Hier, c'était le départ des troisièmes, avant les révisions pour le Brevet. La dernière heure, ils la passaient avec moi, en latin. J'avais été très réticent à leur idée de goûter mais ils m'avaient préparé bien mieux.
A mon arrivée dans le couloir, une haie d'honneur tout en scandant mon nom si fort qu'une collègue en est restée tout ébaubie. Puis, dans la classe, une grande carte avec leurs signatures et des mots de remerciements pour l'année écoulée. La direction leur avait donné le droit de se déguiser et ils ne s'en sont pas privés: j'ai eu droit aux deux Dupond(t), au Diable et à un ange, à des gitanes et je ne sais plus quoi. Les garçons, bien sûr, sont restés plus discrets dans leur accoutrement, se contentant d'un petit quelque chose en plus par rapport à l'habitude.
Et puis, est venu le temps des photos, en groupe, individuelle: on se serait cru à Cannes, à la montée des marches. Pour la première fois de ma carrière, je leur ai même donné mon adresse mail pour qu'ils m'en envoient quelques-unes. Parce que, cette fois-ci, ce n'était pas comme les autres fois. Habituellement, on sent, derrière leur enthousiasme et leurs rires, surtout la joie d'en avoir fini et une politesse respectueuse. Mais hier, aux moments des embrassades qu'ils ont demandées, j'ai été très ému, au point d'en avoir un moment les larmes aux yeux. Parce qu'ils manifestaient là une réelle amitié, une tendresse infinie vis à vis de ce vieux prof qui, pourtant, ne les a jamais ménagés. C'est la première fois que je ressens cette émotion à ce point. Je vieillis, je vous dis.
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3 commentaires:
Cela a donc été une agréable surprise pour toi. Bravo. Cependant, il n'y a pas de hasard. A moins qu'ils ne soient "limités", les élèves savent reconnaître les bons profs. Et un bon prof, du moins dans le secondaire, est un prof qui cadre bien, est exigeant et permet l'expression de différents "talents". Un prof que "sympa", qui ne met jamais de mauvaises notes n'est pas un bon prof. J'en ai eu un comme cela en anglais (un Anglais) en terminale et cela n'a aucun intérêt. J'ai eu aussi des profs que j'ai quitté à regret, la larme presque à l'oeil. Et a contrario, en tant qu'intervenant enseignant dans une formation professionnelle universitaire, j'ai connu un vide abominable quand la promotion d'étudiants est partie en stage en mai/juin. Durant deux ans, je les ai cotoyé tous les jours, non pas que je donnais des cours/TD/TP quotidiennement, mais parce qu'ils avaient leurs cours et pour certains logeaient dans les mêmes locaux que ceux où je travaillais.
La photo, quant à elle, est très curieuse et je dois le dire, me met mal à l'aise.
Il y a ce sentiment de partage formidable, de transmission, de reconnaissance, de participer à ce qu'un jeune se révèle...bref connaissance et reconnaissance. je suis treés heureux pour toi de ce moment qui ressemble à la grâce.
Cornus: le vide, c'est ce que je ressens souvent à l'arrivée des vacances. Pour la photo, j'en avais d'autres, mais où les élèves apparaissent et je ne peux me permettre de les mettre ici.
Didier: oui, je crois que tu as raison, ça a été un moment de grâce.
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