Prenez par exemple le mot "phare": tout le monde le connaît et sait ce qu'il veut dire, tout le monde (ou presque) sait l'écrire. c'est un de ces mots banals que l'on croise sans y prêter attention, qui passe inaperçu, beaucoup plus que la réalité qu'il nomme, tant il fait partie de notre vocabulaire courant.
Et pourtant! Tout à l'heure, en l'entendant par hasard à la télévision, dans une émission qui n'avait rien à voire avec la mer, il a retenu mon attention, je n'ai pas écouter la suite, mon attention s'était arrêtée sur ce simple mot: un phare. Je me suis alors surpris à me poser une de ces questions idiotes qui me viennent souvent à l'esprit et qui surprennent parfois mes interlocuteurs qui arborent alors le pire des airs commisératifs. Je me suis demandé qui me l'avait appris.
A quel moment de ma vie est-il entré dans mon bagage de vocabulaire? Tôt sans doute, mais qui, le premier, m'en a enseigné le sens? Bien sûr, je n'en ai aucune idée. Il me semble avoir toujours fait partie de ma vie. Pourtant, il a bien fallu une première rencontre, une première question, une première réponse. Est-ce l'instituteur qui me l'a transmis, un jour de lecture, et en quelle classe? Sont-ce mes parents dont je ne suis pas sûr qu'ils en aient jamais vu un? Ou bien l'ai-je appréhendé seul, un soir dans mon lit ou couché dans l'herbe des prés qui entouraient la maison, avec un livre pour seul horizon? Je ne le saurais jamais. Mais ce genre de mystère est, pour moi, bien aussi important que de m'interroger sur l'infinitude de l'univers.
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10 commentaires:
Ah que cette note me touche ! Bien sûr tu aurais parlé de n'importe quel autre mot j'aurais pu réagir, mais "phare" !!!!!!!! Bon, peu importe en vérié. Je crois juste que certains mots et certaines réalités ont su et pu croiser leur magie au bon moment pour laisser en nous une trace indélébile. Ainsi, moi qui ai connu petite fille un monsieur gardien de phare d'Armen, The Lighthouse !!!!, est-ce que le mot serait resté en moi aussi évocateur de magie, sans ce monsieur, connu pour de vrai, en chair et en os ? Mystère. Est-ce que j'aurais tant aimé et tant phantasmé sur les phares si je n'avais pas croisé ce monsieur ? Mystère. Les mots, leur musique, leur sens, leur venue dans notre univers, quelle chimie bizarre, et quelle merveille !
intéressant propos, mais le choix du mot, phare, brouille toute objectivité chez moi qui voulais être gardien de phare enfant et non pompier !
Après les deux premiers commentateurs de premier choix, je vais paraître bête. Mais pour moi, un phare, c'est d'abord un phare de voiture et c'est ainsi que je l'ai appris de mes parents. Le phare maritime, c'est bien après que j'ai su que ça existait. Quand exactement : à l'école ou lorsque j'en ai vu lors de vacances littorales avec mes parents ?
Sinon, le far que l'on mange, j'ai longtemps cru qu'il s'écrivait comme l'autre.
Une fois une petite fille m'a demandé quel avait été le premier mot, prononcé. Qui l'avait dit, quand ? L'origine du verbe et son mystère !
Les mots racontent des histoires et la nôtre aussi. Ils sont aussi une histoire à eux seuls! C'est formidable effectivement que certains d'entre eux (beaucoup, à vrai dire!) nous croisent et s'attachent à nous. On ne sait plus trop quand, on ne sait plus comment, s'il y a eu ou non un passeur, mais peu importe au fond! J'aime les mots, de passion!
KarregWenn: je crois que les mots dépassent souvent la réalité qu'ils représentent, ont en tout ca leur vie propre. Pourquoi, en primaire la sonorité du mot "Potomac" m'a-t-elle à ce point marqué que, près de cinquante ans plus tard, j'en ai fait le titre de ce blog, moi qui ne suis jamais allé dans la prairie nord-américaine?
Mais, Karagar, je crois qu'en ce qui concerne l'amour des mots, il faut justement se garder de toute objectivité.
Tiens, c'est drôle, Cornus, quand, l'autre soir, j'ai entendu ce mot, à aucun moment je n'ai pensé à celui de l'automobile. C'est immédiatement la silhouette solitaire qui m'est apparue.
Voilà bien le genre de questions que je me pose parfois, Anna. Il n'y a donc pas que moi?
Christine: je te conseille alors, si tu ne le connais pas encore, le Dictionnaire historique de la langue française (Robert) de Alain Rey. C'est passionnant!
Oui! Je le connais et le fréquente souvent; Je suis une dingue de dico! J'ai même une édition du Larousse de 1934, et dans le genre très curieux, un Dictionnaire littéraire et érotique des fruits et légumes de JL Hennig. J'attends avec impatience d'avoir dépassé la lettre Z pour faire partager cette succulente et hilarante oeuvre!!!!
On va se régaler, Christine!
Moi je ne suis pas sûr à 100%, mais à 99, disons. la première fois où je me suis intéressé à ce que pouvait bien être un phare, c'est en lisant "la boussole du club des 5". Je devais avoir 7 ans. Ce qu'on peut se cultiver en lisant des livres "pour enfants"... c'est fou.
Et maintenant, tu as ton phare perso à la maison en la personne de Tinours!
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