Dans quel coin du Net ai-je vu passer l'info tout à l'heure: la Rai due, chaîne de télévision italienne, a osé amputer le film Brokeback Mountain de deux scènes d'amour entre les deux cow-boys, dont celle esquissant leur premier rapport sexuel?
Si l'annonce se vérifie, outre le fait que je trouve scandaleux que qui que ce soit, pisse-froid ou cul-bénit, se permette de toucher à la création de quelqu'un d'autre, même si l'œuvre ne plaît pas, je me demande comment on peut voir le film sans ces scènes? Réduire cette très belle histoire d'amour à une grande amitié virile entre hommes, c'est en dénaturer complètement l'essence même. Ce qui fait l'intérêt de ce film, qui par ailleurs n'est sûrement pas le chef-d'œuvre que certains ont bien voulu y voir, c'est justement l'extraordinaire force qui les pousse l'un comme l'autre à transgresser les interdits, à renier l'image qu'ils ont d'eux-mêmes pour accepter peu à peu de rejoindre leur véritable "peau", de cow-boys d'Epinal se transformer en amants fougueux d'un autre du même sexe, de risquer de passer pour les tantouses du coin, eux les archétypes du mâle.
Personnellement, ce premier contact physique sous la tente, plus suggéré que montré, m'avait bouleversé par la justesse des gestes, reflets exacts des sentiments vécus par chacun des deux à ce moment-là. Ôter cette scène, c'est émasculer le film.
J'ai honte pour l'Italie! De nombreuses associations sont heureusement en train de réagir vivement pour stigmatiser ce retour en arrière vers la morale qui se dit bien-pensante. Mais le mal est fait: on ose aujourd'hui ouvertement s'en prendre sans sourciller à la création artistique, aux différences sexuelles, raciales ou religieuses, et il s'en trouve toujours, de plus en plus nombreux, pour se satisfaire pleinement de ces pratiques. J'ai peur que notre grand timonier à nous ne s'inspire un jour ou l'autre de son grand ami transalpin. Que ne ferait-il pas pour lui ressembler!
PS, qui, il me semble, a à voir: "cul-bénit" n'est pas dans le Petit Larousse. Ah! France, fille aînée de l'Église!
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7 commentaires:
Je suis d'accord avec chacun de tes mots, je crois.
Ça ne m'étonne pas, Olivier.
Suis sûr que cette expression se trouve dans un autre dictionnaire ! Cherche bien.... ;-)
et dire que je n'ai pas encore vu ce film ...
Les gays sont mals vus en Italie, un retour de catholicisme puritain.
Je crois que la RAI s'est excusé mais tu as raison : le mal est fait.
Notre grand timonier a une épouse dont le frère est décédé des suites du sida, je ne pense pas qu'il aille se mettre la communauté gay sur le dos avec une simple révision de l'adaptation de la nouvelle d'Annie Proulx...et puis la France n'est pas l'Italie...
Hélas, je ne suis pas étonné du coup de sécateur. Le contraire m'aurait surpris, même.
Je ne vois pas à quoi tu fais allusion, Tef!!!
Pourtant, que j'aime l'talie, Farfalino! Ma deuxième patrie, parfois ma première.
Je ne connaissais pas l'histoire du frère, anonyme.
Bienvenue ici, Kranzler.
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