Sont-ce nos lectures qui influent sur notre sensation d'être, bien ou mal, à un moment donné, ou est-ce parce que l'on est bien ou mal que l'on choisit telle ou telle lecture à ce moment-là? Pourquoi préférer tel livre à tel moment ? Pourquoi, outre le talent de leur auteur, certains vous marquent-ils plus profondément, alors que d'autres sont tout aussitôt oubliés ou vous ennuient même alors que vous en tournez les pages?
Il est certain qu'à l'adolescence, l'influence qu'avaient les romans sur moi était considérable et je comprenais que, lorsque Goethe écrivit Les Souffrances du jeune Werther, sa publication fût suivie d'une vague conséquente de suicides. Je n'en suis, heureusement, jamais arrivé là. Mais c'est tout de même à la lecture de Cronin que je me mis dans la tête, pour longtemps, de devenir missionnaire.
Aujourd'hui, je suis plus détaché de ce que je lis. Parfois même, la lecture, si elle reste vitale, n'est pas loin de devenir un passe-temps comme un autre. Pourtant, je constate que deux ou trois romans ont ce pouvoir, que l'on pourrait dire magique, de vous envoûter, c'est-à-dire de vous enfermer dans leurs phrases au point que vous en sentiez le poids oppressif sans connaître la volonté nécessaire de vous en échapper. Sont-ce ceux qui, sans que vous le sachiez, se rapprochent au plus près de l'être inconnu que vous tâchez de ne pas voir en vous? Mais si vous tentez de comprendre le pourquoi de cette attirance morbide, vous restez bien souvent sur votre faim. Peut-être, après tout, est-ce mieux.
samedi 16 juin 2012
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3 commentaires:
Compliqué la lecture. Mais ça ressemble beaucoup à tout ce que tu décris. Enfin pour moi car il n'y a sans doute pas deux lecteurs fichus pareil.
Des fois c'est aussi juste pour ne pas penser "à autre chose". Le hic c'est qu'en général ça fait de toute façon penser, et des fois on aimerait mieux pas...
Je ne pense pas être aussi influençable, mais peut-être est-ce parce que je lis peu de romans ou que je n'ai pas lu les "bons" ? Et cela ne veut pas dire qu'ils ne me marquent pas, mais pas de cette façon.
La Plume: je pensais justement à toi en particulier en rédigeant ce billet, et ta réponse ne me surprend pas.
Cornus: j'aimerais, quant à moi, que cela ne me manque pas.
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