J'ai toujours eu de grandes toilettes, Dieu merci (expression toute faite, bien sûr, car je ne vois pas en quoi Dieu pourrait en quelque façon que ce soit être impliqué dans un coup pareil!). La palme revient à celles de notre ancien appartement qui avaient, en plus, l'avantage de posséder une fenêtre étroite donnant sur la cour. Ainsi pouvions-nous tout à loisir, en cas de constipation chronique, admirer le seul arbre planté au milieu de cet espace vide et tenter de deviner ce que pouvaient bien faire les voisins d'en face dans leur cuisine ou dans leur chambre à coucher, selon l'heure de la grosse commission.
Ce qui m'a toujours plu dans les toilettes spacieuses, c'est que l'on peut y accumuler, en plus des produits que l'on trouve habituellement en de pareils lieux, une multitudes de choses à lire: romans, recueil de poésie, revues et journaux, prospectus publicitaires, grilles de mots croisés ou autres jeux permettant d'attendre sans s'impatienter le moment de la délivrance.
Dans mes toilettes actuelles, j'ai installé, sur la gauche en entrant, un petit guéridon à deux tablettes qui aujourd'hui débordent de toute la littérature précédemment citée. Bien sûr, habituellement, les strates accumulées sont rarement dérangées dans leur ordonnancement chronologique. Il ne m'arrive pratiquement jamais de plonger dans les étages inférieurs pour y relire un article, un chapitre ou reprendre une grille incomplète. D'une de ces plongées intemporelles, je garde un souvenir cuisant où le ridicule faillit m'achever. Découvrant dans le Nouvel Observateur que je venais d'exhumer de sous la pile de revues un article sur Pablo Neruda, j'étais sorti à peine reculotté pour annoncer à Pierre la mort du poète chilien: en fait, comme me l'avait ensuite annoncé Pierre avec un brin de moquerie, il était mort depuis plusieurs mois et l'information m'avait échappé durablement...
Pourquoi est-ce que je parle aujourd'hui de mes toilettes? Parce que cela a un rapport avec le séjour chez moi de Lancelot et Tinours. Tous deux ont allégrement plongé dans les piles poussiéreuses et ont ainsi réexposé à la lumière du jour un certain nombre de fascicules que j'avais depuis longtemps complètement oubliés. Loin de me perturber, ce mini tsunami me plaît, parce qu'il me permet de renouer avec des plaisirs ou des émotions oubliées, au travers par exemple de programmes de concerts qui avaient enchanté d'anciennes soirées ou de bandes dessinées que je n'ai plus feuilletées depuis longtemps.
Juste un petit détail: il faudrait que je passe le chiffon à poussière un peu plus souvent....
Quelques exemples de ce que nous avons en stock dans les toilettes de Calyste (sans mentionner d'anciens numéros du Nouvel Obs., de Télérama ou de La Vie):
- Le petit Paumé, guide pour les sorties et restaurants de Lyon , éditions 2009 et 2010
- Un livre de poche présentant de nombreuses photos de Nadar (Ah! la beauté sublime de Sarah Bernhart vers 1860!)
- Le Génie des Alpages, célèbre BD de F'Murr
- Un petit recueil de poésies (sorti d'où?): Salles d'attente, de Rémi Faye (Les Éditeurs français réunis)
- Vingt ans de prix du patrimoine (1983-2003) dans le département du Rhône
- L'Oratorio de Joseph Kosma, Les Canuts, sur un poème de Jacques Gaucheron, concert auquel avaient participé J. et sa chorale
- Le programme du Goethe Institut pour les mois à venir
- Enfin, un vieux rouleau de papier toilettes provenant des chemins de fer italiens et retrouvé depuis peu au fond d'un bagage aujourd'hui inutile. Je ne m'en servirai qu'en cas de nécessité extrême, non parce qu'il est vieux et gris mais parce qu'en lisant l'inscription qui y est portée, Ferrovie dello Stato, je voyage déjà, assis sur ma cuvette....
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4 commentaires:
Ah ! la vastitude des toilettes, quelle merveille ! Mais plus encore la fenêtre. Ça c'est capital. Je vais encore, en janvier/février, poser ma pêche avec ravissement dans les toilettes de chez mes parents (chez mon frère maintenant), dans les parfums des mimosas qui entrent presque dans la pièce. À l'automne c'est bien aussi, avec l'épine-vinette en fruit. Et s'ils ne font rien on pourra bientôt cueillir des mûres sans se lever du siège !
Chez moi, point de littérature, le bureau-bibliothèque étant attenant aux toilettes. Faut dire qu'ici tout est plus ou moins attenant. Mais des plantes vertes, et du soleil. C'est vital pour l'inspiration, non ? Un peu de musique douce n'est pas mal non plus.
Oui, Karregwenn, c'est là tout un art de vivre! Où va se nicher l'épicurisme!
Presque, on y dormirait, dans vos toilettes, aux uns et aux autres ! Pourquoi ne pas y installer aussi une cafetière électrique et une gaufrière ? Et une télé ? Hmmmm... affaire à suivre...
Donc, pour remuer la poussière dans les vieilles revues de Calyste, il faut vraiment que Lancelot s'y mette. Pas TiNours, je le sais de source sûre : il est trop poli pour ça.
Oui, Sarah Bernhardt jeune, très belle. Mais dans ton inventaire, tu as oublié de mentionner un livre de BD qui m'a beaucoup fait rire : la version coquine des grands célèbres comme Tintin, Tif et Tondu, Astérix, les Schtroumphs, etc. Hilarant !
Bien sûr: il y avait LA version coquine, et tu l'as trouvée! C'est effectivement assez rigolo!
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