samedi 2 juin 2012

Des mots démodés (4)

Désuets même, aux dires de certains. La maraude en est un, que l'on a oublié. Et lorsque, l'autre jour, un journaliste de France-Inter fait mine de l'employer, il prononce "marotte" en évoquant le vol des cerises que des enfants gourmands allaient cueillir sur l'arbre du voisin. Souvenirs d'enfance et de lecture aussi lorsqu'une ridicule Philaminte s'en prenait à Martine:
- Quoi, je vous vois, maraude ?
Vite, sortez, friponne ; allons, quittez ces lieux,
Et ne vous présentez jamais devant mes yeux.  
 ( Molière, Les Femmes savantes, II, 6)

5 commentaires:

Cornus a dit…

Ah la maraude aux cerises... Une poignée de cerises prélevée le long des chemins, parce qu'elle étaient mûres avant les autres.

Le mot est démodé, car ce genre d'activités existe de moins en moins. Là, cela n'a guère d'importance, mais chez mon grand-père maternel, il y a eu des gros vols de pommes dans le verger, notamment une fois alors qu'elles étaient déjà cueillies en caisses en attente d'être rapportées 2-3 heures plus tard en tracteur.

ipsa a dit…

Maraude, mot d'aujourd'hui qui fait penser à des gens qui cherchent dans la nuit d'autres gens pour savoir si il leurs faut une couverture pour ne pas mourir de froid, un café, une soupe chaude. Savoir si complètement pétés ils se sont pas mis dans un endroit à la chaleur mortelle...Nos mots voyagent sur nos maux...

Calyste a dit…

Cornus: dans ce cas-là, ce n'est plus de la maraude, c'est du vol qualifié. La maraude implique, il me semble, le plaisir, et de petites quantités.

Ipsa: belle chute de ton commentaire, Ipsa et tellement vrai! Je préfèrerais que ce soit ce sens-là qui soit oublié, ou plutôt la réalité qu'il recouvre.

Cornus a dit…

C'est vrai. Et qui vole un oeuf... Ou quand la maraude devient industrielle.

Calyste a dit…

Cornus: à Lyon, il y a quelques années, des collectes de vêtements étaient organisées par des œuvres caritatives. On devait déposer le soir ce que l'on voulait donner dans des sacs distribués par l'association et à son logo. Ils étaient ramassés pendant la nuit. Sauf que des gens sans scrupules passaient souvent avant et s'emparaient de ce qui les intéressait pour le revendre ensuite. Je crois que c'est ce genre de vol, sur le dos des pauvres, qui m'écœure le plus.