"Souviens-toi: il faut oublier." Étrange phrase trouvée dans le roman que je lis actuellement. Paradoxe apparent dans sa formulation. Certains, pour faire mode, parleraient d'oxymore. Et pourtant...
J'y ai repensé tout à l'heure en écoutant de la musique. M'est venue à l'esprit l'époque où je découvrais pour la première fois certains airs d'opéras, certaines mélodies, profanes ou sacrées. La première écoute d'une interprétation dont j'ai encore les vieux disques. Je me suis souvenu du plaisir de la découverte, à un âge où je faisais mes premiers pas dans la connaissance de la musique classique.
Et ma seconde réaction fut de comparer ce que j'entendais avec ce que j'avais en tête depuis ce temps-là, les rythmes, les voix, le phrasé, tout ce qui fait d'un disque une entité unique. Puis-je encore découvrir ces airs que je connais par cœur et ressentir une émotion nouvelle alors que la plus ancienne ne s'est jamais effacée?
J'ai pour habitude de ne pas relire les romans appréciés dans mon adolescence et après, par peur d'être déçu, de ne pas y retrouver ce que j'y avais puisé à l'époque. N'en est-il pas de même pour la musique. A moins que je ne fasse mien ce paradoxe précité: "Souviens-toi: il faut oublier."
vendredi 22 juin 2012
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3 commentaires:
Ou bien se souvenir d'oublier des événements traumatisants. A force de se souvenir dans le détail des choses précises et blessantes, je pense qu'on finit non pas par les oublier, mais par les apprivoiser.
Quant à la lecture, je partage ton point de vue, sauf pour les livres vénérés, même s'il est vrai que l'on peut s'être fait une image un peu trop dorée de la première lecture.
L'amnésie serait-elle le préalable à la (re)découverte ? Une autre approche demeure possible, aucune oeuvre n'est toujours la même puisqu'elle change avec nous, avec notre interprétation : donc aucune crainte à avoir d'être déçu (puisque nous l'avions choisie à l'origine).
Cornus: pour moi, c'est une règle stricte, je ne relis pas. la lecture d'un livre est trop liée au moment où je l'ai lu.
Dominique: mais je n'ai justement pas envie que l’œuvre ne soit plus la même. Je tiens à la conserver intacte.
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