mardi 29 décembre 2015

Animaux des religions (2) : l'âne

L'âne n'apparaît pas seulement dans la scène de la Nativité. Il est présent dans de nombreuses scènes de la Bible.

D'abord, dans le Livre des Nombres : l'ânesse de Balaam. Balaam, prophète de Péthor, vit en Mésopotamie. Balak, roi de Moab, lui demande de le rejoindre pour maudire les Israélites qui, une fois le désert franchi, traversaient ses territoires pour se rendre au pays de Canaan. Balaam prend la route sur une ânesse mais, en chemin, un ange menace l'animal avec son épée nue à la main. Balaam a beau la frapper, l'ânesse ne bouge pas d'un pouce puis, soudain dotée de la parole, elle reproche à son maître sa dureté. Rembrandt en a fait un célèbre tableau exposé au musée Cognacq-Jay, à Paris.

L'âne, l'ânesse ou l'ânon sont aussi présents lors de deux épisodes connus de la Bible : celui de la fuite en Égypte et celui de l'entrée du Christ à Jérusalem. Les légendes expliquent que si l'âne dit de Palestine porte une croix inscrite sur son dos, c'est qu'il l'aurait reçu en récompense pour avoir porté le Messie sur son dos ou qu'elle aurait été dessinée par la Vierge au moment de la fuite en Égypte.

Images positives de l'animal donc, mais ce n'est pas le cas partout. Dans la mythologie gréco-latine, le roi Midas vit pousser sur sa tête des oreilles d'âne pour avoir contrarié le dieu Apollon.

Selon certaines versions de Tristan et Yseult, le roi Marc, à qui était destiné Yseult, s'en voit lui aussi affublé.

Pire encore, dans les traditions populaires de Gascogne et des Pyrénées, l'âne, rouge pour la circonstance, est une des formes que prend le diable pour terroriser les passants la nuit à proximité d'un pont, en grossissant et s'allongeant à volonté. Parfois, sous une apparence inoffensive, il fait monter sur son dos des enfants et les précipite ensuite dans la rivière où ils se noient.

On le retrouve dans la littérature : Peau d'âne de Perrault, Les Musiciens de Brême de Grimm, L’Âne d'or d'Apulée, les Mémoires d'un âne de la Comtesse de Ségur, l'Âne Culotte d'Henri Bosco, le poême L'Âne de Victor Hugo, Le Voyage avec un âne dans les Cévennes de Stevenson ou certaines fables de La Fontaine.

Enfin, un âne est à l'origine de l'une des plus belles impostures en peinture. Au salon des indépendants de 1910, un tableau est attribué au peintre Boronali alors qu'il s'agit d'un canular : on a trempé, pour le peindre, la queue de l'âne Lolo, appartenant au père Frédé, le patron du Lapin Agile à Montmartre, dans la peinture.

4 commentaires:

karagar a dit…

Mais pourquoi diable l'âne est-il harpiste dans la sculpture romane?

Jean-Pierre a dit…

Je viens de rechercher sur internet l'histoire du "peintre Boronali" et de l'âne Lolo.. Super rigolo comme imposture.. je suis sur qu'aujourd'hui aussi les mêmes controverses diviseraient les critiques d'art "autorisés" sur le talent de Lolo-Boronali.. :-)

Calyste a dit…

Karagar : un petit lien pour répondre à ta question : http://jalladeauj.fr/images/page10/page10.html

Jean-Pierre : tu ne connaissais pas ?

Unknown a dit…

merci du lien, très éclairant en effet.