samedi 8 juillet 2017

La gamine

Elle était toujours là, l'autre soir, la gamine, et toujours appuyée sur le même pilier, son sourire extatique accroché à ses lèvres. Dans un litre plastique, un peu d'eau surchauffée. Assise sur le sol dans sa robe salie, sa petite coupelle entre ses pieds posée. Ceux qui vont à la gare ne la voient même pas. Et elle, les voit-elle ? Elle est là sans y être. Toujours, quand je la croise, j'imagine sa vie, son absence à la vie, comme un paquet posé que l'on a oublié. Toujours quand je la vois, j'ai le cœur qui se serre. Et, quand le feu est vert, je reprends mon chemin. Et j'oublie le paquet, et j'oublie la gamine.

5 commentaires:

Cornus a dit…

Cela me rappelle une équivalence lilloise, plus d'actualité, d'ailleurs.

Calyste a dit…

Cornus : explique.

Cornus a dit…

Il me semble l'avoir évoqué : des personnes (parfois des gamins seuls et très jeunes) qui faisaient la manche à un feu rouge sous l'Hôtel de Région.

CHROUM-BADABAN a dit…

Oui, notre actualité est proche de la dépression des conditions d'existence sociale.
Il y a des photographes contemporain qui le montre...

Calyste a dit…

Cornus : je n'avais pas compris plus d'actualité, mais + d'actualité.

Chroum : exact. J'aime aussi le noir et blanc de cette époque.