Dans ma liste précédente, il faut déjà effacer le premier tiret. Les livres rendus, chaque classe a organisé une petite fête, très perso pour les cinquièmes, mais ça, je m'y attendais. La prof de musique avait eu la délicieuse idée de leur faire apprendre "Adieu, monsieur le professeur", qu'ils ont entonné sans grande conviction. Ça tombe bien, je déteste cette chanson. J'ai donné à certains qui les voulaient de vieux livres de poche que j'avais engrangés dans on placard. L'un des élèves, dyslexique et qui n'aimait pas lire en début d'année, m'en a pris quatre. Touché, le vieux prof.
En revanche, avec les sixièmes, ce fut une autre ambiance: ils m'ont d'abord demandé si je faisais cours de français. Charmants, ces petits! Devant ma réponse négative, ils ont tenu à présenter les derniers livres dont la lecture leur avait plu. Puis un petit poème et des applaudissements. Mais la cerise sur le gâteau, ce fut à la sortie du cours. Le couloir rempli d'élèves, de surveillants, de profs qui tous ont failli me faire venir les larmes aux yeux par leurs manifestations de tendresse et d'attachement, qui à crier, qui à scander mon nom, qui à improviser quelques danses de sauvages (et les adultes n'étaient pas les derniers!). Je m'en suis sorti comme j'ai pu, en faisant le pitre comme d'habitude.
Après ? Après, ce fut plus dur: vider les derniers placards, retrouver des panneaux fabriqués tout au long de ces nombreuses années (que de boulot, tout de même), voir émerger du fatras des photos d'anciens élèves, feuilleter d'antiques nouvelles policières de l'époque où je tenais un atelier d'écriture, relire le programme d'un voyage à Rome que j'avais organisé mais où je n'étais pas allé à cause de la maladie de Pierre, en 2005.
Tout est parti à la benne, sauf une vieille carte d'histoire, pendant au bout de son bâton, qui situe les cathédrales gothiques en France. Que vais-je en faire?
Et puis la redescente vers le centre ville, ce chemin que j'ai pris tant de fois, sans pourtant manquer chaque jour de m'extasier sur la beauté de Lyon vue d'en haut. Ce soir, avec le soleil un peu voilé, je l'ai trouvée encore plus belle. Ce panorama va me manquer. Bientôt, ce sera de l'histoire ancienne.
En prenant les élèves sur la cour, en début d'après-midi, j'ai senti mon cœur se serrer: jamais plus je ne verrai les rangs plus ou moins informes devant le numéro des salles, jamais plus je ne monterai les longs escaliers du couvent en faisant en sorte qu'ils restent calmes, jamais plus surtout, je ne leur dirai ma phrase rituelle: "Allez, on y va!".
(Désolé si je vous ennuie avec ça, mais, pour l'instant, c'est la seule chose que j'ai en tête.)
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8 commentaires:
Mais non cher Calyste, ne t'excuse pas. J'étais ému rien qu'à te lire, alors toi...
Une vie à réinventer...
Merci de partager ces moments de séparation et libération, une tranche de vie importante. D'autant plus que nous n'avons pas tous le privilège de vivre des départs à la retraite aussi vibrants.
Je fais bref : comme Christophe.
Je suis d'accord avec Christophe et Plume : la façon dont tu retranscris tout cela nous le rend émouvant. Et personnellement, cela m'évoque un épisode particulier où mes étudiants qui devaient partir en stage m'avaient invité au restaurant et où certains m'avaient dit des choses sympa. Après, j'avais trouvé le centre universitaire cruellement vide.
Christophe: de toutes façons, bientôt je parlerai sans doute d'autre chose.
Renepaulhenry: oui, ce qu'il en reste, mais j'espère encore pas mal!
André: Merci de me lire.
La Plume: oui, mais ça va passer.
Cornus: j'éprouvais ce vide après chaque voyage que je faisais avec mes élèves, une fois rentré chez moi.
Ouh là! Je déteste les fins et les adieux... des moments comme ceux-là et je suis servi...
Mais, c'est le début du nouveau chapitre que tu dois écrire, bien sûr.
Après les vacances...
Jérôme: Tu es servi ? Que veux-tu dire ?
Après les vacances, oui. Là, c'est d'abord repos.
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