A midi sur France Inter, une émission sur les règles des femmes. Sans doute pas le meilleur moment pour la diffuser mais au moins, j'ai eu le temps de l'écouter. Non, ça ne m'a pas coupé l'appétit! Je connaissais un certain nombre de synonymes, pudiques, narquois ou scientifiques, que l'on emploie dans le langage courant pour cacher une réalité bien naturelle pourtant: menstrues, ragnagnas, anglais... J'en ai appris un autre, qui viendrait du grec: les catiminis. Jamais entendu mais bien joli tout de même.
Lorsque j'étais enfant, personne, bien sûr, dans la famille, ne m'avait expliqué que les femmes, à intervalles plus ou moins réguliers, y étaient soumises, pas plus d'ailleurs que l'on ne m'avait prévenu sur l'évolution de mon corps de garçon. Ces choses-là restaient bien cachées par les adultes et c'est peu à peu, au détour de mots prononcés à voix basse mais entendus tout de même, que j'ai appris comment allait la vie.
Mais la première fois que j'ai été confronté à celles de ma mère, je ne savais rien encore. Il était interdit de pénétrer dans la chambre de mes parents en leur absence et cette interdiction m'avait toujours intrigué. Aussi, un jour, le démon (ou la curiosité) me poussant, j'ai transgressé l'interdit et suis entré dans le Saint des Saints. Ouvrir les tiroirs des armoires, fouiller les papiers en prenant bien garde de ne pas les déclasser ne me prit que quelques instants et ne m'apprit pas grand chose. Je me tournai alors vers la corbeille de linge sale (pourquoi? Je n'en sais rien) et découvris un morceau de tissu totalement imbibé de sang. Ma frayeur fut telle que je quittai rapidement la chambre. Ma mère s'était-elle blessée? Mon père était-il violent? Questions auxquelles je n'eus de réponses que bien plus tard. La bonne santé de ma mère les jours suivants, alors que je l'observais inquiet, me rassura et je finis par oublier.
J'eus une autre fois affaire à ce qui, pour moi, reste encore aujourd'hui, bien étranger. Nous devions partir avec des élèves de cinquième pour une semaine de classe verte. Dans le lot, des filles, bien sûr, et j'avais demandé à mes collègues féminines de bien vouloir demander aux parents, lors de la réunion préparatoire, de prévenir leurs enfants de ce qui risquait de leur arriver lors de ce voyage. Aucune n'osa en parler et ce fut à moi de m'y coller. Ce qui finit par vaincre ma pudeur, c'est l'idée de la terreur qu'aurait pu susciter chez une élève non prévenue l'apparition de ce sang entre ses jambes.
Enfin, à la suite d'une séance d'éducation sexuelle organisée par des experts au collège, mais dont les élèves tenaient à débattre ensuite avec moi, leur professeur principal, la conversation finit par arriver sur le sujet. et une petite fille qui venait d'apprendre l'existence des règles chez les femmes s'écria naïvement devant moi: "Ah! je comprends maintenant pourquoi ma tante a maigri!"
Mais je vous parle là d'un temps que les moins de vingt ans...
mercredi 4 juillet 2012
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7 commentaires:
Frédérique Al Amrani - Boisseau dans son excellent ouvrage "Filles de la Terre" tout juste publié aux Presses Universitaire de Rennes, cite au chapitre consacré à ce (douloureux ! ) sujet le terme employé dans la région d'Angers en milieu rural : "Voir". "J'ai vu" ou pire quand les choses trainent un peu : " je n'ai pas encore vu".
J'avoue que cela ne m'a jamais intrigué et pas inquiété vis-à-vis de ma mère. Et puis, j'ai dû savoir assez tôt la chose.
Quatre sœurs : rien de tel pour attiser le mystère et le résoudre en même temps. Et quand déjà tout petit on est plus intéressé pas les mecs, ça paraît une question fort subsidiaire... Ma première éjaculation m'a fait un effet mémorable, car je n'étais pas prévenu que ce geste interdit pouvait produire ça... alors faites pas chier avec vos règles. Les mecs ont d'autres découvertes pas simples non plus dont on en parle pas.
P.P: c'est une façon aussi de dire: je vis.
Cornus: c'est que tu es d'une autre génération.
P.P: tout à fait. Je pensais aussi à ma première éjaculation quand j'ai écrit ça. Je te répondrai sans doute par un autre billet.
Ma mère m’a raconté un jour qu’à son époque on n’expliquait rien aux petites filles. On lui avait de pas aller dans l’eau, de ne pas nager pendant ses règles – et elle avait peur de mourir en trempant un simple orteil dans la mer…
Ah la la ! et toutes les sauces, mayonnaises, béarnaises, et autres gribiches, dont des femmes en cuisine pendant leurs "périodes" furent accusées de les faire tourner !
Kranzler: j'ai aussi entendu que l'on interdisait aux femmes de s'approcher, pendant leurs règles, des usines de sucre (je ne sais plus où) de peur qu'il ne noircisse!
P.P: je n'ai jusqu'à aujourd'hui jamais réussi une mayonnaise. Il faut peut-être que je consulte?!
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