J., devant ma surprise renouvelée de le voir écrire si tôt sur son blog, me disait que, pour lui, c'était tout naturel. Pourrais-je, moi aussi poster un écrit avant de partir au travail?
Je pense qu'alors la tonalité générale de mes billets changerait. Il me semble qu'écrire le matin apporte un peu de "pétillance", de la fraîcheur, que le regard est davantage tourné vers la journée qui commence et que l'on espère bonne, que, comme après une nuit de vaines angoisses, le jour efface les peurs ou leur redonne leurs justes proportions. Quand on écrit le matin, on est forcément optimiste, sans que je sache si la phrase ne pourrait pas être inversée: quand on est optimiste, on écrit forcément le matin.
Moi, il me faut le soir, rarement l'après-midi, presque un rituel. D'abord le repas, à écouter la radio en mangeant seul face à mon assiette (rien de triste dans ce détail), puis l'écriture et la lecture. J'ai l'intuition que ces trois activités, se nourrir, écrire et lire, sont par essence féminines car concernant l'interne, le caché, le personnel. J'ai du mal à exprimer ce que je ressens sur ce point. Je crois que c'est notre part féminine qui prend le dessus le soir, c'est à dire notre intériorité, qui peut aussi passer, à un moment, par la prière, le point sur la journée, ce qui est presque la même chose, le merci en moins.
De ce moment tardif où l'on écrit, naît-il de la nostalgie? Je ne crois pas, même si la lampe allumée sur le bureau, dans l'obscurité du reste de l'appartement, accroît cette intimité avec le texte, écrit ou lu, incite à la confidence, au chemin plus ombré de la fiction, à une certaine douceur du relâchement. Mais c'est plus la forme qui peut en être imprégnée, la structure de la phrase, sa musicalité, son étendue, sa tessiture. Les sujets de mes billets me viennent souvent dans la journée. Je les note parfois sur un petit papier pour ne pas les oublier. Ou alors ce sont les autres, quand je les lis, qui me font réagir, qui me rappellent un souvenir, qui m'évoquent un épisode de ma vie. Et sur les sujets choisis, l'heure n'a pas d'emprise.
Ainsi écrire, comme manger et lire, voire prier, est une douceur que je m'offre avant de dormir, une façon de déstresser le zèbre, de lui raconter de belles histoires dont je ne me souviens pas qu'il y ait jamais eu droit enfant.
En me relisant, je me rends compte que je n'ai pas vraiment dit ce que je voulais dire, qu'il faudrait déjà que ce soit plus clair dans mon esprit pour le rendre avec clarté par les mots. J'y reviendrai sans doute un jour.
mardi 30 décembre 2008
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6 commentaires:
Oh que si, cher Calyste, vous dites bien vos sentiments...!
S'il y a des choses que vous n'avez pas dites, elles sont dans le blanc, entre les lignes.
Moi je trouve que vos idées sont claires et très bien écrites. On vous comprend parfaitement !
Et tout comme vous, j'aime aussi écrire le soir.
J'ai souvent pensé ça, pour l'écriture et la lecture, que ce sont des activités plus féminines que masculines en revanche... se nourrir, j'y mettrais de la nuance : le rapport à la nourriture est très différent du côté homme (le gavage sportif, manger gras) et du coté femme (la gourmandise, le rapport au corps, minceur, surveillance et excès maladifs).
Tu t'es déjà demandé comment serait le monde si les heures disparaissaient et que le temps s'écoulaient, sans repère autre que le ciel ?
Diriez-vous, Oceania, qu'a l'instar de Mozart, le blanc qui suit les mots de Calyste est encore du Calyste? Je vous taquine, bien sûr!
Quelle beau nom, la Discrète!
Je voyais "manger", Nicolas, dans le sens d'ingérer, de mettre en son intérieur, de transmuer pour donner naissance à autre chose, pour croître. Tous aspects féminins selon moi, quel que soit le régime.
Mon rêve serait de savoir lire le ciel aussi bien qu'un roman.
Le ciel, c'est ton blog. Un roman qui reste sans cesse à découvrir, à décoder, à aimer.
J'aime cette note que tu viens d'écrire. Je l'adore.
Tu vas me faire rougir, Lancelot.
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