vendredi 4 mai 2012

Chaussée glissante

Encore le bruit des roues sur la chaussée mouillée. J'ai tiré le rideau, je ne veux pas voir en face.  Que font les gens ce soir? Resto, cinéma, saunas.... Je m'en fous. Je pourrais dormir cent ans, comme la belle du conte. Mais les contes, je les explique aux enfants. Ils ne sont pas pour moi. Dormir et me réveiller, m'étirer et voir ma mère jeune, pas ce chiffon froissé aux ongles qui font mal, pas ce restant de femme que l'on ne comprend plus. Tout le monde est partie: ma nièce se marie, loin. Je n'y suis pas allé, je m'en fous. Un chèque suffira. Sans le vouloir, je froisse encore davantage le chiffon. Indifférence. Pourtant, le clown n'est pas mort et seul l'œil averti ou celui qui veut bien sait que je mens. Je m'en fous. Comédie. La grande bouche tordue vers le haut du masque antique, le porte-voix du n'importe quoi prononcé avec la même fatigue que l'on déguste un plat abhorré jusqu'à la dernière miette, le dernier haut-le cœur. On me salue, comme un vieillard. Comme un fantôme. Je n'existe pas.

6 commentaires:

laplumequivole a dit…

Vague à l'âme ?
Demain est un autre jour...
Mais si tu existes, puisqu'on te répond !

Calyste a dit…

La Plume: et une coupe de cheveux plus tard. CQFD!

Georges a dit…

C'est beau. C'est con à dire.

Calyste a dit…

Georges: non pas con. De toi, ça me fait plutôt plaisir.

Cornus a dit…

Il y a eu un temps où j'avais du mépris pour ceux qui se marriaient dans ma famille. J'ai changé.

Calyste a dit…

Cornus: pas de mépris dans mon cas. Seulement le regret qu'elle ait choisi de se marier si loin, empêchant ainsi une partie de la famille d'assister à ce mariage et contraignant mon frère à un voyage bien fatigant vu son état de santé.