dimanche 24 février 2013

Jeux solitaires

Tous les enfants aiment la neige, bien sûr. Moi, je lui préférais la glace. Si j'aimais voir tomber les flocons et entendre le bruit de son tassement sous mes pas ainsi que le silence qui accompagne sa chute, je n'aimais pas les jeux de boules, que je trouvais trop violents, ni l'humidité qu'elle apporte avec elle et qui me transperçait

La glace, je pouvais davantage l'aimer en solitaire. Il fallait la chercher, au bord du ruisseau quand elle bordait le filet encore courant d'une dentelle que venaient transpercer quelques brins d'herbe un peu plus coriaces, sur le chemin, dans un creux entre deux cailloux ou tout autour de la mare dont les grenouilles avaient disparu.

Au ruisseau, je la cassais et je la léchais comme une friandise, la sentant fondre sur ma langue et dans ma gorge. Au chemin, j'avais deux plaisirs: celui de glisser sur sa surface lisse en prenant un peu d'élan, et celui d'appuyer du pied jusqu'à ce qu'elle se craquelle et cède sous le poids de mon talon. Dessous, l'argile paraissait plus claire. A  la mare, le danger m'attirait: le jeu, c'était d'avancer petit à petit, de la sentir s'enfoncer peu à peu sans lâcher et puis de revenir bien vite au bord avant qu'elle ne cède. Beaucoup plus tard, mon chien inventa le même plaisir.

Il y avait les stalactites aussi, autant de sucres  d'orge et les irisations du soleil quand ils fondaient. La dernière fois que j'en ai arraché un, c'était à Saint-Étienne. Je devais avoir dix-huit ans, il était énorme, et par provocation, j'avais traversé toute la place de l'Hôtel de Ville avec ma massue sur l'épaule. Peine perdue: personne n'avais remarqué quoi que ce soit.

6 commentaires:

Cornus a dit…

Une bataille de boules de neige, je ne dédaignais pas, mais comme les plaisanteries les plus courtes sont les moins longues... Non, cde que je préférais de loin, c'était aller faire de la luge avec mes parents ou mes cousins.

Sinon, à 18 ans, tu étais encore très gamin... un peu comme moi en ce moment ;-)

Cornus a dit…

Et marcher sur l'eau, ça aussi, j'ai pratiqué, et en allant sur l'étang chez mes parents à plusieurs dizaines de mètres du bord. Je ne risquais rien en même temps.

Yo a dit…

Oui, mais une bataille de boules de neige, ça fait quand même moins mal qu'une bataille de stalactites !
:-)

Calyste a dit…

Cornus: à oui, la luge. Je l'ai oubliée. Il faudra que je fasse un autre billet: j'adorais ça!
Comment ça: "tu étais" ? Je suis encore...

Christophe: personne n'a osé m'affronter ce jour-là. Mais rassure-toi, je n'ai jamais été belliqueux. Juste un peu gamin, comme le dit Cornus.

Cornus a dit…

Mais oui, tu es encore...

Calyste a dit…

Cornus: très bien !