lundi 28 janvier 2019

Nulla dies sine linea

Elle se faisait appeler Oceania. Elle avait un blog : Voyage dans les mots. C'est un des tout premiers que j'avais suivi. Nous avions peu à peu lié, de loin, une sorte d'amitié sincère. Sa tendresse et son intelligence m'avait beaucoup aidé dans certains moments difficiles. Elle posta son dernier article le  13 avril 2010. Elle y parlait de Proust. La première phrase en était : "Puis la dernière page était lu, le livre était fini." Comme un adieu pudique. Alors que nous projetions de nous rencontrer "réellement", dans le Lubéron où elle vivait, la mort l'a prise le 24 juin 2010. J'en ai éprouvé une véritable peine et ne l'ai, depuis, pas oubliée

Et voilà que, la semaine dernière, elle me revint, présente, par la radio. Je ne sais plus qui évoqua la devise d’Émile Zola : "Pas un jour sans une ligne", reprise à Pline l'Ancien (Nulla dies sine linea) qui faisait référence au peintre grec Apelle de Cos (IV° av. J-C) dont, hélas, aucune des peintures n'a été conservée.

Pas un jour sans une ligne, c'est ainsi qu'elle avait classé mon blog dans ses favoris. J'y avais droit à une rubrique pour moi tout seul, à côté d'autres libellés de classement. Eh bien, je suis heureux de ne pas lui avoir donné tort pendant toutes ces années. Je ne savais pas à l'époque que cela durerait aussi longtemps.(Dans les 107 qui ont commenté suite à l'annonce de sa mort par ses enfants, ceux qui tiennent encore se comptent sur les doigts d'une seule main.)  Je suis fier d'être resté fidèle à ce qu'elle pensait de moi.

Je t'embrasse, Danielle, où que tu sois.

2 commentaires:

manouche a dit…

Ceux qui ont disparu vivent encore par notre fidélité.
Amitiés.

Calyste a dit…

Manouche : j'en suis bien persuadé, au point de n'afficher aucune photo d'êtres chers chez moi, ce qui en choque certains.
Amitiés partagées.