Il est rare que je parle ici d'un livre avant de l'avoir terminé. Pourtant, avec Henry James et son Voyage en France, je crois avoir compris l'idée générale et sa façon de concevoir les choses. Lors de ce séjour chez nous, Henry James voyage en Touraine (Tours, Blois, Chambord, Amboise, Chaumont, Chenonceaux, Azay, Langeais, Loches...) puis dans le sud-ouest (Toulouse, Carcassonne...), en Provence (Nîmes, les Baux, Avignon...) et enfin en Bourgogne (Macon, Beaune...).
A chaque étape, il prend des notes aussi bien sur les monuments les plus significatifs que sur les moyens de transport ou les lieux d'hébergement. Si certaines remarques sont assez pointues et même parfois drôles, l'ensemble laisse pourtant un goût amer qui finit par lasser. Est-ce par ce qu'il a entrepris ce périple juste après la mort de sa mère que ce monsieur se montre aussi souvent négatif? Rien, ou bien peu, ne trouve grâce à ses yeux, ou plutôt chaque moment de plaisir décrit est immédiatement suivi (parfois précédé) d'une critique comparative acerbe. Je ne sais pas en quel état étaient ces villes en 1892, année de son voyage, mais ce qu'il en dit n'incite guère à les visiter, et je ne retrouve pas, dans ce qu'il dit, les impressions que j'ai ressenties sur place dans les sites que j'ai connus moi même.
Il résulte de cette façon de présenter les choses un arrière-goût désagréable de parti pris systématique et de snobisme anglo-saxon qui m'agace profondément.
(Henry James, Voyage en France, Ed. Robert Laffont. Trad. de Philippe Blanchard)
mercredi 3 octobre 2012
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6 commentaires:
Je crois que je comprends ce que tu veux dire. J'ai souvent ressenti le même énervement en lisant les récits de voyages en Bretagne, très nombreux et extrêmement bien écrits, par des écrivains anglais ou des français, dans le courant du 19ème siècle, époque florissante de la celtomanie. (J'en ai toute une collection, héritée de mon père, de beaux livres que je n'aurais jamais pu m'offrir). Ça donne à réfléchir sur la vision qu'on a des pays et des peuples qu'on découvre, les a priori auxquels il est difficile d'échapper, et la haute idée qu'on se fait en général de sa propre culture. Mais en même temps c'est passionnant et on navigue sans cesse entre les deux tentations, balancer le bouquin ou continuer! J'ai le souvenir d'un récit écrit par un pasteur gallois sur la chasse au loup dans le Centre-Bretagne, où quand il évoque les "natifs", on dirait qu'il a affaire à une tribu de Cro-Magnon, c'est finalement assez marrant.
Un des intérêts de ces récits de voyage c'est aussi souvent les dessins, en général de la main de l'auteur. Y en a t-il chez James ?
Je connais les châteaux de Tours, Blois, Chambord, Amboise, Chaumont, Chenonceau (l'x que pour le nom de la commune dit-on, pas pour le château), Azay-le-Rideau et Langeais (mais je n'ai jamais été fichu de visiter Loches, alors que j'y suis passé x fois devant). Alors oui, cela m'aurait bien dit, mais s'il démolit. Et dit-il quelque chose des paysages de la Loire ? N'oublions qu'à propos de ces derniers, Victor Hugo n'a pas dit que des choses sensées, et ce n'est pas le seul, hélas.
La Plume: c'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant ce bouquin: balancer et continuer. Je viens de le terminer et ne regrette pas de l'avoir lu. James écrit d'ailleurs très bien. J'essaierai sans doute un de ses romans plus tard, histoire de voir.
Non, il n'y a pas de dessins, bien qu'il évoque très souvent le fait que ce qu'il voyait pouvait en constituer d'excellents sujets.
Cornus: quelques passages sur le fleuve, oui, et assez positifs, pour une fois. Quant aux textes de Hugo auxquels tu fais allusion, je ne les connais pas.
Disons que j'ai assisté à des colloques ou d'érudits personnages avaient fait des bibliographies sur les paysages ligériens dans la littérature (non scientifique). J'ai sans doute une partie retranscrite de ces colloques.
Je suis en train de lire le tour d'écrou, du même auteur, je découvre et j'aime.
Georges: voilà, c'est celui que j'avais lu autrefois et dont j'avais oublié le titre, mais pas le plaisir ressenti!
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