La quatrième de couverture annonçait : "authentique chef-d’œuvre de la littérature allemande". Je me méfie toujours de ces pousse-à-l'achat des éditeurs tout autant que du mot galvaudé de "chef-d’œuvre". Mais, pour une fois, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. C'est un chef-d’œuvre, à mon avis aussi.
Siegfried Lenz (1926-2014) était un contemporain de Günter Grass dont il partagea le combat politique (sociale-démocratie) aux côtés de Willy Brandt. Ses premiers romans lui permettent vite de vivre de sa plume mais c'est surtout grâce à La Leçon d'allemand (1968) qu'il connaît la célébrité.
Un jeune écolier, dont nous saurons presque à la fin des 500 pages pourquoi il est dans une maison de correction, doit y écrire une rédaction sur le thème "Les joies du devoir". Il rend feuille blanche au professeur et est donc enfermé dans une cellule jusqu'à ce qu'il ait rédigé sa copie. Mais il se prend au jeu des souvenirs et ne veut pas sortir tant qu'il n'a pas terminé de raconter l'histoire de son père, un officier de police rigide qui doit faire appliquer la loi antisémite à l'encontre de l'un de ses amis d'enfance, un peintre dont le régime considère les œuvres comme de l'art dégénéré.
C'est littéralement époustouflant de justesse d'analyse et d'observation, en particulier dans la poésie de l'évocation des paysages de cette Allemagne du nord (on pense au héros du Tambour, caché sous les jupes de sa grand-mère dans les champs de pommes de terre). Un sens du détail qui n'alourdit en rien la narration, un hymne à la nature (comme chez Ernst Wiechert), et, en plus, un certain humour qui ne manque pas de finesse.
Je peux dire, sans exagérer, que c'est un des plus beaux romans que j'aie jamais lus. Et, comme Daniel, je ne suis pas près de l'oublier.
(Siegfried Lenz, La Leçon d'allemand. Ed. 10/18. Trad. de Bernard Kreiss.)
dimanche 6 janvier 2019
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2 commentaires:
Alors, on tachera de s'en souvenir...
Cornus : s'il est toujours disponible.
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