jeudi 2 mai 2013

Les uns et les autres

Ce qu'il y a de passionnant dans les déchetteries, ce sont les personnages qu'on y côtoie. Je ne parle pas des employés qui, me semble-t-il, ont trouvé là une planque idéale (un exemple: depuis début avril, les portes ferment à 18h30. Or, arrivés à 18h, il n'en restait qu'un seul en train de tirer le portail de fer et qui, il faut bien le dire, à tout de même accepté que nous déchargions le dernier voyage de la journée.)

Ce qui m'intéresse davantage, ce sont les "usagés" de ce genre d'endroit: des gens comme nous qui se débarrassent de vieilleries sans intérêt, il y en a bien sûr, et c'est, apparemment, une grosse majorité. Ceux-là n'ont pas d'intérêt particulier, et je n'en ai pas vu qui, comme nous, ont effectué vingt-huit voyages en quelques jours. Les autre sont plus remarquables: ceux qui jettent des objets ou des meubles encore parfaitement fonctionnels, sans doute au prétexte que ce n'est plus assez moderne. Leur apparence me fait penser que ce ne sont pas forcément les plus riches.

Il y a aussi ceux qui viennent jeter absolument n'importe quoi, sans l'avoir trié auparavant, affichant ainsi un mépris profond pour ceux qui, ensuite, seront chargés de faire ce travail à leur place. Socialement parlant, dans ce cas, on est déjà remonté d'un cran!

Ceux qui se comportent en terrain conquis, se garant n'importe comment et tenant trois places de stationnement pour être au plus près des bennes. En général, de petits entrepreneurs qui, eux, "travaillent" (tiens donc, nous, on s'amuse!)

Et puis ceux qui récupèrent: dans la journée, des brocanteurs, des marchands (un couple sexagénaire tentant de rattraper avec un râteau des nœuds-papillons et des cravates), des revendeurs aux puces, parfois des collectionneurs ou de vrais chineurs. Le soir, au moment de la fermeture, des pauvres ( parle-t-on toujours de quart-monde ?) qui essaient, dans le fatras amoncelé, de découvrir ce qui pourrait leur faire gagner quelques euros à la revente: ce soir, c'était un couple de roms, elle assise sur le trottoir en face, surveillant la rue, lui caché derrière le portail métallique, attendant que le dernier employé (qui n'était pas dupe) soit parti.

Surprenant aussi, et plus que tout, le défilé incessant des véhicules chargés à bloc qui viennent se vider les entrailles. Si vous voulez avoir une première idée de ce que c'est qu'une société de consommation, il faut vous rendre dans une déchetterie. Vous ne serez pas déçus!

3 commentaires:

plumequivole a dit…

Je nous ai longtemps meublés déchetterie, parfois habillés (car fut un temps ou on y trouvait des déstockages de petits magasins !), parfois fournis en livres (par valises entières). Ça s'appelait alors jaille, bourrier, et c'était d'accès libre. On y trouvait aussi des paquets de lettres d'amour, que je ramassais mais que je n'osais pas lire !

Cornus a dit…

Bien vu le coup de la déchetterie et de son petit monde. Nous y faisons quelques passages, généralement pour nous débarrasser de déchets spéciaux : de jardin, cartons. Rares ont été les fois où nous y avons vu des personnes jeter des meubles et autres objets en bon état. En ce qui nous concerne, lorsqu'un meuble ou autre fait double emploi, nous le véhiculons chez Emmaüs où il aura une autre vie. C'est en effet guère acceptable que l'on puisse jeter des meubles ou autres de qualité ou en bon état. Nous avons aussi pu constater les sans gêne qui se garent n'importe comment et qui emmerdent tout le monde parce que eux, ils sont plus importants que les autres.

Calyste a dit…

La Plume: avec ces lettres d'amour, tu pourrais peut-être écrire un roman. Je suis sûr que tu y trouverais de la matière.

Cornus: ici, à Lyon, les déchets végétaux sont peu nombreux. C'est, de loin, la benne qui se remplit le plus lentement.