Merbel m'avait intrigué dans un de ses commentaires sur ce blog, évoquant des correspondances entre ce que je livre ici et un roman de Mathieu Riboulet, Avec Bastien, publié chez Verdier. J'ai donc, après avoir eu un peu de mal à le dénicher (bien qu'il ait été publié cette année), acheter ce livre.
C'est un ouvrage court, qui se mérite pourtant, écrit dans un style parfois complexe qui peut rebuter mais avec d'extraordinaires fulgurances. Le narrateur débute son récit par une scène de fellation pratiquée par un jeune homme sur celui qu'il appellera Bastien. Où est-ce? On ne le sait pas. On comprend peu à peu cependant qu'il s'agit probablement d'une vidéo pornographique que le narrateur est en train de visionner. Immédiatement, ce dernier va au-delà de l'image seule et nous confie l'histoire de Bastien, de son unique amour pour Nicolas, un garçon laid et moqué de tous au collège qui se suicidera du désespoir d'être sans cesse rejeté sauf de Bastien.
Nicolas mort, Bastien devenu adulte livrera son corps à tous, c'est à dire à personne, un beau corps de sportif parcourant sa Corrèze natale seul ou avec sa mère. Nous saurons cette histoire de famille, banale somme toute où le plus jeune des trois frères n'est pas comme les autres. Nous saurons que l'on peut, dans une certaine intimité, adopter des vêtements féminins tout en restant homme, uniquement homme, simplement parce que ces vêtements, ce sont ceux de la grand-mère adorée.
Oui, j'ai aimé ce court récit parce qu'il allie, ce qui est assez rare, une pensée profondément intellectuelle avec une sincérité sans tabou et sans faux semblants. Le sexe est là, omniprésent et cru, mais on dirait parfois qu'il n'est là que comme la musique dans un film: pour accompagner les pensées de celui qui regarde et qui voit plus loin que des draps froissés.
Cette histoire est loin de la mienne, bien sûr. Je ne dirais pas ici où elles se rejoignent. Mais, oui, Merbel, elles se rejoignent parfois.
mercredi 15 décembre 2010
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2 commentaires:
Je suis vraiment contente que vous ayez apprécié ce texte! Vous en parlez bien, notamment de ces passages fulgurants et de ce mélange de subtilité et de crudité. Chacun vit sa vie, certes et chacune est singulière: la littérature- quand elle existe vraiment- a toutefois ce don de faire "résonner" en nous des fragments de vie...
Riboulet écrit vraiment bien!
Merci à vous, Merbel, de me l'avoir fait connaître.
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