mercredi 21 juillet 2010

La Clé

Ce soir, court voyage en pays d'enfance pour y retrouver deux amis chers de ces années-là, deux amis aussi bien littéraires que cinématographiques: Basil Rathbone et Nigel Bruce. Voyons! Cela ne vous dit rien? Cherchez du côté des studios de cinéma Universal dans les décennies trente et quarante. Allez, dernier coup de pouce: l'un des deux héros prononce dans les films une phrase qui n'est jamais apparue dans aucun des romans ni des nouvelles.

Vous avez trouvé: bravo! Oui, il s'agit bien de Sherlock Holmes et de son ami le Docteur Watson. La phrase célèbre, c'est bien sûr: "Élémentaire, mon cher Watson!" mais jamais Conan Doyle ne l'a écrite. Ce soir, j'ai vu La Clé (titre original: Dressed to kill) qui s'inspire de plusieurs nouvelles différentes sans en reprendre fidèlement une en particulier. C'est le dernier des films de la série des Sherlock produit par Universal avec Rathbone dans le rôle du détective londonien. On y retrouve d'ailleurs la très belle Emily Adler, cette femme qui est au centre de l'intrigue de Scandale en Bohême et pour qui, par extraordinaire, le cœur de Holmes a vibré d'un tendre sentiment inavoué. Il faut dire que Miss Adler, pour l'intelligence et le don du travesti, est le pendant exact du fumeur de pipe.

L'intrigue n'a que peu d'importance ici. Ce qui compte, ce sont les personnages campés avec talent par Basil Rathbone et Nigel Bruce, tellement en osmose avec leur rôle que, pour beaucoup de gens comme pour moi, l'image de détective et du docteur est indissociable de ces deux acteurs. Le premier au long visage énigmatique, froid et un peu snob, dégageant, lorsqu'il réfléchit, un nuage de fumée de son éternelle pipe, le deuxième bonhomme et un peu naïf (ce que n'est pas vraiment le personnage littéraire), servant à merveille de faire-valoir à son ami et lui indiquant même parfois, sans le savoir, le chemin de la vérité.

Que dire de plus? Tout cela est certes un peu stéréotypé, a bien vieilli, repose sur une conception du monde dont les codes ont depuis tous été perdus. Mais moi, j'aime, tout, de la brume aux silhouettes angoissantes, des pas qui gravissent l'escalier au salon du 221B Baker Street. D'ailleurs, je ne suis toujours pas sorti de cette enfance-là puisque, chaque année, en atelier écriture, je fais rédiger à mes élèves une nouvelle à la manière de..... qui vous savez. Vous ne savez pas? C'est pourtant élémentaire!

4 commentaires:

KarregWenn a dit…

Ah Basil ! l'adéquation parfaite et rare entre un comédien et son personnage. Il était Sherlock.
Vieillie cette version, je ne trouve pas.

Calyste a dit…

Non, je me suis mal exprimé, KarregWenn: ce qui a vieilli, c'est la qualité de la copie, qui demanderait à être un peu retapée.

Cornus a dit…

J'adore les Sherlock Holmes

Calyste a dit…

Bienvenue au club! Moi, ça m'a pris dans ma toute première jeunesse.