dimanche 10 janvier 2010

Spectateur

Dernier repas des fêtes de fin d'année aujourd'hui. Toute la famille proche a enfin pu se réunir chez ma mère. Mon neveu est arrivé du midi depuis quelques jours. Ma nièce, elle, a eu plus de mal à relier Lyon en avion depuis le pays basque. Elle n'est arrivée qu'en milieu d'après-midi.

Étrange que je ressente toujours la même impression d'être là et ailleurs à la fois, d'être partie prenante et spectateur totalement extérieur. C'est souvent le cas dans la vie de tous les jours mais avec la famille, ça s'accentue toujours énormément. Je les regarde, je sais que je les aime et, en même temps, je ne parviens pas à me considérer comme un de leurs proches. Je n'ai jamais pu réellement m'intégrer. Rien n'explique cette réaction, peut-être tout de même le fait que j'ai été élevé longtemps ailleurs qu'au sein de cette famille. Je sais, en tout cas, que mon homosexualité n'a rien à voir avec tout cela, qu'elle ne conditionne en rien mes façons d'agir et de réagir.

Alors je me tais, je souris en pensant à autre chose, je me réfugie dans le sommeil, j'aime quand, à la cuisine, il y a un plat où les aliments brûlés ont particulièrement accroché et que je peux, en toute "impunité" passer un bon moment à le nettoyer jusqu'à ce qu'il soit comme neuf. Les autres le sentent-ils? Je le pense même si leur interprétation de mon attitude ne soit sans doute pas la bonne.

Aujourd'hui encore, j'ai pu, un moment, un court moment, oublier mon statut de spectateur plus ou moins attentif et me mettre au diapason des rires. J'ai appris aussi que ma sœur et mon neveu (dont je suis le parrain) sont allés ensemble au cinéma pour voir Avatars. Bien, très bien, mais, encore une fois, pourquoi ne pas m'en avoir parlé, pourquoi ne pas m'avoir proposé de les accompagner à la projection de ce film pour lequel j'aurais peut-être dit oui?

Ce matin, j'ai rejoint le domicile maternel à pied: quarante minutes dans la purée collante ou les plaques glissantes des trottoirs. Ce soir, je m'apprêtais à faire de même. Je ne voulais rien demander à qui que ce soit. Finalement mon frère m'a, après un mot de ma sœur, proposé de me ramener. J'ai accepté pour la moitié du chemin et j'ai terminé à pied, en ressentant, malgré moi, comme une impression de liberté. J'aime être seul, je crois. Je les aime tous pourtant, je l'ai déjà dit, mais je suis un solitaire. Et ce n'est pas demain que l'on va me changer!

Tout n'est pourtant pas perdu: en écrivant ce billet, j'écoute le CD de chants populaires du Pays Basque que m'a offert ma nièce. Je m'imaginais ce folklore plutôt mélancolique. Il n'en est rien: assez joyeux, du moins ce que j'ai entendu jusque là.

4 commentaires:

piergil a dit…

Bin oui, les basques sont bien connus pour les ferias...en autre...

La Discrète a dit…

Comme dit la chanson (je crois)
" on choisit ses amis on choisit pas sa famille..."
Oui le pays basque est un pays gai (sans jeu de mot ;-) au sang chaud !

KarregWenn a dit…

Ah ce Piergil, sait pas ce qu'il fait ! Le voilà qui involontairement me ramène bien des années en arrière dans ce pays qui est presque mon 2ème pays. Par le coeur au moins et un petit peu par cousinage réel. Pendant un de mes séjours "linguistiques" là-bas j'avais fait une toute petite partie du chemin de Compostelle entre Soule et Navarre...avec mon amoureux du moment. Et merveille des merveilles j'ai compris une partie de la chanson ! j'en reviens pas...Merci à lui !

Cornus a dit…

Il m'est arrivé d'être "spectateur" lors d'un repas de mariage (avec de nombreux convives). Je ne connaissais pratiquement personne à ma table et encore, c'était une connaissance très lointaine. Je n'avais pas apprécié la soirée, mais aussi pour d'autres raisons. Heureusement, le reste de la journée avait été réussi.
Sinon, lors de repas de famille en plus petits comités, cela se passe toujours bien. Je m'imagine mal comment il pourrait en être autrement. Mais je crois percevoir ce que tu ressens.
On t'a pas proposé d'aller voir "Avatars", parce qu'on a "supposé" que cela ne t'intéresserait pas. Ce genre de supposition, j'en ai aussi été victime à une époque (même si ce n'était pas avec ma famille) et je comprends que cela te rende amer ou extérieur.