Un petit texte en écho à celui d'un camarade de jeu qui a fêté l'arrivée des vacances en levant le coude. Je l'ai retrouvé (le texte, pas le camarade de jeu) dans des archives dont, dans ma furie actuelle de rangement et de déblayage, il est le seul rescapé. En voici la substantifique moelle.
Non, la boisson ne passe pas par le poumon!
Certains disent que la boisson va dans le poumon et de là au reste du corps. Ceux qui disent cela sont trompés par le fait suivant: le poumon est creux et un tuyau lui est attaché; si le poumon n'était pas creux ni pourvu d'un tuyau, les êtres vivants n'auraient pas de voix, car nous parlons grâce au poumon, parce qu'il est creux et qu'un tuyau y est attaché; les mâchoires et la langue articulent le son(...).
Je vais m'opposer à ceux qui qui croient que la boisson se porte au poumon. Il en va comme suit. La boisson va dans le ventre; et le reste du corps puise au ventre. Il faut réfléchir à ce que je vais dire. Voici comment je prouve que la boisson ne va pas au poumon, mais au ventre. Si la boisson allait au poumon, quand ce dernier est rempli, j'affirme qu'on ne respirerait ni ne parlerait facilement, car rien ne pourrait faire résonner le poumon, qui serait plein. Cela fait une preuve. Ensuite, si la boisson allait au poumon, les aliments restés secs en nous ne se digéreraient pas de la même façon. Cela fait deux preuves.
Les purgatifs que nous buvons sortent du ventre (...) Si l'un de ces médicaments allait au poumon, il me semble qu'il y ferait grand mal. Le liquide qui vient de la tête l'ulcère déjà en fort peu de temps, car le poumon est chose tendre et poreuse, et s'il est ulcéré, on ne se portera pas bien, pour beaucoup de raisons. Le ventre, par contre, n'est pas ulcéré par le médicament, car c'est une chose résistante comme la peau. La plupart des Libyens se servent de la peau de leurs bêtes comme vêtements, et du ventre comme sacs, car le ventre est quelque chose de résistant. (...)
Ensuite, comment le lait nourrirait-il l'enfant, s'il allait dans le poumon? C'est à mes yeux une preuve supplémentaire. Je n'en aurais pas accumulé autant si tant de gens ne croyaient pas que la boisson va au poumon. Devant des opinions fort ancrées, il est nécessaire de dresser beaucoup^de preuves si on veut par des discours persuader l'auditeur d'abandonner une croyance antérieure.
Hippocrate, Des Maladies.
CQFD !
mercredi 7 juillet 2010
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4 commentaires:
Ah on est rassuré ! Allez, je m'en verse un godet !
Et une petite question : le poumon au singulier, c'est dû à la croyance qu'il était en une seule partie, ou c'est affaire de terminologie ? (tout ça parce que j'ai la flemme d'aller fureter dans mes dicos !)
Le poumon, vous dis-je!
J'adore la scène du Malade Imaginaire en question, et la série des "ignorant !" qui suit. Ca me faisait rire à 9 ans, et toujours autant aujourd'hui !
Sinon, le poumon du camarade de jeu se portait fort bien le lendemain des agapes en question. Mais j'avais forcé le trait : même si j'avais un peu abusé de la dive bouteille, j'étais très loin de rouler sous la table, et mon euphorie était plus psychologique qu'autre chose !
Allez, ressers-moi une autre rasade de vacances et d'été, mon Calyste. Bon, on se voit quand ici ? En août ?
"Eh ben je ne sais pas, parce que gnagnagni et que gnagnagna..."
Grrr. Encore un commentaire, et une assiette, qui vont passer à la poubelle. :-(
Ben oui, justement! La suite au téléphone.
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