lundi 11 janvier 2010

Snobisme, quand tu nous tiens!

Voilà Kathleen Evin qui, à L'Humeur vagabonde ce soir, prononce le nom de Borges, l'écrivain argentin, comme jamais auparavant je ne l'ai entendu prononcé. Denis Podalydes lui répondant a restitué la prononciation française traditionnelle. Heureusement, sinon je n'aurais pas compris à qui on faisait allusion.

Ah! ces gens qui ne peuvent parler de Bach sans bruit appuyé de gorge tentant de cracher un "RRRR" élégant, ou relisent Proust avant même de l'avoir lu!

Madame Evin m'a déçu ce soir. Plutôt que de s'essayer à des prononciations exotiques, elle aurait mieux faire de se renseigner avant de parler: Edgar Allan Poe n'était pas anglais mais américain!

3 commentaires:

Kab-Aod a dit…

Il m'est souvent arrivé de prononcer "BARH" pour "BACH", ayant vécu dix ans en Alsace et étant marié à un fils de Suisse-Allemande (multilingue, férue de prononciation originale). Je suis souvent moi-même coincé entre l'habitude française et l'acquis "culturel" : "Kierkegaard" se prononce "kirkeugârde" en France mais (à peu près) "Shirkeugô'd" en danois, langue que j'ai frôlé en apprenant deux ans le norvégien.
Il y a eu beaucoup de révolutions à ce sujet, notamment avec le chinois (cf. Lao tseu et Mao Tse Tung) et l'arabe (de "mahomet" nous sommes passés par "Mohammed" à "Muhammad").
Depuis que je vis en Bretagne, et amoureux de la particularité linguistique que je suis, j'ai adopté de nouveaux accents sans aucun snobisme ni pédantisme : ça vient parce que c'est là. "Yann" devient donc "YÃn'" ("Ã" comme dans "banc", nasalisé).
Cela dit je m'adapte à peu près à mes auditeurs.
Mais je traîne un talon d'Achille : ma mère, peu soucieuse de l'altérité, ricanait dès qu'elle entendait "Barh" à la place de Bak". Ça m'insupportait.
Ne disions-nous pas "Mirhaïl gorbatchef" pour lire une orthographe différente ?
La France, d'après un article et une interview découverts début décembre, serait l'un des pays européens qui respecterait le moins la prononciation originale.
Par les temps qui courent, le recours à la prononciation originale ne me gêne pas puisque je l'ai rencontré dans la dimension franco-régionale. Reste certes à connaître l'effet sur un public qui accepte que l'on prononce "Maïkeul djaksone" mais qui buterait sur des "scenarii" au lieu de "scénarios"...
En France on dit "chariot" d'un côté et "charisme" de l'autre : Bach était Allemand et nous serions ce résidu à claquer un "K" là où il n'y en a pas ?
Je stoppe là mon commentaire, ça deviendrait politique è-é !

KarregWenn a dit…

Snobisme peut-être chez certains et dans ce cas bien énervant, mais il faut bien reconnaître que rares sont les locuteurs français, en particulier dans les médias, qui font l'effort de prononcer correctement les noms étrangers,quelqu'ils soient, et je ne déteste pas de temps à autres faire un peu de provoc, suivant les gens avec qui je me trouve. Après tout puisque l'on prononce Wagner et Malher à l'allemande, pourquoi Bach n'y aurait pas droit ?
Le fait d'être bilingue me pousse peut-être à ça. Et peut-être aussi le fait d'entendre écorcher les noms bretons, non pas sur les chaines ou ondes nationales, ça je peux le comprendre, mais sur les régionales et locales, alors que les journalistes ou animateurs, vivant sur place, ont toute facilité de se renseigner auprès de leurs collègues. Certains d'ailleurs le font très naturellement. Question de respect.
Et puis je me souviens combien ça m'énervait quand certains de mes profs écorchaient exprès mon nom (d'origine allemande)...
Ah la la, Babel !

Nicolas a dit…

Ce qui compte, au final, c'est que l'on parle encore de ces artistes, non ?