Travailler le dimanche. Le sujet fait autant écrire que parler et les articles ne manquent pas dans les blogs que je visite. Alors, moi aussi...Je ne veux pas polémiquer. Simplement évoquer mon enfance.
Lorsque j'étais enfant, je ne voyais pratiquement jamais mon père. Il était mineur. Nous étions six dans la famille. Son salaire de misère n'aurait pas suffi à nous nourrir et à nous assurer un minimum d'éducation. Sacrifier les vacances, d'accord, mais la santé, la nourriture et l'enseignement, jamais. Alors, il en faisait toujours plus. La paie de six jours ne suffisant pas, il travaillait aussi le septième. Il allait décharger les camions, au vieux marché de gros de St Etienne. et lorsqu'il rentrait, il s'occupait encore de la ferme où nous habitions et du jardin qui nous nourrissait en partie.
Cet homme, dont je savais qu'il n'était pas mon père, je ne le connaissais pas, je ne voyais que ses mauvais côtés, sa fatigue, son irritabilité, sa violence parfois, et je le détestais. Je ne voyais pas tous les efforts qu'il faisait, sa vie qu'il sacrifiait pour nous, pour moi, pour me payer des études.
Si son salaire avait été suffisant, il n'aurait pas été obligé (comme ma mère d'ailleurs) de travailler sans cesse, et la tendresse qui l'habitait et que je n'ai découverte que très tard, il aurait pu l'exprimer d'une autre manière que de façon un peu frustre, entre deux tâches à accomplir. Moi, on m'a volé mon père. Le travail me l'a volé.
Alors, battons-nous afin que les hommes gagnent suffisamment leur vie pour pouvoir se reposer en fin de semaine, et passer ce temps libre à connaître leurs enfants et à leur manifester leur amour. Je sais, ça fait un peu con dit comme ça, mais je le pense comme ça!
vendredi 5 décembre 2008
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7 commentaires:
Parfait. Exact. Merci.
Sans avoir vécu dans les mêmes conditions, j'ai vécu pareil - haine d'un père trop dur de trop travailler. Je n'aurais su le dire aussi bien.
Parce que tu crois qu'un jour comme ça est possible de cette fin de semaine où personne ne génèrera un poil d'économie ? Pas moi.
Je le redis et je le redirai, personne n'est prêt à sacrifier les services rendus le dimanche, et chacun est contre le travail du dimanche à condition qu'on ne lui enlève surtout pasce dont il profite ce jour-là. Pour moi, ça s'appelle de l'égoïsme.
J'ai lu ce billet ce matin. J'y pense encore. Mon enfance n'était pas dans ce même monde, mais le résultat est presque le même.
Une très belle évocation de ton père, qui remue des choses et fait vibrer des échos en chacun de nous, je pense.
La question du travail du dimanche, elle est tellement polémique que je ne l'aborderai pas ici. C'est comme pour les SDF à sauver de force, ou pas. La vérité finale, personne ne la détient.
Il faut laisser aux hommes le temps de se connaître et de s'aimer! Il me semble que cela prime sur l'économique.
Nous vivons déjà une vie trop rythmée, trop chronométrée, trop rapide!!! Travailler le dimanche ne ferait qu'engranger cette cadence. Pour moi le dimanche, c'est la journée familliale et reposante. Déjà trop de personnes travaillent ce jour là, mais comme le dit si bien Olivier, il y a beaucoup d'égoïsme ...
On peut être égoïste de temps en temps, S. Si on ne l'est pas soi même, personne ne le sera à notre place! :-))
Bises à toi.
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