Des mots sur des murs, il y en a partout dans les villes. Que cela s'appelle des tags, des graffitis ou des graphes, qu'ils soient beaux ou laids, colorés ou sinistres, occupant tout l'espace ou mesquinement cantonnés dans un coin, ils disent tous la même chose: ce besoin inhérent à la condition de l'homme sinon de laisser une trace, du moins de marquer son passage, en artiste ou en révolté, en coquin ou en exalté.
Ceux que Jean-Claude a découverts cet après-midi en arrachant le vieux papier peint défraîchi de ma chambre sont autre chose, moins et plus à la fois. Tracés d'une main féminine, bien droits sur leurs lignes invisibles, avec des lettres rondes où l'on sent le trait sur, la patte de qui a l'habitude de tenir le crayon, le pinceau ou le fusain. Ils sont réapparus vingt ans après avoir été pensés et jetés sur le plâtre. De tout ce temps, je les ai oubliés, totalement. Ils sont sortis de ma vie pour y revenir aujourd'hui, sans crier gare.
Que disent-ils, ces mots? Des bêtises, des choses banales, sans intérêt pour personne que celui à qui ils étaient destinés. Dans le coin près de la fenêtre, à l'endroit où hier encore il y avait une grosse commode elle aussi fatiguée, à l'extrémité du plus long pan, presque à l'angle, et sur la paroi séparant la chambre de la salle de bains, elle avait écrit, il y a presque vingt ans, pour moi: "Ici, réserve de lecture (pour plusieurs annéeees) pour Biquet", "Ici, lit du biquet", "Je t'aime? Tu, même? On sème...". C'était la seule qui avait le droit de m'appeler ainsi. Elle ne m'a jamais appelé autrement. C'était Kicou.
mardi 4 janvier 2011
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4 commentaires:
La vie circule, la vie est dans les murs
Certains même ont des oreilles, Jérôme! ;-)
Elle vit toujours.
Ouffff, je n'aurais pas été moins ému à la fin de la lecture de ta note si ces mots m'avaient été adressés, à moi.
Elle était un de mes piliers, Lancelot.
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