Les morts ont la curieuse manie de se manifester au moment où l'on ne les attend pas.
Ainsi, au cimetière, devant la tombe d'êtres chers, rien: pas une émotion, pas un souvenir. La simple constatation que l'herbe a poussé, qu'il faut l'arracher pour redonner au caveau un aspect convenable. Et puis, très vite, le regard se détourne pour se perdre au loin dans les monts du Pilat, beaux en toute saison.
Un autre jour, en faisant la cuisine, en lavant son assiette, le surgissement irrépressible d'une image dont on ne sait d'où elle vient tant elle n'a rien à voir avec l'activité ancillaire, un son, une parole, un décor d'autrefois que l'on pensait avoir oublié. Et l'émotion qui submerge, si facilement puisque l'on n'a pas pris garde de fermer les vannes, de s'armer contre la nostalgie.
Gens libres que ces Mânes qui n'en font qu'à leur tête et vous rendent visite sans jamais prévenir.
mardi 28 mai 2013
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4 commentaires:
Je ne vais guère dans les cimetières où sont enterrés mes proches et ma famille, mais je n'éprouve aucune émotion particulière dans ces lieux. Comme toi, les morts viennent à moi par des voies plus "ordinaires". Je les ressuscitent aussi régulièrement dans mes rêves.
Cornus: moi très rarement. Ou alors le filtre est trop puissant au réveil.
C'est très très beau et vrai ce que tu dis là. Ces brusques bouffées de tristesse ou de douceur qui surgissent sans crier gare. Mais j'aime les cimetières où justement semble s'effacer toute peine.
Valérie: merci. Ce que toi, tu dis sur les cimetières est très juste. Mon absence de réaction émotionnelle, ça s'appelle peut-être de la sérénité.
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