mercredi 20 juin 2012

Raout

Hier soir, c'était le grand raout dans la cour du collège, pour fêter avec les établissements associés, la fin de l'année scolaire. Autrefois, nous appelions cela le buffet campagnard. C'était convivial, la nourriture était bonne et le vin se déclinait en trois couleurs: rose comme le teint de nos joues au plaisir de se revoir, blanc comme la moitié de la nuit que nous allions passer, rouge comme le sang qui bouillonnait en nous et nous faisait inventer, changer, essayer et réussir.

Comment appeler cette réunion d'hier, au nombre de convives rétréci, à la présentation culinaire aussi prétentieuse qu'était insipide ce qui se trouvait dans nos assiettes, aux discours inconsistants et hypocrites, au départ chacun seul dans un chez soi que l'on n'aurait pas dû quitter?

L'an prochain, c'est moi sans doute qui aurait droit à un fragment de ce discours prononcé (est-ce le mot ?) par un homme qui me révulse et à qui j'évite depuis longtemps de serrer la main. Irai-je ce soir-là entendre ses mots ânonnés qu ni l'un ni l'autre ne croirons ? Rien n'est moins sûr.

Joie pourtant de revoir quelques anciens, depuis plus ou moins longtemps partis à la retraite, et quelques plus jeunes avec qui j'ai su créer des liens forts d'amitié. Joie aussi de voir la directrice venir trinquer avec moi après le rude combat que nous avons dû mener contre l'excité de la plainte pour insulte à sa fille. Joie enfin de retrouver un peu de tendresse d'autrefois dans cette institution où ne compte plus maintenant que la rentabilité.

5 commentaires:

Nicolas Raviere a dit…

Tout se perd, ma bonne dame. Et tout ne se perd pas avec délice.

Jean-Pierre a dit…

Pour avoir expérimenté un départ professionnel (après 15 ans) avec des sentiments contradictoires et quelques rancunes (pas envie de serrer la main à untel...), finalement avec le recul, et détaché du contexte, seuls restent les amitiés et les bons souvenirs.. et la joie des retrouvailles. On ne s’ampute pas d'une partie de sa vie pour quelques blessures.
Je te souhaite de bonnes vacances et de bonnes lectures que tu nous feras partager (merci d'ailleurs pour m'avoir fait connaitre Yoko Ogawa)

Calyste a dit…

Nicolas: attends encore un peu et tu verras....

Jean-Pierre: doucement, l'ami, je ne suis pas encore en vacances (le 5 juillet seulement)! Sinon, je suis bien d'accord avec toi sur le tri sélectif qu'effectue notre mémoire à notre insu.
Heureux que tu apprécies Ogawa. Bon été à toi aussi.

Cornus a dit…

Il y a eu il y a plus d'unesemaine, une soirée conviviale au travail pour fêter l'arrivée de l'été, mais je n'étais malheureusement pas présent faute à un voyage en Angleterre.

Moi aussi, il y a plusieurs personnes auxquelles je n'ai pas envie de serrer la main ou même de saluer (je ne parle pas de certaines bises qui me hérissent le poil). Heureusement, je peux dire que cela se passe bien avec 100 % de mes collègues (soit plus de 50 personnes). C'est avec certaines personnes extérieures, que je rencontre plus ou moins fréquemment, que le courant passe mal ou que je ne supporte plus. Mais je ne peux dire la vérité ou dire ce que je pense vraiment car par mes actes et mes paroles, je n'engage pas que moi, mais l'ensemble de ma structure.

Calyste a dit…

Cornus: pour moi, c'est tout en interne, mais la structure, bientôt, ne m'arrêtera plus puisque je la quitterai.