Long périple aujourd'hui avec Noëlle jusqu'à Nohant, dans l'Indre, pour visiter une nouvelle fois la maison de George Sand. Nombreux arrêts sur des routes buissonnières chaque fois qu'un panneau nous indique un site intéressant. Les églises sont belles, de gros bourgs semblent encore vivants, les gens vous saluent et vous adressent la parole facilement.
Repas dans un routier au bord de la nationale, peu avant d'arriver à la Châtre. Comment ces gens font-ils pour servir autant de clients affamés en si peu de temps, tout en gardant sourire et gentillesse? Repas simple et peu onéreux mais bon. Ils ont même réussi à servir une tranche épaisse de rôti de porc qui n'était pas sèche. La Châtre n'est pas une ville inoubliable. Le clocher de l'église Saint-Germain, mal reconstruit après un incendie, s'est effondré à la fin du XIX°siècle, entraînant la voûte avec lui. Le nouvel ensemble date de 1904. Seul intérêt, à mon goût: une belle piéta dans l'un des chapelles.
Je me suis toujours senti bien à Nohant. Cette maison (et ses dépendances) est plus qu'un musée. La dernière petite fille de George Sand y est morte sans héritier en 1961 et a fait don du domaine à l'état. Rien, ou presque, n'a été changé à l'intérieur. Seul le parc, laissé à l'abandon, a été remis en état. Le guide qui nous fait visiter est humain et accessible tout en restant pointu dans ses connaissances. Il ne fait pourtant pas oublier celui que j'ai connu en 1995, il me semble, un vieux monsieur encore en vie aujourd'hui selon son collègue, qui semblait avoir toujours habité les lieux et bien connu ses occupants.
Je me souvenais très bien du hall et du grand escalier, de la cuisine à droite, avec sa cuisinière à évacuation inversée (la fumée s'échappe par le sol et non par un tuyau aérien), de la salle à manger surtout, avec sa table dressée, aux invités prestigieux. Cette année, anniversaire Chopin oblige, l'antique chemin de table de 1860 environ, où figurait Flaubert, a été changé et rajeuni pour y faire apparaître les noms du pianiste et de son ami Delacroix. J'ai toujours trouvé cette pièce extraordinaire: une banale salle à manger de maison bourgeoise, au mobilier assez simple (hormis le lustre en verre de Murano qui n'est d'ailleurs pas ce que je préfère), un endroit comme on en connaît d'autres, mais où se sont côtoyés peintres, musiciens et écrivains, parmi les plus grands du XIX°, utopistes et politiques qui, lors des dîners pris très tôt, vers cinq heures, y ont voulu rêver ou refaire le monde.
La pièce à côté, un assez vaste salon, est, en son centre, occupée par une grande table ovale, oeuvre du menuisier de Nohant, qui tranche par sa rusticité avec le reste du mobilier, fauteuils, canapés et secrétaires, et qui servit, au cours des soirées dans la demeure, à ce que tous s'y livrent à leur occupation favorite. George Sand, elle, aimait que l'on y fasse la lecture à voix haute. Aux murs, les portraits, dessins ou photographies des membres de la famille, dont l'ancêtre à la mode bâtarde, le Maréchal de Saxe.
Deux pièces du rez-de-chaussée ont été transformées en salle de théâtre où est aussi installé le castellet et quelques marionnettes de Maurice, le fils de George, les autres étant exposées au-dessus de la librairie, dans un bâtiment annexe. Le premier étage est essentiellement occupé par les chambres, dont la petite chambre bleue, la dernière de George Sand, et ce qui fut la chambre de Chopin que, peu de temps après la rupture, on fit séparer en deux parties: une bibliothèque et une pièce à placards de rangements.
La promenade dans le parc et le verger suivit le détour dans la partie du cimetière où sont enterrés touts les membres de la famille. Cette fois-ci, il était trop tard pour les cerises et trop tôt pour les prunes. Il y a quinze ans, en août, nous y avions dégusté des mirabelles gorgées de sucre et de soleil. Nous sommes allés jusqu'au fond du parc, sur la petite "île" envahie de buis odorant.
Chaque fois que je viens ici, j'ai l'impression d'être chez des amis qui, tout à l'heure, apparaîtront au détour d'un sentier et me convieront à partager leur souper. Nohant est tout sauf un musée sans âme. Au retour, autres zigzags de part et d'autre de la route principale, et succession d'églises fortifiées, de châteaux, de villages ou gros bourgs à la somnolence tranquille, perdus dans la belle campagne de l'Indre puis de la Creuse. Une journée bien remplie encore, comme je les aime: faites de petits plaisirs culturels et de convivialité gustative.
Quatrième jour.
vendredi 16 juillet 2010
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5 commentaires:
L'Indre, je connais un tout petit peu, mais je ne suis passé qu'au large de ces coins là.
Si tu as l'occasion un jour, passe à Nohant. Ca vaut le détour.
Dommage que ce soit la Creuse qui soit annoncée dans le titre !pour une fois que des voyageurs savent où se trouve l'Indre...
Robyleine
Calyste, n'oublie pas de modifier le titre de ta note ! LOL
Je n'aime pas le style littéraire de George Sand (enfin, pour les trois romans que j'ai lus). Mais tu m'as donné envie de visiter le musée. Comme, quelquefois, lire des livres ou voir des films. Sait-on à quel point tourisme, littérature et cinéma bénéficient sans le savoir de l'intense vie bloguesque souterraine...? :)
Moi non plus, je ne suis pas fan, mais cet endroit est vraiment un endroit magique.
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