jeudi 31 mai 2012

Cognac

A la fin de mon adolescence, au moment où je vins habiter à Lyon, j'avais pris l'habitude de boire certains soirs une gorgée de Cognac. Il est bien possible que, parfois, j'en aie voler une bouteille dans le magasin de mes parents. Je ne m'en souviens pas, pas plus que d'un quelconque remords si je l'ai fait.  C'était l'époque où je pensais devenir écrivain et où Yvon parlait déjà de suicide.

J'avais découvert quelque chose qui me fascinait: alors que le goût de ce breuvage ne me plaisait pas (et continue à ne pas me plaire), son absorption provoquait chez moi une sorte de hoquet un peu semblable à celui que l'on ressent quand on est sur le point de vomir, qui me faisait grimacer pendant quelques secondes, le temps que l'alcool ait fini de descendre. La réaction de mon corps était toujours la même et je l'attendais avec impatience en me préparant à ce haut-le-cœur qui ne manquait jamais d'arriver.

On pourrait penser qu'il s'agissait d'un début d'addiction à l'alcool, pourtant il n'en était rien. Juste de la curiosité, un besoin de comprendre, d'analyser ce qui se passait en moi. Une façon aussi de me prouver à moi-même que j'étais encore en vie, que mon corps en tous cas n'obéissait pas à un cerveau endeuillé qui se croyait blasé de tout et que sa libido déjà bien écoutée avait fait descendre dans les bas-fonds de la désespérance.

On aura compris que, si je n'aimais pas les autres, je m'aimais encore moins moi-même. On aura sans doute aussi compris que, face à ce souvenir, je n'arrive pas à écrire quelque chose de logique et de sensé.

8 commentaires:

P. P. Lemoqeur a dit…

Ah ! le cognac ! faut être poit'vin et/ou charentais pour le boire comme il faut...
Contrairement au whisky (que j'aime tout autant), le cougnât, comme on dit,ça ne se boit pas cul-sec. C'est un truc de gens qui ne sont pas rapides et y a pas plus lent et paisible qu'un vrai poitevin et un authentique charentais ! Le cognac, c'est un peu comme le vin et son cousin, son demi-frère, l'Armagnac, faut qu'il passe par les trous de nez avant d'avoir droit à toucher le palais... Un cognac ça se renifle d'abord, et puis ça se lape tout doucement, après l'avoir bien regardé dans son "verre à cognac" où l'on dirait une huile qui graisse ses parois... et puis il faut au moins être deux car c'est pas un plaisir solitaire... Oh, on ne cause pas en le buvant, on n'en cause pas... on se comprend.
Prendre une cuite au Cognac, n'est excusable que lorsqu'on n'a rien d'autre à se jeter dans le gosier.

laplumequivole a dit…

Aucun rapport avec le hoquet du cognac mais je voulais juste te signaler que ces jours-ci tu peux écouter ET voir le War Requiem en live de la cathédrale de Coventry, là où il a été créé. Sur Arte Liwe web (lien direct chez moi)

Cornus a dit…

Le Cognac (ou l'Armagnac), je ne déteste pas, sauf le premier prix qui est intordable. Comme le dit PP, je le bois lentement. Bon, je ne suis pas non plus un grand amateur et je n'ai jamais bu de ma vie pour avoir des "sensations". Et si "sensations" il y a, je peux même parfois les regretter, et pourtant, je n'ai jamais été soûl de ma vie.

Nicolas Raviere a dit…

Une flagellation éthylique, c'est original.

Jean-Pierre a dit…

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
C.Beaudelaire (souvenir de lycée..)

Calyste a dit…

P.P: oublié de dire qu'en revanche, j'apprécie beaucoup son cousin, l'Armagnac.

La Plume: merci de me le dire, mais où est-il (hic!), ton lien direct?

Cornus: soûl à rouler par terre, moi non plus (en tous cas, je ne m'en souviens pas!), mais une petite ivresse, légère et joyeuse, pourquoi pas.

Nicolas: Mais je suis ORIGINAL! :-)

Jean-Pierre: je ne connaissais pas. Mais sa liste finale n'est pas exhaustive!

laplumequivole a dit…

Colonne de droite "l'armoire à merveilles"

Calyste a dit…

La Plume: merci.