faut bien que j'aille chercher ailleurs pour alimenter mon esprit moqueur. Quoi de mieux que la télévision ! Et hier, sur une chaîne en info continue, j'ai trouvé ma pâture !
- A propos des inondations de Nemours suite à la cru du Loing : "Les pompiers ont été débordés !" Ils devraient venir à Lyon, boire un verre dans un "pied-humide" ! (Le pied-humide est une buvette au bord de l'eau à l'origine destinée aux mariniers du Rhône et de la Saône.)
- Sur la même chaîne, un des journalistes dépêchés à Nemours s'appelle...... Rivière ! Ça ne s'invente pas !
Cela m'a rappelé, il y a quelques années, le commentaire (tout à fait sérieux) d'un journaliste à propos d'une grève en Bretagne : "La grève des marins-pécheurs constitue pour l'économie une perte sèche qu'il sera difficile d'éponger." C'est ce qu'on appelle l'effet ricochet ?
Et puis, mais là, preuve d'intelligence, la remarque volontaire de Bruno Masure lors de l'alliance des écologistes allemands avec un autre parti : "Aujourd'hui, en Allemagne, les verts ne sont plus solitaires."
- A propos des inondations de Nemours suite à la cru du Loing : "Les pompiers ont été débordés !" Ils devraient venir à Lyon, boire un verre dans un "pied-humide" ! (Le pied-humide est une buvette au bord de l'eau à l'origine destinée aux mariniers du Rhône et de la Saône.)
- Sur la même chaîne, un des journalistes dépêchés à Nemours s'appelle...... Rivière ! Ça ne s'invente pas !
Cela m'a rappelé, il y a quelques années, le commentaire (tout à fait sérieux) d'un journaliste à propos d'une grève en Bretagne : "La grève des marins-pécheurs constitue pour l'économie une perte sèche qu'il sera difficile d'éponger." C'est ce qu'on appelle l'effet ricochet ?
Et puis, mais là, preuve d'intelligence, la remarque volontaire de Bruno Masure lors de l'alliance des écologistes allemands avec un autre parti : "Aujourd'hui, en Allemagne, les verts ne sont plus solitaires."
Deux Ans de vacances
Non, non, je n'ai pas gagné à un des ces jeux à la con de notre première chaîne de télévision où les taxations des appels téléphoniques couvrent largement les frais des cadeaux proposés ! Non, j'ai simplement lu Jules Verne.
Allais-je retrouver la joie et l'enthousiasme que j'éprouvais à sa lecture durant mon enfance ? Allais-je autant rêver sur les illustrations de la première édition Hetzel ? Eh bien oui, enfin presque.
Deux Ans de vacances n'est pas le plus connu des romans de Jules Verne mais ne manque pas de charme. Ici, le nantais reprend le thème bien connu de la robinsonnade (il fait d'ailleurs plusieurs fois allusion à Defoe) : suite à une farce qui tourne mal, quinze enfants de huit à quatorze ans se retrouvent échoués sur une île déserte où ils devront apprendre à s'organiser et à survivre. Tout se terminera bien, malgré l'apparition vers la fin de méchants qui essaieront de les éliminer.
Rien d'original donc, en tout cas aujourd'hui, mais quelle imagination, quel développement du récit, quelle précision dans la connaissance de la faune et de la flore des contrées antarctiques (même si je dois avouer, comme d'habitude avec Verne, avoir lu "en diagonale" quelques pages de ce goût là) !
Quelque chose cependant que je n'avais pas noté dans mon enfance : notre brave Jules n'était pas un réformiste et n'hésite pas ici à faire du seul enfant noir le serviteur des autres, ni à avouer, sur la fin du roman, que la femme est destinée à la cuisine, à la couture et à la consolation des enfants malades ! Mais n'était-ce pas, à son époque, les coutumes qui prévalaient ?
(Jules Verne, Deux Ans de vacances. Le Livre de Poche)
Allais-je retrouver la joie et l'enthousiasme que j'éprouvais à sa lecture durant mon enfance ? Allais-je autant rêver sur les illustrations de la première édition Hetzel ? Eh bien oui, enfin presque.
Deux Ans de vacances n'est pas le plus connu des romans de Jules Verne mais ne manque pas de charme. Ici, le nantais reprend le thème bien connu de la robinsonnade (il fait d'ailleurs plusieurs fois allusion à Defoe) : suite à une farce qui tourne mal, quinze enfants de huit à quatorze ans se retrouvent échoués sur une île déserte où ils devront apprendre à s'organiser et à survivre. Tout se terminera bien, malgré l'apparition vers la fin de méchants qui essaieront de les éliminer.
Rien d'original donc, en tout cas aujourd'hui, mais quelle imagination, quel développement du récit, quelle précision dans la connaissance de la faune et de la flore des contrées antarctiques (même si je dois avouer, comme d'habitude avec Verne, avoir lu "en diagonale" quelques pages de ce goût là) !
Quelque chose cependant que je n'avais pas noté dans mon enfance : notre brave Jules n'était pas un réformiste et n'hésite pas ici à faire du seul enfant noir le serviteur des autres, ni à avouer, sur la fin du roman, que la femme est destinée à la cuisine, à la couture et à la consolation des enfants malades ! Mais n'était-ce pas, à son époque, les coutumes qui prévalaient ?
(Jules Verne, Deux Ans de vacances. Le Livre de Poche)
mercredi 1 juin 2016
Trilogie
Bill Douglas (1934-1991) est un réalisateur écossais qui ne compte que quatre films à son actif, dont cette fameuse trilogie profondément inspirée par son enfance. Je n'avais jamais entendu parler de lui jusqu'à lundi soir où Arte a eu la bonne idée de donner à la suite ces trois courts films.Et là, ce fut un choc pour moi : Zola s'était invité chez Antonioni. C'est du moins l'impression qui m'est restée de cette soirée.
Zola par le cadre évoqué de ces mines proches d'Edimbourg, des habitations délabrées, par la cruauté et "l'immoralité" des rapports humains, y compris et surtout dans la proche famille de l'enfant. Antonioni par les silences fréquents, par l'épuration des moyens au profit de l'émotion, les plans fixes d'une beauté à couper le souffle, les ellipses narratives.
Beauté du noir et blanc, expressivité des visages rappellent les grands films muets et donnent à l'ensemble, tourné entre 1972 et 1978, un souffle poétique d'une incroyable puissance. Encore une fois, merci Arte.
Zola par le cadre évoqué de ces mines proches d'Edimbourg, des habitations délabrées, par la cruauté et "l'immoralité" des rapports humains, y compris et surtout dans la proche famille de l'enfant. Antonioni par les silences fréquents, par l'épuration des moyens au profit de l'émotion, les plans fixes d'une beauté à couper le souffle, les ellipses narratives.
Beauté du noir et blanc, expressivité des visages rappellent les grands films muets et donnent à l'ensemble, tourné entre 1972 et 1978, un souffle poétique d'une incroyable puissance. Encore une fois, merci Arte.
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