mercredi 17 novembre 2010

Place Belleville, Lyon 8°

Place Belleville, Lyon 8°. Un nom banal, vaguement parisien si l'on y tient; un arrondissement banal qui a peu à s'offrir en patrimoine. Un triangle assez vaste, délimité par la route de Vienne, l'école de la République et une rue sans intérêt bordée d'un grand immeuble immonde. Alors, pourquoi?

Pourquoi l'ai déjà autant photographiée? Pourquoi encore ce soir? Toujours sous le même angle. Pourquoi? Je ne sais ce qui m'attire dans cette place, ce qui fait que je ne peux passer à proximité sans la regarder, sans m'arrêter. Je l'ai prise en été, avec son acrobate du vélo qui, seul, tente des figures improbables; je l'ai prise après la pluie, au printemps, parsemée de pollen jaune qui faisait comme des fleurs sur le goudron; je l'ai prise en hiver, sous le gel, à différentes heures de la soirée, souvent déserte, toujours silencieuse.

Et chaque fois, pour moi, il s'en dégage le même mystère que je n'arrive pas à cerner. Cette place m'apaise, me fait chaud rien qu'à la voir. Pourquoi? Souvent d'ailleurs, je la regarde de l'autre côté, sans la piétiner, non par respect mais pour mieux l'observer, pour que son aura me parvienne entière. Trop près, ce sont les détails que je vois, pas l'ensemble: l'école austère et droite comme la troisième république (j'en imagine l'odeur des classes et des couloirs, et les derniers lavabos métalliques) où quelques parents parfois viennent récupérer leurs enfants tardivement; le gros œil lumineux de l'horloge; le kebab, à l'angle opposé dont l'enseigne de lumière jaune signale l'ouverture mais qui n'impose rien, se fait presque oublier, les lampadaires, les bancs, les arbres, la petite fontaine de fonte préservée on ne sait comment ni par qui, oubliée peut-être.

Certains soirs, le bibliobus s'y arrête. Cet été, on y a donné des concerts de jazz pour les gens du quartier. Le dimanche matin, il y a le marché, où mon père allait s'approvisionner, connu comme le loup blanc. Lorsqu'il est tombé malade, et tant qu'il a pu, il y est toujours allé, s'appuyant sur un déambulateur qui lui servait aussi de caddie pour ses courses. Est-ce son ombre que je recherche ici? Je ne crois pas. Ce soir encore, en la longeant, j'ai senti cette paix qu'elle me donne et il m'a semblé percevoir d'où elle provenait.

2 commentaires:

christophe a dit…

Une petite question annexe : d'où vient le nom de la place justement ? Du quartier parisien ? De l'ancienne ville de la Seine ? D'un autre Belleville ?

Calyste a dit…

J'ai cherché ce soir, Christophe: aucune piste! Je tacherai de trouver.