Voilà bien une expression que l'on n'entend plus, à part dans les chansons de Barbara (Nantes et J'ai troqué). Dans mon enfance, c'était comme un leitmotiv : lorsque nous sortions en visite ce jour-là (heureusement, c'était assez rare), il fallait mettre les habits du dimanche.
J'en garde un souvenir pénible : ce n'était pas forcément ceux que je préférais et puis, une fois qu'on les avait enfilés, il ne fallait pas les salir. Nous étions quatre enfants et le temps que les quatre soient prêts, c'était long et, pendant ce temps, il ne fallait plus bouger et surtout ne plus courir dans la campagne où nous habitions. Une sorte de camisole, pour ainsi dire, où nous étions enfermés pour la journée. Et gare à la moindre tache ou à la plus petite déchirure !
Il y avait la messe aussi, et particulièrement les enterrements où les hommes, des paysans, peu habitués à ça, enfilaient le costume, même si la plupart n'accompagnait le corps que jusque sur le seuil de l'église où ils n'entraient jamais, attendant au café d'en face, sur la place, que l'office soit terminé. Quand nous ressortions, ils avaient la trogne encore plus rubiconde, à cause de la cravate qui les serrait trop ou des quelques verres qu'ils avaient bus pour passer le temps. Dans le trajet, en procession et à pied, jusqu'au cimetière, les cravates, peu à peu, se dénouaient et finissaient souvent dans la poche. Après les premières pelletée de terre, les langues se dénouaient aussi et l'on retournait au bistrot.
mardi 11 juillet 2017
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7 commentaires:
Et puis il fallait boutonner sa veste.
Attaches-toi ! disait ma mère.
Maintenant quand on dit ça, attaches-toi, c'est la ceinture de sécurité...
Quand j'étais gamin, il y avait aussi les habits du dimanche, mais cela s'était déjà sérieusement libéralisé par rapport à toi, et puis ça a disparu avant même l'adolescence. Enfin, il fallait quand même s'habiller "propre".
Et moi aussi, je le rappelle, j'étais un vrai petit soldat pour aller à la messe tous les dimanches ou au pire le samedi soir. Et dire que ma mère a cessé d'aller à la messe quand vers l'âge de 16 ans, je l'ai convaincue de ne plus y aller, comme si elle y était allé un peu pour moi, alors que je suis en définitive un athée et elle agnostique.
Fromfrom me fait remarquer que tu dis que les hommes buvaient des vers pendant l'office, mais qu'à Saint-Étienne, il devait plutôt s'agir de verts ! :-)
pour résumer, les cravates regagnent les poches et les langues en sortent...
Un peu normal que cette expression se perde vu le contexte, mais je l'ai souvent entendu jusqu'aux années 2000 dans un contexte hors messe. Merci pour l'anecdote, ça m'a fait voyager en enfance !
Chroum : étonnant, pour moi, je ne me souviens d'aucune veste, même si, certainement, il y en a eu.
Cornus : Fromfrom sait bien que je suis poète, pas ivrogne ! :-)
Karagar : bon résumé, en effet.
Nicolas : tu commences à vieillir.... :-)
Oui, totalement et j'aime ça, de voir des choses changer dans mes perspectives, et d'autres rester inébranlables.
Nicolas : certes, les perspectives changent (certaines se bouchent même...) et l'agréable, c'est que l'on retrouve des fondamentaux de la jeunesse, un peu endormis pendant la vie active.
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