Vous êtes-vous jamais promenés dans une forêt d'eucalyptus géants? Moi oui. C'était il y a bien longtemps, je devais approcher une dizaine d'années. Je n'étais pas seul bien sûr, j'avais pour compagnons d'expédition deux autres enfants: Mary, qui était belle de ses seize ans, et Robert, du même âge que moi.
Je m'en souviens comme si c'était hier. D'abord de ces troncs immenses qui dressaient au-dessus de nos têtes comme les voûtes d'une cathédrale résonnant de mille bruits inconnus à nos oreilles, possibles dangers qui nous auraient fait frémir si deux ou trois adultes ne nous avaient accompagnés. De cette lumière aussi, particulière, qui renforçait l'atmosphère sacrée du lieu, comme si le soleil s'amusait à éclabousser un encensoir pour se cacher l'instant d'après, plongeant le déambulatoire qui s'ouvrait devant nous dans une profonde ténèbre. Et puis l'odeur, un parfum particulier, jamais senti dans les bois de mon enfance, un mystère de plus qui nous chatouillait les narines.
C'est étrange, ce souvenir si ancien qui, dès le moment où je l'évoque, me fait ressurgir les mêmes sensations, les mêmes émois et, pour tout dire, les mêmes joies, faites d'angoisse et de curiosité mêlées. Je me souviens: j'étais tout près de chez mes parents, je gardais quelques chèvres en liberté, et moi, je l'étais encore plus qu'elles. Je dévorais Les Enfants du capitaine Grant de Jules Verne. Magie de la lecture. Je plains ceux qui ne la connaissent pas.
vendredi 16 novembre 2012
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4 commentaires:
Pour moi les enfants du capitaine Grand c'était perchée dans le vieux prunier du jardin. Je crois qu'il a connu tout Jules Verne ce vieux prunier !
Grant, pardon
J'ai lu ça, mais je ne m'en souviens pas et je n'avais pas accroché à l'époque. Une forêt d'eucalyptus ne me ferait pas rêver aujourd'hui dans la mesure où je ne sais pas ce que c'est pour de vrai. Il me faut un socle de ressentis communs entre réalité et fiction pour apprécier, et de la précision dans la description de l'atmosphère. Sinon, un de mes souvenirs les plus précieux en forêt cathédrale, c'est une hêtraie-sapinière dans les Vosges.
La plume: moi, le lieu de lecture, c'était en général dans le jardin, sous une tonnelle de roses. Que de voyages en solitaire!
Cornus: ah! moi, j'aime bien imaginer et me créer mes propres lieux en lisant les mots de l'auteur. Et même si ce n'est pas conforme à la réalité ou à ce que dit l'écrivain, peu importe: c'est là que j'ai décidé que se passait la scène!
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