Je suis rentré. Les rues étaient désertes, le ciel de plus en plus gris sombre, le silence des rues total. J'ai laissé ma mère et ma sœur devant Jean de Florette.
Maintenant quelques voitures passent sous mes fenêtres: retour à la maison après la journée festive, l'apéritif resservi, le repas trop riche, les cadeaux, les merveilleux cadeaux, ces idiots de cadeaux. Les enfants dorment à l'arrière, perdus au milieu de l'amoncellement des paquets ouverts ce matin ou à midi sous le sapin, ailleurs. L'homme conduisant, un peu congestionné, trop mangé, trop bu, regrettant de ne pas s'être resservi à temps du chevreuil ou du turbot; elle totalement silencieuse, parce qu'elle sait que dans ces moments-là éclate la violence des mots, pour un rien, parce qu'on a passé la journée dans sa famille à elle et pas dans la sienne, réservée pour le 1er de l'an.
Étrange silence de la ville après la fièvre des derniers jours, fourmis envolées, terrées par tribu, décortiquant l'amas des achats, ripaillant à l'abri des autres, oublieux du reste, ripaillant, c'est tout, comme si c'était la dernière fois.
Étrange impression de non-vie, de négation du plaisir, de l'amour, de la lumière, que même le ciel n'a pas montrée. On a passé une fête, il en reste encore une, et puis enfin autre chose.
Plus personne ne dit aimer Noël. Fêter Noël, c'est comme baiser: on en attend beaucoup avant et l'on reste sur de l'inachevé, du frustrant, même si c'était merveilleux, de l'inassouvi parce que cela ne peut être autrement. Qu'attend-on de Noël? Du luxe, des paillettes, des lumières scintillantes, de la goinfrerie , de la beuverie, ou même de l'amitié plus solide ce jour-là que les autres, un peu plus de partage, de tendresse avec les proches, la chaleur de se retrouver. On l'attend, oui, on l'attend.
Alors qu'il faudrait donner, oublier son nombril et donner, oublier ses états d'âme, son égoïsme, ses vieux rêves d'enfant niais et donner, oublier que l'on a peur de l'autre, d'aller à sa rencontre, franchir le pas et donner, donner même si l'on ne vous demande rien, parce qu'il est des êtres qui ne demandent jamais rien. Noël, en religion, est un don, total, magnifique. Nous l'avons transformé en instant privilégié de satisfaction de nos envies. L'envie a tué le désir. Il était porteur de vie, elle ne peut être que stérile.
Je suis rentré un peu triste, je ne le suis plus. J'ai écrit. Recadrage des pensées absurdes qui, au lieu de ne faire que nous traverser, nous envahissent parfois. Noël est une belle fête, à recadrer.
jeudi 25 décembre 2008
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