mardi 9 janvier 2024

Polyeucte (Pierre Corneille)

NÉARQUE.

Quoi ? Vous vous arrêtez aux songes d'une femme !

De si faibles sujets troublent cette grande âme !

Et ce cœur tant de fois dans la guerre éprouvé

S'alarme d'un péril qu'une femme a rêvé !

POLYEUCTE.

Je sais ce qu'est un songe, et le peu de croyance

Qu'un homme doit donner à son extravagance,

Qui d'un amas confus des vapeurs de la nuit

Forme de vains objets que le réveil détruit ;

Mais vous ne savez pas ce que c'est qu'une femme :

Vous ignorez quels droits elle a sur toute l'âme,

Quand après un long temps qu'elle a su nous charmer,

Les flambeaux de l'hymen viennent de s'allumer.

Pauline, sans raison dans la douleur plongée,

Craint et croit déjà voir ma mort qu'elle a songée ;

Elle oppose ses pleurs au dessein que je fais,

Et tâche à m'empêcher de sortir du palais.

Je méprise sa crainte, et je cède à ses larmes ;

Elle me fait pitié sans me donner d'alarmes ;

Et mon cœur, attendri sans être intimidé,

N'ose déplaire aux yeux dont il est possédé.

L'occasion, Néarque, est-elle si pressante

Qu'il faille être insensible aux soupirs d'une amante ?

Par un peu de remise épargnons son ennui,

Pour faire en plein repos ce qu'il trouble aujourd'hui.

4 commentaires:

Cornus a dit…

Je ne connais que de nom (mais je viens de lire le résumé de la pièce).

Calyste a dit…

Cornus : il me semble que ça m'avait ennuyé. J'ai toujours préféré Racine.

Cornus a dit…

Eh bien moi je n'avais étudié au collège que Le Cid de Corneille et assez bien aimé et Iphigénie de Racine et détesté.

Calyste a dit…

Cornus : ah mais le Cid, j'avais bien aimé aussi.