Les femmes ne sortent plus. Déjà quand il fait beau, alors maintenant! Il faudrait remonter dans la chambre et enfiler un manteau ou une veste. Celles qui fument le font à la sauvette, sous une véranda, en regardant la pluie tomber dans le caniveau où les gouttes laissent une trace de calcaire plus claire. Peut-être, en tirant sur leur mégot cherchent-elles à deviner où tombera la prochaine.
Elles restent dans les vieux canapés de cuir vert du salon ou dans d'antiques fauteuils en rotin qui n'ont jamais connu d'Emmanuelle. La télévision est muette. Qu'importe? Elles se parlent à elles-mêmes, rêvant de leur vie antérieure, de leur vie, parce qu'en est-ce une maintenant? Elles dorment aussi, le menton sur leur vieille poitrine, abruties de médicaments. Parfois, au fond du couloir, la sonnerie du téléphone retentit. C'est toujours la même qui se lève. Le temps qu'elle arrive à la cabine, la sonnerie a cessé. Alors, du même pas hésitant, elle revient parmi les autres et poursuit son rêve, jusqu'au dîner.
Lorsque je m'en vais, c'est toujours le même rituel: "Bonsoir, Mesdames." "Bonsoir, Monsieur", plus rarement "Bonsoir, Calyste". Dans quelques secondes, je serai dehors, à remonter mon col, à regagner ma voiture. Elles seront toujours là. Elles m'auront déjà oublié.
jeudi 29 novembre 2012
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6 commentaires:
Ce que tu racontes là me rappelle la solitude d'une amie de la famille qui se trouvait dans une maison de retraite et ne pouvait que difficilement se déplacer. Elle avait toute sa tête et la première fois où j'étais allé la voir, j'avais été saisi par l'ennui supposé qu'elle devrait subir. Elle passait des journées à croquer le marmot. A priori peu de lecture, pas de télévision, peu de visites, peu d'interactions avec les autres résidents. Terrible. Mais, elle ne devait pas ressentir tout à fait les choses de la même manière...
Quand ma grand-mère est décédée à l'âge respectable de 97 ans, elle était dans un établissement médicalisé, avec toujours les mêmes personnes assoupies devant la télévision muette, les longs couloirs parcourus au rythme syncopé des déambulateurs, les chambres ouvertes sur des lits d'ennuis et le sentiment lors de mes visites, de rejoindre puis de quitter un univers figé. La vieillesse n'est pas toujours un naufrage, quelquefois elle ressemble à un échouage ; des bateaux aux voiles fripées et la coque hors de l'eau, qu'on peine à imaginer affrontant jadis la haute mer.
Cornus: sans doute, dans ces moments-là, se prépare-ton à la solitude définitive. Mais est-ce sûr?
Jean-Pierre: elle est très belle, ton image des vieux bateaux.
Tu as quelque chose contre les canapés de cuir vert ? pp
Nicolas: les miens sont gris mais ne t'inquiète pas: j'aime bien le vert aussi!
M. Benjamin est allé au-delà de leurs exigences pour m'aider avec mon prêt que j'ai utilisé pour développer mon entreprise de pharmacie.Ils étaient sympathiques, professionnels et de véritables joyaux avec lesquels travailler.Je recommanderai à toute personne recherchant un prêt à contacter. 247officedept@gmail.com.WhatsApp ... +19893943740.
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