En évoquant mes souvenirs de "l'est", cela m'a rappelé une entrevue récente avec Mireille (qui faisait partie du voyage à Prague) où elle m'a montré un album de photos prises à l'époque. Si je resituais la plupart de ces photos, une ou deux ne m'ont rien rappelé du tout (à Mireille non plus puisqu'elle n'avait pas rajouté une légende). Étonnant tout de même d'avoir vécu des choses qui, depuis, se sont totalement évaporées !
Alors pourquoi d'autres, pas plus marquantes, sont-elles restées ? Comment la mémoire fait-elle la sélection ? Et cette mémoire sélective est-elle sûre ? J'ai par exemple des souvenirs de petite enfance qui ne sont certes pas "directs" mais construits avec les éléments que l'on a évoqués autour de moi.
Il y a parfois aussi des carambolages. J'ai par exemple évoqué ici, il me semble, mon premier souvenir de la mort : celle du mari de Victoire, la vieille voisine de ma grand-mère. Je situais ça vers mes cinq-six ans. Or, en passant au cimetière pour une Toussaint, j'ai découvert sa tombe et son nom inscrit, avec les dates : le monsieur était mort plusieurs années plus tard. Alors quoi ?
La mémoire serait-elle une sorte de théâtre d'ombres où certaines silhouettes resteraient éternellement dans l'obscurité alors que d'autres passeraient régulièrement devant le faisceau lumineux, sans que l'on sache pourtant si on les a bien identifiées ?
vendredi 10 novembre 2017
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5 commentaires:
Ah c'est sûr qu'il faut se méfier de la mémoire et de ses "reconstructions" a posteriori à l'aide de témoignages tiers. Par exemple, pour ce qui me concerne, j'ai eu tendance, petit, à amalgamer les images télévisées de la mort de Pompidou et celle de Franco, comme si la mort du premier et l'image de son cercueil avait perduré durant un an et demi.
Cornus : moi, je ne sais pas avec quelle autre mort j'ai pu amalgamer. Je me souviens surtout qu'alors que je riais aux éclats en jouant dans la cour, mon ami d'enfance, Yvon, m'avait dit qu'on ne faisait pas de bruit quand quelqu'un venait de mourir.
Bon, vous allez dire que je radote mais j'étais donc déjà "vieille", et je ne jouais plus dans la cour, mais c'est pas mieux. À la mort de Pompon je ne sais pas pourquoi ni comment, si ce n'est une pleine lune particulièrement active, ma bande et moi nous étions déchaînés et ce fut une nuit de folie sur le port. Sans vraie raison raisonnable, personne ne le détestait réellement ce pauvre homme. il nous était assez indifférent. Derniers sursauts d'une adolescence attardée sans doute ! Assumons...
Pour Franco j'ai aussi levé mon verre, et plus d'un, mais là par contre on savait pourquoi.On avait encore tous sur le coeur l'exécution de l'anarchiste catalan Salvador Puig Antich, le dernier garrotté du franquisme quelques mois avant le début de l'agonie interminable du caudillo.
Moi, j'étais content à la mort de De Gaulle, ce que je trouve un peu con aujourd'hui.
Cornus > Mais tu suçais encore ton pouce à cette époque ! :)
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