La tutélaire

Aujourd'hui, je n'ai pas mis les pieds dehors : j'ai enfin eu le courage d'entreprendre le décrassage de ma cuisine qui en avait bien besoin. Près de trois heures de travail pour tout nettoyer. Ne restent plus que l'intérieur des placards et le luminaire. Mais exit les traces de gras (même si je cuisine peu gras), les toiles d'araignées et les traces de fumée de cigarettes.

J'avais presque fini lorsque, par mégarde, j'ai fait tomber quelque chose auquel je tiens beaucoup et qui trône depuis des années au-dessus de la hotte aspirante : la tutélaire. Pierre et moi avions donné ce nom à cette minuscule statue de la Vierge en fonte noire que nous avions trouvée, abandonnée, dans le fond d'un placard de notre appartement précédent. Elle ne m'a jamais quitté depuis (c'est à dire depuis 45 ans !). Il y avait bien eu une frayeur lors de notre déménagement quand elle avait disparu. J'avais alors déplié tous les journaux qui avait servi à emballer les bibelots et avais fini par la retrouver dans un des derniers.

Et tout à l'heure, je l'ai fait tomber. Mauvaise chute car le pied s'en est cassé, bizarrement. En voyant le dégât, j'étais tout à la fois furieux et inquiet : la tutélaire allait-elle me faire faux bond après tant d'années de bons et loyaux services ? J'ai mis au moins un quart d'heure avant de retrouver le petit bout cassé. Soulagement. Il ne me restera plus qu'à trouver une bonne colle pour qu'elle reprenne sa place là où elle a toujours été : dans la cuisine.C'est bête, non ?