Cette semaine, ma sœur étant absente, j'ai passé quatre soirs avec ma mère. J'en ressors épuisé, mais je ne crois pas qu'elle y soit pour la plus grosse part. Bien sûr, elle est parfois difficile, mais ce qui me fatigue le plus, c'est maintenant cette envie constante de fuir que j'éprouve dans la moindre situation qui m'emprisonne ou que je ressens comme telle. Je n'ai jamais aimé les contraintes, surtout si elles me sont imposées autoritairement. Je n'assume que celles que je me crée moi-même (et elles sont déjà parfois nombreuses). Mais là, on atteint des sommets. Ainsi n'ai-je pour m'échapper actuellement que deux solutions: le sommeil ou la colère, ou, le plus souvent, une alternance des deux. Aujourd'hui, j'ai beaucoup dormi en sa compagnie.
Hier, j'ai bavardé un peu plus longuement avec d'autres patientes, celles avec qui elle passe ses journées, dans un salon aux nombreux fauteuils et canapés, devant la télévision ou à écouter de la musique. Certaines tricotent, d'autres (rares) lisent, la majorité regarde le sol ou le plafond, rêveuses, endormies ou abruties par des traitements. Elles se sont plus vite habituées à ma sœur qu'à moi, bien sûr, mais maintenant elles répondent volontiers quand je les salue et l'une d'entre elles m'a même dernièrement appelé par mon prénom.
J'ai ainsi appris que Yvette était autrefois une professeur d'anglais prometteuse qui avait toujours été bien notée par son inspectrice avant de "tomber malade" et qu'une autre dame, dont j'ignore encore l'identité, avait été, elle, professeur d'allemand. Je sais qu'une troisième a enseigné le français. Alors elles étaient heureuses de parler avec moi, se retrouvant un instant en pays de connaissance, regardées autrement que comme de simples malades. Une autre, à l'état de santé plus aléatoire, me récite, depuis qu'elle connaît mon métier, des passages de poésies qu'elle a apprises pendant son enfance et dont elle est toute fière de se souvenir encore.
Moments de détente, presque de connivence où peu à peu affleure une certaine tendresse. Je vois venir le jour où je pourrai leur faire la bise sans les effaroucher. Moments de détente également ces deux jours avec un repas "familial" chez J. et une visite aux puces du canal avec Frédéric qui y a acheté un très beau tableau. Il me faut des appuis solides pour rebondir, parfois.
dimanche 24 janvier 2010
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1 commentaire:
Loin d'être indifférente à ce que tu racontes ici, mais des souvenirs mal digérés m'empêchent encore d'y ajouter quoi que ce soit.
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