J'ai lu, ces derniers mois, beaucoup d'articles critiques, voire haineux ou imbéciles, sur l'Église catholique et particulièrement sur la position de son chef, le pape, que ce soit celui-ci ou un autre précédent. On reproche à l'évêque de Rome de ne pas vouloir considérer le préservatif comme un moyen de contraception ou, mieux, comme une façon de se protéger contre la contamination. Je sais, de mon côté, que de nombreux prêtres du clergé de base n'ont pas ses réticences et sont, dans leur discours, beaucoup plus ouverts.
Or, ce qui me surprend et me gêne, c'est que je n'entends ni ne lis pas grand chose sur la position de nos politiques, particulièrement le premier ministre, sur le délicat problème de l'euthanasie. Comment se fait-il que cette position contre le droit de choisir l'instant de sa mort, ne soulève pas une semblable levée de boucliers, une indignation similaire? Je ne comprends pas.
La mort serait-elle à ce point ignorée dans nos sociétés occidentales modernes que l'on ne se préoccupe guère de la regarder en face. Il le faudra bien pourtant un jour ou l'autre si l'on considère le vieillissement de la population de nos pays. Et la souffrance extrême, ne s'en soucie-t-on pas? Faut-il à tout prix être ou ne vouloir être que jeune et plein d'énergie? La sexualité (et la sauvegarde de sa santé) est certes un axe important de nos vies, mais pas davantage que la fin de vie. Ou alors il faudrait considérer que l'on se moque totalement de ces vieux qui ont fait leur temps et qu'on abandonne parce qu'ils ne servent plus, ou de tous ces gens gravement malades, donc improductifs, dont la présence à nos côtés gâche un peu le tableau.
Personnellement, je me sens libre. Je ne reconnais à aucun dirigeant politique ou religieux le droit de disposer de ma vie et de prendre des décisions à ma place. Pour dire plus, je me moque totalement de leur avis ou de leurs interdictions. Le sujet n'est pas là. J'aurais simplement aimé que ceux qui crient facilement haro sur le baudet lorsqu'il s'agit de prise de position religieuse fassent également connaître leur indignation lorsque c'est un politique qui prend position (surtout sachant que la pratique de l'euthanasie dont on parle est déjà, à mon avis, passablement répandue dans le milieu médical). Alors, si l'on veut débattre, débattons, mais, s'il vous plaît, arrêtons les hypocrisies!
mercredi 26 janvier 2011
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9 commentaires:
Pour une fois fois, on choisit en même temps le sujet d'un billet !
Je suis tout à fait d'accord avec toi, sauf sur une chose : les jeunes aussi peuvent être concernés et un gars de presque 44 ans comme moi y pense depuis un certain temps aussi...
Nos politiques ne font plus de politique et, comme si cela ne suffisait pas, les gens n'en réclament pas.
Je suis d'accord avec toi, et tu m'inspires...
Pour ma part je pense que c'est d'abord un problème de société, de conscience individuelle avant que la politique ou la (les) religions interviennent. Si j'ai bien entendu, le 1er ministre est contre à titre personnel, de même que le ministre de la santé. Personnellement, pas encore concernée mais on ne sait jamais, c'est que je refuse l'acharnement thérapeutique dès lors que je n'en sortirais pas autonome (genre légume incapable d'en finir tout seul) MAIS je ne veux pas souffrir. Quand on a des proches pour se faire aider ça va. Dépénaliser une action d'humanité est important donc c'est la justice qui tranche.
Qu'en pensent les vétérinaires ???
Depuis un moment déjà, je n’apprécie pas énormément les propos simplistes sur les positions du pape sur tel ou tel événement. Beaucoup de bêtises circulent en effet et il est de bon ton de s’indigner des « bulles » papales ou de l’église catholique. Et je le dis d’autant plus volontiers que je n’ai pas la hiérarchie de cette église en haute estime, c’est le moins que l’on puisse dire. Et visiblement, beaucoup de catholiques « ordinaires » ou de chrétiens en général condamnent un grand nombre des prises de position arriérées des chefs.
Personnellement, bien que non croyant et m’estimant en dehors de cette église, je l’aimerais modernisée et davantage proche des gens. Beaucoup de curés le sont, font ce qu’ils peuvent. Malheureusement, d’autres suivent les préceptes d’en haut (sans mauvais jeu de mots).
Toutefois, je ne suis pas d’accord pour mettre sur le même plan la problématique du préservatif, la fin de vie, le suicide ou l’euthanasie. En ce qui me concerne, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, je ne suis pas favorable à la légalisation totale de l’euthanasie, ce qui ne signifie pas que je sois contre le fait qu’une personne malade puisse choisir de mourir. Ce qui me fait énormément peur dans l’euthanasie légalisée, simplifiée c’est que cela devienne la conclusion naturelle d’un constat d’échecs. Echec de la thérapeutique, échec de la prise en charge des patients, échec de la prise en charge de la douleur, échec de la solidarité nationale et intergénérationnelle. Aujourd’hui, ces échecs sont devant notre nez et pour faire des économies, on laisse(ra) de plus en plus les gens souffrir avec comme seule alternative l’euthanasie. Peu de gens parlent de ça, mais n’est-ce pas ça le véritable scandale ?
