Comment dire tout ça ? Je ne sais pas par quel bout empoigner ce billet. Bon, faisons simple. L'autre soir, en regardant un documentaire sur Hopper, outre le plaisir de revoir ses tableaux qui me plaisent, je ressentais comme une connivence, une empathie profonde avec ce que lui-même disait ou avec les commentaires des auteurs du documentaire.
Une phrase m'est restée de cette soirée: "peindre les rayons du soleil découpant les formes d'une architecture". Et là, j'ai revu mentalement toutes les photos prises ces dernières années dans Lyon ou ailleurs (pas nécessairement celles que je montre ici, sur ce blog) et je me suis entièrement retrouvé dans cette volonté de Hopper. La ville me fascine, ou plus exactement les lignes de la ville, débarrassées de tout sens, de tout désir d'illustrer, d'en montrer les beautés. Des formes, de la géométrie, changeante avec la lumière, un réalisme qui, pris dans ses détails, en devient presque abstrait.
Même découverte avec d'autres photos, de gens dans la rue, cette fois-ci. La plupart, celles qui ne proviennent pas d'un instantané comique ou insolite, sont prises avec le personnage de dos et seul. Je croyais prendre ces personnes pour leur couleur de vêtements ou le fait qu'ils lisent. Le véritable sujet n'était, je m'en rends compte maintenant, ni la couleur ni la lecture, mais la solitude, une sorte de moment ultime avant que quelque chose n'arrive, d'irrémédiable, une répétition d'Annonciation avant que l'archange Gabriel ne prononce les paroles après lesquelles rie, ne pourra plus être comme avant. A la fois regret d'un passé et peur/désir d'un avenir. D'ailleurs, j'ai fait pendant des années une collection de reproductions d'Annonciations.
J'ai enfin compris pourquoi j'aimais tant Edward Hopper.
mardi 30 octobre 2012
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6 commentaires:
Il y a comme une annonciation dans ces tableaux de Hopper. Ou une attente de cette providence qui me semble tellement plus riche que la realite que l'on voudrait nous faire accroire pour nous convaincre qu'il faudrait cesser de rêver.
Didier: tu es d'accord avec moi? Ceci dit, l'annonciation a quelque chose de terrifiant aussi et je peux comprendre que certains préfèrent fermer les yeux de peur de voir l'ange apparaître.
Je n'ai pas fini de lire le hors-série "Télérama" consacrer à ce peintre auquel je suis pareillement sensible depuis des lustres. À lire ton post je suis parti à réfléchir cette nuance entre "annonciation" et "révélation". À mes yeux, les acteurs des toiles de Hopper semblent souvent légèrement fatigués que survienne enfin une révélation. Les lumières, elles, deviennent plus solaire quand il s'agit de lieux déserts. Ses femmes ne sont pas des Madone. Plutôt des Marie-Madeleine qui n'auraient plus de Jésus sous la main pour sourire et relever le menton. Je n'en aurai pas l'opportunité, mais l'exposition m'aurait très intéressé.
Kab-Aod: heureusement que tu en parles. J'ai acheté depuis longtemps ce hors-série et l'ai oublié dans un coin. Je vais profiter de mes vacances pour le lire.
Moi aussi, j'aurais vraiment aimé voir cette exposition.
Je ne sais pas tout décrypter, mais assurément, tes compositions photographiques sont bien plus que de la simple photo. La sensibilité qui t'anime est très rare et précieuse.
Cornus: merci. Je pense d'ailleurs que cette activité constituera un de mes principaux passe-temps une fois que je serai libre de mon temps.
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