mercredi 30 mai 2012

Des mots démodés (3)

"Livre" semble bien faire partie du lot. Non pas le livre (mais pour combien de temps encore ?) mais la livre, ces cinq cents grammes que l'on n'appelait pas autrement autrefois. En faisant des courses chez un boucher dans le Jura, j'ai entendu cette conversation sidérante:
- Une cliente devant moi: "Mettez-m'en une livre."
- Le jeune apprenti du magasin (une vingtaine d'années tout de même): "Ça fait combien de grammes, ça ?"
Ceci dit le plus sérieusement du monde.

Le féminin serait-il maudit ? Car dans la semaine, j'ai parlé à mes élèves d'une lieue, celle qui, avec ses six compagnes, ont fait la réputation de certaines bottes de conte. Un élève m'a interrompu pour me dire que je me trompais et que l'on disait "un" lieu. S'en est suivi bien sûr un petit cours sur les homophones où j'en ai profité pour leur apprendre ce que c'était qu'un enseigne,.... avant de m'apercevoir qu'ils ne savaient pas davantage ce qu'était une enseigne. Je me suis senti tout "chose"!

8 commentaires:

P. P. Lemoqeur a dit…

oui, c'est curieux. D'autant plus que la demi-livre (de beurre) est toujours utilisée.
Ca me rappelle l'une de mes sœur, qui jeune mariée avait demandé à son épicier "une demi-livre de pommes de terre"...

Anna a dit…

Et moi cela me fait penser au jeune homme chez le poissonnier du marché qui prend sa calculette pour additionner le prix du poisson et le prix de la tranche de terrine. Mais finalement, ce n'est peut-être pas plus grave que de prendre son dictionnaire pour vérifier deux "d", deux "r" ou un accent circonflexe. Bisous. Anna

laplumequivole a dit…

J'ai parcouru une lieue pour acheter un lieu d'une livre au lieu de lire un livre sur le milieu.
Il n'y a pas lieu de croire cette histoire mais je te la livre quand même !

Cornus a dit…

Pas si étonnant que ça finalement. Et moi qui suis chiant, je demanderais de quelle livre on parle ? Livre romaine, anglaise, françaises (et de quelle époque). Selon celle que l'on prend, on peut facilement se tromper de pas loin de 200 g. Oui, je sais, la livre "métrique" fait 0,5 kg et je l'utilise encore moi-même.

Calyste a dit…

P.P: ton histoire est aussi un sketch de je ne sais plus qui.

Anna: ni moins grave! Plein de bisous à toi aussi, Anna.

La plume: bel exercice d'orthographe à leur soumettre!

Cornus: tu n'es pas chiant, j'y avais pensé aussi. Mais commençons par les fondamentaux!

Nicolas Raviere a dit…

La langue évolue enfin dépérit de plus en plus vite ! je suis tombé sur un serveur la semaine dernière qui ne savait pas ce qu'était une "cruche d'eau". Sans doute une cruche ! Mon mec a rigolé, disant qu'on employait plus du tout ce mot et cela depuis belle lurette, pourtant, ca me semble plus "d'actualité" que tes exemples (si on peut dire). J'ai refait le test après, et rebelote, pourtant il y a le mot comme indice. Drôle de monde.

Kab-Aod a dit…

Les évolutions de la langue ne m'inquiètent guère (du moment que celles humaines n'en souffrent pas), même si effectivement certains abandons, voire néologismes, désolent ma propre éducation. Relisons les textes anciens et avouons que les plus cultivés d'aujourd'hui ne se feraient comprendre d'un Rabelais...
Pour l'amusement, je m'accroche à quelques mots ainsi désuets, dont "réfectoire", lequel fait constamment sourire mes collègues de travail, "clenche" ou bien "broc d'eau" quand j'effectue un shampooing (clin d’œil à Nicolas).

Calyste a dit…

Nicolas: Sur ce coup, je serais assez d'accord avec ton mec pour la cruche. Perso, je dis un pot à eau, la cruche et le broc dont parle Kab-Aod me semblant un peu plus grands.

Kab-Aod: Rabelais que l'on a besoin de traduire un peu pour le comprendre. Il n'est pas aisé de le lire dans la langue de l'époque. De plus, je suis persuadé que, peu à peu, les problèmes de non-compréhension des langages employés finiront par influer sur les relations humaines, par les gêner.