Je me moque bien entendu des prises de position et autres élucubrations de l’église (des églises) et dans un pays prétendument laïc, tout humaniste, tout homme politique normalement constitué (si ça existe encore) ne devrait pas s’en soucier.
Alors, je serai peut-être pour l’euthanasie quand on aura réglé les autres problèmes. Je n’ose parler du mot en lui-même dans lequel j’entendais « nazi » quand j’étais jeune.
Pardon pour ce long commentaire, mais j'y tenais.
Mutisme sur la révolution tunisienne et déclarations tonitruantes d'opinions personnelles contestables sur un sujet (la fin de vie) qui mérite un vaste débat. Le gouvernement français (en mérite-t-il encore la dignité?) est de plus en plus insupportable dans son action comme dans son verbe! Qu'avons nous donc à faire des affres de la morale de M. Fillon ou du pape devant un sujet qui concerne le choix individuel de chacun à mettre un terme à ses souffrances où à une condition dégradante? Qu'ils aient leur opinion est une chose, qu'ils l'imposent de leur férule aux autres en est une autre qui porte le nom de dictature, surtout quand on met au pas le parlement qui voulait légiférer le contraire. Je sens que moi aussi ce sujet m'inspire! Merci à toi pour ce billet très "réactif"!
Merci à tous pour vos commentaires. pas assez de temps ce soir pour y répondre, et je ne veux pas bâcler. J'aurai plus de temps dès lundi.
Je te confirme que dans les services hospitaliers dotés de lits réservés aux soins palliatifs (c'est à dire à l'euthanasie passive - donc légale - dans la mesure où l'on cesse l'acharnement thérapeutique au profit du seul apaisement de la douleur), la décision d'opérer une euthanasie active (c'est à dire de prescrire l'accélération "discrète" du décès - illégale) est fréquente, notamment quand la douleur et l'agonie des derniers jours échappent aux ultimes antalgiques.
En tant que soignant (je bosse dans un service lourd), la question se pose en deux termes : l'aspect légal (l'euthanasie active étant interdite en France), et l'aspect socio-philosophique (quels critères déclencheront l'autorisation de l'euthanasie active ?, par exemple).
En France, les tentatives de suicide sont punissables par la Loi et les témoins inactifs sont coupables de non assistance en personne en danger. Le débat est exactement le même. De par ailleurs, l'eugénisme (avortement d'un embryon possiblement atteint d'un handicap congénital) est couramment pratiqué, voire conseillé.
Fidèle à moi-même, hors convictions religieuses, je n'ai solutionné LA Grande Vérité à imposer soit aux autres soit à moi-même, même si je crois qu'il faut politiquement statuer sur le sujet (et ce si possible sans l'empressement avec lequel on s'autorise à légiférer du présent sans tenir compte de l'avenir - souvenez-vous comme l'on avait condamné les sidéens des années 80).
Dans les débats, je n'ai encore entendu personne distinguer l'agonie physiquement intolérable, la démence, le "simple" mal-être, le handicap, les rides, etc. Je n'ai encore entendu personne espérer un redressement des finances de la recherche, une chasse à la "dictature" des laboratoires pharmaceutiques, une reconsidération de la place de la personne souffrante ou déficiente dans la société, une expansion de la prise en charge (etc, la porte est immensément ouverte aux ramifications). Parce que bien souvent, l'urgence et l'habitude du défaitisme l'emportent sur les projets qui dépassent même les libertés et les espoirs de sa propre sa propre filiation...
Pour ma part, donc, le débat ne serait pas si l'on doit accepter l'euthanasie active en l'état actuelle de la pauvreté des convictions, des critères et des doutes, mais à savoir comment réformer les obscurités qui empêcheraient de se soulager de ce que l'on ne veut pas endurer, voir ou admettre comme participant à la nature humaine.
Pardonne-moi, Callyste, j'ajoute une note suite au commentaire de Zeus publié entre-temps : il utilise le terme tout-fait de "choix individuel". Or ce terme n'est pas magique : selon qu'il est d'origine de convictions religieuses ou politiques, Qu'il soit sous le coup de la Loi républicaine, de la tradition ou bien de la morale collectives (de la culture endémique)(je ne connais personne qui ait des idées ou des sentiments sans modèle), il ne permet pas tout et doit convoquer des concertations démocratiques. Imposer un avis ou une compréhension viscérale ne dispense pas de produire des arguments cohérents pour la majorité. Un "choix individuel" (selon mon observation) n'existe pas ex-nihilo et se fixe toujours à une influence, que ce soit celle d'une unique expérience marquante ou celle d'un mouvement plus diffus.
Il se pourrait (puisque je n'affirme rien) que les décrets individualistes de ce genre soit une altération momentanée de la vision du devenir humain en réponse à des angoisses laissées de côté par négligence.
Kab-Aod, heureux de te relire. Tu n'as pas à t'excuser de réagir aux commentaires. Ce blog est aussi fait pour ça, même s'il est avant tout un moyen pour moi de me sentir bien. A bientôt, j'espère.
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