dimanche 12 février 2012

La seule fois où j'eus affaire à un ministre africain.

Début des années soixante-dix. J'avais un peu plus de vingt ans. Je venais de rencontrer Pierre. Lui travaillait et habitait en Saône-et-Loire. Par son intermédiaire, on m'avait accepté dans une communauté de gens tous plus ou moins en rupture avec leur institution: l'Église. Il avait bien compris que je dépérissais dans ma cité universitaire.

Le "chef" de cette communauté était un prêtre sans paroisse qui travaillait dans l'éducation pour les adultes et possédait un réseau de connaissances assez étendu et haut placé. Un matin, Maurice me prévient qu'il devait dans la journée recevoir un coup de fil important d'un ministre de je ne sais plus quel pays africain. Comme il devait s'absenter, il me demanda de bien vouloir répondre moi-même qu'il serait de retour en début de soirée (les portables n'existaient pas à cette époque!).

Parmi les gens de cette communauté, il en était un particulièrement farceur, Dominique, qui m'avait déjà plusieurs fois attrapé au téléphone et qui était au courant de ce rendez-vous. Aussi, lorsque j'entendis, dans l'après-midi, une voix outrageusement typée, caricaturale, me demander si Monsieur X. (Maurice) était là, je ne doutai pas un instant que ce soit encore une blague de Dominique. Sans me démonter, je lui répondis avec le même accent stéréotypé que "Monsieur X m'avait prévenu de son appel" et lui demandai de rappeler en fin d'après-midi.

Quelques instants plus tard, Dominique rentra à l'appartement et moi, tout fier, je me gaussai: "Cette fois, tu ne m'as pas eu!". Mais je compris vite, à sa tête effarée, que l'erreur était totale: c'était bien le ministre africain que j'avais eu au téléphone! Si "être dans ses petits souliers" a un sens, je vous prie de croire que je l'illustrais parfaitement le soir où ce monsieur vint dîner avec nous. Heureusement lui aussi avait cru avoir avoir affaire à un compatriote mais demanda à ce qu'on le lui présente. Il lui fut répondu qu'il était de sortie ce soir-là. Dominique se pinçait pour ne pas rire et moi.... je vous laisse imaginer.

( Merci à Cornus et Karagar de m'avoir, involontairement, rappelé ce souvenir.)

10 commentaires:

laplumequivole a dit…

Pouquoi Co'nus et Kawagar ? Ills ont aussi wencontwé des minist'es afwicains ?

ipsa a dit…

La morale de cette histoire, c'est que tu as un bon accent africain, tu noteras, une bonne explication, un air dégagé et hop on ne t'en demande pas plus. Moi bourder ? Vous n'y pensez pas...

Cornus a dit…

Moi aussi, pour le faux Karagar, j'avais pris une voix spéciale.
Mon parrain aussi était coutumier de faire des blagues par téléphone en se faisant passer pour différents personnages officiels. Et une fois, j'avais pris une voix spéciale pensant que c'était lui, mais non...

Didier M a dit…

Et je te rappelle que - d'aprés mes infos - personne ne t'en as voulu. Bonne soirée.

karagar a dit…

Eh bien moi, un jour j'ai cru que c'était Fromfrom et c'était réellement une pauvre américaine qui s'efforçait de parler le français et voulait joindre Vladimir. J'ai cru chambrer Fromfrom un max... oui,oui, je vois très ce que veux dire "petit soulier"...

Calyste a dit…

Cornus: et c'était Karagar? je ne comprends plus rien!

Didier: tu es très bien informé!

Karagar: à nous deux, nous formons la paire!

Calyste a dit…

Ipsa: Mais non, nous n'y pensons pas....

Calyste a dit…

La Plume: il faudwa leu' demander. Mais, vois-tu, là, ça ne m'étonnewait pas. Ce sont des pe'sonnalités impowtantes!

Cornus a dit…

Non, disons qu'il y en a deux qui m'ont déjà eu au téléphone : Karagar et mon parrain. Et il m'est arrivé pour chacun d'eux de penser que c'était eux qui me faisaient une blague alors que c'était quelqu'un d'autre.

Calyste a dit…

Cornus: je te faisais marcher!