mardi 25 septembre 2018

Le vert paradis des chansons enfantines

Parfois, sans que je sache pourquoi, il me revient trois mots, une phrase, quelquefois deux, d'une chanson que l'on m'avait apprise dans mon enfance. Comme pour une ruine antique, la structure s'en est effondrée, ne restent que quelques pans souvent branlants que, sans doute, les années à venir finiront par mettre à bas. Les mots qui survivent ne sont ni plus ni moins beaux que tous les autres oubliés. Le hasard a joué, comme le vent sur les thermes ou la pluie sur la mosaïque, détruisant ceci, préservant cela.

Le petit Jésus allait à l'école
En portant sa croix dessus son épaule
............
Une pomme douce
A mettre à sa bouche,
Un bouquet de fleurs
A mettre à son cœur
...........

Celle-là  vient de ma grand-mère et je la chantais peut-être en parcourant le chemin qui me paraissait long pour mes jambes d'enfant de l'école communale à la salle de catéchisme. C'était l'abbé à moto qui venait du bourg nous enseigner l'Histoire Sainte, celui qui, certains jours d'hiver, me ramenait à la ferme familiale quand la nuit était particulièrement sombre. Celui qui me fit copier jusqu'à n'en plus pouvoir le mot Eucharistie parce que j'avais oublié le H (je ne savais pas encore le grec). En l'attendant (lorsque l'instituteur ne faisait pas tout pour nous retarder), des camarades plus vieux et plus aguerris  s'amusaient entre eux à dire des "gros mots" que, souvent je ne comprenais pas. Un soir, pourtant, je voulus faire comme eux (pour grandir ? pour m'en faire des amis ?) et je lâchai un "merde" retentissant  de toutes les forces accumulées depuis si longtemps d'abstinence. Je ne m'en fis pas des amis : j'avais tapé trop bas, trop banal mais ce simple mot me rendit malade de honte pendant plusieurs semaines.

D'autres bribes me reviennent :

J'ai un beau château,
Ma tant'ire lire lire
J'ai un beau château,
Ma tant'ire lire lo.
.........

Ou bien :

J'vendrai les roses de mon jardin
Dans un panier, dans un panier,
J'vendrai les roses de mon jardin
Dans un joli panier d'osier.

Ou encore :

Oh len lo , laissons-les passer,
Les Anglais qui viennent d'arriver
..........

Ou enfin :

Le fermier dans son pré,
Le fermier dans son pré,
Ohé au bord de l'eau
Le fermier dans son pré
...........


Tantôt chantées à  la fête de l'école, à Noël (celle d'été organisait un bal avec accordéon-musette pour les adultes), tantôt dans la cour ou sous le préau quand le temps menaçait (là où pendait des poutres la corde à nœuds qu'il nous fallait escalader les jours de gymnastique et qui me faisait si mal aux mains)

D'autres dont les mots nous échappaient mais était-ce pour autant un moindre plaisir ? Colchiques dans les prés ; Il court, il court, le furet ; Jeanneton prend sa faucille ; Quand j'étais chez mon père apprenti pastoureau. Que pouvaient donc bien être un colchique, un furet, une faucille et le si joli pastoureau qui me faisait rêver ? Aujourd'hui, je le sais mais, quand je fredonne ces paroles, elles ont gardé la saveur d'autrefois, celle où je commençais à apprendre.

12 commentaires:

plumequivole a dit…

"le chemin qui me paressait long pour mes jambes d'enfant" Oh qu'il est beau celui-là, qu'il est beau ! :)

Cornus a dit…

Je n'ai jamais entendu ça. Il me semble ne pas avoir véritablement appris de chanson à l'école (ou une ou deux, mais ce serait bien un maximum) ni quasiment chanté. Et en fait, cela ne m'a pas manqué, mais alors pas du tout. Et pendant mon service militaire, je n'ai pas appris les chansons d'abrutis que les autres chantaient avec leurs voix de mâles abrutis.

Cornus a dit…

Et dire que Fromfrom fait chanter ses gamins : quelle horreur absolue !

Cornus a dit…

Non, il y a 25 fois pire : danser !

plumequivole a dit…

Cornus > Les miens ont eu fait bien pire, inventer entièrement une comédie musicale, enregistrée, représentée et...déclarée à la Sacem ! :)

Jérôme a dit…

Intéressant ! Qui touche les droits d'auteur ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

oh oui cette paresse le long des jambes ;)

Cornus a dit…

Plume> Mon Dieu, pauvres gosses ! :-)

plumequivole a dit…

Jérôme > Officiellement le parent d'élève musicien qui venait travailler avec les enfants, mais je ne crois pas qu'il ait jamais touché un kopeck, le pauvre !

Calyste a dit…

Plume : oui, magnifique. Pourtant, j'aimais aller à l'école !

Cornus : je veux bien te croire pour les chansons de chambrées auxquelles, heureusement, j'ai échappé.

Jérôme : les enseignants ne sont pas des gens vénaux ! Ça se saurait ! :-)

Valérie : mais non ! D'autant que sur ce chemin, il y avait la maison de ma tante d'où je repartais, quand c'était l'époque, avec quelques bugnes.

Cornus a dit…

Calyste> Non, je ne parlais pas de chansons de chambrées (j'y ai échappé aussi), mais des chansons de compagnie, de bataillon ou de régiment.

Calyste a dit…

Cornus : auxquelles j'ai aussi échappé.