jeudi 4 novembre 2010

Biutiful

Il faut bien que je finisse par en parler. Mardi, je suis allé au cinéma, voir Biutiful, de Alejandro Gonzalez Inarritu, avec Javier Bardem dans le rôle principal, celui de Uxbal. (A noter que cet acteur est le neveu de Juan Antonio Bardem, le réalisateur du fameux Mort d'un cycliste, en 1955 avec Lucia Bose). je suis sorti de la séance assommé comme rarement auparavant, et pas seulement parce que le niveau sonore était très élevé.

Ce film m'a littéralement collé à mon siège, tant il est non pas volent mais dur. Quelque chose comme de la pierre que rien ne viendra émoussé et qui, à la fin, malgré les efforts de l'homme, présentera toujours une surface intacte et froide. Pas de rédemption dans ce film. Pourtant, comme Uxbal la recherche, cette rédemption! Apprenant qu'il est atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale, cet homme, séparé de sa femme qui souffre de bipolarité et essaie de s'amuser par le sexe, ce père de deux enfants dont il a la charge, trempant vaguement dans diverses affaires louches avec des amis africains ou asiatiques, va essayer de se rattraper, d'effacer le malheur dont il est plus ou moins directement la cause en ne faisant que le bien autour de lui.

Tout cela pourrait être bien mièvre, sauf que, sauf que rien ne fonctionne dans cet univers définitivement pourri, dans cette ville de Barcelone hystérique et violente, dans la société des humains dont elle est l'archétype, dirait-on. Les quelques répits que l'on trouve entre deux deux désespérances sont immédiatement détruits par le hasard, par la maladie, par la bêtise. La seule caresse, c'est celle à la joue d'un mort, le père de Uxbal, parti au Mexique trop tôt pour qu'il le connaisse, décédé là-bas peu de temps après et dont, des décennies plus tard, on renvoie le corps à Barcelone pour qu'il y soit incinéré.

Tout cela pourrait passer pour du délire à mi chemin d'un onirisme volontiers racoleur. On pourrait se dire, en sortant de la salle, que l'on vient de voir une bonne histoire de science-fiction. Or, c'est l'inverse: rien n'est racoleur dans ce film, tout, ou presque, est filmé de façon quasi documentaire. Ce qui rend encore plus grand (et plus insupportable) l'impact des images, des idées et d'une musique (de l'argentin Gustavo Santaolalla) extraordinairement présente et intelligemment utilisée non comme simple accompagnement que l'on remarque à peine, mais comme actant elle-même du drame de Uxbal.

4 commentaires:

Cornus a dit…

Ben ça donnerait envie ce que tu dis là, mais comme pour "Des dieux et des hommes", cela me fait un peu peur...

Calyste a dit…

Merci de tous tes commentaires, Cornus. Je n'aurai sans doute pas le temps de répondre à tous. Simplement, je te conseille d'aller voir ces deux films qui ne sont pas anodins. Et si tu crains d'être trop secoué, alors va voir seulement "Des Hommes et des Dieux". C'est un film de paix, extraordinairement apaisant!

Cornus a dit…

Oui Calyste, nous verrons bien...

Pour mes commentaires, tu sais, je suis bavard. Sais-tu que cela fait à quelques jours près un an que je te lis régulièrement et que je commente.

Calyste a dit…

Mais j'aime tes bavardages, Cornus, et t'en remercie!